Du CSA au CS 29 mars 2020
Par Thierry Klein dans : Covid-19,Politique.Lu 930 fois | ajouter un commentaire
Tous ses membres étant nommé par l’exécutif, le Conseil Scientifique, soi-disant indépendant, ne peut qu’être à la science ce que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel est à l’indépendance des media et à la liberté d’expression:
(au choix et successivement)
– un parapluie pour l’exécutif
– un dévoiement de la science
– un organisme partisan
– rien du tout
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L’économie, c’est la santé 27 mars 2020
Par Thierry Klein dans : Covid-19,Politique.Lu 1 018 fois | ajouter un commentaire
il n’y a pas à opposer économie et santé. Le PIB / tête est clairement corrélé à la durée de vie, à la mortalité infantile. Une grave récession tuerait peut-être plus (pour ne pas dire bien plus) que le virus lui-même. Elle pourrait aussi tuer de façon indirecte sous forme de guerre civile ou de guerre.
L’économie n’est que notre forme d’organisation actuelle pour nous permettre de survivre face à la pression que nous met la nature. Nous ne sommes pas dans une logique si différente de celle du chasseur cueilleur préhistorique, mais nous ne nous en rendons plus compte car notre rapport à la nature est devenu indirect, via de multiples intermédiaires.
Que fait le chasseur cueilleur si on le confine 1 mois ? Il meurt. Attention, je suis très inquiet pour la suite, et ce n’est pas par fascination pour l’économie, le travail, l’argent ou le grand capital.
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Comment se crée l’opinion scientifique ? 26 mars 2020
Par Thierry Klein dans : Covid-19,Politique.Lu 2 104 fois | ajouter un commentaire
On oppose depuis Platon l’opinion, qui est un jugement porté sans connaissance véritable, à la science, qui tient du savoir.
Le principe de base qui régit la sélection scientifique, la revue par les pairs (« peer review ») est censé protéger l’état de la science, sélectionner justement ce qui tient du savoir, considéré comme un absolu, de ce qui tient de la simple opinion.
Le mécanisme de sélection par les pairs
Cependant, du fait de l’hyperspécialisation des sciences à laquelle on assiste depuis un peu plus d’un siècle, le nombre des pairs, pour chaque spécialité, est très réduit. Souvent ces pairs se connaissent tous. Dans le cas des grandes universités anglo-saxonnes, ils vivent ensemble, se côtoient à la ville et dans les congrès, leurs femmes se côtoient, les cancans sur leur vie privée circulent entre eux, etc. Considéré spécialité par spécialité, le global village, même s’il est mondial, même à l’ère d’Internet, est donc minuscule.
Dans ce village, les opinions des profanes ne sont jamais considérées, même s’ils ont dédié 30 ans de leur vie à étudier les livres des savants. Les opinions des savants des autres disciplines ne sont non plus jamais considérées du fait de l’hyperspécialisation scientifique. Les pressions sociales qui s’y exercent sont intenses (argent, considération, amitiés, jalousies, réputation, lutte entre les générations…) comme dans toutes les activités humaines. Les savants sont des gens très doués, sélectionnés sur examen qui jugent leurs aptitudes supposées à la science, mais pas leur goût pour la vérité. Il y donc aussi des modes en sciences, qui produisent ce qu’il faut bien appeler une opinion moyenne, au sens où l’entend Platon. Même si cette opinion s’appuie sur des données expérimentales, ces expériences sont réalisées dans le village, les a priori qui les sous-tendent ne sont compris que dans le village, nécessitent des appareils coûteux et ne sont interprétées que par les habitants du village. Planck : « Même dans le cas des mesures les plus directes et les plus exactes, par exemple celle du poids ou de l’intensité d’un courant, les résultats ne peuvent être utilisables qu’après avoir subi nombre de corrections dont le calcul est déduit d’une hypothèse».
Le « peer review » échoue donc souvent à différencier « opinion » et « savoir ». Qui plus est, la façon de fonctionner de l’Université actuelle nuit d’une certaine manière au progrès scientifique lui-même.
La forme des publications
Le mode de fonctionnement scientifique actuel semble bien adapté à des évolutions techniques incrémentales. Les savants sont payés pour aller toujours de l’avant, produire de nouveaux papiers sans quoi on n’obtient ni avancement ni prix Nobel. Pourtant Aristote, Galilée, Newton… ont écrit de grands livres et dans le cas d’Aristote et de Galilée au moins, contenant une grande part d’opinion. (C’est une évidence aujourd’hui pour Aristote et dans le cas de Galilée, le Dialogue sur les systèmes du monde, un livre extraordinaire dans sa forme et son impact, est bourré d’approximations et d’erreurs scientifiques, en particulier sur la théorie des marées).
La méthode actuelle à base de publications courtes est une sorte de caricature (perversion) de la méthode expérimentale de Descartes : chaque papier apportant une pierre supplémentaire à l’édifice mais sans jamais un retour sur les fondements. Ainsi, autant que j’en puisse très modestement juger en tant que non habitant du village, en dépit d’avancées techniques absolument uniques depuis un siècle, la physique fondamentales s’est arrêtée depuis la découverte de la relativité et de la physique quantique, chacune résolvant d’un coup un grand nombre de contradictions classiques mais introduisant naturellement de nouvelles contradictions (Platon : « tout ce que l’intelligence humaine peut se représenter enferme des contradictions qui sont le levier par lequel elle s’élève »).
Ce qui se joue ici est plus important que la science même, c’est la notion de vérité, remplacée un peu partout par la notion d’utilité, que ce soit au sein du village ou des autres modes de publication « grand public ». Tout nous ramène à l’utilité, personne ne songe à la définir. Et en fait, l’opinion publique règne aussi dans le village des savants. Nous sommes revenus à la Grèce telle que Platon la décrit dans la République, au point qu’il semble décrire notre époque. L’art de persuader, la publicité, la propagande, le cinéma, le journal, la radio, la télé, Google, Facebook, Twitter tiennent lieu de pensée et ont simplement remplacé Protagoras et les sophistes. Malheureusement, il semble que Socrate, Platon, la tradition pythagoricienne nous fassent défaut.
Comme les savants n’ont souvent qu’une opinion, la politique de Macron, qui consiste à faire reposer toutes les décisions politiques sur les propositions des savants, comme si les savants détenaient le savoir, me paraît d’une très grande naïveté, j’emploie ce mot par modération naturelle mais il faudrait plutôt parler d’aberration ou de grosse connerie. Pourtant cette position politique passe dans l’opinion comme une lettre à la poste en temps de non confinement, elle est très populaire.
L’état de la science, ce n’est certes pas rien. Mais il est toujours un mélange de savoir et d’opinion, la proportion de chaque élément étant inconnue de la plupart des savants eux-mêmes. Les échanges sur les réseaux sociaux montrent que beaucoup sont prêts à suivre presqu’aveuglément l’avis des savants, même lorsque cet avis n’est qu’une opinion Il s’agit ni plus ni moins que d’une forme d’aliénation à l’avis des savants, de servitude. Cette aliénation est très dure à combattre. Ceux qui en sont victimes sont souvent des gens dits bien éduqués qui se vivent comme des héritiers des Lumières. Ceux qui refusent de s’y soumettre sont à leurs yeux d’obscurantistes ennemis de la science (à moins que ce ne soient des désespérés refusant de regarder la réalité en face, presque des pré-religieux, injure suprême !, la religion étant à leurs yeux souvent incompatible avec la science).
« Devons-nous nous soumettre aveuglément à ces savants qui voient pour nous, comme si nous nous soumettions aveuglément à des prêtres eux-mêmes aveugles, si le manque de talent ou le loisir nous empêche d’entrer dans leurs rangs ? Rien n’est plus difficile, et en même temps rien n’est plus important à savoir pour tout homme. Car il s’agit de savoir si je dois soumettre la conduite de ma vie à l’autorité des savants ou aux seules lumières de ma propre raison ».
Simone Weil (1).
(1) Simone Weil inspire un grand nombre de ces réflexions, avec Arthur Koestler. En ces temps confinés, je ne peux que recommander d’ailleurs à tous ceux qui ont eu la patience de lire jusqu’au bout la lecture des Somnambules, qui, parcourant l’époque menant de Copernic à Newton, reste pour moi le meilleur livre sur le sujet de la création du savoir scientifique.
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Confiné, délivré : un algorithme pour lutter contre le virus tout en préservant l’économie 25 mars 2020
Par Thierry Klein dans : Covid-19.Lu 3 182 fois | ajouter un commentaire
La stratégie idéale serait de tester massivement la population et d’isoler les personnes positives. Mais les pays du tiers-monde, et la France, n’ont pas les moyens de cette stratégie. Ils confinent alors toute la population, pour un coût de plusieurs centaines de milliards. L’économie est arrêtée net, les désordres qui suivront (au mieux pauvreté, au pire guerre) tueront probablement plus que le virus lui-même.
Pourtant, il existe un moyen de ne pas tuer l’économie.
Comme seuls les vieux et quelques profils à risque peuvent mourir de ce virus (1), il suffit de les confiner eux, et eux seuls, en laissant le reste de la population libre d’aller travailler (pour les parents), d’aller à l’école (pour les enfants).
On peut mettre tous les moins de 60 ans au boulot dès demain, sauf s’ils habitent avec des vieux ou des personnes à risque. Dans ce cas, il faut les sortir de chez eux et les mettre pour quelques semaines dans des hôtels réquisitionnés, près de leur lieu de travail – ou en télétravail.
Le virus circulant librement parmi les personnes non confinées, on atteint rapidement le seuil dit « du troupeau » : à ce stade, le virus ne peut plus circuler du fait d’un trop grand nombre de personnes immunisées. Et les vieux peuvent mettre le nez dehors.
L’immense avantage de cette stratégie de confinement : elle empêche le virus de tuer et préserve l’économie.
(1) A ceux qui vont contester cette affirmation, je précise que je parle au sens statistique du terme. Et je leur demande de se concentrer sur la vision d’ensemble.
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Le coût exorbitant du confinement
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 1 048 fois | ajouter un commentaire
La stratégie actuelle de confinement est moyennement efficace, puisqu’elle n’empêche pas les membres d’une même famille de se contaminer. Elle n’empêche pas non plus un positif d’en contaminer d’autres en allant faire ses courses, bosser sur son chantier, etc – je rappelle qu’on peut être positif 2 à 3 semaines avant de présenter le moindre symptôme. La Chine a cependant montré que cette stratégie, quand même lourdingue puisqu’on confine 60 millions de personnes, finissait par payer si elle était bien respectée.
Son coût est très difficile à estimer mais il est de quelques centaines de milliards. Macron a parlé de 300 milliards de garantie de l’Etat aux entreprises. Toutes ces garanties ne seront pas dépensées, mais ce chiffre n’intègre pas les effets de la crise économique à venir, qui peut être pire que celle de 1929. Et il ne faut pas oublier qu’une telle crise tue aussi, car elle entraîne toujours une grande pauvreté et parfois la guerre.
Les coréens du Sud ont, par opposition pratiqué une stratégie de tests systématiques sur leur population. Tout le monde est testé, les positifs, symptomatiques ou non, sont mis en quarantaine – et non pas confinés – jusqu’à ce qu’ils soient débarrassés du virus. Cette stratégie est très efficace, nul besoin d’être un grand ponte pour comprendre qu’une personne positive, détectée tôt, ne contaminera plus personne.
Il y a aujourd’hui 17 000 cas positifs identifiés en France, probablement 10 à 100 fois plus de cas réels, ce qui correspond à 1 million de personnes en quarantaine environ, peut-être bien moins (ce chiffre est très important, évidemment, et signifie que certaines personnes ne pouvant être isolées seraient simplement confinées, avec un maximum de précautions).
Avec le traitement Raoult, ces personnes ne resteraient en quarantaine qu’une semaine (au lieu de trois en Corée). Le coût du test est de l’ordre de 50€ et peut sans doute être baissé, mais même si on teste pendant 10 semaines toute la population tous les 15 jours, soient 5 campagnes, le coût serait de 60 millions x 50 € x 5 = 15 milliards « seulement », il s’agit sans doute d’un coût surestimé. Et ce test réduirait aussi significativement le nombre de morts, les positifs étant détectés avant tout symptôme.
Il commence à exister des tests imparfaits (fonctionnant à 80%), peu coûteux, qu’on peut produire en masse, avec lesquels la stratégie ciblée réussira tout aussi bien.
Une telle stratégie ciblée a en outre l’immense avantage de ne pas arrêter l’économie et d’éviter probablement la crise économique.
Aujourd’hui, nous mettons donc en oeuvre une stratégie très coûteuse et moyennement efficace, alors qu’il existe une stratégie peu coûteuse et très efficace.
Nous ne disposons pas aujourd’hui des tests (nous en produisons moins de 10 000 / jour, c’est nettement insuffisant, merci à nos champions). Mais toutes les solutions (achat, production, en France ou hors de France) devraient être envisagées pour changer, « à tout prix », de stratégie.
Mais ces solutions sont-elles à la portée d’un pays qui n’a pas su se procurer de gel, ni de masques ?
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L’idolâtrie du protocole 24 mars 2020
Par Thierry Klein dans : Covid-19,Politique.Lu 3 846 fois | 1 commentaire
Adorer une idole, c’est confondre la statue avec Dieu. Plus généralement, l’idolâtrie, c’est confondre l’objet et le principe. Harpagon idolâtre l’argent, c’est-à-dire qu’il le confond avec la raison de vivre. Le Colonel Henry idolâtre l’armée et pense qu’il est plus important de protéger l’institution que la justice – ce faisant il oublie la finalité de l’armée. Il y a idolâtrie chaque fois qu’on confond la fin et le moyen, le moyen acquérant une telle importance qu’il finit par s’opposer à la fin, aussi élevée soit elle.
A quoi sert le protocole médical ? C’est un outil censé fixer les meilleures règles possibles pour permettre à chaque médecin de sauver des vies. Le soin envers les malades, sauver des vies, c’est la vraie fin de la médecine. Les principes éthiques régissant la pratique du médecin, immortels, éternels, les seuls qui tiennent, sont inscrits dans le serment d’Hippocrate. Pas dans le protocole.
Au nom du « protocole », le traitement proposé par Raoult est qualifié par ses opposants de « non éthique ». Et ce terme même constitue un élément de langage médical qui traduit l’idolâtrie, puisque ce qui n’est pas éthique, c’est de nuire au malade, non pas de sortir du protocole.
- Les tests proposés par Raoult ont fonctionné pour 6 patients sur 6, ce qui suggère un taux de succès supérieur à 95% du traitement. Même si Raoult a abordé ce point dans son papier, peu comprennent que la taille de l’échantillon est très significative, compte tenu de ce taux (plus le traitement marche, plus l’échantillon peut être réduit).
- Un grand nombre de critiques portant sur l’étude sont faites, je les ai attentivement lues et pour la plupart, elles sont de pure forme compte tenu du contexte (effet placebo non déterminé, manque de suivi de l’échantillon non testé…). Tout semble montrer que Raoult, quand il a a vu que le traitement fonctionnait, a publié en l’état, au plus vite, pour sauver des vies. Sa connaissance profonde de la chloroquine, dont il est un des experts mondiaux, l’a probablement conduit à faire des raccourcis. On peut l’interroger certes sur différents points (mais que font les journalistes scientifiques, on préférerait qu’ils interrogent Raoult plutôt que de partager leur « opinion » ?), mais on ne peut pas en faire un prétexte pour différer le traitement.
- Le traitement proposé a l’immense avantage d’être composé de deux médicaments parfaitement connus, l’hydroxychloroquine et un antibiotique. Comme pour tous les médicaments, des contre-indications existent et un suivi médical est certes nécessaire – mais il n’y aucune raison particulière de tester outre mesure cet assemblage. Ni surtout de faire de l’hydroxychloroquine, médicament couramment utilisé depuis des dizaines d’années, un épouvantail.
Car en même temps, chaque jour, les malades meurent par centaines. Tout retard lié à la prolongation des tests tue – mais respecte le protocole de façon impeccable.
Le Conseil Scientifique propose de traiter les malades les plus gravement atteints, mais c’est là où le traitement est le plus risqué et aussi là où le traitement sera le moins efficace. Il y aura donc des accidents et il y aura donc des échecs – on a presque l’impression que ceux-ci sont recherchés, provoqués.
Il y a une part totalement méprisable dans cette décision, qui résulte des conflits d’ego et d’intérêts et probablement aussi de l’absence de stock des médicaments nécessaires. Peut-être y a-t-il même, de la part des membres du Conseil, le besoin de sauver leur putain de cul, tant l’ère est à la judiciarisation de toute décision – et il est évidemment plus confortable, juridiquement, de rester dans le cadre parfait du protocole. Le Conseil n’ose même pas annoncer la décision effective (retarder la généralisation du traitement). Il annonce simplement « effectuer des tests qui permettront de sécuriser le traitement ».
Je vois aussi des médecins, des journalistes scientifiques, beaucoup de gens respectables soutenir, de bonne foi, la décision du Conseil. Il y a là-dedans une part d’incompétence, celle qui les empêche d’analyser correctement l’étude de Raoult et aussi, surtout, une forme d’adoration du protocole. Ils ont perdu de vue que la médecine est faite pour sauver des vies, pas pour appliquer les protocoles. Le protocole n’est qu’un outil qui, dans l’immense majorité des cas, contribue au progrès des remèdes. Ici, il est tout simplement inapproprié. Il faut tirer de l’étude de Raoult les conclusions qui s’imposent.
Quelques extraits du serment d’Hippocrate :
« Mon premier souci sera de rétablir la santé »
« Je ne tromperai jamais la confiance des malades »
« Je ne provoquerai jamais la mort délibérément »
Or on propose au personnel soignant de volontairement priver certains malades d’un traitement qui fonctionne (puisqu’il faut tester et donc constituer des groupes ne recevant aucun traitement), de donner le traitement trop tardivement – tout ceci au nom du respect du protocole.
Le personnel médical est aujourd’hui placé devant une injonction contradictoire, contraint de réaliser pour les patients un « Choix de Sophie » qui tuera des malades et aura probablement, comme pour Sophie, des effets durables sur la santé mentale des soignants.
« Jamais, dans cet univers, il n’y a égalité de dimensions entre une obligation et son objet.»
Simone Weil
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Coronavirus: on tient nos champions
Par Thierry Klein dans : Covid-19,Politique.Lu 1 019 fois | ajouter un commentaire
Le Haut conseil de santé recommande de ne pas utiliser la chloroquine sauf cas graves, c’est-à-dire quand, potentiellement, son usage est le plus risqué. Et sous respirateur, c’est trop tard car on ne réparera pas le poumon abîmé par la pneumonie qu’induit le virus. L’utiliser comme extrême-onction réduira donc l’efficacité statistique du remède tout en augmentant les incidents médicaux. Guéguerre des services médicaux.
Alors qu’il faudrait généraliser son usage en première intention, sur les sujets positifs asymptomatiques ou présentant les premiers symptômes, pour diminuer la contagion par 3 (de 20 à 6j), limiter ses effets secondaires et surtout éviter le basculement vers les cas les plus critiques.
Ou peut-être, tout simplement, ces annonces sont faites pour ne pas dire qu’on manque de chloroquine aussi, comme on a manqué de masques, comme on a manqué de tests.
On tient nos champions.
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Coronavirus : comment en sommes nous arrivés là ? 22 mars 2020
Par Thierry Klein dans : Covid-19,Politique,Technologies.Lu 1 065 fois | ajouter un commentaire
A 4 jours d’intervalle, le chef de l’Etat s’est adressé aux français en délivrant des messages nébuleux et contradictoires. Ces deux interventions ont été faites à situation sanitaire essentiellement inchangée – non pas que le nombre de cas par jour soit resté constant, mais les invariants de l’épidémie, à savoir la gravité du virus et la loi mathématique déterminant le nombre de cas (essentiellement une exponentielle), étaient déjà connues depuis plusieurs semaines.
Macron avait donc tout loisir, dès sa première intervention et même bien avant, de déterminer une stratégie et de la communiquer de façon claire aux français. Ce qui l’empêche de le faire, c’est qu’il est lui-même soumis à la pression des réseaux, soit directement, puisqu’il y est présent, soit indirectement, puisque tous ses collaborateurs y sont présents.
En tant que spectateur du réseau, Macron est soumis comme vous, comme moi, à « l’opinion du réseau » (1) qui varie de jour en jour. Dans ses conditions, il lui est impossible de conserver une position de dirigeant rationnel et éclairé, il ne peut plus que singer cette position. D’un côté, il se pose en leader fort avec un discours martial et pathogène, multipliant les références déplacées à la guerre. De l’autre ce discours est en décalage total avec ses atermoiements (des positions différentes à 4 jours d’intervalle, mesures très indécises et floues, impossibilité à prononcer même le terme « confinement »).
Ce discours incohérent, dont l’invariant est le côté avant tout pathogène, c’est la traduction de la « pression collective » du réseau sur Macron.
« A mesure que les citoyens deviennent plus égaux et plus semblables, le penchant de chacun à croire aveuglément un certain homme ou une certaine classe diminue. La disposition à croire la masse augmente, et c’est de plus en plus l’opinion qui mène le monde…Dans les temps d’égalité, les hommes n’ont plus foi les uns dans les autres, à cause de leur similitude, mais cette même similitude leur donne une confiance presqu’illimitée dans le jugement du public, car il ne leur paraît pas vraisemblable qu’ayant tous des lumières pareilles, la vérité ne se rencontre pas du côté du plus grand nombre… ce qui entraîne une immense pression de l’esprit de tous sur l’intelligence de chacun.»
Tocqueville, De la démocratie en Amérique.
Cette “immense pression collective” dont parle Tocqueville, c’est une forme de panique. La panique est le phénomène où les individus se guident, en masse, sur des traits émergents – par exemple la direction générale de la fuite ou dans le cas présent le jugement du public tel qu’il apparaît dans le réseau. C’est aussi ce qui se passe lors d’un krach boursier, où tout le monde vend parce que tout le monde vend, sans autre raison valable.
De Gaulle pouvait à bon droit afficher une certaine distance vis-à-vis du peuple, cette distance étant une des conditions d’un bon gouvernement. Mais l’opinion du réseau variant de jour en jour, pour l’homme d’Etat soumis à la pression du social numérique, ce n’est plus « Moi, ou le chaos », c’est « Moi, traduisant le chaos ». Macron n’est pas spécialement à blâmer dans cette affaire ; nous sommes tous logés à la même enseigne et nous sommes tous des victimes du réseau, en ceci qu’il nous transforme tous en moutons, chacun de nous étant à la fois acteur et victime de cette transformation.
L’opinion du réseau paraît toujours éclairée. On y trouve toute l’information, y compris la vraie et les algorithmes y sont organisés de façon à ce qu’on y trouve essentiellement des confirmations de notre opinion, celle-ci étant déjà, de façon récursive, la composée de l’opinion du réseau et de notre opinion antérieure. Chacun croit raisonner mais y trouve en fait la confirmation a posteriori de ses passions. Cette impression de fausse rationalité qui s’impose à son corps défendant à la foule est en fait très similaire aux pires phénomènes de contagion mimétique, du lynchage à Nuremberg. Il y a beaucoup de similitude entre ce que décrivent Sophocle dans Oedipe Roi, Ionesco dans Rhinocéros et ce qui se passe aujourd’hui.
Se soumettre à l’injonction du réseau, c’est au sens propre se soumettre à l’injonction de la populace au pire sens du terme, en ceci que la populace s’oppose au peuple, à l’intérêt général bien compris et est à même d’empêcher tout gouvernement. Tout ceci peut facilement dégénérer en massacre.
L’invariant de l’opinion du réseau n’est donc pas la pertinence mais bien la peur. Le réseau est avant tout pathogène et j’observe qu’à l’heure actuelle son opinion varie grosso modo quotidiennement. De là le ton et le contenu changeant des interventions de Macron, réussissant, à son corps défendant, une sorte de synthèse parfaite lors de ses interventions. Mais sous cette influence, il est impossible de gouverner tout court ; les bonnes décisions nécessitent une certaine distance et surtout, si on change de direction tous les jours, on ne va nulle part, que les décisions soient bonnes ou mauvaises. Mieux vaut une décision moyenne, à laquelle on se tient, que des changements permanents de direction, qui rendent toute progression impossible.
Je veux bien admettre que la France n’est plus ce qu’elle était. Mais l’absence de gel, de masques, de tests provient certainement plus de la dispersion frénétique des efforts du gouvernement, de cette incapacité pathologique à fixer la moindre direction que d’un honteux manque de moyens ou d’une stratégie cynique.
La Chine a vaincu le virus en confinant sa population, décision de qualité très moyenne. Ce confinement a une efficacité relativement faible et il est très coûteux économiquement. Mais sa maîtrise totale des réseaux sociaux a permis de fixer un cap, même imparfait, et d’obtenir un résultat.
Je crains beaucoup plus la peste du réseau que le coronavirus lui-même. A la fin, la plupart des morts en France seront des victimes de Facebook. On nous parle beaucoup en ce moment de la prise de conscience censée être créé tous azimuts par le coronavirus. On nous prédit la fin de la mondialisation, du capitalisme-roi – toutes sortes de choses. Je suis très dubitatif mais ce serait déjà pas mal si on pouvait s’intéresser au rôle des réseaux.
« La vraie question est bien : comment ce pays est-il arrivé dans un tel état que l’on préfère écouter les gens qui ne savent pas que plutôt ceux qui savent ? »
(Professeur Raoult, dans La Provence du jour).
(1) Le réseau en tant que tel n’a évidemment pas une opinion. J’appelle opinion du réseau ses « traits émergents » – voir plus loin.
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De Gary Hart à Benjamin Griveaux : vie et mort de la démocratie 15 février 2020
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 1 166 fois | ajouter un commentaire
En 1987, Gary Hart, candidat démocrate favori des sondages pour la présidence, dût se retirer après la révélation par la presse de son affaire avec Donna Rice, ex Miss Carolina. Ses déclarations lors de son retrait sont en tout point similaires à celles de Benjamin Griveaux, à tel point qu’on pourrait presque accuser Benjamin Griveaux de plagiat :
Gary Hart : « Je refuse de continuer à exposer ma famille, mes amis et moi-même à d’autres rumeurs et ragots. La situation est tout simplement intolérable ».
Benjamin Griveaux : « Je ne souhaite pas nous exposer davantage, ma famille et moi, quand tous les coups sont désormais permis »
L’argument oublié de Van Morgan
A cette époque, je vivais aux Etats-Unis et pour un français, ce retrait pour une histoire de sexe était tout simplement incompréhensible. J’ai pu en discuter avec mon ami Van Morgan qui voyait cependant ce retrait comme nécessaire. Pour lui, ce n’est pas le mode de vie ou le comportement sexuel en soi de Gary Hart qui était en cause mais le fait qu’il se soit affiché préalablement comme un mari modèle et qu’il ait menti à la presse et à sa famille. « S’il ment à sa famille, disait Van, il est tout à fait capable de mentir au pays. Etant donnés l’importance du poste, le pouvoir énorme du Président, il n’est pas anormal que sa vie privée soit exposée dans la mesure où les citoyens ont besoin de connaître tous les aspects du Président pour faire un choix éclairé ».
Van n’était pas un censeur, il écartait Gary Hart non pas pour sa « faute » elle-même, non pas par puritanisme, mais parce qu’il pensait que son mensonge révélait son incapacité éthique à remplir la fonction. Le mensonge joue un rôle très important dans l’inconscient et la législation américains. Bill Clinton n’a pas été inquiété pour sa relation avec Monica Lewinski elle-même, mais parce qu’il avait menti au procureur sur la nature de cette relation.
Et donc s’opposaient le point de vue français « On a besoin du meilleur Président possible, le plus habile, le plus intelligent. L’art politique est pratiquement consubstantiel au mensonge. Le mensonge est quasiment un signe de capacité politique. Si on évince un candidat pour une affaire sexuelle, on n’est plus vraiment en démocratie car personne n’étant parfait, on pourra, avec des moyens financiers, faire tomber presque n’importe quel candidat » et le point de vue de Van, qui est aussi celui d’un grand nombre d’américains. Ronald Reagan était alors Président des USA, c’était un homme simple, avec une politique claire, qui n’a jamais prétendu être d’une grande intelligence – il était souvent raillé en France pour cette raison – mais il a ainsi contribué à la chute du pire régime de la planète et du rideau de fer.
On voit mieux aujourd’hui qu’à l’époque à quoi nous a mené le manque de sincérité chronique de nos hommes politiques, pourtant brillants, de Mitterrand à Sarkozy en passant par Chirac: la perte de crédibilité dans nos institutions, 50% d’abstention aux élections, le syndrôme du « tous pourris », la montée des extrêmes, les gilets jaunes, etc.
Et aujourd’hui, alors qu’il y a en France une quasi-unanimité pour condamner les motifs du retrait de Benjamin Griveaux, la mise en ligne des vidéos le concernant – certains parlent même de fin de la démocratie – j’avoue que je repense souvent avec sympathie à l’argument de mon ami Van Morgan. Et je me dis qu’on est peut-être au début de la démocratie.
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Rien sur Matzneff 30 décembre 2019
Par Thierry Klein dans : Littérature.Lu 1 815 fois | ajouter un commentaire
Maintenant on bouge !?! #Matzneffpic.twitter.com/YuGiYaphSx
— Philippe Poustis (@philippepoustis) December 28, 2019
Sur Apostrophes
Pivot devait-il inviter Matzneff ? Bien sûr. Matzneff n’est sans doute pas un grand écrivain mais des dizaines d’écrivains plus médiocres ont participé à Apostrophes. Matzneff a donc sa place chez Pivot – et sans doute aussi en prison, c’est évident si ce qu’il a écrit est basé sur le réel, mais Pivot n’est pas flic.
Apostrophes a été une émission immense – parfois, comme lorsqu’on a vu une bonne pièce ou lu un bon livre, on pouvait se sentir meilleur, comme grandi, à la fin de l’émission. Immense mais fragile, fruit d’une époque où on pouvait encore discuter et du hasard (Pivot). Il est possible, pas certain, qu’on retrouve un jour un autre Pivot, qui sait ?, mais je crains que notre époque ne permette plus ce genre d’émission. C’est une grande perte – plutôt que de taper dessus comme on le fait, on devrait tout faire pour tenter de recréer ses conditions d’existence.
Dans l’émission incriminée d’Apostrophes, Denise Bombardier ne vient pas « rompre un badinage mondain » comme j’ai pu le lire mais donne courageusement son point de vue, point de vue très pertinent d’ailleurs. Pivot la laisse parler, il ne la décrédibilise en rien. Il n’y a pas eu unanimité sur le plateau et la liberté de penser a donc été respectée.
Pivot en tant qu’animateur était bonhomme jusqu’à l’outrance, bienveillant envers ses invités et aussi très distancié (ce mélange réussi, couplé à une préparation minutieuse qu’il arrivait à faire oublier, constituant sa marque de fabrique). Il n’a expulsé Bukowski que contraint et forcé, quand celui-ci est devenu physiquement violent; il n’est pratiquement pas intervenu non plus quand Gainsbourg insultait Béart, etc.
Mon objectif n’est pas de défendre Matzneff; sa place est sans doute en prison (ce qui pourrait lui être profitable sur le plan littéraire, après tout, Sade s’est révélé à la Bastille). Simplement, cette émission devait-elle avoir lieu ? Et a-t-elle été bien menée ? Je réponds oui aux deux questions.
A quoi sert la littérature ?
L’objectif de la littérature est d’explorer le réel, pas de nier le réel. En voulant la transformer en une entreprise d’édification morale, on la tue à coup sûr et on ne fait strictement rien pour la morale, pas plus qu’on n’améliore la situation d’un bâtiment pourri en en repeignant les murs. Au contraire, c’est en examinant la situation réelle, la cause des pourritures (sans oublier tout ce qui fait que le bâtiment tient) que vous pouvez espérer, peut-être un jour, améliorer la situation du bâtiment. J’écris « peut-être » parce que le bâtiment est peut-être irréparable, mais en tout état de cause, votre seule chance, c’est de l’examiner en profondeur. Et de même, vous ne pourrez pas améliorer l’être humain, si tant est qu’il soit améliorable, avec des fausses morales édifiantes basées sur la négation du réel.
(Comme le dit Denise Bombardier à Matzneff, « la littérature ne doit effectivement pas servir d’alibi ». En revanche, elle se trompe quand elle dit qu’il y a des limites à la littérature).
Ce n’est donc pas la pédophilie que Pivot a défendu mais la littérature, et une certaine forme de liberté d’expression qui lui est nécessaire. La littérature en tant qu’exploration du champ des possibles humains. Le sadisme, la pédophilie ne peuvent en être a priori exclus. Lolita, c’est dégueulasse aussi, pourtant c’est un grand livre. Tout n’est pas simple. Comprendre ceci, c’est en fait savoir lire.
Et pour finir, il y a cette curée obligée, tous ces idiots qui semblent n’avoir jamais réfléchi ni lu. Socrate couchait avec ses esclaves, entre Montaigne et La Boétie ce n’était pas rose, passez moi l’expression, tous les jours, Rousseau maltraitait ses enfants, Voltaire investissait chez les négriers, Aragon et Picasso étaient des monstres conjugaux, etc. Où s’arrêtera-t-on ? Cette situation ne profite qu’aux démagogues conscients ou inconscients (voir le Ministre de la Culture qui flatte son gros animal, je fais référence à Socrate, en déclarant qu’il va reconsidérer la bourse de Matzneff et que les victimes doivent composer le 119 !).
L’aura littéraire n’est pas une garantie d’impunité. J’apporte mon entier soutien à toutes les victimes qui ont le courage de briser le silence. Je les invite, ainsi que tout témoin de violences commises sur des enfants, à contacter le 119. 2/2
— Franck Riester (@franckriester) December 28, 2019
L’illusion du social
Mais pour les accusateurs en herbe, ce combat dépasse Matzneff ! C’est tout son monde qui est coupable (voir ici dans Mediapart ou ci-dessous, Françoise Laborde, qui évidemment laissera une trace immense dans l’histoire de la télé et, ex-membre du CSA, n’appartient à aucune caste…).
Et on te remerciera jamais assez mon amie #DeniseBombardier, qui a sauvé l’honneur, avec cette parole forte sur les victimes dont Vanessa Springora dit aujourd’hui que ces mots l’ont soutenu. Honte à cette caste, qui encore aujourd’hui défend l’écrivain #pédophile #Matzneff https://t.co/gbFkmExo0i
— Francoise Laborde (@frlaborde) December 26, 2019
L’impunité de Matzneff devient le symbole de « la lutte des pauvres contre les puissants », d’une « connivence entre gens du même monde », d’une « appartenance à une pseudo élite intellectuelle ». Les mêmes qui ont toléré Matzneff au nom du social (pensant, dans les années 80, que la prévention contre la pédophilie était d’origine socio-culturelle) le condamnent aujourd’hui au nom du social (en tant que représentant fantasmé de sa classe élitiste et forcément corrompue, whatever that means).
Pensant corriger leur erreur, ils la répètent. Ainsi, nous ne pourrons, au final, plus être gouvernés que par les Tartuffes qui sauront le mieux surfer sur les indignations successives. Nous l’aurons cherché. Nous prenons un chemin très sûr vers la bêtise et vers la tyrannie (toujours en référence à Socrate qui disait aussi, confronté à ce genre de situations, que non décidément le peuple n’était pas philosophe).
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