Une brève définition du wokisme, cinq corollaires et une critique 25 mars 2024
Par Thierry Klein dans : Wokisme.Lu 54 fois | ajouter un commentaire
Ceux qui se baladent comme moi sur les réseaux sociaux le savent, il y a toujours un précieux ridicule pour prétendre que le wokisme n’existe pas car il n’aurait pas de définition « scientifique » claire. Le précieux ridicule est en général d’extrême gauche ou étudiant en socio ou à Sciences Po ou lecteur de Libé, tout ceci n’étant évidemment nullement incompatible. La vulgate qu’il reçoit le conditionne à nier le phénomène au nom de la « science », ce qui lui donne un sentiment de supériorité risible quand on connaît le contenu délivré. Ainsi, alors que tout le monde comprend parfaitement et sent ce qu’est le wokisme, l’extrême gauche tente de faire croire qu’il n’existerait pas puisqu’il n’existe pas de définition mettant les wokes d’accord..
La semaine dernière, interrogée en commission d’enquête par le député LFI Aurélien Saintoul (qui est le woke par excellence), Rachida Dati s’est refusée à donner une définition du wokisme. Voir l’échange, assez savoureux, ci-dessous (2 mn).
Alors je m’y colle et je vous donne une brève définition du wokisme. Pour que plus jamais un cuistre ne puisse vous dire que ça n’existe pas.
- Le wokisme est une forme de paranoïa consistant à voir partout des micro-agressions. Je rappelle que le woke signifie « éveillé » – ainsi est éveillé celui qui « voit » ou « sent » ces micro-agressions ou micro-oppressions, qui sont censées être politiquement signifiantes.
- Ces micro-agressions sont parfois réelles, parfois fantasmées et inexistantes. C’est la sur-sensibilité du woke qui caractérise la paranoïa. Le woke interprète cette sur-sensibilité comme la conséquence d’une oppression passée ou présente. Il se positionne en tant que victime.
Ainsi, il y a certainement dans la galanterie au moins la trace d’une société où, les hommes étant physiquement plus forts que les femmes, pouvant les contraindre, renoncent de façon marquée à cette possibilité. Il n’y a aucun problème à remarquer ceci, cette constatation est en soi banale. Il y a problème lorsque cette constatation devient invivable à celui qui la constate, à tel point qu’il cherche à faire interdire la galanterie, cas de nombreuses associations féministes. - Ainsi, le wokisme est au départ un problème psychique personnel, qu’on parle de névrose, de psychose ou de paranaoïa. Partagé par beaucoup, cette obsession personnelle acquiert un caractère politique. Pour paraphraser Peguy, on peut dire que le wokisme, c’est du psychique transformé en politique.
- L’être humain n’est en général pas heureux. A tous les malheureux de la terre (qui ne sont pas forcément, bien qu’ils le croient, les « damnés » de la terre au sens marxiste), le wokisme fournit un responsable commode de leur mal-être: vous, moi, la société. « Je ne suis pas malade, c’est la société qui m’a opprimé » ou « Je me sens mal parce que la société est méchante ».
Le discours politique (de gauche en général) a pour fonction de masquer les causes personnelles de la névrose et de permettre à s’en prendre à la société, qui joue le rôle de bouc-émissaire – j’emploie ce terme au sens de René Girard.
Illustration: l’éco-anxiété conduit un grand nombre de jeunes à refuser d’avoir des enfants alors que l’espérance de vie n’a jamais été aussi grande depuis que l’humanité existe. Il s’agit d’une névrose commune (au double sens de banale et partagée par un grand nombre. Le réchauffement climatique sert d’alibi, permet de ne pas traiter la névrose et de rejeter la responsabilité du mal-être sur la société.
Cinq corollaires…
1. Le terme « woke » n’est incompris que des wokes eux-mêmes. Si quelqu’un pense que le wokisme n’existe pas, il est certainement woke. Tous les autres voient exactement de quoi il s’agit puisque le wokisme se manifeste comme une forme d’inquisition totalitaire que toute personne « normale » ressent immédiatement.
Et une critique… |
(L’auteur est parfaitement conscient, cher lecteur, que la définition et la caractérisation du wokisme ainsi données sont non réfutables au sens de Popper et même circulaires : « Est woke qui nie le wokisme ! ». Il en est ainsi de la plupart des maladies psychiques prenant leur source dans l’inconscient. On n’a pas raison contre le fou qui prétend avoir des ailes dans le dos ou être Napoléon réincarné – son système est généralement très cohérent justement parce que destiné à lui masquer sa folie.) |
2. Sous couvert d’altruisme et de défense des victimes, le wokisme masque toujours une haine de la société prise comme responsable nécessaire, bouc-émissaire, du sentiment de mal-être ressenti par le woke. Cette haine « de l’intérieur » se marie très bien avec la haine de l’Occident « extérieure » que constitue l’islamisme et est un des ferments de l’islamo-gauchisme (encore un concept dont les cuistres d’extrême-gauche nient la réalité « scientifique »).
3. Le caractère inquisitorial des questions d’Aurélien Saintoul (vidéo ci-dessus) est éclatant. Le wokisme se manifeste toujours comme une inquisition parce que les deux sont, finalement, constitutifs d’un manque de foi. Du woke en son système politique (car il subsiste toujours en lui une partie lucide qui connait sa névrose et cherche à la censurer), de l’église en son système de croyance (consciente que ce système est attaqué par Galilée, consciente aussi que Galilée a raison, il faut réduire Galilée au silence). Le besoin de censure, c’est la croyance en train de disparaître.
4. Le wokisme ne sort pas de nulle part. Il est la partie extrême, la conséquence ultime du progressisme. Une autre façon de dire les choses est que le progressisme est toujours un wokisme light. Il faudrait du temps pour justifier ceci, je le ferai dans un autre billet. D’ici là, je te demande gentiment, cher lecteur, d’admettre ce résultat.
5. La névrose du woke le conduit à capter les agressions imaginaires mais cela ne le rend en rien plus sensible aux agressions réelles. On ne compte plus les wokes qui se sont sentis plus agressés par les affichettes des bébés otages enlevés par le Hamas à Gaza que par les enlèvements eux-mêmes. Le wokisme, c’est le monde vu, au sens propre, par le petit bout de la lorgnette. La poutre sans la paille.
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Une proposition pas si absurde de Najat Vallaud-Belkacem 18 mars 2024
Par Thierry Klein dans : Aliénation,Google.Lu 39 fois | ajouter un commentaire
Dieu sait si son action au Ministère de l’Education a été nocive mais la proposition de limiter l’accès à Internet n’est pas absurde. Internet fonctionne évidemment comme une drogue pour beaucoup et limiter la consommation de drogue a beaucoup de sens.
Internet est aussi le vecteur principal de la publicité incontrôlée. Pour rappel, Google, Facebook, Instagram, Tik Tok sont des régies publicitaires. Internet stimule donc violemment nos pulsions de surconsommation, ce qui , à l’échelle planétaire, est un des facteurs déterminant du réchauffement climatique (qui dit surconsommation dit surproduction). Il est important de poser le problème de la surconsommation générale (je le faisais dans ce billet de 2009).
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Préparer l’accusation de génocide à Gaza: la rhétorique LFI
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 38 fois | ajouter un commentaire
Le 26 janvier, la Cour Internationale de Justice de l’ONU a jugé qu’il n’y avait pas de génocide à Gaza et n’a donc pas ordonné un cessez-le-feu, tout en demandant à Israël de prendre les mesures nécessaires pour qu’aucun génocide n’ait lieu. Cependant, toute la communication de LFI qualifie, de façon mensongère, la situation à Gaza de génocide et même retourne le jugement de la CIJ en affirmant que celle-ci aurait jugé qu’un génocide avait bien lieu.
Il s’agit là encore d’un retournement rhétorique à caractère antisémite, tel que je l’ai déjà signalé. L’accusation de génocide est particulièrement infamante pour Israël, les juifs ayant précisément subi un génocide. Parler de génocide à Gaza, c’est relativiser la Shoah et faire croire que les juifs sont aux Palestiniens ce que les nazis ont été aux juifs.
Quelques tweets LFI parmi des milliers sur Twitter (et il faudrait compléter avec les interviews radios des différents leaders LFI (Bompard, Mélenchon, Hassan…). L’utilisation du terme génocide, pourtant et évidemment mensongère, est systématique. Elle est reprise par tous les militants LFI.
La préparation de l’accusation génocidaire contre Israël
Quatre critères peuvent caractériser un génocide au sens du fameux « droit international » dont se réclame LFI pour refuser de qualifier les crimes du Hamas de terroristes. LFI et les mouvements pro-palestiniens tentent systématiquement d’en accuser Israël – en utilisant abondamment le mensonge, évidemment. Le but est de préparer, autant que faire se peut, une accusation génocidaire à venir.
Les accusations portées contre Israël sur les réseaux sociaux et dans la communication politique de LFI s’articulent, de façon extrêmement ciblée et cohérente, autour des 4 thèmes définissant le génocide en droit international.
- Les actes de torture, viols, violences sexuelles
Des photos de soldats israéliens en sous-vêtements sont détournées et qualifiées de viol – c’est absurde. L’autre avantage de cet argument est de retourner l’horreur. Le Hamas ayant abondamment torturé et violé le 7 octobre, il s’agit de montrer symétriquement qu’Israël est au même niveau. La vraie victoire d’Israël sera de ne pas sombrer dans cette réciprocité mimétique.
- Les mesures visant à entraver les naissances
Il s’agira de montrer que les enfants ont été ciblés (ils ne l’ont évidemment pas été). Les enfants présentent en outre l’avantage pour la propagande pro-palestinienne d’être d’excellents vecteurs de communication. Le slogan « plus d’enfants sont morts à Gaza en 4 mois qu’en 4 ans dans les conflits du monde entier » a été repris dans des milliers de tweets. Outre qu’un tel slogan ne signifie rien, je rappelle qu’on n’en sait strictement rien: tous les chiffres sur les tués viennent de la propagande du Hamas qui ne fournit pas les noms, ni les actes de naissance des victimes…
- Les déplacements forcés de population
Un critère de génocide est el déplacement forcé des populations. Alors qu’une telle solution est à même de protéger la population civile, le Hamas s’y oppose puisque la population, à laquelle il se mélange, est sa meilleure, sinon sa seule défense. Les pays arabes ne veulent pas non plus accueillir les Palestiniens et l’Egypte en a fait un casus belli avec Israël. Pour l’instant, il n’y p pas eu de déplacement de population mais les relais islamo-gauchistes veillent – ce faisant, ils fonctionnent exactement comme une branche non armée du Hamas.
- La création de conditions de vie (telles que le manque de nourriture, d’eau, de soins médicaux…) visant à provoquer la destruction du groupe.
Il s’agit de mettre en scène les restrictions à Gaza (rappelons que l’aide humanitaire y rentre et est captée par le Hamas, qui mobilise aussi les tunnels, seules protections efficaces contre les bombardements).
Bombarder volontairement un hôpital est, au regard du droit international, un génocide, sauf si l’ennemi l’utilise pour ses opérations de défense – ce que fait systématiquement le Hamas.
- Les attaques contre les franco-israéliens de Tsahal
Beaucoup d’islamistes français étaient partis rejoindre Daesh en Syrie pour devenir terroristes et organiser des attentats sur le sol français. La Justice française les a recherchés et condamnés.
Dans l’armée israélienne, il y a un certain nombre de franco-israéliens ayant la double nationalité. Ils se battent contre le terrorisme palestinien. Ils ne fomentent évidemment aucun attentat en Europe. LFI cherche à les faire passer pour des criminels de guerre et essaie de faire en sorte qu’ils subissent le traitement judiciaire des terroristes islamistes.
(Ci-dessous un tweet de Thomas Portes, relayé par Rima Hassan et Anne Tuaillon saisissant la justice française. Il se trouve que la personne mise en cause n’appartient pas à l’armée israélienne et n’a jamais quitté Paris. Peu importe; LFI n’en est plus à un mensonge près…)
- L’intention génocidaire
Un critère clé en droit pour qu’il y ait génocide est l’intention génocidaire. Il n’y a pas de génocide sans intention. Il est évident qu’Israël n’a pas d’intention génocidaire – si tel était le cas, la population civile aurait de fait déjà été exterminée. Au contraire, même s’il est horrible de raisonner ainsi, le ratio des morts civiles est de l’ordre de 1 civil pour 1 militaire et ce ratio est extrêmement « bon » – on estime qu’à Rakka, il y a eu 3 à 5 civils tués pour chaque membre de Daesh.
L’accusation de génocide est donc totalement absurde mais qu’importe. Il suffit de naviguer quelques minutes sur Twitter pour voir qu’elle est totalement gobée par la clientèle islamo-gauchiste à laquelle LFI s’adresse et par les musulmans des pays arabes. Israël devrait s’attacher, dès à présent, à contre les effets de cette propagande. Sinon, comme l’espère très fort Rima Hassan:
- La rhétorique antisémite symétrique employée par les islamo-gauchistes.
- La valeur travail existe-t-elle ?
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- L’esprit perdu de l’article 28 de la loi de 1905
- L’extrême-droite est-elle vraiment plus antisémite que l’extrême-gauche ?
La rhétorique antisémite symétrique employée par les islamo-gauchistes. 11 mars 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 71 fois | 1 commentaire
Pourquoi Israël est-elle accusée de génocide et de crimes de guerre ?
La rhétorique antisémite chez les islamo-gauchistes répond à un double besoin:
- un besoin moral: l’horreur des crimes commis le 7 octobre par le Hamas abaisse, nous allons voir pourquoi, leurs auteurs et par contagion, tous leurs soutiens. Il s’agit donc de relativiser ces crimes et de montrer qu’Israël commet des crimes au moins équivalents.
- une fascination antisémite pour les juifs et un besoin de revanche. Le succès d’Israël en tant que démocratie (mode de gouvernement quasi inexistant dans le monde musulman), l’intégration des juifs en Occident et leur succès social alors que les musulmans forment une sorte de prolétariat, la création même de l’Etat d’Israël perçue comme une compensation injuste, l’Occident ayant en quelque sorte compensé la Shoah hitlérienne sur le dos des arabes, sont autant de facteurs qui ont renforcé le traditionnel antisémitisme arabo-musulman.
Ces 2 facteurs ont engendré une rhétorique qui se caractérise par la symétrie. Une sorte de « si c’est toi qui le dis c’est toi qui y est » sophistiqué. Il s’agira de montrer qu’Israël n’a aucune supériorité morale, que les juifs ne sont pas à plaindre (du moins moins à plaindre que les musulmans), si possible, que les musulmans subissent une sorte de Shoah et qu’Israël en est à l’origine. Que les musulmans sont aux juifs comme les juifs aux nazis.
Pourquoi les crimes du Hamas sont d’une autre nature que les actions d’Israël à Gaza.
La supériorité d’une civilisation réside dans la façon dont elle choisit ses boucs émissaires. René Girard nous parle d’une tribu où un conflit mortel entre 2 personnes se règle non pas par un combat entre elles mais en sacrifiant leurs enfants et nous sommes en droit de considérer un telle civilisation comme arriérée par-rapport à nous, puisque nous comprenons que ces enfants ne sont en rien coupables, mais simplement utilisés comme une façon commode de résoudre la violence.
Le 7 octobre, le Hamas s’en est pris à des citoyens israéliens et ceci en soi n’est pas un signe de barbarie. Dans la mesure où Israël est un état guerrier tout citoyen, homme ou femme, est mobilisable et donc un ennemi de tous ceux qui sont en guerre avec Israël. Ainsi, si le Hamas avait “simplement” tué des adultes, on aurait pu considérer qu’à la limite, il faisait la guerre. Ce qui est moralement inacceptable, c’est que le Hamas a tué des innocents parfaits, des enfants, des bébés qui par définition ne sont coupables de rien. Et qu’il a torturé / violé des femmes, des hommes et des enfants. En faisant ceci, le Hamas est sorti sinon de l’humanité au moins de la civilisation au sens où nous l’entendons.
Tout homme doué de raison naturelle sent ceci, qu’il soit juif, chrétien ou musulman ;blanc ou noir.
Le crime de lèse-humanité dégrade les peuples jusque dans leur postérité la plus reculée. Ce crime ne consiste pas seulement à exercer l’injustice, mais à la tolérer.
Custine, Lettres de Russie (à propos des crimes d’Ivan le Terrible), dont la Russie ne s’est d’ailleurs de fait toujours pas relevée.
Ainsi, dès le 8 octobre, il était très important pour LFI que les crimes du Hamas ne soient pas qualifiés de terroristes – ce qu’ils sont évidemment, leur seul but étant la terreur et l’humiliation – mais ne constituent “que” des crimes de guerre. La qualification de terroriste aurait mis en évidence la différence de nature – évidente – entre le comportement du Hamas, symbole d’une civilisation arriérée, et celui de l’armée israélienne. Nous verrons comment, dans un 2ème temps, LFI a tout fait pour retourner l’accusation de crime de guerre contre Israël, le but étant de relativiser les crimes du Hamas en mettant Israël et le Hamas dos à dos.
(suite…)Billets associés :- Préparer l’accusation de génocide à Gaza: la rhétorique LFI
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