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C’est trop tard 11 novembre 2021

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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C’est trop tard pour verser des larmes
Maintenant qu’ils ne sont plus là
C’est trop tard, retenez vos larmes
Trop tard, ils ne les verront pas

Car c’est du temps de leur vivant
Qu’il faut aimer ceux que l’on aime
Car c’est du temps de leur vivant
Qu’il faut donner à ceux qu’on aime

Ils sont couchés dessous la terre
Dans leurs maisons froides et nues
Où n’entrera plus la lumière
Où plus rien ne pénètre plus

Que feront-ils de tant de fleurs

Maintenant qu’ils ne sont plus là?
Que feront-ils de tant de fleurs
De tant de fleurs à la fois?

Alliez-vous leur porter des roses
Du temps qu’ils étaient encore là?
Alliez-vous leur porter des roses
Ils auraient préféré, je crois

Que vous sachiez dire je t’aime
Que vous leur disiez plus souvent
Ils auraient voulu qu’on les aime
Du temps, du temps de leur vivant

Les voilà comme des statues
Dans le froid jardin du silence
Où les oiseaux ne chantent plus
Où plus rien n’a plus d’importance

Plus jamais ne verront la mer
Plus jamais le soir qui se penche
Les grandes forêts en hiver
L’automne rousse dans les branches

Mais nous n’avons que des regrets
Mais nous n’avons que des remords
Mais ils ne le sauront jamais
Ils n’entendent plus, c’est trop tard

Trop tard, trop tard…

Barbara

Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s’en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n’en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie :
A lui n’ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n’a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

François Villon

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