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Conflit Israël – Liban: êtes-vous plutôt Materazzi ou Zidane ? 19 juillet 2006

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Allez, pour faire plaisir à Vincent et à Canard, je mets fin – avec une transition qui me semble hyper élégante mais sans doute d’assez mauvais goût – aux billets sur Le Mondial.

Avez-vous vu l’identité apparente de structure entre le coup de boule de Zidane, en réponse à la provoc de Materazzi et la réaction qui semble elle aussi disproportionnée, d’Israël face aux roquettes du Hezbollah ?

Je me suis baladé pas mal dans les blogs et je me suis intéressé à 2 catégories de commentateurs: les musulmans et les juifs français.

Beaucoup de musulmans comprennent ou excusent Zizou et condamnent avant tout, avec une grande logique apparente, la provocation inexcusable de Materazzi sur Zizou. En même temps, ils trouvent mille arguments, tout aussi logiques, pour condamner la réaction inexcusable et disproportionnée d’Israël.

Les juifs français sont aux anges car, étant français, beaucoup ont excusé, voire approuvé, le coup de boule de Zidane, de même qu’ils approuvent la réaction d’Israël. Jacques Attali, lui, qui en tant qu’intellectuel avait condamné le fameux coup de boule, est gêné aux entournures… Le nouveau billet qu’il a écrit sur le sujet pour tenter de faire une sorte de synthèse cohérente de tout ça est de loin le plus confus de son blog. (Prévenez-moi si vous arrivez à en tirer quelque chose).

Il ne s’agit pas de pointer les contradictions dans un camp ou dans l’autre mais juste de montrer que, presque systématiquement, la sensibilité passe toujours en premier, et le raisonnement vient après – alors qu’on a toujours l’impression du contraire. Quels que soient les arguments logiques qu’on emploie, ce sont toujours des rationalisations a posteriori. La logique est une illusion, elle est même l’ennemi car elle permet de donner un caractère rationnel, donc absolu, à un choix pré-établi. Elle ne fait que masquer le caractère complètement partial et affectif du choix initial et donne un sentiment de bonne foi au sujet. Cette bonne foi retarde en fait la solution du conflit, même si ça paraît paradoxal.

Pratiquement tous les commentateurs et auteurs de blogs mettent en avance la bonne foi de leurs propos (voir en particulier les commentaires nombreux sur le blog de Loïc, qui reste de loin le meilleur endroit pour comprendre ce que pensent les gens qui ne pensent pas – j’y mets souvent des commentaires) comme si la solution pouvait naître de la bonne foi. C’est exactement le contraire.

La bonne foi retarde – ou empêche d’arriver à – la solution. Si deux personnes de bonne foi croient sincèrement qu’un objet leur appartient en propre, elles auront beaucoup plus tendance à s’entredéchirer pour le garder que dans le cas où une des deux personnes est de mauvaise foi. En cas de conflit, la personne de mauvaise foi va en général plus facilement "lâcher" l’objet : elle y est de fait moins attachée, pour des raisons psychologiques évidentes.

Il y a des exceptions intéressantes à ce principe et on en trouve une dans la Bible. Deux femmes paraissent devant Salomon et prétendent toutes deux être la mère d’un enfant. Salomon déclare qu’il va trancher l’enfant et donner une  moitié à chacune. C’est la vraie mère, celle qui est de bonne foi, qui alors renonce à l’enfant parce que son attachement pour l’objet est tel qu’elle préfère le perdre que le voir détruit. Dans la réalité, l’être humain n’a que très peu conscience qu’il détruit presque systématiquement tout ce qu’il cherche à posséder et quand c’est le cas, il ne s’en rend compte en général que beaucoup trop tard, après la destruction de l’objet. Le cas de figure de la vraie mère de Salomon n’a donc, malheureusement, qu’un intérêt pratique limité. Je vous renvoie à mes billets sur l’avenir de la planète et de l’homme en général.

Au final, une caractéristique des conflits lourds est qu’ils ont tendance à opposer des gens de bonne foi. Israéliens et palestiniens, par exemple, sont sincèrement convaincus de leurs droits légitimes. C’est bien là le problème du Proche-orient.

Et notons que très souvent, une seule partie de bonne foi suffit pour créer plein de problèmes. J’imagine que Ben Laden (un homme de foi tout court) est un type tout à fait sincère, comme la plupart des intégristes de tous bords. "Je suis contre tous ceux qui croient avoir absolument raison", disait Gary et comme souvent, je suis d’accord avec lui à 100%.

(Quand j’étais petit, je n’avais vraiment aucune notion de Dieu et j’avais une vision en fait assez marxiste des choses. Il me semblait que Dieu était un moyen utilisé sciemment par certains (des sorciers à l’Inquisition, en passant par Franco) pour manipuler les hommes et que Dieu était donc une notion dépassée: petit à petit, avec les Lumières, les gens allaient ouvrir les yeux et les choses s’arranger.

Je ne crois toujours pas en Dieu (enfin, je ne pense pas que j’y crois), mais en vieillissant, je me suis rendu compte que la notion de Dieu n’était pas forcément absurde : des hommes ayant une vision de l’Univers moderne, comme Newton, y ont cru passionnément sans adhérer pour autant aux différentes églises construites en son Nom. Surtout, je me suis rendu compte que cette vision cynique de la manipulation générale, outre qu’elle est paranoïaque, est complètement erronée et en fait extrêmement naïve. Marx et Freud se trompent car la plupart des gens qui se servent de Dieu y croient et sont sincères – largement aussi sincères que ceux qui n’y croient pas. Il y a peut être opium, mais certainement pas opium du peuple uniquement. Les tartuffes conscients sont beaucoup moins nombreux qu’on ne le pense et, en un sens, Marx et Freud ne sont que des penseurs pré-newtoniens, relativement peu intéressants sur ce point – et qui, de plus, n’arrivent pas à la cheville de Newton question résultats quantitatifs ! René Girard dirait que ce sont des penseurs romantiques, c’est en fait une autre façon de dire exactement la même chose.)

Le point qui m’inquiète le plus c’est qu’aujourd’hui, il semble que les réactions "coup de boule" de certains pays très puissants, comme Israël ou les USA, présentent un caractère totalement prévisible, ce qui les rend très facilement manipulables par leurs adversaires et ce qui fait que les terroristes ont une puissance politique largement supérieure à celle qu’ils devraient avoir. Avec 2 ou 3 millions de dollars, Ben Laden a mobilisé plus de 500 000 militaires américains, fait envahir 2 pays et multiplié par 3 le prix du baril. Une poignée de terroristes kamikazes ont réussi à freiner durablement le processus de paix israélo-palestinien (c’était une stratégie facile à mettre en oeuvre puisque Sharon disait que si Arafat ne contrôlait pas ses terroristes, il n’y aurait pas de paix, renforçant au final ainsi le pouvoir des terroristes. Pour enlever de l’influence aux terroristes, il aurait au contraire fallu montrer que les attentats n’avaient pas de conséquence politique).

Imaginez une équipe de foot dont les adversaires sont sûrs que les joueurs vont réagir comme Zizou à toute provocation… Une telle équipe ne gagnerait rapidement plus aucun match, quelle que soit sa force intrinsèque

Ce qui se passe au Liban aujourd’hui, c’est que l’Iran a trouvé le bon chiffon rouge pour déplacer l’intérêt de la communauté internationale. Pour l’instant, l’Iran est le seul vrai vainqueur du conflit libanais. Et je crains qu’il ne le reste.

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Commentaires»

1. Vincent M. - 19 juillet 2006

Transition passionnante ! J’ai trop sommeil pour être en mesure d’en discuter les termes mais sur bien des points, je signe !

2. canard - 20 juillet 2006

Le seul blogueur capable de passer du protège-tibia à la géopolitique!
Sacré Lapin…

3. boutargue - 20 juillet 2006

Je suis sûr que les populations qui reçoivent des missiles du Hezbollah comprendront votre raisonnement .Dorénévant elles pourront dire "même pas mal" à ces islamistes totalitaires et le tour sera joué !! Heureusement pour vous que les alliés n’ont pas raisonné ainsi avec les provocations d’Hitler : vous ne seriez pas là pour nous faire d’aussi belles démo .

4. Thierry - 20 juillet 2006

Pour Boutargue:
Les démocraties de 33 à 39 avaient exactement le même défaut que celui que je cite dans mon article: elles étaient prévisibles dans leurs réactions, "résolues à être irrésolues", comme disait Churchill. Leur affaiblissement – et la guerre – sont venus de là.

5. davideo - 24 juillet 2006

Hum. La note n’est pas très claire : Contre une agression, soit on réagit comme Israël et c’est la guerre, soit on ne réagit pas comme les démocraties de 33 à 39 et c’est la guerre. Alors qu’est-ce qu’il faut faire ?

6. Thierry Klein - 24 juillet 2006

Je pense que c’est la réaction prévisible à coup sûr par l’adversaire qui crée le danger. Parfois, le danger, c’est la guerre, mais pas toujours. En 33, il fallait réagir avant (ce n’est pas une question de vengeance ou d’honneur, mais d’éthique et de rapport de forces) et Hitler a tiré un avantage énorme du fait qu’il savait qu’il n’y aurait aucune réaction.

Aujourd’hui, au Liban, il y a clairement 2 composantes dans la réaction d’Israel: la composante « réaction automatique face à la violence », qui à mon avis n emène à rien, affaiblit Israël et ses adversaires en tirent parti depuis des années; et la composante stratégique d’élimination d’un danger réel, sur laquelle je n’ai pas d’avis car je n’ai pas toutes les données, mais qui me semble nettement plus saine.

Dans ce contexte, la réaction « proportionnée » à l’attaque ne veut évidemment rien dire: les forces de combat doivent être proportionnées à l’objectif à atteindre, et non pas aux attaques initiales du Hezbollah.

Ceux qui demandent une réaction « proportionnée » ou « mesurée » devraient comprendre, au bout d’un moment, qu’il ne font qu’entériner un cycle de vengeance qui ne mènera à rien. Moi, je préfère nettement la composante stratégique de la réaction, celle qui peut aboutir à quelque chose de positif. Et j’espère que c’est cetet composante qui domine actuellement (mais j’en doute franchement)

7. Naguida - 25 juillet 2006

Analyse judicieuse,
C’est domage, nous sommes au 21ème siècle et notre comportement est toujour égale à celui de nos ancètres.
Nous devons comprendre que le monde d’aujourd’hui appartient auc COMMERCANTS. la preuve, il suffit d’une petite etincelle quelque part, pour que les bourses explosent. Comme quoi, l’économie a trouvé son combustible.
Moi, j’appartient à un pays considéré comme sous-developpé, parceque du point de vue IDH, l’habitant est le plus malheureux, mais pourtant, chez moi, c’est la paix totale, dans la pauvreté, les gens sont soudé et fraternels.
Les arabes et les israeliens gachent leur vie, ils ne connaitrons jamais le bonheur sur Terre tant qu’il continuerons comme ça.
DOMAGE, vraiment Domage.

8. trajan - 28 juillet 2006

N’importe quoi! Faut-il comparer un conflit de cette importance à un simple conflit entre deux demeurés du foot?! Mais vous devenez tous fous ou quoi! Quand on sait que des pauvres enfants sont exploités pour fabriquer des ballons de foot! Tout ça pour voir de la violence sur les terrains! Honteux! Un conflit, c’est déplorable! C’est toujours les civiles qui sont pris pour cible! Le monde dvient complètement fou!

9. Le libanais - 9 août 2006

La guerre des scionistes était preparer avant et devait arriver plus tard.
Ce qui explique qu’elle a été programé avant, c qu’ils connaissent tout les pont, toutes les antennes de chaines tv, tout les endroits ou vivent de grandes familles.
Ce qui explique qu’elle était programmé pour plus tard c l’incapaciter de l’armer israelienne a terre.
Le hezbollah n’est pas un groupe ISLAMISTE RADICAL TERRORISTE et autres connerie; 1: il y a des chretiens dans le Hezbollah, 2:Le hezbollah est une resistance, vous vous souvenez de hitler qui disait que la resistance Francaise était Terroriste et ben hitler olmert dit la meme chose sur le Hezbollah.
Ce message est adresser a tout les neutres car les israeliens comme les libanais ne changerons pas davis