Domenech sauvagement assassiné ! (Le Monde du 27 mai 2010) 12 mai 2010
Par Thierry Klein dans : Humeur,Pour rire ...,Sport.Lu 4 748 fois | 1 commentaire
Ce matin, à 9h30, Mickael Landreau et Djibril Cissé ont sauvagement assassiné Raymond Domenech en le frappant de façon répétée à la tête à l’aide de ballons de football surgonflés.
Tout était calme à Clairefontaine lorsque l’entraîneur de l’équipe de France s’est approché des deux joueurs à l’entraînement muni de deux tickets. Un ronflement d’hélicoptère en vol aurait déclenché la colère immédiate de Djibril Cissé qui s’est précipité vers Raymond Domenech en hurlant « Tes tickets de retour, tu vas voir où on va te les fourrer ».
Au total, Raymond Domenech aurait reçu 14 654 coups de ballons, dont 6 212 dégagements de gardien, 7 423 frappes de mule, et 3 pointards d’origine inconnue.
Au moment où la police est arrivée sur les lieux, le gardien de but remplaçant des bleus, Mickael Landreau, continuait, de façon compulsive, à dégager ballon après ballon directement dans la tête du sélectionneur. Trois policiers n’ont pu dégager la victime qu’après de multiples efforts – et en menaçant Mickael Landreau d’un carton rouge.
« Les tickets étaient pourtant simplement une invitation à une soirée festive que j’organise à Disneyland en l’honneur des joueurs et de leurs épouses », nous a déclaré Mme Z.D. qui a assisté à l’ensemble de la scène à partir de la résidence des joueurs.
La Fédération nous précise en effet que la liste finale de 23 joueurs déposée il y a quelques heures auprès de la FIFA comprend bien les noms de Mickael Landreau et de Djibril Cissé. Elle ne peut plus être modifiée.
Mme Rama Yade, Secrétaire d’Etat chargée des Sports, a déploré la perte du sélectionneur tout en déclarant « comprendre, mais non pas excuser l’attitude des joueurs, qui doivent maintenant se concentrer sur leur objectif: gagner et faire briller les couleurs de notre pays. Dans cet esprit, toutes les procédures judiciaires sont évidemment suspendues jusqu’à la fin de la Coupe du Monde ».
Le gouvernement s’est réuni d’urgence sous la présidence de Nicolas Sarkozy et une loi empêchant le survol de Clairefontaine par les hélicoptères sera votée dès septembre, juste après la coupe du Monde.
(Source: AFP)
Billets associés :- L’équipe de France contre la Corée
- Pourquoi il s’est trompé : la vérité sur l’affaire Bourdieu
- Comment perdre dans les 5 dernières minutes : la tactique Equipe de France
- Comment perdre dans les 5 dernières minutes ?
- 1974: les néerlandais inventent le football total, 2006: Domenech invente la connerie totale
Qu’a-t-il manqué au Grenelle de l’environnement ? Un zeste de Capital Altruiste 9 mai 2010
Par Thierry Klein dans : Economie,Entreprise altruiste.Lu 4 313 fois | ajouter un commentaire
La mort du Grenelle
Il y a 18 mois, il y avait un consensus général autour du Grenelle de l’environnement. Ce consensus était démocratique. Il était démocratique ! C’était un engagement, peut-être même une conviction, du candidat Sarkozy – qui en l’occurrence ratissait bien au-delà de son propre camp.
Investir pour la création d’une industrie verte est évidemment la voie à suivre, pour la France en tant que puissance économique, pour l’être humain en tant qu’espèce. Il n’y a aucun secteur ou l’investissement lié au grand emprunt ne peut être plus rentable pour l’avenir (les fonds dépensés par la France dans le numérique et l’éducation le seront en pure perte, comme d’habitude).
De tout ça, il ne reste rien, ou presque 18 mois plus tard. Que s’est-il passé ?
Le Grenelle attaquait directement les intérêts à court terme de certains secteurs (chimie, nucléaire, transport…).
Le rôle du lobbying
Des entreprises se sont organisées en lobbies, avec des moyens importants et ont fait la promotion de leurs intérêts tous azimuts. On a attaqué le Grenelle au nom de la sauvegarde des emplois, de l’intérêt du consommateur, de la rationalité économique, etc…
Le pouvoir politique, et en particulier le pouvoir législatif –députés et sénateurs – a reculé.
On peut dénoncer le cynisme des entreprises, le côté velléitaire des élus, mais le lobbying est une pratique légale. Qu’auriez-vous fait si vous étiez à la tête d’une grande entreprise de chimie ? Ou si vous aviez une entreprise de chimie installée dans votre circonscription, qui emploie vos électeurs, finance votre campagne, etc. ? Très probablement la même chose.
Lobbying et démocratie
Non seulement le lobbying est une pratique légale, mais il est aussi indissociable des démocraties modernes. Si on ne donne pas des voies d’influence officielles au pouvoir économique, il cherche des voies occultes, beaucoup plus nuisibles à la démocratie et à la liberté. Lobbying n’est pas corruption (sinon parfois corruption intellectuelle).
Imaginez un pays où la presse serait libre, mais où il faudrait investir 100 millions d’euros pour créer un journal. La presse jouerait-t-elle son rôle démocratique ? Bien sûr que non ! Faudrait-il la supprimer pour autant ? Non plus, car le remède serait pire que le mal. L’équilibre démocratique serait rétabli dès lors que des groupements de citoyens partisans peuvent facilement se créer pour rassembler ces sommes.
(L’équilibre démocratique : la confrontation des opinions partisanes. Le déficit démocratique actuel : la prise de contrôle totale du champ du lobbying par un seule cause : celle du pouvoir économique.)
Ce qui est réellement inadmissible, ce n’est donc pas le lobbying lui-même, mais l’absence de « contre lobbying ». Ce que les entreprises ont fait (et elles étaient en droit de tenter de protéger leurs intérêts), les ONG qui sont « en face » ne peuvent pas le faire par manque de moyens économiques. L’Economique dispose d’un moyen d’influence extrêmement puissant, que l’Intérêt Général n’a pas (2).
Temps médiatique et temps législatif
Les ONG présentes au Grenelle peuvent bien, durant quelques semaines, être présentes au Grenelle ou peser le temps d’une élection, d’une émission de télé – ce que j’appelle le temps médiatique. Seuls les intérêts économiques peuvent aujourd’hui peser efficacement sur la procédure législative elle-même. Cette procédure est par nature longue (plusieurs années) et l’influencer est un processus coûteux (cela veut dire effectuer un travail de fond auprès de quelques centaines d’élus et de fonctionnaires).
Il s’est passé exactement la même chose aux USA pour la réforme de la santé (j’en ai parlé dans un précédent billet) et tout ça se répète pour la réforme financière. Les réformes à faire sont évidentes mais les décisions finales sont largement vidées de leur contenu sous l’influence du lobbying – et surtout, en l’absence de « contre lobbying » efficace, car actuellement le lobbying n’est accessible, pour des raisons de coût, qu’aux entreprises (1).
Comment le Capital Altruiste peut-il corriger cette situation ?
Si un grand nombre d’entreprises adoptent le Capital altruiste, s’il devient un vrai courant économique, alors les moyens des ONG seront automatiquement indexés sur la valeur du capital des entreprises. Ce qui veut dire que le « contre lobbying » devient une dépense accessible aux organisations d’intérêt général.
On résout le déficit démocratique non pas en restreignant le lobbying, mais en l’ouvrant à tous.
ONG, associations: vous pèserez sur le cours du monde en utilisant la même tactique que les entreprises, non pas en essayant d’interdire aux entreprises de les mener.
(1) On parle de dépenses de quelques millions de dollars aux USA dans le cas de la réforme de la santé (aux USA, les données sont publiques). En France, quelques centaines de milliers d’euros auraient inversé le cours législatif. Aucune association ou ONG française ne peut aujourd’hui consacrer de telles sommes pour ce type de dépenses.
(2) Sur l’augmentation des dépenses de lobbying aux USA et le contrôle ainsi exercé par les entreprises sur le Législatif, voir aussi l’excellent livre « de l’intérieur du sérail » de Bob Reich: Supercapitalisme.
Billets associés :- Interview : six questions sur le Capital Altruiste
- Capital Altruiste : année zéro
- Les points communs et les différences entre le Capital Altruiste et l’entreprenariat social de Mohammed Yunus
- Pourquoi les réponses adaptées à la crise financière sont anti-démocratiques
- De Rawls à Macron, en passant par l’école. De quoi le social-libéralisme est-il le nom ?