Capital Altruiste sur M6 29 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Entreprise altruiste,Racines du Ciel,Scooters électriques.Lu 5 529 fois | 7 commentaires
Après l’intro, le passage intéressant se situe à partir de 2’40 » jusqu’à 3’55 »
(Merci à Isabelle d’être restée 2h au lieu des 30 mn prévues initialement pour pouvoir interviewer les premiers utilisateurs et qui a réussi à me filmer juchée à l’envers et à califourchon sur un scooter électrique, caméra au poing. Vous ne réalisez pas à quel point les images d’intro ont nécessité une grosse prise de risques au bénéfice de la cause animale !)
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Capital Altruiste, Journal de FR3 (Direct)
Par Thierry Klein dans : Entreprise altruiste,Racines du Ciel.Lu 6 333 fois | 3 commentaires
D’abord un grand merci à Vincent Dupire et à son équipe pour m’avoir invité à parler du Capital Altruiste jeudi dernier. Un journal en direct, c’est vraiment impressionnant et incroyablement précis (à la seconde près).
Vincent avait presque tout lu sur le sujet, à partir de ce blog, ce qui, outre une grande conscience professionnelle, montre une capacité de résistance à l’ennui quasiment infinie.
Je suis surpris aussi qu’il ait réussi à me faire cracher des choses à peu près claires sur le Capital Altruiste en 5 mn, moi qui d’habitude ait besoin d’au moins une demi-heure pour (ne pas) me faire comprendre !
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Sortie du site Capital Altruiste
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 3 958 fois | ajouter un commentaire
Le site du Capital Altruiste est sorti vendredi, en même temps que le lancement des Racines du Ciel.
Un GRAND merci à Mathieu (n°1) pour son travail. Mathieu (n°2) va peut être nous faire le logo d’ici peu.
Je reviendrai sur la journée de lancement des Racines du Ciel et du Capital Altruiste. Ca m’a donné la pêche.
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Pourquoi « Les Racines du Ciel » ? 24 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Racines du Ciel.Lu 5 872 fois | 2 commentaires
C’est la question que me pose Stéphane: pourquoi l’entreprise de deux-roues électriques que je lance vendredi s’appellera-t-elle « Les Racines du Ciel ?
Trois citations pour y répondre.
On a bien voulu écrire, depuis la parution des Racines du Ciel il y a vingt-quatre ans, qu’il était le premier roman « écologique », le premier appel au secours de notre biosphère menacée. Je ne mesurais cependant pas moi-même, à l’époque, l’étendue des destructions qui se perpétraient ni toute l’ampleur du péril.
Romain Gary, 1980, Nouvelle préface
C’est une satire amère qui prouve combien le monde est peu rationnel. Les éléphants sont symboliques, tout comme la Baleine blanche. Ce qui est dramatisé c’est l’interprétation personnelle que chacun donne aux faits et la distorsion personnelle des évènements
Anaïs Nin, Journal, 1956
Car il fallait que l’opinion publique sût qu’en ce siècle de défaitisme et d’acceptation, des hommes continuaient à lutter pour l’honneur du nom d’homme et pour donner à leurs espoirs confus un élan nouveau. […] Du Baïkal à Grenade et de Pittsburgh au Tchad, le printemps souterrain qui vivait sa vie cachée dans la profondeur des racines allait surgir à la surface de la terre de toute la puissance irrésistible de ses milliards de pousses faibles et tâtonnantes.
Romain Gary, Les Racines du Ciel, 3ème partie.
Vous noterez combien cette dernière citation est proche de Germinal – et avec le Capital Altruiste, il y a aussi un côté social dans Les Racines du Ciel:
Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre
« Les Racines du Ciel », c’est donc un peu pour tout ça, et pour ceux qui veulent en savoir plus, le livre de Gary sera offert ce vendredi à tous les visiteurs (du moins si Amazon.fr ne merde pas).
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Subprimes: ce que Bush a fait, ce que Sarkozy va dire, ce qu’il aurait fallu faire 23 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 611 fois | ajouter un commentaire
Bush vient de faire faire le mauvais deal suivant au citoyen américain: il garantit à peu près 5 000 dollars de dettes « subprime » et, en contrepartie, que gagne-t-il ? Rien. L’Etat n’a pas pris de capital dans les organismes qu’il vient de sauver. Pour le citoyen américain, c’est high risk, no return.
Au final, tout ça reste très confortable pour Wall Street. « Never was so much owed by so few to so many« , comme aurait dit Churchill.
Au minimum, l’Etat aurait dû imposer les conditions suivantes :
- Prise de participation de l’Etat au capital, à hauteur des dettes garanties. De cette façon, si les actions remontent, l’Etat (le citoyen)à dégage une plus-value
- Interdiction à toutes les banques d’engager des dépenses de lobbying (dans la situation actuelle, le citoyen américain finance de fait le lobbying de l’institution dont il est financièrement le garant, et qui agit contre ses intérêts)
- A très court terme (moins de 6 mois), de nouvelles règles financières (meilleure couverture des prêts, transparence, contrôle…). La garantie financière est subordonnée à l’acceptation totale de ces règles.
Sarkozy (jeudi prochain) va aller beaucoup plus loin que Bush, en paroles. Il va attaquer Wall Street, peut-être même personnaliser le débat – ça paye toujours, exiger des réformes financières, une surveillance internationale, demander à ce que les actionnaires donnent une partie du capital des banques, etc…
Mais Sarkozy, c’est bien confortable, n’a aucun pouvoir, ni aucun lien avec la crise en cours. Le principal effet de son intervention sera qu’il gagnera quelques points dans les sondages, puis tout sera oublié.
Surtout Sarkozy, comme Bush, ne voit de crise que financière. Or si le crash est financier, l’origine profonde de la crise est économique.
Le consommateur américain, depuis 30 ans, a dû travailler de plus en plus, puis s’est endetté pour consommer et se loger. La crise des subprimes ne provient pas uniquement d’une titrisation magique, mais de l’endettement, rendu nécessaire pour subsister au fur et à mesure de la mondialisation, du citoyen américain.
Deux raisons principales à cet endettement: la position du travailleur américain dans le rapport de force avec son employeur s’est dégradée (la mondialisation l’a mis en compétition avec la planète entière), alors que l’influence de la publicité (qui génère une propension à consommer) a augmenté.
A très court terme, pour améliorer la position économique des foyers américains, qui supportent la totalité de l’effort actuel, on aurait pu au moins leur permettre de renégocier leur crédit immobilier.
Parce qu’aujourd’hui les banquiers sont sauvés, mais pas les emprunteurs de base à qui on a fourgué des crédits dans des conditions honteuses. Ceux-là restent soumis aux mêmes conditions d’emprunt et les situations dramatiques se multiplient aux USA.
Leur permettre au moins de renégocier les termes de leur emprunt immobilier pour éviter la multiplication des banqueroutes personnelles.
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Embaucheriez-vous Edouard d’Archimbaud ? 22 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Pour rire ....Lu 7 654 fois | 1 commentaire
Alors que jusqu’à présent, ce sont surtout des banques et des institutions qui pâtissent de la crise financière, le jeune Edouard, fraîchement diplômé de l’X, a attendri la presse anglo-saxonne (il en faut pourtant pas mal) et française (Europe 1, Le Figaro) entre autres par le récit détaillé de ses malheurs.
Je ne m’en serais pourtant pas vanté partout.
Le type, il est engagé à la City comme trader. Au moment de partir pour Londres, l’Eurostar brûle, première galère.
Puis il se pointe au boulot LE JOUR MEME où Lehman Brothers fait faillite. Il est licencié illico. Les employés de LB se sont bien bidonnés, paraît-il.
Comme c’est un mec organisé et prévoyant, tout le contraire de moi, avant d’aller au boulot, il a signé son bail (environ 1200 EUR/mois, 6 mois de préavis !). Il se retrouve scotché à Londres.
Edouard a répandu ses malheurs dans la presse et il est devenu une sorte de people (mais sans les avantages sexuels et financiers du people normal, lui, il a juste reçu plein de messages sur Facebook).
A mon avis, il aurait intérêt à la boucler sous peine de devenir une sorte de mistigri que les boîtes vont tenter de refiler sous le manteau à leur pire concurrent. Il y a quelques jours, le gouvernement de Madagascar avait bien, dans son immense sagesse, congédié un ambassadeur qui avait le mauvais oeil.
Surtout, ne te résigne pas, Edouard. Ta chance PEUT tourner. J’organise bientôt un concours gratuit avec tirage au sort. Je vais tout faire pour que tu gagnes le premier prix : un voyage.
En Afghanistan.
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Lancement du 26 septembre: le programme 20 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Racines du Ciel,Scooters électriques.Lu 4 572 fois | 4 commentaires
On me demande le programme pour le 26 septembre. Je vous en donne un premier jet, n’hésitez pas à me laisser vos commentaires.
Durant toute l’après-midi, il y a aura champagne, petits fours et possibilités d’essayer tous les véhicules, à tout moment.
Vous pouvez venir à n’importe quel moment, mais je vous conseille soit 16h, soit 18h, si le Capital Altruiste vous intéresse.
16:10 – Allocution préliminaire de Marie-Noëlle Lienemann, Vice-Présidente de la Région Nord-Pas de Calais et Député Européen.
16:15 à 16:45 – Introduction sur le Capital Altruiste + questions (par ma pomme)
18:15 – 18:45 – Introduction sur le Capital Altruiste + questions (par ma pomme) – la même chose, car vous ne pourrez pas tous être présents à 16h…
En dépit de mon narcissisme exacerbé, je me tiendrai à 30 mn maximum, questions comprises, pour mes interventions. Ceux qui ne sont pas intéressés pourront continuer à faire joujou avec les scooters et si vous souhaitez continuer la discussion sur le fonds, je suggère qu’on termine la soirée à l’Apéro Blog en Nord, comme l’a suggéré Eric.
Reste à définir le mécanisme d’attribution des véhicules. On me reproche aussi de ne pas l’avoir défini. Thierry B. me suggère une tombola, mais je ne suis pas trop pour. Mon idée initiale était « premier arrivé, premier servi »…
En tous cas, pour ceux qui viennent de loi et qui m’ont écrit – un d’entre vous vient de Marseille ! – c’est promis, je vous en réserve un. Je reviendrai vers vous sur ce point.
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Crise économique, d’abord. 17 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 7 698 fois | 16 commentaires
Tout le monde parle de crise financière pour les subprimes. La réalité, c’est qu’on assiste aux Etats-Unis à l’aboutissement du capitalisme mondialisé tel que nous le connaissions.
Le crédit aux particuliers s’y est développé de façon massive. Les américains se sont non seulement endettés pour leur logement (les subprimes), mais aussi pour leur consommation. Il y a 1000 milliards de dollars de crédit revolving, non comptabilisés dans la crise des subprimes, qui ne seront peut être jamais remboursés.
La vraie question c’est « Pourquoi un tel endettement du consommateur américain » ?
Dans les 30 dernières années, les femmes se sont mises au travail (plus qu’en France), les temps de travail eux-mêmes ont augmenté (bien avant la France), mais cela n’a pas suffi pour que le travailleur américain puisse tenir. Il a dû emprunter pour ses fins de mois (le crédit revolving) puis pour se loger (les subprimes). Le développement du crédit a été, en ce sens, la dernière tentative du monde du Travail pour résoudre l’impossible équation que lui posait le Capital.
La mondialisation a fait que le travailleur américain est de fait en concurrence avec la planète entière. Au début, il a tenté de s’adapter, maintenant, il est au bout. Les capitaux peuvent s’évader, pas lui.
Le crédit presqu’illimité dont il a joui n’a finalement fait que retarder l’explosion, mais ne l’a pas créée. La crise n’est pas financière, elle est économique. Le côté financier rend le tout plus spectaculaire mais cela fait des années que les USA seraient en récession s’il n’y avait pas eu crédit.
Je rappelle ça à tous ceux qui pensent qu’on peut s’en sortir juste en devenant plus performants, en travaillant plus, etc…
A ceux qui trouvent que les USA est un pays formidable, où on peut créer des boîtes (c’est vrai), où les magasins sont ouverts le dimanche, où les employés sont sympas dans les restaurants, les boutiques, où les rapports avec les gens sont plus naturels et moins tendus qu’en France (ouf ! pas de syndicats, pas d’inspection du travail !)…
C’est vrai, c’est vrai, c’est vrai ! Et j’adore les USA justement pour ça.
Mais nier la lutte des classes ne suffit pas pour l’empêcher de se manifester.
(Ceux qui suivent ce blog auront noté que cette dernière phrase est presque digne du Dr House.)
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Dr House, Edgar Poe, Lacan: la Vérité est ailleurs. 15 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Dr House.Lu 12 772 fois | 2 commentaires
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Avertissement: la citation ci-dessous est quasiment incompréhensible. Je ne me suis résolu à l’utiliser que pour faire avancer mon schmilblick.
Regardons de plus près ce qui arrive aux médecins. On ne nous fait grâce de rien quant aux procédés dont ils fouillent l’espace voué à leur investigation, de la répartition de cet espace en volumes qui n’en laissent pas se dérober une épaisseur, à l’aiguille sondant le mou, et, à défaut de la répercussion sondant le dur, au microscope dénonçant les excréments de la tarière à l’orée de son forage, voire le bâillement infime d’abîmes mesquins. À mesure même que leur réseau se resserre pour qu’ils en viennent, non contents de secouer les pages des livres à les compter, ne voyons-nous pas l’espace s’effeuiller à la semblance de la maladie ?
Cette citation est extraite d’une leçon de Jacques Lacan sur la Lettre volée, une fameuse nouvelle d’Edgar Poe.
La lettre volée est un objet que tout le monde recherche mais que seul le détective Auguste Dupin parvient finalement à retrouver en usant non pas de méthodes policières mais psychologiques.
Dans la citation de Lacan, j’ai juste remplacé les mots « policiers » et « lettre » par « médecins » et « maladie » pour montrer à quel point le commentaire de Lacan semble s’appliquer (mais par anticipation !) à Dr House.
Il y a d’un côté les médecins, qui cherchent méthodiquement, sans rien trouver de définitif, en utilisant des méthodes d’enquête purement médicales. La série ne nous épargne ni les moyens, ni les images « choc », en synthèse 3D, images spectaculaires mais finalement peu intéressantes concernant la progression de ces recherches qui ne sont que le pendant des recherches policières systématiques que Lacan décrit en des termes presque identiques:
« la série trop connue des cachettes extraordinaires : dont on nous donne la revue, des tiroirs dissimulés du secrétaire au plateau démonté de la table, des garnitures décousues des sièges à leurs pieds évidés, du revers du tain des glaces à l’épaisseur de la reliure des livres. »
D’un autre côté, le Dr House, la plupart du temps, comme le détective Dupin, ne participe pas aux recherches, ni aux examens, mais va lui résoudre la maladie par d’autres moyens.
Pour Lacan, tout est une question de « regard » :
« Le premier est d’un regard qui ne voit rien : c’est le Roi, et c’est la police. (Cuddy, l’équipe du Dr House…)
Le second d’un regard qui voit que le premier ne voit rien et se leurre d’en voir couvert ce qu’il cache : c’est la Reine, puis c’est le ministre. (Certains membres de l’équipe du Dr House, pas toujours les mêmes, percent en général partiellement le mystère en s’inspirant de ses méthodes).
Le troisième qui de ces deux regards voit qu’ils laissent ce qui est à cacher à découvert pour qui voudra s’en emparer : c’est le ministre, et c’est Dupin enfin. » (Le Dr House)
Nous sommes partis du médical pour aller au policier, avec Sherlock Holmes et Dupin. Pour reboucler, Lacan emploie un terme médical, « La lettre en souffrance » pour traduire le titre de la nouvelle policière de Poe « The purloined letter ». Cette traduction est d’ailleurs aussi « mauvaise » que celle de Baudelaire, puisque « purloined » signifie « détournée », « prolongée », mais bien plus intéressante parce que Lacan sait parfaitement tout cela.
La Vérité est ailleurs et Lacan voit dans la nouvelle de Poe une représentation du fonctionnement du cerveau humain.
Je pense moi aussi aussi que la série Dr House décrit un mode de fonctionnement du cerveau humain, et que, ce faisant, elle va au-delà d’Edgar Poe. C’est ce qui en fait une série unique.
Je reviendrai là-dessus dans mon prochain billet, un peu plus reposant, qui portera sur le Dr House et Tintin.
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Elémentaire, mon cher Wilson ! 10 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Dr House.Lu 7 410 fois | 9 commentaires
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Tous les épisodes de Dr House durent 40 mn et ont une structure commune. Avant le générique, une personne tombe gravement malade, ce qui justifie son placement en hôpital. Ce malade sera ensuite traité, avec ou sans succès, par le Dr House et son équipe : c’est le motif dramatique principal de chaque épisode. Au sein du même épisode, House va aussi donner des consultations médicales, la plupart du temps hilarantes, qui constituent le motif comique.
House est un diagnosticien (je ne pense pas que de tels postes existent dans les hôpitaux français car cela induirait une hiérarchie intellectuelle de fait entre les médecins et, avant de voir la série, je ne savais pas non plus qu’ils existaient dans les hôpitaux américains). Il n’accepte de traiter que les cas les plus obscurs, ceux que les autres médecins de l’hôpital n’ont pas pu comprendre.
Un détective plutôt qu’un médecin.
Plutôt qu’un travail de médecin, House mène une enquête policière pour établir le bon diagnostic. Il recherche la solution dans la vie privée du malade et il se définit avant tout comme un excellent observateur. Il est souvent capable de reconstruire la vie d’une personne en l’observant quelques secondes (ce qu’il fait lors des consultations d’urgence qu’il a horreur d’assurer car les cas sont trop simples pour lui – cf l’extrait ci-dessous, qui est pour moi un des passages les plus significatifs et les plus drôles).
Cette scène est évidemment inspirée de Sherlock Holmes et d’une façon générale, les références à Sherlock Holmes abondent. Certaines maximes préférées de House sont de purs emprunts, comme par exemple « when you have eliminated the impossible, whatever remains, however improbable, must be the truth”.
Comme Sherlock Holmes, House est musicien (il joue du piano et de la guitare). Comme Sherlock Holmes est drogué à la cocaïne, House est drogué à la Vicodine (mais la drogue ne joue pas le même rôle, House se drogue parce qu’il a un handicap à la jambe qui lui crée une douleur permanente, alors que Sherlock Holmes se drogue pour améliorer ses facultés mentales. Comme le dit House, « The drugs don’t make me high, they make me neutral”.
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