Marie Drucker peut-elle, déontologiquement, coucher avec Béatrice Schönberg ? 28 février 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 7 434 fois | 2 commentaires
Certaines professions sont soumises à une déontologie. Cette déontologie consiste en un certain nombre de règles régissant la profession au-delà des habituelles règles légales. En général, l’objet de la déontologie éthique.
Si on édicte une déontologie, c’est souvent qu’on évolue dans un milieu où ces règles ont une certaine tendance à être bafouées et le code déontologique reste souvent lettre morte, car les causes du mal sont assez profondes.
Très souvent, la déontologie révèle le mal plus qu’elle ne le résout.
Je me souviens que lors des négociations avec une grande entreprise automobile, on m’avait remis une charte déontologique longue comme l’Encyclopedia Universalis – et beaucoup plus dure à comprendre. En gros, serrer la main de mon interlocuteur pouvait, sous certaines conditions, s’interpréter comme une faute (je sais bien que les acheteurs ont l’habitude de se faire graisser la paume, mais quand même !).
(suite…)
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Que fait le WWF ? 27 février 2007
Par Thierry Klein dans : Animaux.Lu 7 640 fois | ajouter un commentaire
Le WWF considère que l’abattage des éléphants africains est une « option » – autrement dit, c’est une caution morale donnée à tous ceux qui veulent les abattre. La raison ? Ces éléphants, protégés depuis 1994, sont maintenant au nombre de 12 000 (soit environ 600 de plus par an en rythme annuel).
Il faut donc mieux les « gérer ».
Dans le même temps, Le Monde estime qu’environ 23 000 éléphants ont été tués illégalement l’année dernière pour leur ivoire.
85% des éléphants on disparu depuis 50 ans, donc le chiffre moyen est probablement bien supérieur.
1) Le WWF devrait se mêler de ce qui le regarde: la protection, l’expansion des habitats protégés. Il ne devrait pas tolérer un abattage au nom d’une soi-disant « gestion rationnelle des effectifs ».
2) En invoquant ce type d’argument, le WWF ouvre la voie à tous ceux qui tentent de justifier rationnellement les massacres des animaux, l’extinction des espèces (Gouvernement japonais pour les baleines, Gouvernement canadien pour les phoques, sans parler des expérimentations animales). Tous se justifient par un argument soi-disant rationnel (tantôt l’espèce ne serait pas en voie d’extinction, tantôt l’abattage servirait la recherche scientifique, etc…). En fait, le seul vrai lien qui rassemble ces massacres, c’est l’intérêt financier.
3) Il faut vraiment sortir de cette logique de « gestion » pseudo-rationnelle qui ne tolère finalement la vie de l’animal qu’au nom de l’intérêt humain. C’est énormément réducteur et surtout voué à l’échec car l’espèce humaine ne montre décidément aucune capacité à se conduire rationnellement. La nature n’est pas dissociable des émotions et ce qui peut nous donner espoir, c’est plus la relation irrationnelle qui se crée avec un chien que le discours technocratique du WWF. La fin de l’Humanité précédera de peu celle de l’humanité et j’aimerais bien que le jour, sans doute plus si loin où l’espèce humaine s’éteindra, le dernier homme sache partager son dernier repas avec le dernier chien.
Voir aussi : un journaliste vraiment stupide chez RTL
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Le merveilleux destin de Valérie Pottier 26 février 2007
Par Thierry Klein dans : Critiques.Lu 6 042 fois | 3 commentaires
Il aura fallu 3 émissions pour que la formule « J’ai une question à vous poser », où un homme politique est confronté à une centaine de « citoyens » se peopeulise.
Sarkozy avait été brillant mais statique, toujours derrière son pupitre, pour l’inauguration de la formule. Ségolène nous l’avait joué Mère Térésa, imposition des mains – ou tout simplement Star’Ac, selon la façon dont on regarde l’affaire – et était littéralement rentrée dans la salle pour prendre par la main un des poseurs de questions
Aujourd’hui, José Bové a laissé son pupitre bien loin derrière lui (à croire qu’il était constitué d’OGM recyclés) mais surtout le spectacle est complètement passé dans la salle et une des candidates s’est servie de l’émission pour se faire un nom ou plutôt un visage.
L’histoire de la télévision retiendra que Mlle Valérie Pottier a posé 3 questions parfaitement insipides (ce qui est une première dans l’histoire de l’émission), que la caméra s’est longuement attardée sur elle (ce qui en devenait parfois gênant pour elle car elle avait du mal à cacher sa jubilation, en particulier quand Bayrou lui répondait). Evidemment, le fait que Valérie Pottier soit de loin la plus mignonne du public est directement lié à son temps d’antenne.
Vous verrez que de plus en plus de personnes feront des pieds et des mains pour être présentes à tout prix à ce genre d’émission, espérant s’en servir comme d’un tremplin.
Quant à Valérie Pottier, elle a déjà atteint une notoriété suffisante pour faire la prochaine couverture d’Entrevue (prévenez moi, je l’achèterai !).
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La campagne présidentielle vient de démarrer 19 février 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 6 213 fois | 3 commentaires
La plupart des français découvraient en fait ce soir Ségolène Royal puisque jusqu’ici ils ne l’avaient jamais entendue plus de 10 mn consécutives. Les électeurs de gauche vivaient un peu la même chose que les fans pré-adolescents de la Star Ac, qui soutiennent leur candidate favorite tout en craignant en permanence la fausse note qui tue lors de l’évaluation. En une émission , elle vient d’annuler les 2 derniers mois de campagne puisque tout le monde a pu voir que non seulement elle n’est pas une dinde, mais qu’en plus elle sait faire preuve d’un certain souffle.
Au final, la première partie de campagne de l’UMP, qui visait à donner de SR l’image d’une incapable, va lui être profitable. C’était prévisible.
SR est dans l’air du temps: c’est une femme (ce qui est un énorme avantage, contrairement à ce qu’elle essaie de faire croire) et son approche participative « Web 2.0« , du débat collaboratif ou sur-mesure scolaire, qu’elle soit sincère ou démagogique, est portée par la modernité. Elle sera une adversaire redoutable pour Sarkozy. Quoi qu’en disent aujourd’hui les sondages, je la donne favorite.
Il reste que cette manie de remercier systématiquement tous les questionneurs pour leur magnifique question me rappelle un peu trop les mercis démagogiques du blog de Loïc et qu’elle a du utiliser à peu près 100 fois l’expression « donnant-donnant », « gagnant-gagnant » (à croire qu’elle tient son inspiration de Pinay ou de Barre). Après tout, elle en aurait bien le droit puisque l’autre s’est mis sur le créneau Jaurès.
Ajout:
Dans un débat, Sarkozy se sert de son stress pour avancer. Il est certes plus brillant, plus drôle que Royal mais aussi un peu plus ringard, moins moderne car Ségolène Royal, elle, ne montre absolument aucun stress, ce qui est une grande première. Sarkozy n’aurait pas pu improviser une sortie de scène comme celle que Ségolène s’est permise pour aller réconforter le questionneur handicappé (quand même, s’il se met à remarcher quand elle le touche, quel scoop !). Pour l’anecdote, Ségolène Royal connaît aussi précisément le nombre de femmes élues à la tête de leur pays avant elle (il y en eu exactement 7, ce qui devrait dans le futur l’aider à se souvenir aussi du nombre de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins dont notre paus dispose).
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Kim Clijsters ne partira pas sur un coup de tête 18 février 2007
Par Thierry Klein dans : Sport.Lu 4 480 fois | ajouter un commentaire
Elle a 23 ans, c’est une grande championne et elle a décidé d’arrêter le tennis à la fin de l’année pour démarrer une autre vie.
Il faut une grandeur et une maturité exceptionnelle pour prendre ce genre de décision, pour savoir, au sens propre, « sortir du jeu » quand toute la première partie de sa vie a été consacrée à la haute-compétition, domaine mimétique par excellence où le goût de la lutte prend presque systématiquement le pas sur l’accomplissement personnel.
Son attitude est d’autant plus remarquable qu’elle ne résulte pas de la lassitude (Kim Clijsters n’est pas en fin de carrière, elle n’a pas non plus tout gagné) et qu’évidemment, elle va contre ses intérêts financiers immédiats.
Il en faut du courage et de la sagesse pour casser ce que tout le monde appelle « la logique ». Imagine-t-on Chirac ou Mitterrand arrêter au bout d’un mandat ?
Je ne sais pas ce que Kim Clisjters a décidé de faire dans sa deuxième vie, mais il serait bon pour tous qu’on entende à nouveau parler d’elle, d’une façon ou d’une autre.
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Dithyrambique
Par Thierry Klein dans : Pour rire ....Lu 3 271 fois | ajouter un commentaire
Nouri Al-Maliki, le premier ministre irakien, juge « éclatants » les résultats du plan de sécurité (Le Monde du 17/2/2007).
Ils sont même explosifs.
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La course du rat
Par Thierry Klein dans : Humeur.Lu 6 698 fois | 9 commentaires
Après 15 jours d’une chasse intensive (les rats refusaient le poison), j’ai finalement réussi à capturer 5 rats ce week-end, dans une cage à loir !
Comme j’étais incapable de les noyer, j’ai été les relacher en forêt à 500 m de chez moi. Mon beau-père, qui est un spécialiste, dit qu’un rat retrouve toujours son chemin. Vous y croyez ?
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Connerie collective 14 février 2007
Par Thierry Klein dans : Critiques.Lu 4 253 fois | 2 commentaires
J’en ai un peu marre de voir tout le monde s’émerveiller en permanence sur le thème de l’intelligence collective, des « conversations » créées par les blogs, de la valeur créée comme par miracle par la Collaboration Triomphante, etc…
Même s’il existe effectivement pas mal de nouveaux moyens de collaborer à travers le Web et même si ces moyens se développeront encore et toujours, en nombre suffisant pour qu’une nouvelle révolution industrielle s’effectue, il faut bien reconnaître que le succès d’Internet repose sur le fait que tout le monde se sent de plus en plus seul, que la peur de communiquer réellement (en face à face) avec l’Autre augmente et que Wikipedia, nom qu’il suffit de prononcer pour faire jouïr pas mal d’internautes, reste d’un niveau général vraiment très faible.
Depuis quelques semaines, je multiplie les rencontres pour faire avancer mon projet de Capital Altruiste, et je dois quand même admettre que, sauf exception, les visionnaires de l’intelligence collective, ceux-qui ont le mieux perçu le phénomène, sont avant tout de grands introvertis, quand ils sont sincères, ou des démagogues.
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Ketady went to the market (jeudi soir sur France 2) 11 février 2007
Par Thierry Klein dans : Technologies.Lu 4 522 fois | 5 commentaires
Je vous avais parlé il y a un an environ de Ketady, start-up française qui avait créé, bien avant Yahoo, le meilleur site de « questions/ réponses » (voir pourquoi ici).
Le problème de Ketady en France, c’est qu’il y avait peu de monde qui comprenait l’idée et son envergure. J’avais conseillé à Fabien, le fondateur, que j’avais rencontré suite aux billets postés dans mon blog d’aller voir aux US – ce qu’il a fait.
Dès sa première visite, il avait des retours d’investisseurs pour quelques centaines de milliers de dollars (suite à quoi d’ailleurs, il avait aussi pu lever des fonds auprès d’investisseurs français).
Aujourd’hui, Ketady est installé aux US et compte une vingtaine d’investisseurs.
J’écrivais à l’époque que : « C’est la première fois que je vois, en France, une startup crédible d’envergure planétaire. A partir de là, si cette boîte finit par être rachetée par Google pour moins de 500 millions de dollars, c’est qu’on est vraiment devenu des sous-développés. »
Là c’est encore pire, la boîte se fera peut êter racheter par Google, mais la plus-value (qu’on parle capital ou emplois créés) sera très largement américaine. On est loin du cas caricatural de l’expat qui part parce qu’il a fait fortune.
Concrètement Ketady est parti :
– parce qu’il n’y a pas suffisamment d’argent à investir en France pour capitaliser des start-ups
– parce que les investisseurs français (en particulier le Capital Risque) n’ont pas compris l’idée (Ce n’est pas qu’ils sont idiots, c’est qu’ils ne sont pas, pour la plupart, formés).
– parce que les compétences (en particulier marketing et techniques) pour développer l’idée sont quasi-introuvables dans la région
Info : Fabien me signale qu’un magazine de France 2 (Vive La france) parlera de Ketady jeudi soir à 11h15.
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Ne créez pas d’entreprise B2B en France 7 février 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 5 868 fois | 4 commentaires
Entendu sur RMC l’autre jour:
« En France, il y a quelques centaines de grandes entreprises riches (en gros, un CAC 40 élargi) qui imposent leurs conditions aux autres PME, qui sont pauvres et que le rapport de forces rend finalement esclaves de leurs gros contractants ».
C’est très vrai, à mon avis. Il y a une partie très dynamique de la France qui se bat, en particulier dans les activités de service, et qui ne peut structurellement pas s’en sortir. Un chef d’entreprise crée une entreprise de conseil, ou de communication. L’entreprise croît avec quelques « gros » clients dont elle devient dépendante. Au fur et à mesure que son chiffre d’affaires augmente:
- Elle va manquer de fonds propres pour assurer son développement (parce qu’il y a moins d’argent disponible en France qu’aux USA, par exemple, pour capitaliser une PME).
- Elle va subir la loi de ses contractants, qui disposent de processus d’achats « performants » (ce qui concrètement veut dire qu’ils vont la ratiboiser – un chef d’entreprise qui veut un marché passera presque toujours par les fourches caudines d’un départment achat bien organisé).
- Elle va manquer de soutien bancaire, (les banques françaises ne permettent pas le développement des PME).
Bref, une telle entreprise est d’une fragilité extrême, sensible au moindre retournement de marché, à la perte d’un gros client, au départ de quelques salariés qui emportent 1 ou 2 contrats.
Elle meurt, ou s’épuise ou, dans le meilleur des cas, se fait racheter par une grande entreprise en général pour un prix modique – je veux dire par-rapport à la capitalisation qu’en tirera l’acheteur.
J’ai vécu personnellement ces trois cas de figure et pour les avoir aussi observés sur des dizaines d’exemple, je pense qu’ils sont structurellement symptomatiques du modèle économique français (évidemment, vous trouverez des contre-exemples).
Quand j’ai créé Speechi, ça a été un critère très important pour moi que le logiciel se vende aux écoles, aux universités, etc… et pas uniquement aux entreprises. Tout le monde m’a déconseillé de cibler le marché « éducatif » sous prétexte qu’il était lent, peu efficace, qu’il n’y avait pas beaucoup d’argent…
Aujourd’hui, nous faisons 80% de nos ventes sur ce marché. Nous vendons plusieurs milliers de licences chaque année et nous ne dépendons de personne. En allant vers les entreprises, nous aurions ciblé quelques grosses ventes vers des entreprises stratégiques (ce que m’ont conseillé tous les capital risqueurs que j’ai rencontrés) et nous serions beaucoup plus fragiles aujourd’hui.
Au fait, qui avait une vision si juste du monde économique français sur RMC ? Olivier Besancenot.
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