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Mieux vaut condamner l’incompétence que rendre chaque citoyen compétent 25 octobre 2006

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Dans la volonté de Ségolène Royal de constituer des jurys de citoyens, il y a au moins une illusion et un non-dit.

L’illusion, c’est qu’un tel jury serait plus à même d’évaluer les politiques publiques que le corps électoral pris dans son ensemble. C’est une sorte de généralisation du « small is beautiful » repris actuellement par Ségolène Royal dans la phrase « chaque citoyen est un expert ». Or n’importe quel avocat d’assises vous le confirmera, il n’y a rien de plus manipulable qu’un jury encadré par un expert. C’est le comportement du juge dans le huis clos qui suit les débats qui fait la condamnation dans 90% des cas – du moins dans la pratique française.

Le non-dit, c’est que la principale raison d’être du jury, c’est l’anonymat des participants. Comme le jury a historiquement le droit de vie et de mort, il ne faut pas que la vengeance du condamné – ou de sa famille – puisse se retourner contre un des membres en particulier. Dans tous les pays où il y a une tradition de peine de mort, le jury est composé de membres anonymes. Pour la même raison, tous les fusils du peloton d’exécution sont chargés à blanc sauf un seul – mais ces fusils sont distribués au hasard aux tireurs, ce qui fait que le crime est anonyme, « réparti » entre tous les tireurs. Il n’y a plus de responsabilité individuelle, donc la vengeance est impossible.

Ce que veut Ségolène Royal, consciemment ou pas, c’est donc flinguer les élus de façon anonyme, au nom du Peuple Français ! Que la démocratie actuelle ne fonctionne pas, qu’elle ait des problèmes de représentativité, c’est un fait. Mais le jury n’est qu’une réponse inadaptée de plus à un problème réel.

D’ailleurs, le problème n’est pas tant dans la représentativité – rien n’a changé depuis les années 60 – que dans le fait que la classe politique est perçue comme soudée, fermée et corrompue et que les hommes politiques ne sont condamnés que dans des cas extrêmes car la corruption, concrètement, c’est presque toujours improuvable.

Il y aurait à mon avis une façon simple de crédibiliser la vie politique, c’est de faire une loi qui identifierait corruption et incompétence. Autrement dit, le juge n’aurait plus besoin de prouver la corruption ou le détournement de fond, il devrait juste mettre en évidence le fait que la collectivité a été lésée, même sans raison apparente. Aux Etats-Unis, cette notion existe et contribue grandement, à mon sens, à la confiance des citoyens dans leurs institutions – et au sens de l’intérêt public que peuvent avoir les élus et les fonctionnaires !

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Commentaires»

1. OM - 27 octobre 2006

Pourquoi attendre 5 ans, c’est à dire la prochaine élection pour pouvoir corriger le tir ?
Les jurys apporteront une solution rapide et efficace aux erreurs de bos gouvernants.
Dans un monde ou l’on veut tout évaluer (les professeurs, les employés, le niveau de nos étudiants…)y -a-t-il une raison pour que nos gouvernants ne subissent pas la même chose ? C’st une question de justice et d’équité.

2. Thierry Klein - 27 octobre 2006

Ca fait quand même du bien d’avoir un commentaire de gauche sur ce blog !

3. mry - 30 octobre 2006

Je suis d’accord avec ta note !…