Sciences Po: de la discrimination positive à la « culture du viol » 16 février 2021
Par Thierry Klein dans : Aliénation,Politique.Lu 1 830 fois | trackback
Il y a actuellement à gauche une tendance à faire du vice, ou de toute tendance affective personnelle, un système élaboré de « valeurs ». Dans les années 80, ces valeurs étaient « la libération sexuelle », surjouée, forcée – avec les abus inévitables qui font que ces valeurs ont aujourd’hui été transformées en « me too ». Ceux qui portent ces valeurs sont les mêmes personnes et si je puis dire, la Vanessa Springora des années 80, icone consentante sur l’autel de la libération sexuelle, annonce celle des années 2020, icone consentante sur l’autel « me too ». Elle est le niveau à bulle de l’époque, ayant pour fonction d’être un reflet. J’ai entendu Jack Lang l’autre jour condamner violemment, presqu’en larmes, une pétition qu’il avait signée dans les années 80 en faveur de l’inceste.
Idem pour Sciences Po. Dès lors qu’un seul élève est rentré de façon injuste à Sciences-Po (discrimination positive), c’est tout un système qui a été transformé, d’une hiérarchie de compétences vers une hiérarchie aristocratique, privilégiant l’origine, la position, le mensonge et le népotisme. La « culture du viol » est présente dès l’époque Descoings, qui séduit des élèves de 17 ans, et dès cette époque, tout le monde se tait. Cet enchainement est très compréhensible et simplement une dérive banale, qu’on a vue dans de multiples établissements d’enseignement supérieur politiquement corrects aux US. J’avais pu moi-même la constater à Stanford dans les années 90.
Mais ce matin, Alexandre Kouchner au micro d’Europe 1 fait de cette dérive un système général. « Non, nous dit-il, la dérive du viol n’est pas propre à Sciences Po mais à toute la société ». On voit comment cette théorie se fait jour dans son esprit. Il y a d’abord la dérive névrotique d’une organisation, à laquelle il a participé de façon active ou, plus probablement, lâche. Il y a le contexte familial du viol toléré, sinon encouragé et là aussi, il a fallu détourner le regard – et comme c’était impossible, se forcer à ne pas penser, ce mécanisme étant caractéristique de ce que Simone Weil nomme « attachement » (à sa famille, à ses amis, à son groupe de pensée, tout ceci étant, dans le cas de Kouchner, presque confondu).
Ensuite il y a le refus de regarder sa réalité en face et la projection de ses propres turpitudes sur autrui, sous forme de rationalisation a posteriori : « toute le société est gangrénée, Sciences Po n’a rien d’exceptionnel ». En ceci, il est exactement comme un cardinal qui refuserait d’admettre le problème de la pédophilie ecclésiastique au prétexte qu’elle concernerait toute la société. Ou comme un Tartuffe (mais ici, un Tartuffe probablement inconscient), qui demande à couvrir ce sein (transformation du désir personnel en norme de comportement générale).
Ce mécanisme définit actuellement de façon très profonde la gauche, dans ce qu’elle a de plus woke. Elle est plus une fidélité à un groupe, un attachement, qu’une pensée. La recherche systématique d’un racisme « systémique » (qui n’a plus rien à voir avec le racisme), de la « culture » du viol, de la « violence symbolique » à l’école, de la « violence coloniale systémique » sont des névroses de type paranoïde projetées sur l’ensemble de la société, déclarée malade par les malades eux-mêmes. Ces termes nous parlent de ceux qui les emploient plus que de notre société. Ces théories seraient risibles si elles n’étaient pas aussi répandues. Cliniquement, la gauche woke est une forme de paranoïa décomplexée.
(Je pense profondément que la « pourriture » n’est pas une question de couleur politique, et donc il y a sans doute une proportion constante de pourris à droite et à gauche.
Mais un violeur de droite ne ferait pas tous ces chichis. Il ne chercherait sans doute qu’à se cacher. Difficile de savoir si c’est par manque d’intelligence, par lucidité sur soi-même, par égoïsme ou par indifférence.)
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