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Une brève définition du wokisme, cinq corollaires et une critique 25 mars 2024

Par Thierry Klein dans : Wokisme.
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Ceux qui se baladent comme moi sur les réseaux sociaux le savent, il y a toujours un précieux ridicule pour prétendre que le wokisme n’existe pas car il n’aurait pas de définition « scientifique » claire. Le précieux ridicule est en général d’extrême gauche ou étudiant en socio ou à Sciences Po ou lecteur de Libé, tout ceci n’étant évidemment nullement incompatible. La vulgate qu’il reçoit le conditionne à nier le phénomène au nom de la « science », ce qui lui donne un sentiment de supériorité risible quand on connaît le contenu délivré. Ainsi, alors que tout le monde comprend parfaitement et sent ce qu’est le wokisme, l’extrême gauche tente de faire croire qu’il n’existerait pas puisqu’il n’existe pas de définition mettant les wokes d’accord..

La semaine dernière, interrogée en commission d’enquête par le député LFI Aurélien Saintoul (qui est le woke par excellence), Rachida Dati s’est refusée à donner une définition du wokisme. Voir l’échange, assez savoureux, ci-dessous (2 mn).

Alors je m’y colle et je vous donne une brève définition du wokisme. Pour que plus jamais un cuistre ne puisse vous dire que ça n’existe pas.

  1. Le wokisme est une forme de paranoïa consistant à voir partout des micro-agressions. Je rappelle que le woke signifie « éveillé » – ainsi est éveillé celui qui « voit » ou « sent » ces micro-agressions ou micro-oppressions, qui sont censées être politiquement signifiantes.

  2. Ces micro-agressions sont parfois réelles, parfois fantasmées et inexistantes. C’est la sur-sensibilité du woke qui caractérise la paranoïa. Le woke interprète cette sur-sensibilité comme la conséquence d’une oppression passée ou présente. Il se positionne en tant que victime.

    Ainsi, il y a certainement dans la galanterie au moins la trace d’une société où, les hommes étant physiquement plus forts que les femmes, pouvant les contraindre, renoncent de façon marquée à cette possibilité. Il n’y a aucun problème à remarquer ceci, cette constatation est en soi banale. Il y a problème lorsque cette constatation devient invivable à celui qui la constate, à tel point qu’il cherche à faire interdire la galanterie, cas de nombreuses associations féministes.
  3. Ainsi, le wokisme est au départ un problème psychique personnel, qu’on parle de névrose, de psychose ou de paranaoïa. Partagé par beaucoup, cette obsession personnelle acquiert un caractère politique. Pour paraphraser Peguy, on peut dire que le wokisme, c’est du psychique transformé en politique.

  4. L’être humain n’est en général pas heureux. A tous les malheureux de la terre (qui ne sont pas forcément, bien qu’ils le croient, les « damnés » de la terre au sens marxiste), le wokisme fournit un responsable commode de leur mal-être: vous, moi, la société. « Je ne suis pas malade, c’est la société qui m’a opprimé » ou « Je me sens mal parce que la société est méchante ».

    Le discours politique (de gauche en général) a pour fonction de masquer les causes personnelles de la névrose et de permettre à s’en prendre à la société, qui joue le rôle de bouc-émissaire – j’emploie ce terme au sens de René Girard.

    Illustration: l’éco-anxiété conduit un grand nombre de jeunes à refuser d’avoir des enfants alors que l’espérance de vie n’a jamais été aussi grande depuis que l’humanité existe. Il s’agit d’une névrose commune (au double sens de banale et partagée par un grand nombre. Le réchauffement climatique sert d’alibi, permet de ne pas traiter la névrose et de rejeter la responsabilité du mal-être sur la société.

Cinq corollaires…

1. Le terme « woke » n’est incompris que des wokes eux-mêmes. Si quelqu’un pense que le wokisme n’existe pas, il est certainement woke. Tous les autres voient exactement de quoi il s’agit puisque le wokisme se manifeste comme une forme d’inquisition totalitaire que toute personne « normale » ressent immédiatement.

Et une critique…
(L’auteur est parfaitement conscient, cher lecteur, que la définition et la caractérisation du wokisme ainsi données sont non réfutables au sens de Popper et même circulaires : « Est woke qui nie le wokisme ! ». Il en est ainsi de la plupart des maladies psychiques prenant leur source dans l’inconscient. On n’a pas raison contre le fou qui prétend avoir des ailes dans le dos ou être Napoléon réincarné – son système est généralement très cohérent justement parce que destiné à lui masquer sa folie.)

2. Sous couvert d’altruisme et de défense des victimes, le wokisme masque toujours une haine de la société prise comme responsable nécessaire, bouc-émissaire, du sentiment de mal-être ressenti par le woke. Cette haine « de l’intérieur » se marie très bien avec la haine de l’Occident « extérieure » que constitue l’islamisme et est un des ferments de l’islamo-gauchisme (encore un concept dont les cuistres d’extrême-gauche nient la réalité « scientifique »).

3. Le caractère inquisitorial des questions d’Aurélien Saintoul (vidéo ci-dessus) est éclatant. Le wokisme se manifeste toujours comme une inquisition parce que les deux sont, finalement, constitutifs d’un manque de foi. Du woke en son système politique (car il subsiste toujours en lui une partie lucide qui connait sa névrose et cherche à la censurer), de l’église en son système de croyance (consciente que ce système est attaqué par Galilée, consciente aussi que Galilée a raison, il faut réduire Galilée au silence). Le besoin de censure, c’est la croyance en train de disparaître.

4. Le wokisme ne sort pas de nulle part. Il est la partie extrême, la conséquence ultime du progressisme. Une autre façon de dire les choses est que le progressisme est toujours un wokisme light. Il faudrait du temps pour justifier ceci, je le ferai dans un autre billet. D’ici là, je te demande gentiment, cher lecteur, d’admettre ce résultat.

5. La névrose du woke le conduit à capter les agressions imaginaires mais cela ne le rend en rien plus sensible aux agressions réelles. On ne compte plus les wokes qui se sont sentis plus agressés par les affichettes des bébés otages enlevés par le Hamas à Gaza que par les enlèvements eux-mêmes. Le wokisme, c’est le monde vu, au sens propre, par le petit bout de la lorgnette. La poutre sans la paille.

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