Quelques notes sur « les armes de l’esprit » 31 décembre 2021
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 923 fois | ajouter un commentaire
Ci-dessous le discours prononcé en chaire le 23 juin 40 par le Pasteur Trocmé, au Chambon Sur Lignon. Il a entraîné toute la région derrière lui. Le Chambon sur Lignon, tous les villages environnants, ont caché et sauvé des milliers de juifs. Mes grands-parents étaient réfugiés à une vingtaine de kilomètres de là, à Lamastre.
Je n’avais pas relu ce discours depuis longtemps. Ce qui est remarquable, c’est la ressemblance, dans la structure, en deux temps, avec l’appel du 18 juin de de Gaulle – avec même la référence à l’Angleterre; dans la forme, avec les nombreux discours de Pétain de l’époque sur le thème de la culpabilité, du repentir, etc. A tel point que si on enlève les passages précisant le sens profond, pour Trocmé, du terme « humiliation », le texte pourrait presque passer pour Pétainiste.
L’humiliation chrétienne de Trocmé n’est pas le ressentiment Pétainiste
« gardons‑nous de nous humilier, non pour nous‑mêmes, pour nos propres fautes, mais pour les autres, et dans un esprit d’amertume mêlé de rancune. […].»,
mais bien une résistance Gaullienne :
« S’humilier, ce n’est pas plier devant une telle doctrine. […] Des pressions païennes formidables vont s’exercer sur nous-mêmes et sur nos familles, pour tenter de nous entraîner à une soumission passive à l’idéologie totalitaire…Le devoir des chrétiens est d’opposer à la violence exercée sur leur conscience les armes de l’Esprit »
Cette difficulté à saisir la différence de fond entre de Gaulle et Pétain, on la retrouve encore aujourd’hui, chez Zemmour par exemple. Il y a entre Pétain et de Gaulle beaucoup de ressemblances sociales, de forme, etc. Les mêmes mots sont souvent employés. Mais avec des sens tout à fait différents, ce qui fait que tout les sépare.
Les deux textes, celui de Trocmé le 23, celui de de Gaulle le 18, ont été écrits en toute méconnaissance l’un de l’autre. De Gaulle, en tant que chef politique et militaire, imagine une stratégie vers la victoire – texte miraculeux tant cette stratégie, qui parait impensable en 40, s’est point par point réalisée. Y croyait-il lui-même, compte tenu de la situation militaire, lorsqu’il a écrit le texte ? Sans doute non ou très peu. De Gaulle, le 18 juin 40, n’a pour toutes armes que celles de l’esprit.
« Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui. Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
« Nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique terrestre et aérienne de l’ennemi…L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! »
Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis. Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là. »
Là encore, il est facile de penser, c’est ce que fait Zemmour, que de Gaulle et Pétain sont les deux faces d’une même stratégie – l’un qui fait le dos rond devant les allemands, l’autre qui se bat – et d’interpréter ensuite l’histoire comme un simple jeu de rôles. Mais c’est une erreur profonde, non pas historique mais psychologique. Les deux résistants d’Aragon, Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas croient tous deux, « Qu’importe comment s’appelle / Cette clarté sous leurs pas », en l’existence d’une dimension qui dépasse l’homme et pour laquelle on doit se battre, de Gaulle y croyait et Pétain, sous le même vernis chrétien, non.
Tout part du mystique chez de Gaulle. « Souffrances, fautes, espérance, flamme »… Son appel du 18 juin, bien qu’antérieur à celui de Trocmé, n’est qu’une tentative de faire coller la même mystique que Trocmé au réel. Le passage des armes de l’Esprit aux armes tout court.
Il y a aussi chez Trocmé cette référence à « La bête ».
« Nous sommes convaincus que la puissance de cette doctrine est comparable à l’autorité de la Bête, qui est décrite dans le chapitre 18 de l’Apocalypse. ».
Chez St-Jean, la Bête est l’Empire Romain. L’expression « Les armes de l’esprit » est aussi empruntée à St-Jean. Au même moment, Simone Weil écrit « Les origines de l’Hitlérisme », un petit essai où elle compare de façon très convaincante l’esprit de l’Empire Romain et du régime Hitlérien.
« Les quelques moments lumineux de l’Empire romain ne doivent pas retenir l’attention au point d’empêcher de sentir l’analogie entre ce système et celui d’Hitler…. Hitler n’écrase pas plus la Bohême que Rome n’écrasait ses provinces… Les camps de concentration ne sont pas un moyen plus efficace d’éteindre la vertu d’humanité que ne le furent les jeux des gladiateurs et les souffrances infligées aux esclaves, […], la vie spirituelle n’est pas traquée avec plus de soin et de cruauté en Allemagne qu’elle ne le fut dans l’Empire Romain… ».
Cette capacité à reconnaître presqu’instinctivement la nature profonde du régime hitlérien, il faut bien l’appeler, avec Chateaubriand, « génie du christianisme ».
Le nombre de dénonciations au Chambon fut exceptionnellement faible. Aux autorités de Vichy qui lui demandaient de livrer les juifs, Trocmé répondit « Je ne sais pas ce qu’est un juif, je sais ce qu’est un être humain ». Au final, tout le village fut, de façon collective, reconnu comme « Juste parmi les Nations » en 1990 par l’Institut Yad Vashem. Je n’ai rien vécu de tout ça mais il m’est difficile, aujourd’hui encore, d’y penser sans émotion.
« Je termine enfin en écrivant encore une fois les noms du pasteur André Trocmé et celui de Le Chambon Sur Lignon, car on ne saurait mieux dire »
Romain Gary, Les cerfs-volants
dimanche 23 juin 1940
Le devoir des chrétiens est d’opposer à la violence exercée sur leur conscience les armes de l’Esprit…
Ce qui suit est la retranscription par Pierre Sauvage du texte de ce message historique, dont une copie lui fut remise par Mme Magda Trocmé dans les années 80. (Un court passage reste malheureusement illisible.) Ce texte fut cité publiquement pour la première fois dans le film Les armes de l’esprit (1989). C’est Nelly Trocmé Hewett, fille du pasteur Trocmé, qui lut un extrait.
Il faut noter que l’armistice avec l’Allemagne avait été signé la veille, à 18 h. 30.
Frères et soeurs,
Le président de la Fédération Protestante a prononcé hier [le 22 juin 1940] à la radio une allocution à laquelle nous voulons joindre notre voix. Dans cette allocution, M. [le pasteur Marc] Boegner appelle l’Église Protestante de France à l’humiliation pour les fautes qui ont amené notre peuple à l’état où il se trouve aujourd’hui.
Comme lors des grandes détresses d’Israël, l’heure est à l’humiliation. Humilions‑nous tous pour la part de responsabilité que nous avons dans la catastrophe générale. Humilions‑nous pour les fautes que nous avons commises et pour celles que nous avons laissé commettre, pour notre laisser-aller, pour notre manque de courage qui ont rendu impossible le redressement devant les tempêtes menaçantes, pour notre manque d’amour devant les souffrances des autres, pour notre manque de foi en Dieu et notre idolâtrie de la richesse et de la force, pour tous les sentiments indignes du Christ que nous avons tolérés ou entretenus dans nos coeurs, en un mot pour le péché dont nous avons chacun notre part et qui est la seule cause véritable des malheurs sans nom qui nous frappent.
Humilions-nous devant Dieu, chacun personnellement, comme particuliers, corme chefs ou membres d’une famille, comme citoyens, et comme chrétiens, comme pasteurs, comme conseillers presbytéraux, comme moniteurs, comme unionistes, comme fidèles de l’Église. C’est de Dieu que nous implorons le pardon pour le péché dont nous sommes personnellement coupables et pour le péché de notre peuple, de l’humanité actuelle et de l’Église d’aujourd’hui dont nous sommes solidaires. C’est de Dieu seul que nous attendons le relèvement.
Cependant nous devons nous garder de certaines manières de nous humilier qui seraient une désobéissance à Dieu.
Premièrement, gardons‑nous de confondre humiliation et découragement, et de penser et de répandre autour de nous que tout est perdu. Il n’est pas vrai que tout soit perdu. La vérité évangélique n’est pas perdue, et elle sera proclamée librement du haut de cette chaire, dans les réunions et dans les visites. La Parole de Dieu n’est pas perdue, et c’est là que se trouvent toutes les promesses et toutes les possibilités de relèvement pour nos personnes, pour notre peuple, pour l’Église. La foi n’est pas perdue : l’humiliation véritable n’affaiblit pas la foi, elle mène à une foi plus profonde en Dieu, à une volonté plus ardente de le servir.
En second lieu, gardons‑nous de nous humilier, non pour nous‑mêmes, pour nos propres fautes, mais pour les autres, et dans un esprit d’amertume mêlé de rancune. Ces derniers jours, au cours de nos visites, nous avons entendu de nombreuses plaintes de soldats contre leurs officiers, et d’officiers contre leurs soldats, de patrons contre leurs ouvriers, et d’ouvriers contre leurs patrons, de riches contre les pauvres, et de pauvres contre les riches, de pacifistes contre les patriotes, et de patriotes contre les pacifistes, de croyants contre les incroyants, et d’incroyants contre les croyants. Chacun accuse les autres, chacun cherche à esquiver ses propres responsabilités pour charger ses concitoyens ou les peuples étrangers, oubliant que Dieu seul peut juger et mesurer la culpabilité de chacun. Nous ne croyons pas qu’une telle humiliation soit féconde et puisse préparer la reconstruction de notre pays et de l’Église.
En troisième lieu, en humiliant nos coeurs, n’humilions pas notre foi et nos convictions fondées sur l’Évangile. Ainsi, parce que nous n’avons pas bien usé de la liberté qui nous était donnée, ne renonçons pas à la liberté, sous prétexte d’humilité, pour devenir des esclaves, et plier lâchement devant les idéologies nouvelles. Ne nous faisons pas d’illusions: la doctrine totalitaire de la violence a acquis ces derniers jours un formidable prestige aux yeux du monde, parce qu’elle a, du point de vue humain, merveilleusement réussi.
[Illisible] pour notre société française. S’humilier, ce n’est pas plier devant une telle doctrine. Nous sommes convaincus que la puissance de cette doctrine est comparable à l’autorité de la Bête, qui est décrite dans le chapitre 18 de l’Apocalypse. Cette doctrine n’est rien d’autre que l’antichristianisme. C’est pour nous une question de conscience que de l’affirmer, aujourd’hui comme hier. Il est à peu près certain que des enfants de notre église ont donné leur vie pour combattre cette doctrine. S’humilier de ses péchés, ce n’est pas, maintenant, abdiquer devant elle. C’est en donnant nos vies à Jésus‑Christ, au service de son évangile, de son Église universelle, que nous serons dans la fidélité et la véritable humilité.
A cet appel à l’humiliation chrétienne, nous voulons, frères et soeurs, ajouter quelques exhortations que nous vous adressons au nom de notre Seigneur Jésus‑Christ.
D’abord, abandonnons aujourd’hui toutes nos divisions entre chrétiens, et toutes nos chicanes entre Français. Cessons de nous étiqueter, de nous désigner les uns les autres par ces termes où nous mettons du mépris: droite et gauche, paysans, ouvriers, intellectuels, prolétaires ou possédants, et de nous accuser mutuellement de tous les méfaits. Recommençons à nous faire confiance les uns aux autres, et à nous saluer et à nous accueillir, en nous rappelant à chaque rencontre, comme le faisaient les premiers chrétiens, que nous sommes frères et soeurs en JC.
Ensuite, ayant abandonné ces méfiances et ces haines, ainsi que les passions politiques auxquelles elles sont accrochées, groupons-nous décidément autour de Jésus-Christ, le chef de l’Église universelle, et adoptons, comme source de pensée, d’obéissance et d’action, son évangile, rien que son évangile.
Enfin comprenons que le retour à l’obéissance nous oblige à des ruptures, ruptures avec le monde, ruptures avec des manières de vivre que nous avions acceptées jusqu’ici.
Des pressions païennes formidables vont s’exercer, disions‑nous, sur nous-mêmes et sur nos familles, pour tenter de nous entraîner à une soumission passive à l’idéologie totalitaire. Si l’on ne parvient pas tout de suite à soumettre nos âmes, on voudra soumettre tout au moins nos corps. Le devoir des chrétiens est d’opposer à la violence exercée sur leur conscience les armes de l’Esprit. Nous faisons appel à tous nos frères en Christ pour qu’aucun n’accepte de collaborer avec cette violence, et en particulier, dans les jours qui viennent, avec la violence qui sera dirigée contre le peuple anglais.
Aimer, pardonner, faire du bien à nos adversaires, c’est le devoir. Mais il faut le faire sans abdication, sans servilité, sans lâcheté. Nous résisterons, lorsque nos adversaires voudront exiger de nous des soumissions contraires aux ordres de l’Évangile. Nous le ferons sans crainte, comme aussi sans orgueil et sans haine.
Mais cette résistance morale n’est pas possible sans une rupture avec les esclavages intérieurs qui depuis longtemps dominent sur nous. Une période de souffrance, de disette peut-être, s’ouvre pour nous. Nous avons tous plus ou moins vécu dans le culte de Mammon, dans le culte du bien-être égoïste des petites familles, du plaisir facile, de la paresse, de la bouteille. A présent, nous allons être privés de beaucoup de choses. Cependant nous serons tentés de tirer notre épingle du jeu et de profiter encore de ce qui nous restera, ou même de dominer sur nos frères. Sachons abandonner, frères et soeurs, notre orgueil et notre égoïsme, notre amour de l’argent et notre confiance dans les possessions terrestres, apprenons à nous reposer, pour aujourd’hui et pour demain, sur notre Père, qui est aux cieux, à attendre de lui le pain quotidien et à le partager avec nos frères, qu’il nous faut aimer autant que nous-mêmes.
Que Dieu nous libère des inquiétudes comme des fausses sécurités, qu’il nous donne sa paix que rien ni personne ne peut enlever à ses enfants, qu’il nous console dans nos deuils comme dans toutes nos épreuves, qu’il daigne faire de chacun de nous des membres humbles et fidèles de l’Église de Jésus Christ, du corps de Christ, dans l’attente de son royaume de justice et d’amour, où sa volonté sera faite sur la terre comme au ciel.
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C’est trop tard 11 novembre 2021
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 971 fois | ajouter un commentaire
C’est trop tard pour verser des larmes
Maintenant qu’ils ne sont plus là
C’est trop tard, retenez vos larmes
Trop tard, ils ne les verront pas
Car c’est du temps de leur vivant
Qu’il faut aimer ceux que l’on aime
Car c’est du temps de leur vivant
Qu’il faut donner à ceux qu’on aime
Ils sont couchés dessous la terre
Dans leurs maisons froides et nues
Où n’entrera plus la lumière
Où plus rien ne pénètre plus
Que feront-ils de tant de fleurs
Maintenant qu’ils ne sont plus là?
Que feront-ils de tant de fleurs
De tant de fleurs à la fois?
Alliez-vous leur porter des roses
Du temps qu’ils étaient encore là?
Alliez-vous leur porter des roses
Ils auraient préféré, je crois
Que vous sachiez dire je t’aime
Que vous leur disiez plus souvent
Ils auraient voulu qu’on les aime
Du temps, du temps de leur vivant
Les voilà comme des statues
Dans le froid jardin du silence
Où les oiseaux ne chantent plus
Où plus rien n’a plus d’importance
Plus jamais ne verront la mer
Plus jamais le soir qui se penche
Les grandes forêts en hiver
L’automne rousse dans les branches
Mais nous n’avons que des regrets
Mais nous n’avons que des remords
Mais ils ne le sauront jamais
Ils n’entendent plus, c’est trop tard
Trop tard, trop tard…
Barbara
Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
François Villon
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Ca y est, Amazon censure les livres 28 février 2021
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 1 851 fois | ajouter un commentaire
C’est passé à peu près inaperçu mais la semaine dernière Amazon a changé ses conditions générales. Le site se permet dorénavant de censurer « tout ouvrage contenant du contenu incitant à la haine ou tout autre matériel que nous jugeons impropre ou offensant » (sic).
La première « victime » de cette nouvelle clause est un livre critique de l’idéologie du genre, qui probablement va du coup très bien se vendre via des canaux alternatifs du fait de la publicité qu’Amazon lui a fait : « When Harry became Sally, Responding to the transgender moment« . (1)
Tout libraire indépendant, arguera Amazon, a le droit de sélectionner les livres qu’il propose au public. Tel libraire se spécialisera dans les bandes dessinées, un autre dans les livres marxistes, un autre dans les livres religieux… Mais Amazon représente 83% du marché du livre aux Etats-Unis et à ce niveau de dominance, le refus de vendre un livre correspond à une censure de fait. Aucun éditeur ne publiera un livre qu’Amazon refuse de commercialiser.
Les ouvrages refusés par Amazon sont de fait et au sens propre « mis à l’index », vous ne pourrez plus les lire. Amazon a recréé, pour un objectif idéologique qui lui est propre l’index des livres censurés élaboré par l’Eglise Catholique au XVIème siècle. Les idées présentes dans les livres censurés par Amazon seront comme effacées de notre société, avec une efficacité que l’Eglise catholique n’a jamais atteinte (Voltaire, Luther étaient à l’Index et cela n’a jamais empêché qu’ils soient lus).
Il n’est pas certain que la censure des idées ou des œuvres soit jamais une bonne chose, il est certain en revanche que sa mise en œuvre éventuelle doit procéder de la loi, dans un cadre démocratique, et non pas du bon vouloir d’une société commerciale. Nous avons donné des droits bien trop importants à Amazon.
Ce problème rejoint celui récemment constaté de la censure des contenus exercée par Google, Facebook et Twitter, allant jusqu’à censurer le compte du Président des Etats-Unis lui-même. Les conditions générales de ces sociétés leur permettent d’agir ainsi et tout media a, a priori, la liberté de décider du contenu qu’il publie. Mais la position de dominance des GAFAM est telle que la règle définie avant l’ère de l’Internet ne peut plus s’appliquer. L’Humanité peut censurer un homme politique de droite ou le Figaro une idée de gauche, c’est leur droit. Mais bannir de YouTube (92% de part de marché) ou de Facebook un contenu a un impact médiatique bien supérieur à lui interdire toute la presse française, d’un seul coup, télévision comprise. Le pluralisme ne joue plus quand on parle de media à ce point dominants, rassemblant plus de 90% du trafic ou du temps passé sur Internet.
Nous avons là encore donné des droits bien trop importants à de simples sociétés commerciales, qui menacent aujourd’hui non seulement nos libertés mais nos idées et l’accès au savoir. La censure (éventuelle) des contenus proposés par YouTube, Google, Facebook, Amazon doit absolument revenir aux Etats et être exercée selon des lois que nous aurons votées (2).
Le concept juridique à introduire dans la loi est celui de « dominance ». A partir d’un certain de gré de dominance, les conditions commerciales ou générales habituelles ne peuvent plus s’appliquer et l’Etat est fondé à les modifier, pour les adapter à sa loi. Ce concept est la conséquence juridique directe de la « scalabilité » recherchée par les acteurs de l’Internet, qui leur a permis d’établir cette domination.
Le numérique qui nous est concocté actuellement par ces sociétés ne correspond en rien à la promesse qui nous a été faite (et qui nous est vendue jusqu’à la nausée par les GAFAM) : de plus grandes libertés, un plus grand accès au savoir. Il nous ramène au contraire au passé dans ce qu’il a pu avoir de pire, « panem et circenses » (la gratuité et la débilité ludique des contenus), et l’Inquisition idéologique.
C’est l’exact contraire du numérique que nous voulons.
Dans son dernier ouvrage, « Une rencontre », Milan Kundera évoque la fin de l’illusion cinématographique. Né il y a 100 ans. Le cinéma qui promettait, le nouveau moyen d’expression culturel (sans même parler du cinéma en tant que nouvelle forme artistique) a aujourd’hui presque totalement disparu. Il est devenu un des principaux vecteurs de l’abêtissement général.
Internet: le début d’une illusion
(1) Je n’ai pas lu ce livre et précise que ce billet n’est en rien un soutien de son contenu éventuel. La position que je prends est « par principe ». Je note par ailleurs que « Mein Kampf » reste disponible sur Amazon; son contenu n’est donc probablement ni inapproprié ni offensant.
(2) Techniquement, cette proposition est très facile à réaliser. Il suffit d’imposer aux acteurs dominants du numérique de mettre à disposition du Juge français des interfaces (API) lui permettant de mettre en œuvre instantanément toute décision de justice, lui permettant aussi d’avoir accès, selon nos lois, au moyens de preuve nécessaires tels que les adresses IP permettant d’identifier l’origine de certains contenus, etc. Ceux qui refusent de s’exécuter seraient bannis du territoire français
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Lupin (la série) et la gauche woke 23 janvier 2021
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 2 247 fois | ajouter un commentaire
En France, tout délinquant de couleur est aujourd’hui une victime supposée du racisme policier. Les premiers épisodes de la série Lupin n’ont visiblement choqué personne.
La série – insignifiante par ailleurs – respecte assez bien l’esprit de l’œuvre de Maurice Leblanc, mais elle y ajoute des clichés victimaires « woke ». Le père (noir) de Lupin est victime, dès le 1er épisode, d’une erreur judiciaire complètement caricaturale, mais tellement dans l’air de notre temps si vous êtes lecteur de Mediapart, du Monde ou de Libé. Chez Leblanc, la police est nulle, pataude mais pas raciste. Arsène Lupin, s’il est en manque affectif, n’est pas une victime même indirecte d’un supposé « racisme policier ». Alors qu’Assane devient cambrioleur du fait d’un ressentiment justifié – l’arrestation à tort de son père qui l’a mené au suicide.
Dès le 2ème épisode de la série, le cliché est repris et amplifié. On comprend que le père de Lupin a été piégé par un policier (évidemment blanc) avec l’aide involontaire d’une bourgeoise incapable qui cherche à se donner bonne conscience. Ceux là même qui dénoncent les stéréotypes à tout va en ont créé un très gratiné.
Episode 4: Lupin cambriole un appartement bourgeois et on retrouve de nouveau le cliché de la bourgeoise totalement stupide (forcément) qui donne elle-même ses bijoux à Lupin, bien que celui-ci utilise un mode d’escroquerie très peu convaincant. Mais ce qui met mal à l’aise, c’est la justification du vol. La morale est sauve parce que l’origine de la richesse du mari de la victime est « le Congo Belge ». Comme il s’agit d’une accumulation de richesse coloniale, (et du fait qu’Assane est noir ?), on tente de faire apparaître le vol comme un juste retour des choses.
Cancel culture, insert culture
On connaît l’attention paranoïaque de la gauche woke aux soi-disant clichés, qui conduit par exemple à la censure des dessins animés de Disney (Peter Pan ou Les Aristochats) au nom de la ‘protection contre les stéréotypes’. On est en train d’assister à la naissance de séries grand public ou les clichés dominants de cette gauche « woke » sont insérés comme on insère, dans un James Bond, des produits à titre publicitaire. Une propagande de nature subliminale, en somme.
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Vaccin ARN: ne recommençons pas le coup du Thomson T07 3 janvier 2021
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 1 922 fois | ajouter un commentaire
Au début des années 80, l’Education nationale a décidé d’équiper les écoles en ordinateurs dans le cadre du plan « Informatique pour tous ». Il y avait 2 choix possibles: l’Apple II, un ordinateur personnel révolutionnaire et le Thomson T07, matériel dépassé, inutile, dont l’unique avantage était d’être français. Et bien entendu, « soucieux des intérêts industriels nationaux », le Ministre a décidé d’équiper les écoles en Thomson T07.
Une chance inestimable s’était envolée. On aurait pu donner à une génération d’élèves français le goût de l’informatique et certains, apprenant à programmer sur un matériel « état de l’art » auraient dans doute participé à la création d’une industrie nouvelle dont personne n’envisageait alors l’ampleur qu’elle allait prendre. Au-lieu de ça, on a dégoûté les élèves, les professeurs et on a vite rangé les ordis Thomson dans les placards. Ils n’en sont jamais ressortis. On n’a même pas sauvé, évidemment, l’industrie française des ordinateurs, qui a disparu corps et âmes quelques années plus tard.
Mon père s’était intéressé à l’informatique. J’avais eu la chance rare en France, bien avant le bac d’avoir un Apple II à la maison. J’avais appris à programmer dessus et je me souviens encore de ce livre extraordinaire, « La programmation du 6502« , écrit par un Centralien émigré aux USA, Rodnay Zaks, avec qui j’ai eu la chance d’échanger des dizaines d’années plus tard. J’avais vu qu’il avait fait un Master en Informatique à Berkeley et dès la classe de première, j’avais envie de partir étudier l’informatique aux Etats-Unis. J’ai obtenu mon Master en Computer Science américain en 1990 (non pas à Berkeley mais à Stanford).
A Stanford, plus de la moitié des étudiants en Master d’informatique (nous devions être une centaine en Master, dont seulement 2 français) avaient eu accès à un Apple II dans leurs études secondaires. Cette proportion extraordinaire montre bien la dynamique qu’a pu avoir cet ordinateur, les vocations qui ont été créées et l’opportunité que l’Education Nationale a ratée. En croyant, à court terme, privilégier les intérêts français, elle a de fait contribué à la nullité française en informatique et nous a empêché de créer notre industrie.

Aujourd’hui, je vois la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche faire la même erreur, avec le vaccin ARN, que celle que nous avons faite en 1980 avec l’Apple II. Il s’agit d’attendre « le bon vaccin » (entendez le vaccin français, celui de Sanofi).
Mais Sanofi connaît probablement sa faiblesse en la matière depuis le début. Comment expliquer, sinon, qu’un industriel choisisse deux stratégies de développement différentes, montrant ainsi qu’il n’a confiance en aucune ? On n’enfonce pas une porte avec deux béliers de petite taille mais avec un gros bélier, dans lequel on a mis tous ses moyens.
Non seulement donc ce choix industriel ne rendra pas Sanofi compétitif mais des vies seront en outre perdues, ce qui est évidemment une conséquence encore plus grave qu’un simple retard industriel. Pour paraphraser Churchill: « Vous avez voulu sauver votre industrie au détriment de vies ? Vous perdrez et votre industrie et les vies. »
En outre, nous ne nous donnons pas les moyens de regagner notre retard technologique, au contraire nous allons le creuser. Pourquoi ?
La mise au point de nouveau vaccin ARN, même si elle ne s’est pas faite en France, constitue une avancée aussi importante que la découverte du vaccin contre la variole ou de la pénicilline. Aujourd’hui, il s’agit d’une prouesse technique mais la technologie de conception étant de nature logicielle, il sera de plus en plus facile – et rapide – de développer de tels vaccins.
Ceux qui maîtrisent ce logiciel ont réussi à développer le vaccin avec une rapidité jamais vue jusqu’à présent, mais dans quelques années, ce travail ne sera plus une question de mois ou d’années, mais d’heures ou de jours. C’est simplement une nouvelle manifestation de la pénétration de la révolution numérique et du pouvoir universel du software dans des sciences fondamentales telles que la biologie (l’autre exemple important étant Crispr, lui aussi de nature logicielle).
Ce vaccin est en fait le premier vaccin numérique.
Plutôt que de retarder son utilisation, le Ministre de l’Education Nationale, la Ministre de l’Enseignement supérieur, devraient veiller à ce que les principes fondamentaux de ce vaccin, qui ne sont pas si complexes, comme je l’ai développé ici dans un billet « Nature is code », soient expliqués dès l’année prochaine à tous les élèves de Terminale. Il faudrait pour ceci remettre la biologie dans le tronc commun des élèves, qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Et si l’on n’a pas le temps de bien aborder la génétique, qu’on débarrasse la biologie de tout le prêchi-prêcha écologiste qu’on impose à nos élèves dès le primaire. Crispr, le vaccin ARN, valent bien quelques pensums sur la biodiversité et sur les éoliennes.
Qu’on permette aussi aux étudiants qui ont choisi informatique de faire le lien. On peut introduire des TP basés sur Crispr ou sur le vaccin ARN dès la spécialité informatique de Terminale, au pire en licence ou en classes préparatoires.
Nous avons raté cette découverte. Au lieu de faire un calcul d’épicier, on ferait mieux de donner à la génération qui vient l’envie et le savoir pour en faire de nouvelles.
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Hydroxychloroquine : les américains aussi étudient n’importe quoi 21 avril 2020
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 2 021 fois | ajouter un commentaire
Une étude américaine qui conclut à l’inutilité de l’hydroxychloroquine, mais qui a eu tout faux (traitement donné à un mauvais moment, qui a sans doute tué certains malades). Je commente rapidement, il n’y a aucun enseignement, dans un sens ou dans l’autre, à tirer de cette étude.
a) le taux de mortalité indique que les patients étaient atteints de façon sévère et à un stade avancé de la maladie. On sait que le couple HC / AZT ne fonctionne probablement plus à ce stade (au contraire, son effet est probablement négatif). En tout état de cause personne, même pas Raoult, ne conseille son usage à un stade trop avancé.
b) Surtout, ils ont pris 19 patients du groupe « sans HC » et les ont reversé au moment de la ventilation dans les groupes « HC » (Table 1) ! Patients dont ils ont aggravé l’état et qu’ils ont compté au négatif des groupes « HC ». Cela correspond à un transfert de 12% des patients en cours d’étude et est susceptible d’inverser totalement les conclusions. N’importe quoi.
c) Beaucoup de patients avaient des pbs cardiaques et il semble qu’ils n’aient fait aucun suivi ECG. On ne connaît pas les doses de HC données mais ils ont sans doute tué ces patients sans sourciller… Incroyable.
d) « hydroxychloroquine [..] was more likely to be prescribed to patients with more severe disease, as assessed by baseline ventilatory status and metabolic and hematologic parameters ». Bref, les + malades, à un stade trop avancé, ont suivi le traitement. CE QU’IL NE FAUT PAS FAIRE !
e) Soi disant ils ont « compensé » les déséquilibres entre groupes avec une formule mathématique destinée à corriger leurs statistiques. C’est beau, mais une telle formule n’existe pas. On ne sait pas à ce jour estimer la probabilité de décès en fonction de l’état d’entrée du malade. Enfumage total.
f) Tout ceci est très similaire à l’essai de Paris, dont les auteurs en devraient pas être fiers. Voir « Une étude criminelle sur le coronavirus à Paris »
g) on touche toute la limite éthique de tels essais où les malades ne sont plus que des objets au service de médecins « Dieu » – sans même aucun bénéfice pour la science en l’espèce car une telle étude ne sauvera jamais aucun malade. Vérifier que HC donné à des maldes cardiaques sans contrôle tue, que donnée trop tardivement elle n’aide pas à la guérison, tout le monde peut le faire, ça n’a aucun intérêt. Voir « “Je ne suis pas Dr House, mais…” ».
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Quand Brabant inspire Tesla 26 novembre 2019
Par Thierry Klein dans : Economie,Non classé.Lu 1 675 fois | ajouter un commentaire
Si l’Union Soviétique avait osé sortir ça, le régime serait tombé bien avant. Le capitalisme n’a au fond aucune supériorité sur le communisme, si ce n’est que la publicité est plus efficace que la propagande pour créer le désir. #Tesla
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Le Wallon ivre 8 juillet 2018
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 3 204 fois | ajouter un commentaire
(Scènes de liesse à la frontière franco-belge, où j’habite, le soir de Belgique- Brésil)
C’est un trou de verdure où chante un supporter
Accrochant follement des drapeaux aux maisons
De brique. Ici, jamais de coupe du monde sans bière
Pils : c’est un tout petit village franco-wallon !
Un jeune lycéen, bouche ouverte, tête nue,
Le corps emmitouflé dans un frais maillot bleu,
Beugle. Il hurle comme un fou, courant dans la rue,
Regardant son smartphone à la lumière bleue.
Pissant sur les maïs, il court. Titubant comme
Titube tout mec bourré. Ce n’est pas Wimbledon
Qui l’intéresse. Nature, aide-le, il a soif !
Il ne regarde pas Tatiana Golovin.
Les klaxons, il s’en moque. La main sur la poitrine,
Il chante. Il a deux traits rouge et noir sous l’œil droit.
(Allez relire l’original, parce qu’on ne saurait mieux écrire.)
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Vos photos sont des clichés 12 septembre 2017
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 3 479 fois | ajouter un commentaire
Un programme récent a permis à 2 ingénieurs de Stanford de prédire l’homosexualité ou l’hétérosexualité de personnes à partir de simples photos avec une probabilité de 81%.
L’étude ne permet en rien, comme le prétend l’article du Figaro, d’appuyer la théorie biologique de l’homosexualité car les photos représentaient des adultes et on est, au moins en partie, « responsable de son visage ». Les expressions du visage, à l’âge adulte, ont évidemment aussi une part d’acquis et on ne sait pas – c’est le principe des réseaux de neurones – ce qui a « influencé » l’algorithme. Pour commencer à valider l’hypothèse biologique, il faudrait passer des photos de bébés et attendre une trentaine d’années ! Ou chercher à prédire l’orientation sexuelle en fonction de l’ADN des personnes.
En revanche, l’étude montre qu’il peut y avoir intuition sans discrimination. Les humains à qui on présente les photos reconnaissent aussi homosexuels et hétérosexuels, à hauteur de 61% environ. Eux aussi auraient du mal à expliquer pourquoi puisque notre cerveau étant une machine qui fonctionne comme un réseau de neurones, on ne sait pas pourquoi on pense ce qu’on pense. Mais si on sort du cadre de l’orientation sexuelle, ce que montre l’étude, c’est que vos impressions lors d’un entretien d’embauche, par exemple, sympathie / antipathie, confiance, etc. ne sont peut être pas arbitraires, même si vous êtes incapable de les étayer. Elles peuvent reposer sur des signes tangibles que votre cerveau analyse de façon inconsciente. Elles se révèlent souvent à vous sous forme de sentiments ou d’impressions mais votre « coeur », finalement, est bien intelligent.
Il y a quelques mois, un usager de Facebook a été obligé de faire son « coming-out » parce que ses amis et la famille qui consultaient sa page voyaient apparaître des pubs pour des produits utilisés avant tout par les homosexuels. L’algorithme n’avait pas cherché à connaître son orientation, mais la connaissait quand même par corrélation, à partir de ses habitudes en ligne, des pages qu’il consultait, des produits qu’il achetait, etc.
Encore cet usager était il au courant de son orientation sexuelle. Mais on peut tout à fait imaginer un homosexuel refoulé à qui l’algorithme révélerait son orientation inconsciente. Cela pourrait être un peu embêtant si la personne est mariée – ou prêtre. Les habitudes en ligne, les lapsus qu’on réalise sur le clavier, le rythme de frappe des touches, etc. constituent des données beaucoup plus puissantes et révélatrices que la simple analyse des photos. Et on peut développer des algorithmes bien moins sommaires que celui employé par les chercheurs de Stanford (qui ont simplement analysé le côté féminin ou masculin du visage, quel stéréotype honteux !).
Tout ceci se passera, c’est évident. L’algorithme ne connaît pas le concept de conscient ou d’inconscient, il n’en a pas besoin, il fonctionne.
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La Vérité selon Le Monde 3 février 2017
Par Thierry Klein dans : Blogs et journalisme,Humeur,Non classé.Lu 1 851 fois | ajouter un commentaire
Decodex est l’outil récemment créé par Le Monde pour, je cite, « permettre au plus grand nombre de vérifier les informations qui circulent en ligne ».
Ce n’est pas de la pré-truth, pas de la post-truth, c’est de la Vérité Vraie, estampillée « Le Monde ».
En russe, on appelle ça la Pravda.
Et donc, Decodex ne traduit que les biais du journal lui-même. Al Jazeera, c’est évidemment tout ce qu’il y a de plus fiable, pas du tout influencé par l’islamisme. Alors que Russia Today, c’est évidemment très très méchant !
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