Sur l’IA, la direction politique européenne n’est pas à la hauteur 12 février 2025
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 126 fois | trackback
Quel contraste entre la déclaration oxymoresque signée hier par les pays européens pour une IA « inclusive, éthique, sûre et ouverte » et le discours du vice-président américain JD Vance, à ce jour le meilleur discours prononcé par un politique sur le sujet. JD Vance a fait preuve d’une compréhension en profondeur de ce qu’est l’intelligence artificielle là où Macron, dans son interview télévisée sur France 2, n’a exhibé qu’un vernis et a accumulé les pontifs.
Que signifie d’abord une IA « inclusive » ? Cela signifie en réalité une IA biaisée, de façon à ce que les minorités y soient sur-représentées par-rapport à leur présence réelle. Ainsi, comme le souligne Vance, qui s’est opposé à la déclaration européenne (« The Trump administration will ensure that AI systems are free from ideological bias« ), les IA entrainées dans un sens « woke » font apparaître des George Washington noirs dans leurs résultats. Une IA inclusive, c’est un IA peu performante, qui nous ment et produit des résultats faux. Or nous devons développer des IA performantes, qui recherchent la vérité. La déclaration européenne (approuvée d’ailleurs par la Chine qui n’en aura cure) nous fait prendre du retard dès l’objectif, comme si, au moment du développement du rail, nous avions développé les gares à la campagne.
Qu’est-ce qu’une IA éthique ? C’est une IA à qui on impose de respecter des contraintes déraisonnables au niveau de la propriété des données personnelles et de son entrainement. JD Vance parle d’étranglement et signale à juste titre que le « Digital Act » européen engendre des coûts de développement complètement dingues pour les petites entreprises, au détriment de l’innovation et a pour conséquences que petites et grandes entreprises boycotteront souvent l’Europe, non seulement comme cible mais comme lieu d’implantation de leur centre de R&D. Là aussi, retard pour les sociétés européennes.
Qu’est-ce qu’une IA « sûre » ? Pour Vance, les seules initiatives de régulation devraient concerner la lutte contre le crime (exemple, la pédophilie) et la lutte contre les dictatures (il vise évidemment la Chine) de façon à les empêcher de copier les développements faits aux Etats-Unis. La vision optimiste « a priori » des américains peut sembler naïve aux européens mais, sur un plan géostratégique, Vance poursuit finalement la guerre du Péloponnèse, démocratie athénienne contre dictature spartiate. « Focus on opportunity, not on safety » : il appelle les pays européens à plus de confiance et à « éviter toute mesure conservatoire de régulation » (ce que nous serons évidemment incapables de faire). Progresser d’abord, réguler si nécessaire ensuite pour ne pas casser l’innovation – c’est contraire à la philosophie même du Digital Act européen.
Un conflit politique est à venir sur la propriété des données. « Nous avons un problème avec le fait que des gouvernements étrangers semblent vouloir limiter le rayon d’action des entreprises américaines ayant une empreinte internationale« . Rappelons que l’administration américaine se réserve un droit de regard sur toutes les données détenues par des entreprises US, où qu’elles soient – ce qui fait que les données françaises chez Amazon sont consultables aux US. Des voix européennes souveraines se sont élevées contre ce contrôle et demandent, à juste titre, une réciprocité. Compte tenu de la guerre commerciale à venir, de la mollesse européenne et de notre incompréhension du sujet, nous ne l’obtiendrons jamais.
Vance compare la révolution IA à celle de la machine à vapeur, ce qui est la meilleure analogie qu’on puisse trouver car l’IA est effectivement à l’intelligence humaine ce que la machine à vapeur a été aux forces humaine et animale. Son seul point commun avec Macron est qu’il reste optimiste sur les conséquences de l’IA sur le monde du travail. « L’IA va aider les gens dans leur travail et créera des opportunités, nous nous refusons à y voir une simple force disruptive qui ne ferait qu’automatiser le monde du travail » (Vance), « L’IA aidera l’humain sans s’y substituer » (Macron). Je suis donc en désaccord complet avec la seule chose qui les rassemble: l’IA va être au travail intellectuel ce que la machine a été aux manufactures. Un grand nombre de professions vont disparaître – ça a commencé pour les journalistes mais à relativement court terme, avocats, médecins ainsi qu’un grand nombre de managers et d’industrie seront touchés. Même le monde artistique n’y échappera d’ailleurs pas.
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