Préparer l’accusation de génocide à Gaza: la rhétorique LFI 18 mars 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 40 fois | ajouter un commentaire
Le 26 janvier, la Cour Internationale de Justice de l’ONU a jugé qu’il n’y avait pas de génocide à Gaza et n’a donc pas ordonné un cessez-le-feu, tout en demandant à Israël de prendre les mesures nécessaires pour qu’aucun génocide n’ait lieu. Cependant, toute la communication de LFI qualifie, de façon mensongère, la situation à Gaza de génocide et même retourne le jugement de la CIJ en affirmant que celle-ci aurait jugé qu’un génocide avait bien lieu.
Il s’agit là encore d’un retournement rhétorique à caractère antisémite, tel que je l’ai déjà signalé. L’accusation de génocide est particulièrement infamante pour Israël, les juifs ayant précisément subi un génocide. Parler de génocide à Gaza, c’est relativiser la Shoah et faire croire que les juifs sont aux Palestiniens ce que les nazis ont été aux juifs.
Quelques tweets LFI parmi des milliers sur Twitter (et il faudrait compléter avec les interviews radios des différents leaders LFI (Bompard, Mélenchon, Hassan…). L’utilisation du terme génocide, pourtant et évidemment mensongère, est systématique. Elle est reprise par tous les militants LFI.
La préparation de l’accusation génocidaire contre Israël
Quatre critères peuvent caractériser un génocide au sens du fameux « droit international » dont se réclame LFI pour refuser de qualifier les crimes du Hamas de terroristes. LFI et les mouvements pro-palestiniens tentent systématiquement d’en accuser Israël – en utilisant abondamment le mensonge, évidemment. Le but est de préparer, autant que faire se peut, une accusation génocidaire à venir.
Les accusations portées contre Israël sur les réseaux sociaux et dans la communication politique de LFI s’articulent, de façon extrêmement ciblée et cohérente, autour des 4 thèmes définissant le génocide en droit international.
- Les actes de torture, viols, violences sexuelles
Des photos de soldats israéliens en sous-vêtements sont détournées et qualifiées de viol – c’est absurde. L’autre avantage de cet argument est de retourner l’horreur. Le Hamas ayant abondamment torturé et violé le 7 octobre, il s’agit de montrer symétriquement qu’Israël est au même niveau. La vraie victoire d’Israël sera de ne pas sombrer dans cette réciprocité mimétique.
- Les mesures visant à entraver les naissances
Il s’agira de montrer que les enfants ont été ciblés (ils ne l’ont évidemment pas été). Les enfants présentent en outre l’avantage pour la propagande pro-palestinienne d’être d’excellents vecteurs de communication. Le slogan « plus d’enfants sont morts à Gaza en 4 mois qu’en 4 ans dans les conflits du monde entier » a été repris dans des milliers de tweets. Outre qu’un tel slogan ne signifie rien, je rappelle qu’on n’en sait strictement rien: tous les chiffres sur les tués viennent de la propagande du Hamas qui ne fournit pas les noms, ni les actes de naissance des victimes…
- Les déplacements forcés de population
Un critère de génocide est el déplacement forcé des populations. Alors qu’une telle solution est à même de protéger la population civile, le Hamas s’y oppose puisque la population, à laquelle il se mélange, est sa meilleure, sinon sa seule défense. Les pays arabes ne veulent pas non plus accueillir les Palestiniens et l’Egypte en a fait un casus belli avec Israël. Pour l’instant, il n’y p pas eu de déplacement de population mais les relais islamo-gauchistes veillent – ce faisant, ils fonctionnent exactement comme une branche non armée du Hamas.
- La création de conditions de vie (telles que le manque de nourriture, d’eau, de soins médicaux…) visant à provoquer la destruction du groupe.
Il s’agit de mettre en scène les restrictions à Gaza (rappelons que l’aide humanitaire y rentre et est captée par le Hamas, qui mobilise aussi les tunnels, seules protections efficaces contre les bombardements).
Bombarder volontairement un hôpital est, au regard du droit international, un génocide, sauf si l’ennemi l’utilise pour ses opérations de défense – ce que fait systématiquement le Hamas.
- Les attaques contre les franco-israéliens de Tsahal
Beaucoup d’islamistes français étaient partis rejoindre Daesh en Syrie pour devenir terroristes et organiser des attentats sur le sol français. La Justice française les a recherchés et condamnés.
Dans l’armée israélienne, il y a un certain nombre de franco-israéliens ayant la double nationalité. Ils se battent contre le terrorisme palestinien. Ils ne fomentent évidemment aucun attentat en Europe. LFI cherche à les faire passer pour des criminels de guerre et essaie de faire en sorte qu’ils subissent le traitement judiciaire des terroristes islamistes.
(Ci-dessous un tweet de Thomas Portes, relayé par Rima Hassan et Anne Tuaillon saisissant la justice française. Il se trouve que la personne mise en cause n’appartient pas à l’armée israélienne et n’a jamais quitté Paris. Peu importe; LFI n’en est plus à un mensonge près…)
- L’intention génocidaire
Un critère clé en droit pour qu’il y ait génocide est l’intention génocidaire. Il n’y a pas de génocide sans intention. Il est évident qu’Israël n’a pas d’intention génocidaire – si tel était le cas, la population civile aurait de fait déjà été exterminée. Au contraire, même s’il est horrible de raisonner ainsi, le ratio des morts civiles est de l’ordre de 1 civil pour 1 militaire et ce ratio est extrêmement « bon » – on estime qu’à Rakka, il y a eu 3 à 5 civils tués pour chaque membre de Daesh.
L’accusation de génocide est donc totalement absurde mais qu’importe. Il suffit de naviguer quelques minutes sur Twitter pour voir qu’elle est totalement gobée par la clientèle islamo-gauchiste à laquelle LFI s’adresse et par les musulmans des pays arabes. Israël devrait s’attacher, dès à présent, à contre les effets de cette propagande. Sinon, comme l’espère très fort Rima Hassan:
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La rhétorique antisémite symétrique employée par les islamo-gauchistes. 11 mars 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 85 fois | 1 commentaire
Pourquoi Israël est-elle accusée de génocide et de crimes de guerre ?
La rhétorique antisémite chez les islamo-gauchistes répond à un double besoin:
- un besoin moral: l’horreur des crimes commis le 7 octobre par le Hamas abaisse, nous allons voir pourquoi, leurs auteurs et par contagion, tous leurs soutiens. Il s’agit donc de relativiser ces crimes et de montrer qu’Israël commet des crimes au moins équivalents.
- une fascination antisémite pour les juifs et un besoin de revanche. Le succès d’Israël en tant que démocratie (mode de gouvernement quasi inexistant dans le monde musulman), l’intégration des juifs en Occident et leur succès social alors que les musulmans forment une sorte de prolétariat, la création même de l’Etat d’Israël perçue comme une compensation injuste, l’Occident ayant en quelque sorte compensé la Shoah hitlérienne sur le dos des arabes, sont autant de facteurs qui ont renforcé le traditionnel antisémitisme arabo-musulman.
Ces 2 facteurs ont engendré une rhétorique qui se caractérise par la symétrie. Une sorte de « si c’est toi qui le dis c’est toi qui y est » sophistiqué. Il s’agira de montrer qu’Israël n’a aucune supériorité morale, que les juifs ne sont pas à plaindre (du moins moins à plaindre que les musulmans), si possible, que les musulmans subissent une sorte de Shoah et qu’Israël en est à l’origine. Que les musulmans sont aux juifs comme les juifs aux nazis.

Pourquoi les crimes du Hamas sont d’une autre nature que les actions d’Israël à Gaza.
La supériorité d’une civilisation réside dans la façon dont elle choisit ses boucs émissaires. René Girard nous parle d’une tribu où un conflit mortel entre 2 personnes se règle non pas par un combat entre elles mais en sacrifiant leurs enfants et nous sommes en droit de considérer un telle civilisation comme arriérée par-rapport à nous, puisque nous comprenons que ces enfants ne sont en rien coupables, mais simplement utilisés comme une façon commode de résoudre la violence.
Le 7 octobre, le Hamas s’en est pris à des citoyens israéliens et ceci en soi n’est pas un signe de barbarie. Dans la mesure où Israël est un état guerrier tout citoyen, homme ou femme, est mobilisable et donc un ennemi de tous ceux qui sont en guerre avec Israël. Ainsi, si le Hamas avait “simplement” tué des adultes, on aurait pu considérer qu’à la limite, il faisait la guerre. Ce qui est moralement inacceptable, c’est que le Hamas a tué des innocents parfaits, des enfants, des bébés qui par définition ne sont coupables de rien. Et qu’il a torturé / violé des femmes, des hommes et des enfants. En faisant ceci, le Hamas est sorti sinon de l’humanité au moins de la civilisation au sens où nous l’entendons.
Tout homme doué de raison naturelle sent ceci, qu’il soit juif, chrétien ou musulman ;blanc ou noir.
Le crime de lèse-humanité dégrade les peuples jusque dans leur postérité la plus reculée. Ce crime ne consiste pas seulement à exercer l’injustice, mais à la tolérer.
Custine, Lettres de Russie (à propos des crimes d’Ivan le Terrible), dont la Russie ne s’est d’ailleurs de fait toujours pas relevée.
Ainsi, dès le 8 octobre, il était très important pour LFI que les crimes du Hamas ne soient pas qualifiés de terroristes – ce qu’ils sont évidemment, leur seul but étant la terreur et l’humiliation – mais ne constituent “que” des crimes de guerre. La qualification de terroriste aurait mis en évidence la différence de nature – évidente – entre le comportement du Hamas, symbole d’une civilisation arriérée, et celui de l’armée israélienne. Nous verrons comment, dans un 2ème temps, LFI a tout fait pour retourner l’accusation de crime de guerre contre Israël, le but étant de relativiser les crimes du Hamas en mettant Israël et le Hamas dos à dos.
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How many roads… En hommage à Claude Lazarus. 2 février 2024
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 121 fois | ajouter un commentaire
Un grande amitié unissait Claude et mon père et il y a des souvenirs qui font partie de la légende familiale, qui remontent à leur adolescence. Claude aurait fait découvrir Paris à mon père, ce Paris dont il connaissait tous les détails, au pas de course, tout à pied. En une seule journée, ils auraient vu tous les monuments. (Interrogée aujourd’hui, la source ne confirme pas de façon certaine la version mythique du « tout Paris en un jour », mais parle de « quelques jours »…).
Dans les premiers grands souvenirs que j’ai moi-même, j’avais 11 ou 12 ans, donc Jérôme 11 et Marina 7, on partait en vacances à la montagne pour 3 semaines avec les Lazarus, Claude et Yveline , on marchait effectivement beaucoup.
Claude adorait marcher en montagne et pour un enfant, ce qui était merveilleux, c’est qu’il était très attentif, très entrainant et avec lui, ça n’était jamais ennuyeux: il se passait toujours quelque chose. Il voyait tous les détails en premier, c’est le plus redoutable traqueur de fraises des bois que j’ai jamais connu. Il parlait aux enfants et les enfants adoraient son rire – Anne-France, Olivier et moi on s’en souvient tous. J’ai quelques souvenirs très vifs comme à la vallée des merveilles, on a vécu un orage à 2000 m avec la foudre qui n’arrêtait pas de tomber à quelques dizaines de mètres autour de nous sur des sortes d’arbres pétrifiés et en prime, Marina qui s’est mise à refuser d’avancer. Avec les sacs à dos, on ne pouvait pas la porter d’autant plus qu’il fallait aussi porter le chien, qui avait trop marché et dont les coussinets étaient en sang… « Maintenant Marina tu avances ou j’te claque » ! J’ai dû entendre ça 100 fois ce jour là – mais ça n’a jamais fait avancer Marina. Claude était drôle, spontané, impulsif aussi.
Ma mère m’a envoyé hier des photos de cette époque. On est au Sauze avec d’autres amis, 3 ou 4 familles ensemble. Les photos ont l’air tirées de films de Claude Sautet – même si ces films n’avaient pas encore été tournés.
Quelques années plus tard, à 17 ans, quand je suis monté étudier à Paris, je ne compte plus les fois où Claude et Yveline m’ont accueilli à St-Cloud avec une énorme gentillesse et une constance extrême. « Puteaux, Suresnes, le Val d’Or, St-Cloud »…: je me souviens encore des stations de train et même du numéro de téléphone 771-89-64. Ils voyaient débarquer le dimanche midi, parfois dès le samedi soir, une sorte d’ado mal fini préoccupé et surmené, entre 2 cours de maths, qui parlait peu. C’était le seul endroit où on n’exigeait rien de moi. Je ne pense pas que c’était très agréable de m’avoir, je ne sais même pas si je disais merci en partant. C’est un peu tard aujourd’hui mais Claude, Yveline, du fond du cœur, merci.
Quand on parle de quelqu’un comme ça qui disparaît, on ne parle évidemment que des bons côtés mais en réalité ça n’est pas dur, ça n’est pas dur parce que je n’ai que des bons souvenirs avec Claude, je n’en ai pas de mauvais.
Il était la gentillesse même, il était vif, il était spontané. Tout l’intéressait et il était au courant de tout. Le Monde du lendemain trainait au milieu du salon mais à la différence de tout le monde, il l’avait déjà lu. Il était partant, dynamique. Il était drôle, il était simple. Je ne voudrais pas que cette liste soit vue comme un suite de banalités, elle est la pure réalité.
Et par-dessus tout, si je peux détacher un trait, il avait gardé ce côté enfantin, lisible. On lisait sur son visage sa joie innée, son enthousiasme face aux événements les plus simples de la vie: sortir, marcher, parler – toute cette partie de nous qui est la meilleure mais que la vie, l’éducation, la fréquentation de la communauté des hommes nous apprend progressivement à enfouir ou à dissimuler, il l’avait conservée. Par une grande prédisposition de caractère, certainement mais aussi de volonté farouche car comme tout homme il avait forcément sa part d’ombre mais il n’en parlait jamais, par pudeur. En 45, son père n’était pas revenu. Il avait décidé une fois pour toutes de ne jamais ennuyer les autres avec ses propres problèmes et je n’étais pas là dans les derniers mois mais si je comprends bien, jusqu’à la fin, il a été comme ça.
C’était Claude Lazarus. Je l’aimais et j’avais un respect infini pour lui.
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Robinson Crusoé: la version Mediapart / Sandrine Rousseau
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 9 fois | ajouter un commentaire
C’est un livre lu par des générations d’enfants. Mais l’histoire de Robinson Crusoé incarne le « capitalisme racial ».
« Il extermine, tue, domestique la nature, fait de Vendredi son esclave ».
Notre émission en accès libre
https://t.co/298hNxx2VY pic.twitter.com/YYfbdGC0Nt
— Mediapart (@Mediapart) February 1, 2024
Echoué sur cette île déserte, Robinson Crusoé réalisa qu’il était une double victime du capitalisme. Son infortune était d’abord la conséquence d’une tempête évidemment liée au réchauffement climatique, résultant de l’activité inutile des hommes aliénés au régime de surconsommation. L’armateur ayant affrété le bateau n’avait pas fait les investissements nécessaires pour éviter le naufrage, en dépit des multiples recommandations du CSE et, qui plus est, avait omis de déclarer Robinson à la sécurité sociale, ce qui avait pour conséquence immédiate que tout le travail qu’il allait effectuer sur l’île ne lui ouvrirait jamais des droits à des prestations de retraite.
Enfermé dans cette prison à ciel ouvert, ce qui constituait une contradiction flagrante avec la résolution 256N de l’ONU, il rédigea d’abord un message de protestation solennel à l’usage des générations futures, le mit dans une bouteille de Coca qui trainait et l’envoya à la mer, sans omettre évidemment de rédiger un post-scriptum vibrant en faveur de l’extension de la loi pollueur-payeur à Coca-cola.
Puis il s’assit et réfléchit. Allait-il importer sur cette île l’aliénation au capitalisme et se mettre à travailler, et ainsi prendre le risque de recréer une civilisation conservatrice voire réac ? Assurément non ! Invoquant son droit à la paresse, il s’allongea sur le sable et mourut. THE END.
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Lettre du Général de Gaulle à David Ben Gourion (1967) 2 janvier 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 51 fois | ajouter un commentaire
(Un texte qui n’est pas de moi, pour relever un peu le niveau de ce blog)
30 décembre 1967, lettre du Général de Gaulle à David Ben Gourion réagissant à la conférence de presse du Général du 27 novembre :
« Monsieur le Président,
C’est avec grand intérêt que j’ai pris connaissance de votre lettre du 6 décembre. En effet, le vaste sujet de la renaissance et du destin de l’Etat d’Israël ne peut manquer, vous le savez, de m’attirer et de m’émouvoir. D’autant plus que le conflit qui s’est de nouveau ouvert au Moyen-Orient entraîne d’importantes conséquences qui touchent de près la France pour toutes les raisons politiques, économiques, morales, religieuses et historiques que vous connaissez. Enfin, vous n’ignorez pas que je porte à vous-même une haute considération et que je garde un vivant souvenir de ce que furent, depuis dix ans, nos relations personnelles.
C’est pourquoi l’éloquence de votre argumentation ne m’a aucunement étonné. Je sais ce que la restauration d’Israël en Palestine, telle que vous la décrivez après y avoir éminemment participé, a comporté de foi, d’audace et de difficulté et combien a été méritoire la mise en valeur de régions semi-désertiques par le nouvel Etat grâce à l’afflux de tant de Juifs venus de partout et à l’aide de tant de leurs communautés réparties à travers le monde. Vous rappelez, à juste titre, que mon pays et moi-même n’avons pas, à l’origine, ménagé notre sympathie à cette construction nationale et vous ne pouvez douter que, le cas échéant, nous nous serions opposés à ce qu’elle fût anéantie, comme le garantissaient nos entretiens officiels de naguère et le fait que j’y avais publiquement qualifié Israël d’« Etat ami et allié ».
Mais ce sont là, précisément, les raisons pour lesquelles j’ai toujours dit, – et, d’abord, à vous- même – que, pour justifier à mesure l’œuvre ainsi commencée et assurer son avenir, une stricte modération s’imposait à Israël dans ses rapports avec ses voisins et dans ses ambitions territoriales. Cela d’autant plus que les terres initialement reconnues à votre Etat par les puissances sont considérées par les Arabes comme leur bien, que ceux-ci, au milieu desquels s’installait Israël, sont, de leur côté, fiers et respectables, que la France éprouve à leur égard une amitié ancienne et naturelle, et qu’ils méritent, eux aussi, de se développer en dépit de tous les obstacles que leur opposent la nature, les graves et humiliants retards qu’ils ont souvent subis depuis des siècles du fait de leurs occupants successifs, enfin leur propre dispersion.
Certes, je ne conteste aucunement que le fâcheux blocus du golfe d’Akaba était unilatéralement dommageable à votre pays et je ne méconnais pas que celui-ci eût lieu de se sentir menacé étant donné la tension où était plongée la région palestinienne par suite des flots d’invectives prodiguées à l’encontre d’Israël en même temps que du sort lamentable des Arabes réfugiés en Jordanie ou relégués à Gaza. Mais je demeure convaincu qu’en passant outre aux avertissements donnés, en temps voulu, à votre gouvernement par celui de la République française, en entamant les hostilités, en prenant par la forces des armes possession de Jérusalem et de maints territoires jordaniens, égyptiens et syriens, en y pratiquant la répression et les expulsions qui sont inévitablement les conséquences d’une occupation dont tout indique qu’elle tend à l’annexion, en affirmant devant le monde que le règlement du conflit ne peut être réalisé que sur la base des conquêtes acquises et non pas à condition que celles-ci soient évacuées, Israël dépasse les bornes de la modération nécessaire.
Je le regrette d’autant plus que, moyennant le retrait de ses forces, il apparaît qu’une solution comportant la reconnaissance de votre Etat par ses voisins, des garanties de sécurité de part et d’autre des frontières qui pourraient être précisées par arbitrage international, un sort digne et équitable assuré aux réfugiés et aux minorités, la libre navigation pour tous dans le golfe d’Akaba et le canal de Suez, serait aujourd’hui possible dans le cadre des Nations unies, solution à laquelle on sait que la France est éventuellement disposée à concourir, non seulement sur le plan politique, mais encore sur le terrain.
Cette issue, qui ramènerait la paix au Moyen-Orient, faciliterait la concorde universelle et, suivant moi, servirait l’intérêt des peuples intéressés, y compris celui du vôtre, ne comblerait pas, je le sais, tous les désirs d’Israël. Si j’en avais douté, la lecture de votre lettre et ce que vous écrivez de ce que Chanaan, sur les deux rives du Jourdain, représente pour beaucoup de Juifs de tous les temps et d’aujourd’hui, m’en aurait apporté la preuve. Il en est de même de l’émotion apparemment soulevée chez tels ou tels d’entre eux par le fait que j’ai dit de leur peuple qu’il était « un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur », jugement que certains affectent de tenir pour péjoratif alors qu’il ne saurait y avoir rien de désobligeant à souligner le caractère grâce auquel ce peuple fort a pu survivre et rester lui-même après dix-neuf siècles passés dans des conditions inouïes. Mais quoi ? Voici qu’Israël, au lieu de promener partout dans l’univers son exil émouvant et bimillénaire, est devenu, bel et bien, un Etat parmi les autres et dont, suivant la loi commune, la vie et la durée dépendent de sa politique. Or, celle-ci – combien de peuples l’ont, tour à tour éprouvé – ne vaut qu’à la condition d’être adaptée aux réalités.
Je vous demande d’agréer, Monsieur le Président, avec mes sincères souhaits de nouvelle année, l’expression de mes sentiments les plus distingués et de mon meilleur souvenir. »
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A la base de la gauche moderne, le principe de destruction
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 35 fois | ajouter un commentaire
J’ai parlé, dans un précédent article, de la haine de l’Occident qui fait le lien entre wokisme et islamisme. Et montré en quoi le wokisme, en tant que haine dirigée vers soi-même est une maladie. Mais en vérité, cette réflexion peut être étendue : pour comprendre la gauche moderne1, il faut absolument considérer son sous-jacent latent qui est la haine de l’Occident. Ce principe latent s’oppose en permanence au discours manifeste de la gauche, qui est l’altruisme avec toutes ses déclinaisons (fraternité, égalité, justice, etc.).
En vérité, depuis une quarantaine d’années, on ne peut pas comprendre la gauche moderne sans cette observation, qui fait le lien véritable entre toutes les positions gauchistes, même, et c’est le point le plus remarquable, quand ces positions semblent au départ incohérentes entre elles. En ce sens, on peut bien parler, pour toute cette gauche d’une maladie à caractère masochiste.
Cette double dimension du discours est systématiquement niée à gauche, car inconsciente. Il est inenvisageable pour un gauchiste, membre du camp du bien, d’envisager que ses raisons sont haineuses. Mais le discours manifeste, altruiste, ne constitue bien, en réalité, qu’une rationalisation a posteriori d’un ressentiment. La gauche moderne est bien malade mais cet argument est aussi peu utilisé à droite car invoquer l’aliénation ou des raisons inconscientes n’est pas dans sa culture (ce n’est pas parce que la gauche a sombré que la droite est devenue plus intelligente).
Ce ressentiment a pris la forme de 2 motifs majeurs.
La volonté de destruction.
J’appelle ainsi tout ce qui résulte, aujourd’hui, de la déconstruction des années 60 (qui est aussi ce qu’on appelle, aux USA, la « French theory »). Au départ (Derrida), la déconstruction se conçoit comme une tentative de critique littéraire systématique de tous les impensés, conscients ou inconscients, de la littérature occidentale. La déconstruction universitaire devient progressivement une entreprise gauchiste qui vise à saper politiquement les fondements de la civilisation occidentale. Elle n’a plus alors de fondement scientifique et devient un simple outil militant de destruction2, ayant pour but de critiquer tout ce qui peut être considéré comme établi dans la société. La plupart du temps, la déconstruction militante met en évidence le côté arbitraire de structures sociales « conservatrices » (toute société regorge de telles structures) pour en proposer de nouvelles « progressistes » censées apporter un progrès et « lutter contre les discriminations ». Problème: les nouvelles structures sont soit totalitaires, soit impossibles à mettre en palce.
L’exemple de l’orthographe.
L’orthographe et la grammaire sont évidemment des structures essentiellement arbitraires (même si l’étude de la langue peut les éclairer, partiellement, d’une certaine logique). Il faudra donc détecter les impensés de la langue, qui aurait été « volontairent masculinisée3 » (première discrimination envers les femmes) et qui devient en outre à l’école « un marqueur social discriminant ».
Il faut donc modifier la langue (qui doit devenir inclusive) et simplifier l’orthographe ou cesser d’en faire un critère scolaire. Mais la langue inclusive est illisible et simplifier l’orthographe aurait pour inconvénient premier de rendre tout notre fond littéraire, qui est immense, très difficile à lire et à comprendre. Un élève français d’aujourd’hui comprend encore assez facilement toutes les œuvres à partir du XVIIème siècle. Si on fait évoluer d’un coup grammaire et orthographe, tout ceci, qui constitue un des trésors de l’humanité, lui sera inaccessible.
On voit comment ici la déconstruction critique, sous un prétexte altruiste, aboutit à une destruction du savoir et des racines communes de tous les français.
Cette attaque contre l’orthographe est donc en tous points absurdes: l’école est normalement justement là pour ça – faire en sorte que tous les français puissent se comprendre et avoir accès à leur fond littéraire commun, qui est une manifestation de notre génie national.
La maladie du déracinement
Les attaques contre l’école ne sont pas isolées. Tout le monde est maintenant au courant de la chute dramatique du niveau scolaire depuis 40 ans, sur laquelle je reviendrai, alors que quand j’étais moi-même à l’école, dans les années 70, l’école française était la meilleure au monde4. Cette chute n’est pas le résultat d’une simple négligence. Je prétends qu’elle a été largement « voulue », organisée, pour peu qu’on accepte de mettre derrière ces termes la volonté de destruction inconsciente dont je parle plus haut. Je vais faire appel ici à Simone Weil, qui avait parfaitement décrypté ce double discours et à qui je dois en grande partie la paternité de cette analyse:
Qui est déraciné déracine. Qui est enraciné ne déracine pas. Sous le même nom de révolution, et souvent sous des mots d’ordre et des thèmes de propagande identiques, sont dissimulées deux conceptions absolument opposées.
L’une consiste à transformer la société de manière à ce que les opprimés puissent y avoir des racines; l’autre consiste à étendre à toute la société la maladie du déracinement qui a été infligée aux opprimés. Il ne faut pas dire ou penser que la seconde opération puisse jamais être un prélude de la première; cela est faux. Ce sont deux directions opposées
Simone Weil, L’enracinement
Les deux gauches irréconciliables
On se souvient de l’expression de Manuel Valls concernant les deux gauches irréconciliables. La frontière entre ces deux gauches est précisément la même que celle mise en évidence par Simone Weil. Il y a une gauche qui cherche à détruire et une gauche qui cherche à construire. Dans cet billet, ainsi que dans les suivants, j’entends par « gauche moderne » celle qui cherche à détruire (typiquement: la France Insoumise mais pas exclusivement et pas totalement).
L’exemple de l’enseignement de la lecture : méthode globale et méthode syllabique.
Le courant dit « pédagogique » est très influent dans l’Education Nationale et à l’Université, ainsi que dans les écoles de formation des enseignants. Son discours manifeste est inattaquable et plaide pour l’égalité des chances, l’amélioration de la pédagogie, etc. Il est essentiellement constitué de militants de gauche et d’extrême gauche et est, collectivement, un des grands responsables de l’effondrement de l’école française.
Des deux méthodes principales d’enseignement de la lecture, globale et syllabique, une seule fonctionne réellement, la syllabique. Les différences de performance entre les deux méthodes sont tellement criantes qu’on sait aujourd’hui qu’elle apparaissent avec des échantillons très faibles (moins de 50 élèves)5. Pourtant le courant pédagogique (entrainant avec lui l’éducation nationale) a favorisé pendant des dizaines d’années le développement de la méthode globale à l’époque pour des raisons qui ne tenaient pas à sa performance6 mais à l’idéologie. La méthode syllabique (« b-a-ba ») était jugée « trop scolaire », enfermant l’enfant dans une logique fermé de discipline, pour ne pas dire de soumission à l’autorité. Elle était donc « réactionnaire ». La méthode globale, estampillée « progressiste », qui consiste à reconnaître un mot « globalement » sans passer par l’étape « b-a-ba » avait pour grand avantage d’ouvrir les propres horizons de l’enfant.
On voudrait rire tellement ces raisons paraissent ridicules – et de fait, elles le sont. Pourtant, je pourrais7 vous citer des dizaines d’exemples divers et variés, dont les raisons sont tout aussi ridicules et les effets tout aussi dramatiques – car dans les faits, la méthode globale a des effets durables sur la qualité de lecture et aura condamné de façon durable le destin scolaire de millions d’élèves.
Comment des gens intelligents, formés tels que des enseignants français, ont-ils pu privilégier des méthodes d’enseignement délétères, contraire à l’intérêt des élèves, au détriment de tout bon sens et de toute confirmation scientifique (en s’appuyant paradoxalement sur des travaux universitaires qui n’avaient rien de scientifique, l’Université devenant dans le même temps un vecteur de militantisme)? Je ne peux l’interpréter que par une volonté inconsciente de couper les enfants de leur racine, la maladie de la destruction et du déracinement. Ce qui se rapproche le plus cette volonté inconsciente, c’est pour moi la mauvaise foi sartrienne. On ne veut pas voir la réalité pour paraître plus élevé à ses propres yeux.
La maladie, comme le décrit Simone Weil, s’est bien propagée « à l’ensemble de la société ». Comment expliquer sinon que la plupart des français n’ait pas vu – ou plutôt pas voulu voir – la réalité du déclin scolaire. L’Education Nationale ne voulait pas voir l’échec, n’élaborait plus de statistiques fiables et servait à tous la fable du « niveau qui monte ». Seules les études internationales (PISA) ont permis d’ouvrir les yeux.
J’ai tellement d’exemples à disposition, que soit dans l’éducation ou dans les domaines politique, économique, social… que le travail nécessaire d’illustration de cet article par des exemples dépasse largement le cadre de l’article lui-même. Je publierai ces exemples au fur et à mesure, en fonction du temps que j’ai et de l’actualité8.
Mais tout lecteur de cet article peut aussi commencer son propre travail pour s’en convaincre. Et en fait doit. Car le défaut de ma thèse est qu’elle est parfaitement irréfutable au sens de Popper, elle sera donc facilement contredite par de multiples experts qui avanceront qu’elle ne repose sur rien, aucune étude, est totalement empirique et même, le peu de lucidité mentale qui me reste prédit qu’elle sera attaquée au prétexte d’être légèrement paranoïaque. Je vous invite cependant à travailler un peu par vous-mêmes selon le schéma défini ci-dessous. Travailler à la maison ne fait aucun mal, même si l’Education Nationale tente de l’empêcher depuis des années au prétexte que « cela favorise les inégalités sociales » (évidemment, j’y vois encore une volonté inconsciente de nuire et de ne pas transmettre, on ne se refait pas).
La loi de Klein
La question à se poser, concernant les positions politiques qu’adopte tel ou tel parti de gauche, par exemple, est la suivante :
Au-delà de la rationalisation manifeste de la position politique, sa mise en œuvre serait-elle bénéfique pour l’intérêt général ou pour le pays ? Et la réponse sera régulièrement non. Car LA RAISON PROFONDE pour laquelle cette position a été adoptée (j’insiste, il s’agit de la raison, pas de la conséquence) est qu’elle détruit. Ce simple raisonnement permet de relier entre elles presque toutes les positions de la gauche moderne, même quand, nous le verrons, ces positions sembles incohérentes entre elles.
Vous le verrez si comme moi vous commencez à faire ce travail : tout s’éclaire dès lors que l’on considère que la volonté de détruire est le fondement de cette gauche, son seul principe explicatif réel.
- Que signifie « moderne » ? Je définis ce terme un peu plus loin. ↩︎
- La « Destruction » est d’ailleurs son nom premier, celui que lui avait donné Heidegger, dont Derrida s’est inspiré ↩︎
- Quand on rentre dans le fond du problème, on se rend compte que ces affirmations, bien que soutenues par des parties de l’Université, sont totalement fausses et paranoïaques. Elles sont pourtant abondamment reprises. ↩︎
- Les étudiants français qui comme moi s’expatriaient dans les meilleures universités américaines constataient par exemple que dans toutes les matières scientifiques, ils étaient en moyenne bien meilleurs que les étudiants américains, européens ou asiatiques. ↩︎
- Des chercheurs tels que Stanislas Dehaene ont récemment mis en évidence le succès de la méthode sur la méthode globale syllabique via des techniques d’imagerie cérébrale: celle-là active bien plus rapidement les zones du cerveau de l’enfant dédiées à la lecture ↩︎
- Les études montrant la supériorité de la méthode syllabique sont nombreuses, mais restent encore niées par d’éminents pédagogistes pour qui elles ne seraient que partielles et biaisées, les professeurs n’y seraient pas assez formés, etc. ↩︎
- Et d’ailleurs je le ferai, je rassemblerai dans un tableau des dizaines d’exemples pour illustrer mon propos. ↩︎
- Il faut signaler aussi que la gauche n’est pas la seule responsable de la destruction des structures. cette disparition est aussi, comme Michéa le mentionne, une des effets de la mondialisation et même du capitalisme. ↩︎
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En hommage aux morts du 7 Octobre 30 décembre 2023
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 fois | ajouter un commentaire
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Isabelle Carré et la cancellation de Depardieu
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 19 fois | ajouter un commentaire
La Tribune d’Isabelle Carré dans Elle. Je me méfie de ce genre de textes. Ce qui me fait froid dans le dos, à moi, c’est sa ponctuation « inclusive », volonté idéologique de transformer la langue. Et oui, les chiffres fournis par Isabelle Carré mentent car ils sortent du « travail » des associations féministes, dont la plupart sont des sectes militantes. Ainsi, on a du mal à faire la part du fantasme, du problème psychologique et de la réalité dans cette prise de position. En revanche, on voit ce que tout ça fait peser en termes de menace totalitaire sur la société. Car le but est de lâcher des meutes, qui condamnent avant d’avoir jugé. Et ces féministes là, les « me-too », on ne les a sauf exception pas entendues pour condamner les viols du Hamas, le 7 Octobre – au contraire, elles les ont plutôt relativisés au nom de la soi-disant nécessaire « lutte anti-coloniale ». Lutter contre le sexisme, oui. Favoriser les thèses d’une extrême gauche sectaire et de l’islamisme au prétexte de la lutte contre le sexisme, non

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Les experts
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 6 fois | ajouter un commentaire
600 artistes dénoncent la loi du silence concernant Depardieu.
Presqu’aucun d’entre eux n’a osé s’exprimer suite aux massacres du 7 Octobre.
Des experts.

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Wokisme et islamisme : histoire d’une haine commune 17 décembre 2023
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 49 fois | 1 commentaire
Le phénomène est apparu aux yeux du monde le 7 octobre 2023 : les islamistes ont pris des positions anti-israéliennes et on n’en attendait pas moins d’eux puisqu’ils sont antisémites. Mais toute la gauche « Nupes », ou presque, a pris des positions anti-israéliennes aussi. A ma connaissance, seules de rares personnalités de gauche, souvent juives, ont échappé à la contagion (Julien Dray, Jérôme Guedj, Manuel Valls…). Grosso modo, plus on va vers l’extrême-gauche (LFI, NPA), plus les positions deviennent non seulement anti-israéliennes mais aussi antisémites (voir les positions de David Guiraud, Mélenchon…). Ce phénomène s’est produit non seulement en France mais dans tout l’Occident : les étudiants wokes des universités progressistes nord-américaines ont pris des positions pro-palestiniennes allant jusqu’à l’antisémitisme, souvent soutenus par les institutions elles-mêmes, on l’a vu dans le cas d’Harvard, du MIT et de Penn lors d’auditions menées par le Sénat.
Il faudrait certainement mieux définir ce qu’est une position anti-israélienne, une position antisioniste, une position antisémite, d’autant plus que les antisionistes se disent simplement « opposés à la politique coloniale de l’Etat d’Israël », que les antisémites nient évidemment leur antisémitisme avec des trémolos dans la voix et de multiples circonvolutions (ce qui fait que le discours antisémite d’extrême gauche des années 2020 ressemble à s’y méprendre au discours d’extrême droite des années 70). Il faudrait le faire et je le ferai un jour mais tel n’est pas le but de ce petit billet: mon objectif est simplement de mettre à jour le lien profond, jusqu’ici caché, entre islamisme et wokisme, à savoir la haine de l’Occident.
Cette haine est bien connue en ce qui concerne l’Islamisme et elle est en quelque sorte bien compréhensible aussi, compte tenu de l’Histoire. La guerre entre Islam et Occident dure depuis plus de 1000 ans « à l’extérieur » mais l’immigration a, depuis 60 ans, augmenté le nombre de musulmans « à l’intérieur » en France et en Europe. Les frères musulmans n’ont de cesse d’augmenter partout le poids social et le pouvoir politique de l’Islam. La diffusion généralisée de la nourriture hallal, du voile constituent pour eux une grande réussite. Dans leur esprit, ce n’est cependant qu’une étape.
L’Islam politique a lié une alliance d’intérêts avec la gauche. La gauche a ciblé les musulmans depuis 30 ans car, fraichement immigrés, ils constituent à ses yeux un « nouveau prolétariat, la population la plus pauvre sur le territoire français. Sous l’influence des frères, les islamistes ont infiltré les mouvements politiques de gauche et celle-ci est devenue perméable, en dépit de toute sa tradition philosophique qui lui fait apparaître la religion comme une aliénation, à la bigoterie islamique (soutien au port du voile, remise en cause de la laïcité dénoncée comme liberticide…) et à l’antisémitisme (requalifié « antisionisme »). L’acceptation par la gauche de l’idée que toute religion est « l’opium du peuple » sauf l’Islam, c’est ce qu’on appelle classiquement maintenant l’islamo-gauchisme : un agenda clientéliste / politique commun à l’Islam politique et à la gauche.
Qu’est-ce que le wokisme ? Du psychisme transformé en politique.
Le wokisme est une forme de paranoïa envieuse, raciste, consistant à voir partout des micro-agressions (c’est ce qu’on appelle alors être « woke », c’est-à-dire « éveillé, attentif »). Si par exemple, vous traitez un homme noir (petit, gros, laid, trop grand…) avec condescendance ou un sentiment de supériorité, vous commettez une micro-agression dont le woke cherchera à se protéger au sein d’un espace dit « de sûreté ». Le problème est que ces « micro-agressions » font partie de la vie courante, se produisent des milliers de fois par jour, et peuvent être réelles ou fantasmées, puisque nous sommes tous, en partie, des complexés qui nous imaginons que nos fragilités vont être décelées chez les autres. Dans un grand nombre de cas, les micro-agressions dénoncées sont imaginaires et donc le woke a un sérieux problème psychique, problème qui partagé par un grand nombre de ses semblables, devient un problème politique, une névrose obsessionnelle devenue sociale.
Parti des Etats-Unis, le wokisme s’est d’abord développé au sein de la communauté noire qui a subi l’esclavage et qui continue probablement à en vivre le traumatisme, même plusieurs générations après la fin de l’esclavage et alors que le niveau de racisme a diminué, via un mécanisme difficile à prouver scientifiquement mais qu’on peut appeler, avec Simone Weil, la maladie du déracinement. Aujourd’hui, ceux qui sont atteints de cette maladie vont rechercher systématiquement, de façon paranoïaque, les signes d’oppression, aussi légers soient-ils, et s’ils n’existent pas, ils les inventeront.
Ils se vivent victimes et leur discours manifeste est altruiste, puisqu’ils ne cherchent qu’à réparer des torts qui leur sont faits – certains de ses torts, je le rappelle, ont été réels dans le passé, certains sont réels dans le présent mais le plus souvent amplifiés, certains sont imaginaires et entrainent une déformation du vocabulaire et même, via la sociologie, le développement d’un nouveau dictionnaire, destiné à contrer à l’avance toute réfutation possible : ainsi, quand le racisme en tant que tel n’existe plus, on parlera de « racisme systémique » ou « structurel ». On appellera, de façon profondément raciste, « bounty » (blanc à l’intérieur, noir à l’extérieur…) les noirs qui refusent de prendre en compte le point de vue des wokes. Il faudrait un papier complet, peut être un livre pour analyser ce nouveau vocabulaire et ce n’est pas l’objet de mon article. Simplement, si le discours manifeste des wokes est altruiste, et peut parfois rappeler un discours de gauche, issu des lumières, disons celui de Jaurès, la position latente est toujours dans le ressentiment, haineuse et sectaire ; celle de Staline.
Je résume simplement ici le point de vue de Simone Weil :
Qui est déraciné déracine. Qui est enraciné ne déracine pas. Sous le même nom de révolution, et souvent sous des mots d’ordre et des thèmes de propagande identiques, sont dissimulées deux conceptions absolument opposées.
L’une consiste à transformer la société de manière à ce que les opprimés puissent y avoir des racines; l’autre consiste à étendre à toute la société la maladie du déracinement qui a été infligée aux opprimés. Il ne faut pas dire ou penser que la seconde opération puisse jamais être un prélude de la première; cela est faux. Ce sont deux directions opposées qui ne se rejoignent pas.
Simone Weil, l’Enracinement
Le woke, comme l’islamiste, hait donc profondément la société occidentale. Haine héritée du passé le plus souvent, qu’on soit noir ou blanc, selon le principe, dont parle aussi Simone Weil, que les effets corrupteurs de l’injustice sont aussi profonds sur le « dominant » que sur le « dominé ». Les blancs wokes ont aussi un dictionnaire de concepts parfaitement irréfutables au sens de Popper à leur disposition, comme celui de « privilège blanc », l’incapacité supposée du blanc à réaliser la chance qu’il a d’être né dans la position du dominant, qui permet de réfuter toute opinion émise par un blanc sur le wokisme.
D’où vient le rapprochement entre islamisme et wokisme ? L’islamisme est une haine de l’Occident consciente qui vient de l’extérieur, le wokisme une haine, parfois consciente mais le plus souvent inconsciente, qui vient de l’intérieur. C’est l’objet de la haine commune qui crée l’alliance idéologique. Quand on désire la même chose, on rentre en conflit ; quand on hait la même chose, on est en accord. Qui a des ennemis qui se ressemblent s’assemble.
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