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Pourquoi nos dépenses de santé dépendent de la réforme du système de santé américain. 21 juin 2009

Par Thierry Klein dans : Economie,Politique.
Lu 5 284 fois | 2 commentaires

Je viens de passer 3 jours aux USA où Obama tente actuellement de lancer une grande réforme pour créer, en gros, l’équivalent de notre sécurité sociale. Il n’est pas sûr du tout que sa réforme aboutisse.

Le lobby de la santé est opposé à la création d’une sécurité sociale

Grandes firmes pharmaceutiques et mutuelles privées ont largement contribué, depuis des dizaines d’années, à l’inflation gigantesque des coûts de santé aux USA.

Pour les nombreux geeks qui lisent ce blog et qui se demandent comment ils en arrivent à lire un article qui traite de santé, je dirai que les intérêts des grandes sociétés pharmaceutique et des mutuelles privées sont liés comme le sont ceux de Microsoft et d’Intel: la hausse des coûts de santé génère de nouveaux marchés pour les assurances, etc….

Si une grande agence gouvernementale est créée, elle disposera d’une puissance de négociation énorme pour imposer aux géants de la pharmacie des prix de médicaments plus bas (comme le fait, en France, la sécurité sociale). Elle sera aussi en concurrence directe avec les mutuelles d’assurance médicale privées, qui seront obligées de baisser leurs prix.

Pour faire un parallèle avec la crise financière, dont j’ai beaucoup parlé depuis quelques mois, ces sociétés ont beaucoup de points communs avec les banques « folles »: elles réalisent des bénéfices énormes, elles sont extrêmement généreuses avec leurs principaux dirigeants, leur gestion est opaque, elles disposent d’une capacité d’influence politique et de lobbying pratiquement illimitée.

L’AMA (American Medical Association) a dépensé 10 M$ (millions de dollars) pour le soutien de sénateurs de tout bord depuis 10 ans. Les dépenses de l’AHI (American Health Insurance, qui représente les mutuelles) ont été multipliées par 6 au premier trimestre 2009 (6 M$). Les dépenses en lobbying de Pfizer ont été multiplées par 2 (6,2 M$). Presque toutes les grandes firmes de lobbying américaines travaillent aujourd’hui pour le secteur pharmaceutique dans le but de vider la réforme de tout sens et, comme toujours au Etats-Unis, on fait preuve d’une grande créativité. Je vous livre quelques tentatives intéressantes ci-dessous:

Créer des mutuelles de santé d’intérêt général

L’idée est que des organisations d’intérêt général créent des coopératives mutualistes de santé et d’appeler le tout « sécurité sociale ». Cela peut sembler intéressant au premier abord mais la première conséquence serait de priver ces petites coopératives de tout pouvoir réel de négociation des prix des médicaments, pour le plus grand profit des entreprises pharmaceutiques, qui évidemment soutiennent cette proposition ou certaines de ses variantes (comme des caisses d’assurance maladies régionales au lieu d’une seule caisse nationale, par exemple).

Fixer des objectifs aux entreprises du secteur pharmaceutique, et ne réformer que si les objectifs ne sont pas tenus.

L’idée consiste à imposer des objectifs (réduction des coûts, augmentation de la population ayant accès à une couverture santé) et de ne créer une sécurité sociale que plus tard, si les objectifs ne sont pas atteints.

Une telle initiative serait incroyablement complexe à contrôler (il y aura de toutes façons des réductions de coût aux USA du fait de l’instauration du dossier médical unique sous forme numérique, il y aura de toutes façons une progression du taux de couverture parce qu’Obama va faire voter une loi en ce sens).

Surtout, en termes politiques, « plus tard » signifie « pas de loi, bataille gagnée ». Dans monde entier, les lobbys qui cherchent à préserver une situation existante se fixent des soi-disant « obligations éthiques » pour éviter le vote d’une loi qui serait vraiment contraignante: demandez au Patronat français, par exemple, pourquoi il préfère édicter des règles de conduite sur la rémunération des patrons plutôt qu’une loi !

Le financement de la réforme

A partir du moment où la Sécurité Sociale existe, il faut des charges sociales pour la financer. L’idée est que les employeurs paient une taxe qui devrait être d’environ 10% du salaire. Les représentants des « petites entreprises », un lobby très puissant aux USA parce qu’il touche à l’essence même du rêve américain (voir un de mes précédents billets) demandent une exemption. Si cette exemption est trop large, la réforme sera tuée dans l’oeuf.

Bien que la réforme n’ait pas encore été chiffrée, il est aussi prévu de taxer les hauts revenus (plus de 200 ou 300 k$ / an) en limitant les sommes déductibles. Ce qui fait que la plupart des ONG, qui vivent de ces déductions sous la forme de dons privés, sont opposées à la sécurité sociale !

La bataille au Congrès

Les Républicains sont opposés à cette réforme, mais Obama n’en a pas forcément besoin. Le problème vient en fait des démocrates car beaucoup ne peuvent pas avoir l’air de ne pas la soutenir (son principe est très populaire) mais sont sensibles aux charmes des lobbys… Les alternatives hypocrites que j’ai mentionnées plus haut sont soutenues par de nombreux et influents démocrates (Baucus, Président de la Commission des Finances, Ron Wyden…).

Le dernier Président à s’être réellement attaqué au problème, Bill Clinton, avait échoué sur toute la ligne.

Les conséquences sur le monde

Il n’y a pas d’idée plus fausse, ni plus communément admise que celle qui consiste à croire que les dépenses de santé doivent inexorablement augmenter.

En réalité, les dépenses de santé ne vont croître que si on laisse faire le marché et les entreprises pharmaceutiques.

Une grande partie de la recherche médicale est effectuée aux USA, que ce soit dans le domaine des médicaments ou dans celui des instruments médicaux. Surtout, c’est le marché américain qui aujourd’hui donne le « la » en termes de prix de marché. Or les prix y sont maintenus à un niveau très élevé au détriment des intérêts publics. Quand un équipement électronique est vendu quelques millions de dollars à une clinique américaine, il sera vendu aussi cher à une clinique européenne, asiatique, etc… car le vendre moins cher, ce serait compromettre la rentabilité du marché américain lui-même, qui est le premier marché du monde. Les sociétés pharmaceutiques peuvent se permettre aujourd’hui de boycotter tout pays qui refuserait de payer le prix fort – la menace est d’ailleurs souvent brandie.

Contrôler la situation aux USA, c’est contribuer à la baisse des coûts dans le monde entier. Dans ce combat, nous sommes tous des citoyens américains.

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Quelle aventure ! 19 juin 2009

Par Thierry Klein dans : Pour rire ....
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J’ai pris le Bruxelles-Newark de 9h45 hier pour aller sur un salon en Floride et j’apprends que le pilote est mort en vol !

Je vous le promets, je n’ai rien senti. Comme quoi, un pilote c’est moins utile qu’un pitot (gnark, gnark).

Note du rédacteur en chef: merci de mettre à l’avenir ce genre d’actualités dans la rubrique « On s’en fout » pour ne pas nuire à la très haute tenue grâce à laquelle ce blog a bâti sa réputation mondiale.

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On s’en fout… vraiment ? 4 juin 2009

Par Thierry Klein dans : Non classé.
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Du monde industriel à la société de consommation

Dans les années 50, General Motors était le plus gros employeur américain (450 000 salariés). Le salaire moyen d’un ouvrier était de 40 Euros. Aujourd’hui, le plus gros employeur est Wal-mart et le salaire moyen de ses employés est de 7 Euros.

(Les ouvriers de chez Leclerq ont tapé dans le mille avec leur banderole « les salaires les plus bas » !)

Obama: Le plus grand discours depuis « I had a dream »

J’ai étudié à 12 ou 13 ans le « I had a dream » de Luther King à l’école. Dans 10 ans, mes enfants apprendront le discours du Caire. Sur le strict plan littéraire, il est moins beau – trop long et de qualité inégale, la niveau baisse après le premier tiers, mais c’est ce qu’on a entendu de plus fort par un chef de gouvernement depuis Churchill.

Ca ressemblait à un discours de campagne électorale (le genre de discours que pourraient tenir Bayrou, par démagogie, ou Royal, par mystitude) mais c’était dit par le chef, en exercice, de la plus puissante nation au monde.

Comment communiquer l’augmentation du chômage, par Christine Lagarde.

Avant d’annoncer le chiffre officiel de l’augmentation du chômage, ce matin sur Europe 1, Christine Lagarde a tenu à communiquer « trois nouvelles assez bonnes ». Puis elle a soigneusement évité les mots qui fâchent (aggravation, augmentation). Elle a réussi à ne donner qu’un pourcentage (j’ai retenu 8,7%) au lieu de donner le nombre de chômeurs. Et aussi des perles dans l’alambiquage telles que « l’augmentation qui se ralentit », « la France qui ne fait pas plus mal que ceux où la situation s’aggrave plus », le tout résultant dans une prestation du plus haut comique et très inquiétante.

Car on n’est pas rassuré de voir que ce qui lui importe visiblement le plus, c’est la forme de son discours.

Ils ont osé !

Libération propose une taxe sur les fournisseurs d’accès à Internet pour financer la presse.

On imagine l’indépendance d’une presse dont les revenus dépendent de l’assiette de la taxe, fixée par l’état. Peut-être faudrait-il commencer par ne pas se faire concurrence à soi-même, en diffusant gratuitement son contenu sur Internet.

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