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Petit discours évangélique et dialectique sur la repentance, la guerre d’Algérie, Macron et l’islamisme 17 février 2017

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Le point commun qui lie tous les militants français de la repentance, pour l’Algérie ou pour le reste, est celui-ci : ils ont la conviction que les crimes commis leurs sont totalement étrangers. Le doute n’est même pas permis. Si les temps anciens revenaient, ils se battraient corps et âme contre ces horreurs. Ils ne doutent pas. Ils sont d’une trempe, d’une essence différente de leurs parents, ceux qui ont commis les crimes.

Ils sont en fait comme les Pharisiens, ils disent : « Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang. »

Jésus les accuse d’hypocrisie car « Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué. »

Ce faisant, Jésus (pas plus que George Bensoussan d’ailleurs) ne prêche évidemment pas pour une sorte de transmission biologique de la culpabilité. Les enfants ne sont pas, en tant que tels, coupables des fautes des parents. Jésus reproche en fait aux Pharisiens le mécanisme psychologique qui consiste à se sentir de fait « pur », à penser qu’on ne succombera jamais soi-même aux erreurs qu’ont pu commettre les hommes par le passé.

Jésus leur reproche de ne pas douter- c’est en ceci qu’ils reproduisent le comportement de leurs pères et tente de leur faire comprendre que c’est cette absence même de doute qui rend les crimes futurs possibles. Les hommes du passé étaient eux aussi certains de leur bonne foi, du bien-fondé de leur cause, quand ils ont commis les pires injustices. Et c’est précisément pour ça qu’ils ont pu les commettre à un moment donné.

Ce qui protège réellement contre le crime, ce n’est pas l’indignation, c’est le doute. C’est la question qu’on se pose à soi-même quand on se demande sincèrement le comportement qu’on aurait pu avoir en 39-45. Aurait-on résisté, fait le gros dos ou collaboré ? Jésus nous dit que ceux qui sont intimement persuadés qu’ils auraient « bien sûr » résisté sont, à un moment donné, les plus susceptibles de tomber dans une certaine forme de collaboration heureuse et volontaire.

« Tout est pardonné »

La thèse de Jésus est double :

– L’indignation, l’accusation est mauvaise lorsqu’elle procède du sentiment que nous sommes, par essence, différents de notre prochain. Elle conduit à une violence sans fin, qui se propage à travers les générations. La seule attitude à adopter face aux crimes passés est celle du pardon, pas celle de l’accusation – je rappelle que Satan signifie « accusateur ».

– Nous ne sommes pas juridiquement coupables des crimes du passé, mais nous devrions nous en sentir à tout le moins responsables. Ce sont des gens comme nous, des parents proches, qui les ont commis. En quoi sommes-nous différents ? Pourquoi ne les commettrions-nous pas ? Ne sommes-nous pas même, justement, en train de les commettre ? Ce questionnement est par nature privé et introspectif.

Si je reviens sur la colonisation, la situation idéale pour Jésus, que je ne suis pas loin de suivre sur ce point, est celle où tous les Algériens pardonneraient, cesseraient d’accuser. Dans le même temps, tous les Français se sentiraient responsables, essaient de comprendre comment leurs parents proches ont pu commettre ces crimes et essaieraient, par leur comportement, de ne pas les reproduire.

On peut penser que cette vision des choses est une utopie pourtant, au moment même de la guerre d’Algérie, la France était grande : elle pardonnait à l’Allemagne. Et l’Allemagne était grande car ses enfants, qui n’avaient pas vécu la guerre, reconnaissaient leur culpabilité. Ce sentiment de culpabilité subsiste encore aujourd’hui et c’est aussi en son nom qu’Angela Merkel a accueilli les migrants. Les Allemands se sentent coupables des crimes de leurs pères, les français pensent qu’il n’en est rien : Depuis 70 années, la paix européenne repose sur cette double attitude, que je qualifierais de volontiers de miraculeuse si je n’étais, par nature, un grand sceptique peu porté vers le mysticisme.

Ce sentiment de responsabilité partagée, privé et personnel, n’a rien à voir avec la repentance nationale, qui est une forme d’auto-flagellation publique et une mise en accusation. Dès que la repentance est publique, Jésus la dénonce aussi , et dans le même passage. Il avait compris, bien avant l’heure, que derrière toute auto-accusation publique se cache soit une volonté de mise en avant personnelle soit un procès stalinien.

Qu’est-ce qui se cache donc derrière le discours repentant de Macron sur la guerre d’Algérie « crime contre l’humanité » ? Une volonté de mise en avant personnelle.

De quoi tous ceux qui relaient, avec force indignation et morale grandiloquente, ce genre de discours « victimaire » sont-ils le nom ? Ils représentent la violence, ils perpétuent la guerre sans fin. Quand on justifie les émeutes des banlieues par la colonisation passée ou par l’indignation causée par trois ou quatre salopards à la matraque baladeuse, on est dans la guerre sans fin. Comme ils se sentent purs et différents, ils sont aussi les plus susceptibles de reproduire les pires comportements du passé.

Et comme il s’agit d’un article politique, et qu’il faut parler des dangers d’aujourd’hui, je vais nommer les Plénel, les Autain, Libé (« et en plus il ne recule devant aucun amalgame ! »), le Défenseur des Droits, les gauchistes, en ce sens qu’ils sont à la gauche ce que le Stalinisme est à Jaurès (« Décidément, c’est complet ! Quelle honte ! »), les indignés professionnels. Tous ont commencé la collaboration heureuse avec l’islamisme au nom d’une soi-disant rupture hypocrite avec le passé, qui ne fait en réalité que le perpétuer.

J’espère qu’on me pardonnera cette interprétation biblique. Je précise quand même que je ne suis ni chrétien ni même croyant et que je n’ai donc pas participé à la Manif pour tous (« Comme quoi, de tous les réactionnaires, les laïcs sont vraiment les pires !« ). Le fait que ma photo de profil Facebook ressemble en plus à celle d’un moine est fortuit et totalement involontaire.

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