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A propos des élèves sous notés du Lycée juif Yabné. 12 juillet 2024

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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Les données fournies par l’Education Nationale contredisent ses propres conclusions. Sur les 28 élèves ayant eu une note inférieure à la moyenne (graphique ci-dessous), 22 viennent de Yabné (soit 80%), alors que Yabné ne représente que 42% des élèves (72 / 169). Yabné est un très bon lycée, en général largement supérieur au niveau du public local: on aurait attendu bien moins de 42% de « mauvais » élèves.

Le délai de réponse inférieur à 24h du Ministère est aussi tout à fait inhabituel pour qui connait l’Education Nationale. Tout laisse à penser que la Ministre s’est « saisie » après avoir déjà eu en main un premier rapport « positif » de ses équipes (l’affaire était sortie depuis 8 jours). La forme avancée du « pas de vagues » : on communique de façon rapide pour éteindre l’incendie mais on continue à détourner le regard.

A ce stade, il importe de corréler ces notes 1) au notes du bac en maths et physique des 22 élèves et 2) à leur niveau réel en maths et physique d’après leur bulletin. S’il y a anomalie (ce dont je suis presque certain), enquêter sur le contenu ayant été abordé en grand oral et sur le profil politique des profs.

Le drame dans lequel sombre le pays est le suivant : sur Twitter, tous les comptes pro-palestiniens, antisémites, EELV et LFI (largement confondus) prennent le parti du Ministère au nom de « l’auto-sémitisme », terme censé dénoncer le tropisme juif à se victimiser en toutes circonstances pour obtenir des avantages. A l’inverse, les élèves sont soutenus a priori par toutes les associations juives et pro-Israel (largement confondues). Personne ne raisonne et les arguments étant symétriques, un observateur neutre aurait tendance à renvoyer les parties dos à dos.

Suis-je donc aussi victime de cet esprit de clan, que j’abhorre pourtant, quand je trouve que les données aujourd’hui en notre possession corroborent la thèse des élèves plus qu’elles ne l’infirment ? L’avenir le dira, du moins je l’espère.

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L’extrême-droite est-elle vraiment plus antisémite que l’extrême-gauche ? 28 juin 2024

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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Notes de lecture rapide du rapport annuel de la CNCDH pour l’année 2023 : « La lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie ».

Je me suis intéressé à ce rapport parce qu’opportunément sorti hier, il est repris sur toutes les télés et radios (et évidemment sur X) pour affirmer qu’il y aurait moins d’antisémitisme à l’extrême gauche (LFI), qu’à l’extrême droite (RN). C’est ce graphique en particulier qui tourne en boucle, il est repris par toute l’islamo-gauchosphère :

Je ne connaissais pas la CNCDH qui est un  « machin » officiel issu d’une loi de 2007. Sur la forme, rapport très bien présenté de 351 pages (!). Toute la charte graphique est destinée à accréditer l’idée d’une organisation institutionnelle et sérieuse. Usage massif des couleurs bleu-blanc-rouge, copie du texte de loi définissant la mission dans les premières pages. Sur la page de couverture, un tampon « Rapporteur national indépendant » destiné à apporter encore plus de crédibilité. Indépendant, peut être, mais nous le verrons, pas neutre.

Un rapport marqué à gauche

Le rapport m’est immédiatement apparu extrêmement marqué à gauche. Il en reprend tous les éléments de langage, le style, les stéréotypes. Je ne vais pas m’étendre là-dessus, tout ceci est apparent dès l’introduction (p.13). De tels passages constituent pour moi des morceaux de bravoure (p.13).

Ainsi, la recrudescence des actes antisémites est liée autant au Hamas qu’à la « brutalité de la riposte israélienne » : des juifs en sont donc responsables. Et elle alimenterait le degré d’insécurité des musulmans, « pour des raisons différentes » (mais évidemment non expliquées).

Ou encore (p. 229)

Ainsi, les « individus » ont toujours tort et les chercheurs toujours raison (surtout s’ils sont de gauche !). C’est la version scientifiquement correcte du « sentiment d’insécurité » dont parle Dupond-Moretti pour nier l’insécurité.

La confusion assumée entre « islamophobie » et « racisme anti-musulmans »

Le rapport utilise le terme islamophobie en lieu et place du terme anti-musulmans, ce qui n’est pas la position officielle de l’état français mais celle des frères musulmans, qui font ainsi passer toute aversion envers l’Islam pour une aversion contre les musulmans, de façon à essentialiser les musulmans. Or en France, on a le droit, protégé depuis 1905, de ne pas aimer les religions – mais évidemment pas celui de discriminer quiconque en fonction de sa religion. L’antisémitisme (aversion contre les juifs) est donc mis au même niveau que l’islamophobie, terme volontairement ambigu (p. 192, p. 209)…

L’islamophobie est prise en compte comme un facteur de racisme dans les statistiques (p 229) ce qui a pour effet potentiel d’augmenter l’importance du racisme anti-musulmans dans le rapport. Ce refus de lever l’ambigüité du terme « islamophobie » est évidemment volontaire: les auteurs sont tout à fait conscients du problème mais assument l’usage du terme « passé progressivement dans le champ des recherches internationales » (qui évidemment sout toutes de gauche !).

Il va alors de soi que pour les auteurs, la laïcité, au sens classique du terme est islamophobe. Ils conçoivent uniquement la laïcité, qu’ils ne comprennent pas, comme un œcuménisme, pas comme la défense du droit de ne pas croire.

Ci-dessous, un tel tableau (p.242) dans la partie scientifique du rapport est extrêmement grave car le sentiment « anti-juifs », qui tient du racisme, y est mis sur le même plan que le sentiment « anti-islam » qui tient de l’opinion sur une religion et non sur un individu. Tout marxiste, par exemple, est normalement « anti-islam », la religion étant l’opium du peuple. Ainsi, pour les auteurs du rapport, le marxisme est un préjugé islamophobe…

Un rapport de propagande

J’ai googlé au hasard 3 des auteurs du rapport (sur une vingtaine d’auteurs, p.12) et bingo ! Je tombe sur des profils très à gauche. Léna Collette est chez Amnesty International (ONG au mieux anti-israélienne, au pire anti-sémite), Christian Laval prof de socio à Nanterre est un ancien d’Attac, Anaïs Schill  relaie sur son LinkedIn des appels de gauche (pro-palestiniens, anti-RN…). Je vous laisse poursuivre.

Il s’agit donc, et il faut le lire comme tel, d’une œuvre de propagande sous couvert d’un rapport objectif, que cela constitue ou non la volonté consciente des auteurs. Comme souvent, le côté apparemment officiel, « neutre » et « scientifique » du rapport masque une idéologie. Ceci ne veut pas dire que les chiffres soient faux, le travail malhonnête, etc. Mais il y a des biais évidents. Et partout.

Je me concentre maintenant sur la partie « scientifique » du rapport intitulée « Regards de chercheurs » (p223).

L’utilisation de termes prêtant à confusion, car détournés de leur sens habituel: la tolérance

Cette partie multiplie les clichés. D’abord un « indice de tolérance » est défini. Le beau mot de tolérance est évidemment connoté positivement, donc plus l’indice est haut, mieux c’est. Le problème est que l’indice est calculé à partir de questions stéréotypées posées aux sondés. Par exemple, si je réponds oui à la question « les immigrés sont la principale source de l’insécurité », cela tient de l’observation de la réalité et ça n’a rien à voir avec la tolérance. Ainsi, de nombreuses questions posées sont abusivement rattachées à l’indice de tolérance ou de racisme ce qui fait que grosso modo, l’indice de tolérance devient un gloubi-boulga correspondant en réalité à la question suivante : « êtes vous de gauche, inclusif, moderne ? ». Et le chercheur n’a alors aucun mal à conclure que :

  • « Les jeunes sont plus tolérants ». Son interprétation est qu’ils se sont débarrassés des préjugés racistes des ainés, la mienne est qu’ils sont subi la propagande et surtout la chute de niveau de l’école française qui a sérieusement entamé leur capacité critique.

  • « Les diplômés sont plus tolérants » (pour le chercheur, parce que l’éducation libère des préjugés ; pour moi parce que les parcours supérieurs actuels sont bourrés des préjugés dont le chercheur recherche la confirmation).

Je pourrais être en phase avec ça. Mais ce que l’auteur ne voit peut être pas, c’est que l’école et l’université actuelles forment les étudiants à partager les mêmes préjugés politiquement corrects, comme on a pu le voir récemment à Sciences-Po, plutôt qu’à critiquer ces préjugés. Cette formation sectaire, « woke », couplée à la chute de niveau entame au contraire fortement la capacité critique des étudiants (comme elle a entamé, semble-t-il, la capacité critique de l’auteur du rapport).

  • « La gauche est plus tolérante » (est de gauche tout ce qui partage les préjugés du chercheur)
Les journalistes télé et radio ne prendront pas la peine de lire tout le rapport. Ils retiendront en mode lecture rapide que la gauche est plus tolérante que la droite, moins ethnocentrée que la droite, etc. Pourtant, la tolérance ou l’ethnocentrisme au sens du rapport n’ont rien à voir avec la tolérance ou l’ethnocentrisme au sens commun des mots.

L’extrême droite est-elle plus antisémite que l’extrême gauche ?

Les données « montrant » que l’antisémitisme est plus fort à l’extrême droite qu’à l’extrême-gauche, sont faibles et contradictoires. L’antisémitisme d’extrême-gauche serait plus fort fin 2022 (48) que fin 2023 (35), après les massacres du 7 Octobre ! Et en 2023, l’antisémitisme chez LFI (36) serait égal à l’antisémitisme chez LREM… Tout ceci est très surprenant.

A noter que l’image d’Israël a été étudiée indépendamment et que cela inverse les résultats (p. 267). Ci-dessous, l’extrême gauche est à 53, le centre à 39 et l’extrême-droite à 33. Ainsi, les auteurs semblent assez fins pour interpréter, d’autorité, la laïcité comme un cache-nez de l’islamophobie mais pas assez fins pour comprendre que dans 90% des cas, l’antisionisme, ou l’aversion d’Israël, est le cache-nez de l’antisémitisme. Ils estiment pertinent de rassembler en une seule catégorie le racisme anti-musulmans et l’aversion envers l’Islam mais séparent l’antisémitisme de l’aversion envers Israël. Comme disait Churchill:

« Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai modifiées moi-même ! »

Cet autre graphique (p.269) contredit aussi les conclusions sur l’origine de l’antisémitisme. On voit que la responsabilité d’Israël dans le conflit est maximale à gauche, minimale à droite.

L’antisémitisme d’origine musulmane

Surtout, ce qui apparaît mais n’est pas explicitement souligné dans le rapport, c’est l’antisémitisme extrêmement fort d’origine musulmane (p.253).

Ainsi, le score d’antisémitisme musulman est à 62 (41+21). C’est bien au dessus de l’antisémitisme des partis, quels qu’ils soient (LFI est à 35…). Ceci est confirmé par l’analyse du Tableau 20, p244, où ceux qui expriment le plus fort sentiment de communautarisme juif sont très probablement musulmans (Colonne dim 3 du tableau).

Et on voit aussi, malheureusement sans commentaire, que le « vieil antisémitisme » (les clichés tels que juifs et argent, juifs et pouvoir…) est à 0,34 à l’extrême-droite mais à 0,48 chez les musulmans.

Les données sur l’antisémitisme en fonction de la couleur politique semblent aberrantes

Les données brutes de l’étude ne sont malheureusement pas fournies ni détaillées dans le rapport (c’est vrai qu’il ne fait que 350 pages !). Mais il semble qu’il y ait des imperfections (ou des subtilités non détaillées) dans la manière dont l’antisémitisme a été quantifié. Le rapport mentionne 5 critères mais seulement 4 sont détaillés dans le tableau récapitulatif (n°20, p.243) et l’antisémitisme n’est pris en compte qu’à partir de 2 critères positifs (tableau 24): pourquoi ? Il est possible que l’étude n’ait pas donné de résultat réellement probant, ou analysable, concernant la relation entre antisémitisme et couleur politique et que cette relation ait dû être artificiellement amplifiée. Le tableau 24 va en ce sens: l’antisémitisme y est présenté comme faiblement corrélé à l’échelle gauche-droite, contrairement à l’aversion à l’Islam.

Ainsi, il y a un problème flagrant de catégorisation et de cohérence dans les données. Mais il fallait bien pouvoir servir à la Presse l’essentiel, le message de la bonne gauche bien pensante :

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How many roads… En hommage à Claude Lazarus. 2 février 2024

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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Un grande amitié unissait Claude et mon père et il y a des souvenirs qui font partie de la légende familiale, qui remontent à leur adolescence. Claude aurait fait découvrir Paris à mon père, ce Paris dont il connaissait tous les détails, au pas de course, tout à pied. En une seule journée, ils auraient vu tous les monuments. (Interrogée aujourd’hui, la source ne confirme pas de façon certaine la version mythique du « tout Paris en un jour », mais parle de « quelques jours »…).

Dans les premiers grands souvenirs que j’ai moi-même, j’avais 11 ou 12 ans, donc Jérôme 11 et Marina 7, on partait en vacances à la montagne pour 3 semaines avec les Lazarus, Claude et Yveline , on marchait effectivement beaucoup.

Claude adorait marcher en montagne et pour un enfant, ce qui était merveilleux, c’est qu’il était très attentif, très entrainant et avec lui, ça n’était jamais ennuyeux: il se passait toujours quelque chose. Il voyait tous les détails en premier, c’est le plus redoutable traqueur de fraises des bois que j’ai jamais connu. Il parlait aux enfants et les enfants adoraient son rire – Anne-France, Olivier et moi on s’en souvient tous. J’ai quelques souvenirs très vifs comme à la vallée des merveilles, on a vécu un orage à 2000 m avec la foudre qui n’arrêtait pas de tomber à quelques dizaines de mètres autour de nous sur des sortes d’arbres pétrifiés et en prime, Marina qui s’est mise à refuser d’avancer. Avec les sacs à dos, on ne pouvait pas la porter d’autant plus qu’il fallait aussi porter le chien, qui avait trop marché et dont les coussinets étaient en sang… « Maintenant Marina tu avances ou j’te claque » ! J’ai dû entendre ça 100 fois ce jour là – mais ça n’a jamais fait avancer Marina. Claude était drôle, spontané, impulsif aussi.

Ma mère m’a envoyé hier des photos de cette époque. On est au Sauze avec d’autres amis, 3 ou 4 familles ensemble. Les photos ont l’air tirées de films de Claude Sautet – même si ces films n’avaient pas encore été tournés.

Quelques années plus tard, à 17 ans, quand je suis monté étudier à Paris, je ne compte plus les fois où Claude et Yveline m’ont accueilli à St-Cloud avec une énorme gentillesse et une constance extrême. « Puteaux, Suresnes, le Val d’Or, St-Cloud »…: je me souviens encore des stations de train et même du numéro de téléphone 771-89-64. Ils voyaient débarquer le dimanche midi, parfois dès le samedi soir, une sorte d’ado mal fini préoccupé et surmené, entre 2 cours de maths, qui parlait peu. C’était le seul endroit où on n’exigeait rien de moi. Je ne pense pas que c’était très agréable de m’avoir, je ne sais même pas si je disais merci en partant. C’est un peu tard aujourd’hui mais Claude, Yveline, du fond du cœur, merci.

Quand on parle de quelqu’un comme ça qui disparaît, on ne parle évidemment que des bons côtés mais en réalité ça n’est pas dur, ça n’est pas dur parce que je n’ai que des bons souvenirs avec Claude, je n’en ai pas de mauvais.

Il était la gentillesse même, il était vif, il était spontané. Tout l’intéressait et il était au courant de tout. Le Monde du lendemain trainait au milieu du salon mais à la différence de tout le monde, il l’avait déjà lu. Il était partant, dynamique. Il était drôle, il était simple. Je ne voudrais pas que cette liste soit vue comme un suite de banalités, elle est la pure réalité.

Et par-dessus tout, si je peux détacher un trait, il avait gardé ce côté enfantin, lisible. On lisait sur son visage sa joie innée, son enthousiasme face aux événements les plus simples de la vie: sortir, marcher, parler – toute cette partie de nous qui est la meilleure mais que la vie, l’éducation, la fréquentation de la communauté des hommes nous apprend progressivement à enfouir ou à dissimuler, il l’avait conservée. Par une grande prédisposition de caractère, certainement mais aussi de volonté farouche car comme tout homme il avait forcément sa part d’ombre mais il n’en parlait jamais, par pudeur. En 45, son père n’était pas revenu. Il avait décidé une fois pour toutes de ne jamais ennuyer les autres avec ses propres problèmes et je n’étais pas là dans les derniers mois mais si je comprends bien, jusqu’à la fin, il a été comme ça.

C’était Claude Lazarus. Je l’aimais et j’avais un respect infini pour lui.

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Quelques notes sur « les armes de l’esprit » 31 décembre 2021

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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Ci-dessous le discours prononcé en chaire le 23 juin 40 par le Pasteur Trocmé, au Chambon Sur Lignon. Il a entraîné toute la région derrière lui. Le Chambon sur Lignon, tous les villages environnants, ont caché et sauvé des milliers de juifs. Mes grands-parents étaient réfugiés à une vingtaine de kilomètres de là, à Lamastre.

Je n’avais pas relu ce discours depuis longtemps. Ce qui est remarquable, c’est la ressemblance, dans la structure, en deux temps, avec l’appel du 18 juin de de Gaulle – avec même la référence à l’Angleterre; dans la forme, avec les nombreux discours de Pétain de l’époque sur le thème de la culpabilité, du repentir, etc. A tel point que si on enlève les passages précisant le sens profond, pour Trocmé, du terme « humiliation », le texte pourrait presque passer pour Pétainiste.

L’humiliation chrétienne de Trocmé n’est pas le  ressentiment Pétainiste 

« gardons‑nous de nous humilier, non pour nous‑mêmes, pour nos propres fautes, mais pour les autres, et dans un esprit d’amertume mêlé de rancune. […].»,

mais bien une résistance Gaullienne :

« S’humilier, ce n’est pas plier devant une telle doctrine. […] Des pressions païennes formidables vont s’exercer sur nous-mêmes et sur nos familles, pour tenter de nous entraîner à une soumission passive à l’idéologie totalitaire…Le devoir des chrétiens est d’opposer à la violence exercée sur leur conscience les armes de l’Esprit  »

Cette difficulté à saisir la différence de fond entre de Gaulle et Pétain, on la retrouve encore aujourd’hui, chez Zemmour par exemple. Il y a entre Pétain et de Gaulle beaucoup de ressemblances sociales, de forme, etc. Les mêmes mots sont souvent employés. Mais avec des sens tout à fait différents, ce qui fait que tout les sépare.

Les deux textes, celui de Trocmé le 23, celui de de Gaulle le 18, ont été écrits en toute méconnaissance l’un de l’autre. De Gaulle, en tant que chef politique et militaire, imagine une stratégie vers la victoire – texte miraculeux tant cette stratégie, qui parait impensable en 40, s’est point par point réalisée. Y croyait-il lui-même, compte tenu de la situation militaire, lorsqu’il a écrit le texte ? Sans doute non ou très peu. De Gaulle, le 18 juin 40, n’a pour toutes armes que celles de l’esprit.

« Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui. Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

« Nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique terrestre et aérienne de l’ennemi…L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! »

Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis. Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là. »

Là encore, il est facile de penser, c’est ce que fait Zemmour, que de Gaulle et Pétain sont les deux faces d’une même stratégie – l’un qui fait le dos rond devant les allemands, l’autre qui se bat – et d’interpréter ensuite l’histoire comme un simple jeu de rôles. Mais c’est une erreur profonde, non pas historique mais psychologique. Les deux résistants d’Aragon, Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas croient tous deux, « Qu’importe comment s’appelle / Cette clarté sous leurs pas », en l’existence d’une dimension qui dépasse l’homme et pour laquelle on doit se battre, de Gaulle y croyait et Pétain, sous le même vernis chrétien, non.

Tout part du mystique chez de Gaulle. « Souffrances, fautes, espérance, flamme »… Son appel du 18 juin, bien qu’antérieur à celui de Trocmé, n’est qu’une tentative de faire coller la même mystique que Trocmé au réel. Le passage des armes de l’Esprit aux armes tout court. 

Il y a aussi chez Trocmé cette référence à « La bête ».

« Nous sommes convaincus que la puissance de cette doctrine est comparable à l’autorité de la Bête, qui est décrite dans le chapitre 18 de l’Apocalypse. ».

Chez St-Jean, la Bête est l’Empire Romain. L’expression « Les armes de l’esprit » est aussi empruntée à St-Jean.  Au même moment, Simone Weil écrit « Les origines de l’Hitlérisme », un petit essai où elle compare de façon très convaincante l’esprit de l’Empire Romain et du régime Hitlérien.

« Les quelques moments lumineux de l’Empire romain ne doivent pas retenir l’attention au point d’empêcher de sentir l’analogie entre ce système et celui d’Hitler…. Hitler n’écrase pas plus la Bohême que Rome n’écrasait ses provinces… Les camps de concentration ne sont pas un moyen plus efficace d’éteindre la vertu d’humanité que ne le furent les jeux des gladiateurs et les souffrances infligées aux esclaves, […], la vie spirituelle n’est pas traquée avec plus de soin et de cruauté en Allemagne qu’elle ne le fut dans l’Empire Romain… ».

Cette capacité à reconnaître presqu’instinctivement la nature profonde du régime hitlérien, il faut bien l’appeler, avec Chateaubriand, « génie du christianisme ».

Le nombre de dénonciations au Chambon fut exceptionnellement faible. Aux autorités de Vichy qui lui demandaient de livrer les juifs, Trocmé répondit « Je ne sais pas ce qu’est un juif, je sais ce qu’est un être humain ».  Au final, tout le village fut, de façon collective, reconnu comme « Juste parmi les Nations » en 1990 par l’Institut Yad Vashem. Je n’ai rien vécu de tout ça mais il m’est difficile, aujourd’hui encore, d’y penser sans émotion.

« Je termine enfin en écrivant encore une fois les noms du pasteur André Trocmé et celui de Le Chambon Sur Lignon, car on ne saurait mieux dire »

Romain Gary, Les cerfs-volants

dimanche 23 juin 1940

Le devoir des chrétiens est d’opposer à la violence exercée sur leur conscience les armes de l’Esprit…

Ce qui suit est la retranscription par Pierre Sauvage du texte de ce message historique, dont une copie lui fut remise par Mme Magda Trocmé dans les années 80.  (Un court passage reste malheureusement illisible.)  Ce texte fut cité publiquement pour la première fois dans le film Les armes de l’esprit (1989).  C’est Nelly Trocmé Hewett, fille du pasteur Trocmé, qui lut un extrait.

Il faut noter que l’armistice avec l’Allemagne avait été signé la veille, à 18 h. 30.

 Frères et soeurs,

Le président de la Fédération Protestante a prononcé hier [le 22 juin 1940] à la radio une allocution à laquelle nous voulons joindre notre voix.  Dans cette allocution, M. [le pasteur Marc] Boegner appelle l’Église Protestante de France à l’humiliation pour les fautes qui ont amené notre peuple à l’état où il se trouve aujourd’hui.

Comme lors des grandes détresses d’Israël, l’heure est à l’humiliation.  Humilions‑nous tous pour la part de responsabilité que nous avons dans la catastrophe générale.  Humilions‑nous pour les fautes que nous avons commises et pour celles que nous avons laissé commettre, pour notre laisser-aller, pour notre manque de courage qui ont rendu impossible le redressement devant les tempêtes menaçantes, pour notre manque d’amour devant les souffrances des autres, pour notre manque de foi en Dieu et notre idolâtrie de la richesse et de la force, pour tous les sentiments indignes du Christ que nous avons tolérés ou entretenus dans nos coeurs, en un mot pour le péché dont nous avons chacun notre part et qui est la seule cause véritable des malheurs sans nom qui nous frappent.

Humilions-nous devant Dieu, chacun personnellement, comme particuliers, corme chefs ou membres d’une famille, comme citoyens, et comme chrétiens, comme pasteurs, comme conseillers presbytéraux, comme moniteurs, comme unionistes, comme fidèles de l’Église.  C’est de Dieu que nous implorons le pardon pour le péché dont nous sommes personnellement coupables et pour le péché de notre peuple, de l’humanité actuelle et de l’Église d’aujourd’hui dont nous sommes solidaires.  C’est de Dieu seul que nous attendons le relèvement.

Cependant nous devons nous garder de certaines manières de nous humilier qui seraient une désobéissance à Dieu.

Premièrement, gardons‑nous de confondre humiliation et découragement, et de penser et de répandre autour de nous que tout est perdu.  Il n’est pas vrai que tout soit perdu.  La vérité évangélique n’est pas perdue, et elle sera proclamée librement du haut de cette chaire, dans les réunions et dans les visites.  La Parole de Dieu n’est pas perdue, et c’est là que se trouvent toutes les promesses et toutes les possibilités de relèvement pour nos personnes, pour notre peuple, pour l’Église.  La foi n’est pas perdue : l’humiliation véritable n’affaiblit pas la foi, elle mène à une foi plus profonde en Dieu, à une volonté plus ardente de le servir.

En second lieu, gardons‑nous de nous humilier, non pour nous‑mêmes, pour nos propres fautes, mais pour les autres, et dans un esprit d’amertume mêlé de rancune.  Ces derniers jours, au cours de nos visites, nous avons entendu de nombreuses plaintes de soldats contre leurs officiers, et d’officiers contre leurs soldats, de patrons contre leurs ouvriers, et d’ouvriers contre leurs patrons, de riches contre les pauvres, et de pauvres contre les riches, de pacifistes contre les patriotes, et de patriotes contre les pacifistes, de croyants contre les incroyants, et d’incroyants contre les croyants.  Chacun accuse les autres, chacun cherche à esquiver ses propres responsabilités pour charger ses concitoyens ou les peuples étrangers, oubliant que Dieu seul peut juger et mesurer la culpabilité de chacun.  Nous ne croyons pas qu’une telle humiliation soit féconde et puisse préparer la reconstruction de notre pays et de l’Église.

En troisième lieu, en humiliant nos coeurs, n’humilions pas notre foi et nos convictions fondées sur l’Évangile.  Ainsi, parce que nous n’avons pas bien usé de la liberté qui nous était donnée, ne renonçons pas à la liberté, sous prétexte d’humilité, pour devenir des esclaves, et plier lâchement devant les idéologies nouvelles.  Ne nous faisons pas d’illusions: la doctrine totalitaire de la violence a acquis ces derniers jours un formidable prestige aux yeux du monde, parce qu’elle a, du point de vue humain, merveilleusement réussi.

[Illisible] pour notre société française.  S’humilier, ce n’est pas plier devant une telle doctrine.  Nous sommes convaincus que la puissance de cette doctrine est comparable à l’autorité de la Bête, qui est décrite dans le chapitre 18 de l’Apocalypse.  Cette doctrine n’est rien d’autre que l’antichristianisme.  C’est pour nous une question de conscience que de l’affirmer, aujourd’hui comme hier.  Il est à peu près certain que des enfants de notre église ont donné leur vie pour combattre cette doctrine.  S’humilier de ses péchés, ce n’est pas, maintenant, abdiquer devant elle.  C’est en donnant nos vies à Jésus‑Christ, au service de son évangile, de son Église universelle, que nous serons dans la fidélité et la véritable humilité.

A cet appel à l’humiliation chrétienne, nous voulons, frères et soeurs, ajouter quelques exhortations que nous vous adressons au nom de notre Seigneur Jésus‑Christ.

D’abord, abandonnons aujourd’hui toutes nos divisions entre chrétiens, et toutes nos chicanes entre Français.  Cessons de nous étiqueter, de nous désigner les uns les autres par ces termes où nous mettons du mépris: droite et gauche, paysans, ouvriers, intellectuels, prolétaires ou possédants, et de nous accuser mutuellement de tous les méfaits.  Recommençons à nous faire confiance les uns aux autres, et à nous saluer et à nous accueillir, en nous rappelant à chaque rencontre, comme le faisaient les premiers chrétiens, que nous sommes frères et soeurs en JC.

Ensuite, ayant abandonné ces méfiances et ces haines, ainsi que les passions politiques auxquelles elles sont accrochées, groupons-nous décidément autour de Jésus-Christ, le chef de l’Église universelle, et adoptons, comme source de pensée, d’obéissance et d’action, son évangile, rien que son évangile.

Enfin comprenons que le retour à l’obéissance nous oblige à des ruptures, ruptures avec le monde, ruptures avec des manières de vivre que nous avions acceptées jusqu’ici.

Des pressions païennes formidables vont s’exercer, disions‑nous, sur nous-mêmes et sur nos familles, pour tenter de nous entraîner à une soumission passive à l’idéologie totalitaire.  Si l’on ne parvient pas tout de suite à soumettre nos âmes, on voudra soumettre tout au moins nos corps.  Le devoir des chrétiens est d’opposer à la violence exercée sur leur conscience les armes de l’Esprit.  Nous faisons appel à tous nos frères en Christ pour qu’aucun n’accepte de collaborer avec cette violence, et en particulier, dans les jours qui viennent, avec la violence qui sera dirigée contre le peuple anglais.

Aimer, pardonner, faire du bien à nos adversaires, c’est le devoir.  Mais il faut le faire sans abdication, sans servilité, sans lâcheté.  Nous résisterons, lorsque nos adversaires voudront exiger de nous des soumissions contraires aux ordres de l’Évangile.  Nous le ferons sans crainte, comme aussi sans orgueil et sans haine.

Mais cette résistance morale n’est pas possible sans une rupture avec les esclavages intérieurs qui depuis longtemps dominent sur nous.  Une période de souffrance, de disette peut-être, s’ouvre pour nous.  Nous avons tous plus ou moins vécu dans le culte de Mammon, dans le culte du bien-être égoïste des petites familles, du plaisir facile, de la paresse, de la bouteille.  A présent, nous allons être privés de beaucoup de choses.  Cependant nous serons tentés de tirer notre épingle du jeu et de profiter encore de ce qui nous restera, ou même de dominer sur nos frères.  Sachons abandonner, frères et soeurs, notre orgueil et notre égoïsme, notre amour de l’argent et notre confiance dans les possessions terrestres, apprenons à nous reposer, pour aujourd’hui et pour demain, sur notre Père, qui est aux cieux, à attendre de lui le pain quotidien et à le partager avec nos frères, qu’il nous faut aimer autant que nous-mêmes.

Que Dieu nous libère des inquiétudes comme des fausses sécurités, qu’il nous donne sa paix que rien ni personne ne peut enlever à ses enfants, qu’il nous console dans nos deuils comme dans toutes nos épreuves, qu’il daigne faire de chacun de nous des membres humbles et fidèles de l’Église de Jésus Christ, du corps de Christ, dans l’attente de son royaume de justice et d’amour, où sa volonté sera faite sur la terre comme au ciel.

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C’est trop tard 11 novembre 2021

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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C’est trop tard pour verser des larmes
Maintenant qu’ils ne sont plus là
C’est trop tard, retenez vos larmes
Trop tard, ils ne les verront pas

Car c’est du temps de leur vivant
Qu’il faut aimer ceux que l’on aime
Car c’est du temps de leur vivant
Qu’il faut donner à ceux qu’on aime

Ils sont couchés dessous la terre
Dans leurs maisons froides et nues
Où n’entrera plus la lumière
Où plus rien ne pénètre plus

Que feront-ils de tant de fleurs

Maintenant qu’ils ne sont plus là?
Que feront-ils de tant de fleurs
De tant de fleurs à la fois?

Alliez-vous leur porter des roses
Du temps qu’ils étaient encore là?
Alliez-vous leur porter des roses
Ils auraient préféré, je crois

Que vous sachiez dire je t’aime
Que vous leur disiez plus souvent
Ils auraient voulu qu’on les aime
Du temps, du temps de leur vivant

Les voilà comme des statues
Dans le froid jardin du silence
Où les oiseaux ne chantent plus
Où plus rien n’a plus d’importance

Plus jamais ne verront la mer
Plus jamais le soir qui se penche
Les grandes forêts en hiver
L’automne rousse dans les branches

Mais nous n’avons que des regrets
Mais nous n’avons que des remords
Mais ils ne le sauront jamais
Ils n’entendent plus, c’est trop tard

Trop tard, trop tard…

Barbara

Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

François Villon

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Ca y est, Amazon censure les livres 28 février 2021

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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C’est passé à peu près inaperçu mais la semaine dernière Amazon a changé ses conditions générales. Le site se permet dorénavant de censurer « tout ouvrage contenant du contenu incitant à la haine ou tout autre matériel que nous jugeons impropre ou offensant » (sic).

Image

La première « victime » de cette nouvelle clause est un livre critique de l’idéologie du genre, qui probablement va du coup très bien se vendre via des canaux alternatifs du fait de la publicité qu’Amazon lui a fait : « When Harry became Sally, Responding to the transgender moment« . (1)

Tout libraire indépendant, arguera Amazon, a le droit de sélectionner les livres qu’il propose au public. Tel libraire se spécialisera dans les bandes dessinées, un autre dans les livres marxistes, un autre dans les livres religieux… Mais Amazon représente 83% du marché du livre aux Etats-Unis et à ce niveau de dominance, le refus de vendre un livre correspond à une censure de fait. Aucun éditeur ne publiera un livre qu’Amazon refuse de commercialiser.

Les ouvrages refusés par Amazon sont de fait et au sens propre « mis à l’index », vous ne pourrez plus les lire. Amazon a recréé, pour un objectif idéologique qui lui est propre l’index des livres censurés élaboré par l’Eglise Catholique au XVIème siècle. Les idées présentes dans les livres censurés par Amazon seront comme effacées de notre société, avec une efficacité que l’Eglise catholique n’a jamais atteinte (Voltaire, Luther étaient à l’Index et cela n’a jamais empêché qu’ils soient lus).

Il n’est pas certain que la censure des idées ou des œuvres soit jamais une bonne chose, il est certain en revanche que sa mise en œuvre éventuelle doit procéder de la loi, dans un cadre démocratique, et non pas du bon vouloir d’une société commerciale. Nous avons donné des droits bien trop importants à Amazon.

Ce problème rejoint celui récemment constaté de la censure des contenus exercée par Google, Facebook et Twitter, allant jusqu’à censurer le compte du Président des Etats-Unis lui-même. Les conditions générales de ces sociétés leur permettent d’agir ainsi et tout media a, a priori, la liberté de décider du contenu qu’il publie. Mais la position de dominance des GAFAM est telle que la règle définie avant l’ère de l’Internet ne peut plus s’appliquer. L’Humanité peut censurer un homme politique de droite ou le Figaro une idée de gauche, c’est leur droit. Mais bannir de YouTube (92% de part de marché) ou de Facebook un contenu a un impact médiatique bien supérieur à lui interdire toute la presse française, d’un seul coup, télévision comprise. Le pluralisme ne joue plus quand on parle de media à ce point dominants, rassemblant plus de 90% du trafic ou du temps passé sur Internet.

Nous avons là encore donné des droits bien trop importants à de simples sociétés commerciales, qui menacent aujourd’hui non seulement nos libertés mais nos idées et l’accès au savoir. La censure (éventuelle) des contenus proposés par YouTube, Google, Facebook, Amazon doit absolument revenir aux Etats et être exercée selon des lois que nous aurons votées (2).

Le concept juridique à introduire dans la loi est celui de « dominance ». A partir d’un certain de gré de dominance, les conditions commerciales ou générales habituelles ne peuvent plus s’appliquer et l’Etat est fondé à les modifier, pour les adapter à sa loi. Ce concept est la conséquence juridique directe de la « scalabilité » recherchée par les acteurs de l’Internet, qui leur a permis d’établir cette domination.

Le numérique qui nous est concocté actuellement par ces sociétés ne correspond en rien à la promesse qui nous a été faite (et qui nous est vendue jusqu’à la nausée par les GAFAM) : de plus grandes libertés, un plus grand accès au savoir. Il nous ramène au contraire au passé dans ce qu’il a pu avoir de pire, « panem et circenses » (la gratuité et la débilité ludique des contenus), et l’Inquisition idéologique.

C’est l’exact contraire du numérique que nous voulons.

Dans son dernier ouvrage, « Une rencontre », Milan Kundera évoque la fin de l’illusion cinématographique. Né il y a 100 ans. Le cinéma qui promettait, le nouveau moyen d’expression culturel (sans même parler du cinéma en tant que nouvelle forme artistique) a aujourd’hui presque totalement disparu. Il est devenu un des principaux vecteurs de l’abêtissement général.

Internet: le début d’une illusion

(1) Je n’ai pas lu ce livre et précise que ce billet n’est en rien un soutien de son contenu éventuel. La position que je prends est « par principe ». Je note par ailleurs que « Mein Kampf » reste disponible sur Amazon; son contenu n’est donc probablement ni inapproprié ni offensant.

(2) Techniquement, cette proposition est très facile à réaliser. Il suffit d’imposer aux acteurs dominants du numérique de mettre à disposition du Juge français des interfaces (API) lui permettant de mettre en œuvre instantanément toute décision de justice, lui permettant aussi d’avoir accès, selon nos lois, au moyens de preuve nécessaires tels que les adresses IP permettant d’identifier l’origine de certains contenus, etc. Ceux qui refusent de s’exécuter seraient bannis du territoire français

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Lupin (la série) et la gauche woke 23 janvier 2021

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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En France, tout délinquant de couleur est aujourd’hui une victime supposée du racisme policier. Les premiers épisodes de la série Lupin n’ont visiblement choqué personne.

La série – insignifiante par ailleurs – respecte assez bien l’esprit de l’œuvre de Maurice Leblanc, mais elle y ajoute des clichés victimaires « woke ». Le père (noir) de Lupin est victime, dès le 1er épisode, d’une erreur judiciaire complètement caricaturale, mais tellement dans l’air de notre temps si vous êtes lecteur de Mediapart, du Monde ou de Libé. Chez Leblanc, la police est nulle, pataude mais pas raciste. Arsène Lupin, s’il est en manque affectif, n’est pas une victime même indirecte d’un supposé « racisme policier ». Alors qu’Assane devient cambrioleur du fait d’un ressentiment justifié – l’arrestation à tort de son père qui l’a mené au suicide.

Dès le 2ème épisode de la série, le cliché est repris et amplifié. On comprend que le père de Lupin a été piégé par un policier (évidemment blanc) avec l’aide involontaire d’une bourgeoise incapable qui cherche à se donner bonne conscience. Ceux là même qui dénoncent les stéréotypes à tout va en ont créé un très gratiné.

Episode 4: Lupin cambriole un appartement bourgeois et on retrouve de nouveau le cliché de la bourgeoise totalement stupide (forcément) qui donne elle-même ses bijoux à Lupin, bien que celui-ci utilise un mode d’escroquerie très peu convaincant. Mais ce qui met mal à l’aise, c’est la justification du vol. La morale est sauve parce que l’origine de la richesse du mari de la victime est « le Congo Belge ». Comme il s’agit d’une accumulation de richesse coloniale, (et du fait qu’Assane est noir ?), on tente de faire apparaître le vol comme un juste retour des choses.

Cancel culture, insert culture

On connaît l’attention paranoïaque de la gauche woke aux soi-disant clichés, qui conduit par exemple à la censure des dessins animés de Disney (Peter Pan ou Les Aristochats) au nom de la ‘protection contre les stéréotypes’. On est en train d’assister à la naissance de séries grand public ou les clichés dominants de cette gauche « woke » sont insérés comme on insère, dans un James Bond, des produits à titre publicitaire. Une propagande de nature subliminale, en somme.

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Hydroxychloroquine : les américains aussi étudient n’importe quoi 21 avril 2020

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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Une étude américaine qui conclut à l’inutilité de l’hydroxychloroquine, mais qui a eu tout faux (traitement donné à un mauvais moment, qui a sans doute tué certains malades). Je commente rapidement, il n’y a aucun enseignement, dans un sens ou dans l’autre, à tirer de cette étude.

a) le taux de mortalité indique que les patients étaient atteints de façon sévère et à un stade avancé de la maladie. On sait que le couple HC / AZT ne fonctionne probablement plus à ce stade (au contraire, son effet est probablement négatif). En tout état de cause personne, même pas Raoult, ne conseille son usage à un stade trop avancé.

b) Surtout, ils ont pris 19 patients du groupe « sans HC » et les ont reversé au moment de la ventilation dans les groupes « HC » (Table 1) ! Patients dont ils ont aggravé l’état et qu’ils ont compté au négatif des groupes « HC ». Cela correspond à un transfert de 12% des patients en cours d’étude et est susceptible d’inverser totalement les conclusions. N’importe quoi.

c) Beaucoup de patients avaient des pbs cardiaques et il semble qu’ils n’aient fait aucun suivi ECG. On ne connaît pas les doses de HC données mais ils ont sans doute tué ces patients sans sourciller… Incroyable.

d) « hydroxychloroquine [..] was more likely to be prescribed to patients with more severe disease, as assessed by baseline ventilatory status and metabolic and hematologic parameters ». Bref, les + malades, à un stade trop avancé, ont suivi le traitement. CE QU’IL NE FAUT PAS FAIRE !

e) Soi disant ils ont « compensé » les déséquilibres entre groupes avec une formule mathématique destinée à corriger leurs statistiques. C’est beau, mais une telle formule n’existe pas. On ne sait pas à ce jour estimer la probabilité de décès en fonction de l’état d’entrée du malade. Enfumage total.

f) Tout ceci est très similaire à l’essai de Paris, dont les auteurs en devraient pas être fiers. Voir « Une étude criminelle sur le coronavirus à Paris »

g) on touche toute la limite éthique de tels essais où les malades ne sont plus que des objets au service de médecins « Dieu » – sans même aucun bénéfice pour la science en l’espèce car une telle étude ne sauvera jamais aucun malade. Vérifier que HC donné à des maldes cardiaques sans contrôle tue, que donnée trop tardivement elle n’aide pas à la guérison, tout le monde peut le faire, ça n’a aucun intérêt. Voir « “Je ne suis pas Dr House, mais…” ».

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Quand Brabant inspire Tesla 26 novembre 2019

Par Thierry Klein dans : Economie,Non classé.
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Si l’Union Soviétique avait osé sortir ça, le régime serait tombé bien avant. Le capitalisme n’a au fond aucune supériorité sur le communisme, si ce n’est que la publicité est plus efficace que la propagande pour créer le désir. #Tesla

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Le Wallon ivre 8 juillet 2018

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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(Scènes de liesse à la frontière franco-belge, où j’habite, le soir de Belgique- Brésil)

C’est un trou de verdure où chante un supporter
Accrochant follement des drapeaux aux maisons
De brique. Ici, jamais de coupe du monde sans bière
Pils : c’est un tout petit village franco-wallon !

Un jeune lycéen, bouche ouverte, tête nue,
Le corps emmitouflé dans un frais maillot bleu,
Beugle. Il hurle comme un fou, courant dans la rue,
Regardant son smartphone à la lumière bleue.

Pissant sur les maïs, il court. Titubant comme
Titube tout mec bourré. Ce n’est pas Wimbledon
Qui l’intéresse. Nature, aide-le, il a soif !

Il ne regarde pas Tatiana Golovin.
Les klaxons, il s’en moque. La main sur la poitrine,
Il chante. Il a deux traits rouge et noir sous l’œil droit.

(Allez relire l’original, parce qu’on ne saurait mieux écrire.)

france-belgique

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