De l’importance des poires 30 octobre 2006
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 10 039 fois | 4 commentaires
Il y a un roman de Kundera, je crois que c’est "Le livre du Rire et de l’Oubli" où la mère du héros, au moment de l’invasion de Prague par les chars russes s’inquiète parce que du coup personne n’est disponible pour cueillir les poires du jardin. Evidemment, aux yeux de tous, la cueillette des poires du jardin paraît une activité bien futile au regard de l’Histoire en marche. Pourtant, le héros, Karel, quelque temps après, sympathise avec le point de vue sa mère et adhère même à son point de vue: la poire est éternelle et le tank est périssable. Ce que le héros veut dire, je pense, c’est que si un jour la poire ne revenait plus, les effets seraient infiniment plus dévastateurs que la présence ou que la disparition du tank.
Kundera prend aussi l’exemple du merle, qui a abandonné son habitat forestier pour suivre l’homme dans les villes. Evidemment, les historiens "sérieux" n’interprèteront pas l’histoire des derniers siècles comme celle de l’évolution de l’habitat du merle – il y a eu deux guerres mondiales, le nucléaire, le proche-orient, etc… – mais au regard de la planète, l’évolution des habitudes du merle est plus importante que les péripéties historiques de l’histoire humaine.
L’histoire du temps présent, c’est que de plus en plus de personnes sont en train d’adopter le point de vue de la mère du héros de Kundera parce qu’au fur et à mesure que l’éternel retour de la poire se fait de plus en plus douteux, ces sujets dit "futiles" passent au premier plan. Il y a encore 20 ans, seuls les doux dingues, les écolos et quelques gauchistes faisaient passer ces considérations "écologiques" au premier plan. Et encore n’avaient-ils le plus souvent que des justifications très affectives ou personnelles comme la mère de Karel.
Mais maintenant que la survie de la planète, des espèces et de l’homme est devenue douteuse, tous les critères "classiques" au sens historique du terme (c’est à dire qui mettent l’homme au centre) sont devenus obsolètes et ceux qui ne le comprennent pas (ou qui ne l’interprètent que comme un mouvement d’opinion dont il faut tirer parti comme le font la plupart de nos politiques) vivent dans le passé.
Et je vous cite à nouveau Romain Gary (dans L’Affaire Homme, c’est bien de ça qu’on parle), parce qu’on ne saurait mieux dire :
"Il est absurde d’encombrer nos musées d’oeuvres d’art et de dépenser par millions pour la beauté, puis de la laisser détruire gratuitement, dans toute sa splendeur vivante."
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Gamies 2.0 27 octobre 2006
Par Thierry Klein dans : Gamies.Lu 6 523 fois | 4 commentaires
Je vous avais parlé il y a déjà un certain temps de Gamies et de ma volonté de le transformer en un site humanitaire, à la mode 2.0, l’idée étant que n’importe qui pourra mettre un jeu dans son site et que les bénéfices éventuels serviront à la sauvegarde de la planète.
Julien vient de faire un petit script (petit pour vous, mais un grand pas pour nous) qui vous permet de mettre le jeu ci-dessous sur votre blog.
Evidemment, c’est encore de l’alpha de chez alpha. Mais c’est quand même déjà du collaboratif aussi. Si vous mettez ce jeu sur votre blog, tous les joueurs de tous les blogs concourent ensemble au sein d’une ligue de nature « 2.0 » et les mieux classés s’affichent…
Vous verrez, Julien a choisi un jeu simple, mais assez « addictif ».
On compte gagner de l’argent (éventuellement) à travers :
- des sponsors qui paient les bandeaux intersticiels qui s’affichent avant et après le jeu (pour l’instant, Julien a mis une pub pour sa société, Phoceis)
- AdSense (évidemment)
- la dynamique immense qui peut être générée par les blogs, si cette idée s’avère bonne
Pour l’instant, c’est assez basique, mais évidemment, nous avons des plans pour:
- servir différents jeux et réaliser des ligues « multi-jeux, multi-joueurs » (avec la possibilité pour chaque blogueur, en prenant un seul script, d’avoir « le jeu du jour » ou « de la semaine » sans modifier son script)
- développer les aspects collaboratifs pour que les jeux puissent être envoyés, partagés plus simplement, qu’on puisse accéder aux sites des joueurs, laisser des commentaires, etc…
- partager la bande passante pour que chaque blogueur prenne le jeu sur son site et le mette à disposition du public (c’est une condition collaborative clé pour que nos frais de bande passante n’explosent pas, si cette initiative a du succès). Chaque blogueur contribue ainsi un peu à l’entreprise (avec un coût nul pour lui dans 99,9% des cas)
Alors, copiez donc le petit code ci-dessous dans un billet de votre blog ou de votre site et tentez le coup !
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Mieux vaut condamner l’incompétence que rendre chaque citoyen compétent 25 octobre 2006
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 069 fois | 3 commentaires
Dans la volonté de Ségolène Royal de constituer des jurys de citoyens, il y a au moins une illusion et un non-dit.
L’illusion, c’est qu’un tel jury serait plus à même d’évaluer les politiques publiques que le corps électoral pris dans son ensemble. C’est une sorte de généralisation du « small is beautiful » repris actuellement par Ségolène Royal dans la phrase « chaque citoyen est un expert ». Or n’importe quel avocat d’assises vous le confirmera, il n’y a rien de plus manipulable qu’un jury encadré par un expert. C’est le comportement du juge dans le huis clos qui suit les débats qui fait la condamnation dans 90% des cas – du moins dans la pratique française.
Le non-dit, c’est que la principale raison d’être du jury, c’est l’anonymat des participants. Comme le jury a historiquement le droit de vie et de mort, il ne faut pas que la vengeance du condamné – ou de sa famille – puisse se retourner contre un des membres en particulier. Dans tous les pays où il y a une tradition de peine de mort, le jury est composé de membres anonymes. Pour la même raison, tous les fusils du peloton d’exécution sont chargés à blanc sauf un seul – mais ces fusils sont distribués au hasard aux tireurs, ce qui fait que le crime est anonyme, « réparti » entre tous les tireurs. Il n’y a plus de responsabilité individuelle, donc la vengeance est impossible.
Ce que veut Ségolène Royal, consciemment ou pas, c’est donc flinguer les élus de façon anonyme, au nom du Peuple Français ! Que la démocratie actuelle ne fonctionne pas, qu’elle ait des problèmes de représentativité, c’est un fait. Mais le jury n’est qu’une réponse inadaptée de plus à un problème réel.
D’ailleurs, le problème n’est pas tant dans la représentativité – rien n’a changé depuis les années 60 – que dans le fait que la classe politique est perçue comme soudée, fermée et corrompue et que les hommes politiques ne sont condamnés que dans des cas extrêmes car la corruption, concrètement, c’est presque toujours improuvable.
Il y aurait à mon avis une façon simple de crédibiliser la vie politique, c’est de faire une loi qui identifierait corruption et incompétence. Autrement dit, le juge n’aurait plus besoin de prouver la corruption ou le détournement de fond, il devrait juste mettre en évidence le fait que la collectivité a été lésée, même sans raison apparente. Aux Etats-Unis, cette notion existe et contribue grandement, à mon sens, à la confiance des citoyens dans leurs institutions – et au sens de l’intérêt public que peuvent avoir les élus et les fonctionnaires !
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Les Courjault nient toujours être les parents des bébés décédés 11 octobre 2006
Par Thierry Klein dans : Humeur.Lu 4 399 fois | 3 commentaires
Pourtant, l’ADN prouve le contraire.
On va descendre dans le sordide (miam !) parce que la femme est forcément au courant, alors que l’homme peut être de bonne foi.
Ajout 12/10/2006: Elle a avoué, ça y est.
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Pas de démocratie sans pouvoir personnel 9 octobre 2006
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 695 fois | 1 commentaire
Jacques Attali fustige, sur son blog, non pas la décision de Jacques Chirac de mieux valoriser les pensions des anciens combattants d’outre-mer, mais la façon dont la mesure a été prise. Suite à un film et sans débat parlementaire. « Peut-on appeler démocratie, se demande-t-il, un pays où un président peut décider à sa guise de l’usage du budget de la nation ? ».
Il faut bien sûr éviter le glissement de la démocratie vers le despotisme. Mais pour moi, un des grands dangers de toutes les démocraties, c’est le glissement vers une forme de dictature bureaucratique.
Le jour où plus personne en France ne pourra prendre de décision seul, cela voudra dire que nous sommes dans un système soviétique où les assemblées (du peuple) et les administrations contrôlent tout, décident de tout – rien de plus inhumain.
Et je trouve plutôt rassurant, à partir du moment où il est élu démocratiquement, que le Président puisse prendre des mesures significatives en urgence, surtout quand il s’agit de mesures symboliques telles que l’augmentation des pensions ou la nécessité de la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie.
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