Le talent ne suffit pas. 29 août 2008
Par Thierry Klein dans : Humeur.Lu 3 640 fois | 1 commentaire
L’année dernière, Joshua Bell, violoniste mondialement connu, s’est assis par terre dans le métro de Washington. Là, muni de son seul Stradivarius (d’une valeur de 3 millions d’euros !), il a joué pendant 45 mn du Bach et du Schubert.
Qui s’est arrêté pour l’écouter ? Presque personne. Des milliers de voyageurs pressés sont passés devant lui, en évitant évidemment de le regarder dans les yeux pour ne pas se sentir coupable de ne pas lui jeter une ou deux pièces jaunes.
Une exception notable : les enfants (jusqu’à 3 ans) sont les seuls à avoir donné l’impression qu’il se passait là quelque chose d’exceptionnel et ont à plusieurs reprises tenté de ramener leur mère vers le violoniste – avec une énorme fessée à la clé, en général !
Qu’est-ce que tout ça nous apprend ?
On peut évidemment penser que la réputation de Joshua Bell est totalement surfaite, un simple « coup marketing », ce qui fait que les voyageurs n’ont rien entendu d’exceptionnel et ne se sont pas arrêtés. Ce n’est très probablement pas le cas.
Ou alors les enfants sont plus intelligents que les adultes. Rien ne semble le montrer. Probablement les enfants ont-ils simplement moins la perception du contexte, ils n’ont pas de protection contre la nouveauté, les émotions et cela joue pour le meilleur (le violoniste) comme pour le pire (la perception de la publicité).
Le contexte a encore plus d’importance que le talent
Il faut évidemment du talent pour percer, mais il faut aussi bénéficier d’un contexte favorable, sans quoi personne ne va rien remarquer et le talent reste inaperçu.
Pour une société, cela veut dire vanter son produit, faire du marketing, de la communication, etc… Etre avant tout convaincue que son approche est la bonne. Cela peut prendre du temps, mais si vous ne faites pas tout ça, les gens passeront devant vous sans vous voir.
Suivre sa première impression
Si les petits enfants sont capables de suivre leur première impression, les adultes perdent généralement cette disposition – probablement une des conséquences d’un douloureux processus nommé « Education ».
Ceux qui arrivent à l’âge adulte en ayant réussi à conserver, même partiellement, de telles dispositions, ont un très grand avantage « compétitif » sur les autres. Artistes ou producteurs, ils sauront dénicher la perle rare avant tout le monde. Chefs d’entreprise, ils identifieront très tôt le bon produit, la bonne tendance – celle devant laquelle tout le monde passe sans même lever les yeux.
Dans les années 80, je passais fréquemment, Métro Châtelet Les Halles, devant une immigrée sri-lankaise qui avait une voix extraordinaire. Un passant la remarqua, lui fit faire un essai puis l’engagea. La chanteuse (Sirima) devint célèbre du jour au lendemain. Elle mourût malheureusement quelques années plus tard mais tout le monde se souvient du tube : « Là bas ».
Le passant s’appelait Jean-Jacques Goldman.
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Souvenirs de vacances 22 août 2008
Par Thierry Klein dans : Humeur.Lu 4 784 fois | 8 commentaires
La France aux JO de Pékin: auparavant, on était les premiers dans les sports dont le monde entier se fout. Eh bien, on a réussi à perdre cette place pourtant peu enviée. Médailles d’or en tir à l’arc, BMX (!), tir aux pigeons, lutte gréco-romaine (catégorie anorexiques), escrime et je ne sais plus quoi… Vivement une nouvelle épreuve du style 10 000 m à cloche-pieds avec doigts dans le nez pour qu’on redevienne performant !
10 français tués avant hier, dans une embuscade dont le style rappelle les guerres coloniales de la fin du XIXéme siècle. L’Occident s’est enlisé en Afghanistan (comme l’Union Soviétique, mais pour des raisons complètement différentes et fort heureusement, avec des pertes humaines qui restent quand même beaucoup plus faibles). Aujourd’hui, tenir Kaboul ne gêne plus Al-Qaïda. L’erreur de l’Amérique est de s’être crue assez forte pour ouvrir deux fronts (Irak et Afghanistan). A la base de cette erreur, une tromperie, car le front Irakien n’était ni utile, ni lié au 11 Septembre.
La Russie en Georgie: c’est la première vraie guerre moderne du pétrole, sans doute le début d’une longue série et aussi, le grand retour d’une Russie autoritaire qui satellise ses voisins: un monde sans doute plus stable, mais moins libre.
Toujours à propos du pétrole: Le nombre de morts sur les routes aux USA est en baisse. Des radars sur les routes ? Un regain de civisme ? Rien de tout ça: simplement, le trafic routier baisse car l’essence est devenue trop chère. C’est la fin d’une époque.
Ah oui, j’ai aussi découvert Dr House… Je prépare plusieurs billets sur le sujet
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Les vélos et scooters électriques sont arrivés ! 12 août 2008
Par Thierry Klein dans : Entreprise altruiste,Racines du Ciel,Scooters électriques.Lu 16 055 fois | 34 commentaires
Ca y est ! Les scooters et les vélos sont enfin arrivés ! Ca n’a l’air de rien, mais c’est après plus d’un an d’efforts pour obtenir ce premier container (au final, environ 60 deux-roues électriques). Les autres arrivages, si celui-ci est concluant, seront beaucoup plus fréquents.
Ca doit être la première fois que des véhicules de ce type sont entreposés dans une grange, à la campagne (merci Xavier !). On a juste eu le temps de décharger et de monter un premier vélo, le numéro « 0 » qui a l’air de fonctionner parfaitement.
C’est le vrai lancement des « Racines du Ciel », l’entreprise altruiste qui va commercialiser, puis concevoir des deux-roues électriques. Quelques photos pour commencer et je reviens vers vous tous avant la fin de la semaine…
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Supercapitalism, by Bob Reich
Par Thierry Klein dans : Critiques,Entreprise altruiste.Lu 5 452 fois | 5 commentaires
Let me tell you first that this book is truly the simplest, therefore the most brilliant, explanation of how capitalism has evolved over the last decades.
If I may allow a short criticism, I think the « analysis » part of the book is much more convincing than the « proposed solutions ». Bob Reich is probably perfectly aware of this.
Another point: Bob Reich rightly points to the abuses of lobbying but forgets to mention that lobbying in itself is just the tip of a huge advertising iceberg. Lobbying is just to politicians what advertising is to citizens. What he has felt as a politician, he does not realize it yet as a citizen.
Globalization is linked to the transformation of citizens into consumers and the force behind this is advertising – I don’t mean that advertising WANTS this. Unlike political propaganda, advertising has no real « will », good or evil. But cumulatively, it does however make the job. I believe an analysis of worldwide advertising/ communication budgets would easily show that there is a strong correlation between globalization and advertising.
This has consequences about democracy itself. Bob Reich writes that politicians don’t do the job because « true causes » are not on their agenda, due to lobbying. But citizens, so far, do not really want the job to be done either : they just behave as consumers.
Taking the right measures therefore implies some kind of elitist democracy: a democracy where knowledgeable, enlighted politicians act « for the best », partly against the will of their own electors who don’t understand the issues. (We are much more familiar with that kind of democracy in France than US citizens are, let me tell you however that it does not end up with the « right » decisions either, it ends up in state sclerosis !).
I think that the power of advertising in part comes from the fact that it creates immediate consumer needs, that are opposed to long term citizens – and worker – needs. (The need to buy a cheap plasma screen today conducts to closing your own factory, but only tomorrow, which makes it difficult to catch the link). Technology has also made advertising is also more and more pervasive (newspapers are less pervasive than radio, which is less pervasive than TV, which is less pervasive than Google sponsorized links, the latter being almost subliminally read when you surf on the Internet).
You can’t really fight the present situation and remain in democracy if you don’t limit the effects of advertising. You can think of creating spaces that would be « advertsing free » (TV channels like the BBC) or even, treat advertising like tobacco was treated and take 5 or 10% of all communication/advertising budgets to sponsor NGOs or « recognized altruistic organizations » so that they also can access to brains and act as counterweights.
Having read Bob Reich’s book in depth, I am fully conscious of the difficulty to recognize a « truly altruistic cause », but I also recognize this blog ticket is too long already and don’t want to bother you too much with practical details at this stage.
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