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Education: en finir avec la Déconstruction 18 avril 2017

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Je publie aujourd’hui deux papiers qui me semblent remarquables. Je vous conseille vraiment d’y passer votre soirée plutôt que de regarder Camping 2 sur TF1. Je sais la vie est dure, mais la Culture a un prix.

Le premier (malheureusement en anglais) explique “Comment les intellectuels français ont ruiné l’Occident“. La déconstruction lancée par l’école française des années 60, qui voulait créer le soupçon vis-à-vis de tous les savoirs établis, a entraîné dans son sillage tout ce qui était du domaine de la Raison et est devenue, dans certains cas, une forme d’obscurantisme, servant à justifier des discours post-modernes tels que, pêle-même, la théorie du genre (le sexe est une donnée culturelle, pas un fait), la mise en cause de la laïcité (vue sous l’angle d’une notion occidentale nullement universelle), une certaine forme de pédagogie mise en place à l’école depuis 30 ans, qui remet en cause la réalité des savoirs que l’école enseigne (les savoirs ne sont plus que des données culturelles et relatives) ainsi que la capacité de l’école à dégager les bons élèves (vus non plus comme de simples élèves doués ou travailleurs mais comme les héritiers de ceux qui possèdent les codes culturels). Voir, par exemple,  cet article déjà ancien concernant Bourdieu dans ce blog.

C’est à la lumière de ce premier article que je vous conseille de lire l’analyse de Fatihah Boudjahlat sur la fin de l’école Républicaine. Comme les savoirs n’ont plus d’importance, l’école se focalise sur des compétences à court-terme qui n’ont d’intérêt que professionnel. Cette adaptation au monde du travail trahit la vocation de l’école et du collège qui est de transmettre savoirs et culture à chaque enfant. Qui plus est, à trop vouloir adapter l’école au marché du travail, non seulement on ne transmet plus de savoir, mais on crée, de façon paradoxale, de plus en plus de chômage.

En matière d’éducation, la France fait tout comme les Anglo-Saxons, avec cependant un décalage de plus de 30 ans, et alors que les Anglo-Saxons en reviennent, nous nous y vautrons.

Je ne peux malheureusement que confirmer ceci. J’ai vécu avec une certaine incrédulité, quand j’étais à Stanford à la fin des années 80, le début de ces dérives dans l’enseignement supérieur américain sans penser qu’elles franchiraient l’Atlantique. Je trouvais les américains bien naïfs et pensait que notre culture européenne, plus ancienne, mieux ancrée, nous protégerait.

J’avais tort. Nous y sommes. Il faut toujours parier sur la bêtise humaine.

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Ecran interactif sous Android : de la voiture à cheval à l’automobile 10 avril 2017

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Ce n’est pas toujours facile d’expliquer pourquoi les nouvelles architectures Android de nos écrans tactiles géants changent radicalement les usages de l’interactivité, dans la salle de classe et en entreprise. J’ai utilisé il y a un an l’analogie avec l’iPhone, qui, quand il est arrivé sur le marché, a relégué les téléphones Nokia aux oubliettes.

Ce qui faisait la différence entre Iphone et Nokia, ce n’était pas la capacité à téléphoner – téléphoner, le Nokia faisait ça très bien. C’était la capacité à faire tout le reste, basée sur un système d’exploitation puissant, qui permettait à l’iPhone de disposer de beaucoup plus de fonctions dès le départ. L’écart avec le Nokia s’amplifiait au cours du temps puisque chaque fois qu’une nouvelle application pour iPhone était développée, c’était un nouvel usage de l’iPhone qui était apporté aux utilisateurs.

J’annonçais il y a un an la fin des écrans interactifs à l’ancienne. Ce qui est arrivé pour Nokia est en train de se passer pour toutes les solutions interactives fixes antérieures aux écrans Android: ces solutions vont progressivement (mais assez rapidement) disparaître. Idem d’ailleurs pour les écrans interactifs “non intelligents”, n’incluant pas un processeur muni d’un système d’exploitation puissant comme Android – ils vont disparaître aussi.

De la voiture à cheval à l’automobile

Une autre façon de voir les choses, peut-être plus compréhensible pour ceux qui ne sont pas informaticiens. Nos écrans interactifs géants Android sont aux anciens “moniteurs tactiles géants” ce que l’automobile a été à la roulotte à cheval (ou à la caravane tractée par un véhicule à moteur). Une voiture à cheval a, sur le papier, les mêmes fonctions qu’une automobile, mais son moteur (le cheval) est à l’extérieur. A partir du moment où on a l’idée de faire rentrer le moteur DANS la voiture, c’est tout un nouvel univers de progrès qui s’ouvre à la conduite.

L’usage n’est tout simplement pas le même. Une automobile est plus maniable, va plus vite, permet d’évoluer plus vite. L’automobile signe la fin de la roulotte tractée par un moteur, l’écran interactif Android signe la fin des anciens écrans interactifs géants, simples moniteurs reliés à des PC. Les écrans tactiles Android géants tels que nous les concevons sont plus simples, plus autonomes, plus réactifs et plus évolutifs que les écrans interactifs traditionnels. Et l’écart va augmentant.

Ecran interactif

Sous le capot de l’écran interactif Android

C’est pourquoi vous voyez, sur le marché, de plus en plus de marques proposer un système d’exploitation Android pour leurs écrans. Encore faut-il que l’architecture proposée offre réellement un avantage. Vous n’obtenez pas les avantages d’une vraie l’automobile si, à partir d’une roulotte à moteur, vous allongez simplement l’habitacle pour dissimuler le moteur. De même, il est facile de simplement cacher un boîtier Android  à l’intérieur de tout écran interactif, mais cela n’en fait pas un “vrai” écran interactif Android au sens où nous l’entendons.

Une intégration “fine” au châssis informatique

Le vrai avantage de nos écrans tactiles, ce qui les rend “automobiles”, c’est que le coeur Android intégré aux écrans contrôle à la fois la carte vidéo et la carte tactile des écrans. Ce n’est pas un système d’exploitation “rattaché” à l’écran. C’est LE système d’exploitation de l’écran.

Le processeur Android ne peut être séparé de l’écran, qui n’est donc plus qu’un simple moniteur, et nous sommes capables de sortir, très fréquemment, de nouvelles applications de gestion de l’écran parce que nous les développons plus rapidement que les concurrents, de façon plus ergonomique, directement sous Android.

Les avantages de l’architecture Android pour l’écran interactif

Ce que permet cette nouvelle architecture, par exemple, c’est une interactivité avec toutes les sources branchées. Sur un écran interactif SpeechiTouch, vous pouvez annoter sur chaque canal, y compris les canaux non intelligents (entrées HDMI telles que DVD ou visualiseurs de documents).

C’est pourquoi aussi nous sommes capables d’améliorer en permanence les capacités de notre écran. Dans les 12 derniers mois, nous vous avons proposé de nombreuses nouvelles applications Android qui de fait multiplient les fonctionnalités de l’écran (voir ci-dessous):

  • Nouvelles versions du logiciel interactif Iolaos
  • Amélioration de la facilité des réglages de l’écran (luminosité, sélection des canaux, etc…) via une application Android simple qui remplace les désuètes télécommandes et les améliore.
  • Mise à jour à distance (comme votre iPhone !) du firmware et du système Android de votre écran
  • Verrouillage de l’écran par code
  • Stylet tactile actif.

etc… Et sachez que le meilleur reste à venir !

Avantages ecran tactile Android
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Le contrôle au faciès est humiliant, mais n’est pas discriminatoire par nature 9 mars 2017

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Quand une maladie contagieuse se déclarait sur un bateau, on le mettait en quarantaine. Aucun passager n’avait le droit de débarquer jusqu’à la visite des services sanitaires. En cas de maladie très contagieuse (peste), cette visite ne pouvait même pas avoir lieu : le bateau était mis à l’isolement total.

L’immense majorité des passagers ne présentait absolument aucun signe de maladie, la plupart des passagers ne développeraient jamais la maladie. On leur empêchait donc en quelque sorte injustement le libre accès au port. Peut-on considérer que les passagers du bateau étaient discriminés ? Evidemment, non et aucun passager n’aurait alors osé utiliser le terme de discrimination car la mise en quarantaine, c’est la participation citoyenne de chaque passager à la sécurité sanitaire générale. Le passager qui ne s’y soumet pas est moralement complice de la maladie. Cette évidence apparaît au passager même.

On connaît l’histoire de l’ivrogne qui cherche ses clés sous le lampadaire. Un passant s’approche et lui demande s’il les a perdues a proximité. Non, répond-il ? – Alors, pourquoi les cherchez-vous ici ? Parce que sous le lampadaire, c’est mieux éclairé !

Pourquoi le policier contrôle-t-il au faciès ?

Précisément parce qu’il ne veut pas faire comme l’ivrogne. Il veut chercher ses délinquants là où il a une chance de les trouver. Il a une obligation de résultat. Si la police, pour rechercher un terroriste islamique, mobilisait l’essentiel de ses moyens pour contrôler la communauté catholique intégriste de Marly, nous dirions pour le moins qu’elle manque de flair. (Que cet exemple est mal choisi ! Mais tant pis…).

Et si la police, parfois, contrôle parfois cette communauté, ce ne sera pas forcément dans l’espoir de trouver le terroriste islamiste mais simplement pour éviter que, remarquant que des parties du territoire restent de fait non surveillées, un terroriste ait l’idée géniale d’utiliser cette faille. C’est alors un contrôle préventif, un leurre.

Le flair du douanier est de même nature. Le douanier va contrôler évidemment plus souvent la grosse BMW que la Clio – sauf si la Clio est vraiment trop pourrie, auquel cas il pourra penser à un déguisement. Ce faisant, il ne discrimine pas le conducteur de la BMW, mais, rémunéré au succès, il va chercher la fraude là où elle se trouve.

Si, comme le prétend Hamon ce soir, un jeune basané des quartiers a sept fois plus de chances d’être contrôlé qu’un blanc, il n’y a pas forcément discrimination. La discrimination n’existe que si la probabilité que blanc et basané ont d’être des délinquants est équivalente, auquel cas oui, il y a différence de traitement sans raison. Mais si un jeune basané des quartiers a sept fois plus de chances d’être un délinquant qu’un blanc ? Les mêmes chercheurs qui produisent les statistiques ethniques sur les contrôles au faciès crient au loup dès lors qu’on cherche à les établir dans les prisons. Le refus d’établir des statistiques ethniques est déjà en lui-même une censure que j’ai du mal à comprendre, alors qu’en est-il lorsqu’il n’est plus qu’une censure sélective ?

Le contrôle au faciès n’est donc pas discriminant par nature. Il permet simplement au policier de restreindre l’étendue des recherches là où elles ont des chances d’être les plus fructueuses et l’interdire, c’est enlever toute efficacité à la police, l’empêcher d’exercer son flair. Il est clair évidemment, au-delà des statistiques, qu’il peut devenir discriminatoire si l’attitude du policier l’est, par exemple s’il fait de la personne contrôlée une sorte de coupable a priori, transformant alors un simple contrôle en injure raciale.

Même s’il n’est pas discriminatoire, le contrôle au faciès sera toujours vécu comme humiliant parce que la personne contrôlée fait en fait exactement la même association qu’elle prête au policier (et que des policiers font probablement parfois). L’indignation de la personne innocente contrôlée au faciès est aussi une forme de racisme envers soi-même.

Contrairement au passager du bateau qui ne se sent pas insulté lorsqu’on le met en quarantaine, qui accepte sans problème sa mise à l’index au nom de l’intérêt général, contrairement au passager de la BMW pour qui le contrôle du douanier ressemble presque à un honneur, la personne objet du contrôle se sent moralement insultée lorsqu’on lui rappelle sa ressemblance physique avec le délinquant recherché parce qu’elle y met, aussi, une connotation morale. Cette association est irrationnelle, sans fondement, absurde, mais aucun être humain ne peut s’empêcher de la faire. Nous sommes des animaux qui associons à tort et à travers.

Et donc, les contrôles au faciès ne sont pas discriminatoires, mais ils sont toujours humiliants.

Il faut faire très attention en la matière. Ils ne doivent pas être abandonnés – ils sont évidemment extrêmement efficaces et il n’y a aucun doute pour moi que parmi ceux qui s’indignent contre eux, il y a aussi les délinquants ! – mais ils devraient être menés avec un maximum d’attention, pour éviter autant que faire se peut toute dérive humiliante. Il serait peu coûteux, aujourd’hui, de systématiquement filmer ces contrôles pour les contrôler.

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Petit discours évangélique et dialectique sur la repentance, la guerre d’Algérie, Macron et l’islamisme 17 février 2017

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Le point commun qui lie tous les militants français de la repentance, pour l’Algérie ou pour le reste, est celui-ci : ils ont la conviction que les crimes commis leurs sont totalement étrangers. Le doute n’est même pas permis. Si les temps anciens revenaient, ils se battraient corps et âme contre ces horreurs. Ils ne doutent pas. Ils sont d’une trempe, d’une essence différente de leurs parents, ceux qui ont commis les crimes.

Ils sont en fait comme les Pharisiens, ils disent : « Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang. »

Jésus les accuse d’hypocrisie car « Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué. »

Ce faisant, Jésus (pas plus que George Bensoussan d’ailleurs) ne prêche évidemment pas pour une sorte de transmission biologique de la culpabilité. Les enfants ne sont pas, en tant que tels, coupables des fautes des parents. Jésus reproche en fait aux Pharisiens le mécanisme psychologique qui consiste à se sentir de fait « pur », à penser qu’on ne succombera jamais soi-même aux erreurs qu’ont pu commettre les hommes par le passé.

Jésus leur reproche de ne pas douter- c’est en ceci qu’ils reproduisent le comportement de leurs pères et tente de leur faire comprendre que c’est cette absence même de doute qui rend les crimes futurs possibles. Les hommes du passé étaient eux aussi certains de leur bonne foi, du bien-fondé de leur cause, quand ils ont commis les pires injustices. Et c’est précisément pour ça qu’ils ont pu les commettre à un moment donné.

Ce qui protège réellement contre le crime, ce n’est pas l’indignation, c’est le doute. C’est la question qu’on se pose à soi-même quand on se demande sincèrement le comportement qu’on aurait pu avoir en 39-45. Aurait-on résisté, fait le gros dos ou collaboré ? Jésus nous dit que ceux qui sont intimement persuadés qu’ils auraient « bien sûr » résisté sont, à un moment donné, les plus susceptibles de tomber dans une certaine forme de collaboration heureuse et volontaire.

« Tout est pardonné »

La thèse de Jésus est double :

– L’indignation, l’accusation est mauvaise lorsqu’elle procède du sentiment que nous sommes, par essence, différents de notre prochain. Elle conduit à une violence sans fin, qui se propage à travers les générations. La seule attitude à adopter face aux crimes passés est celle du pardon, pas celle de l’accusation – je rappelle que Satan signifie « accusateur ».

– Nous ne sommes pas juridiquement coupables des crimes du passé, mais nous devrions nous en sentir à tout le moins responsables. Ce sont des gens comme nous, des parents proches, qui les ont commis. En quoi sommes-nous différents ? Pourquoi ne les commettrions-nous pas ? Ne sommes-nous pas même, justement, en train de les commettre ? Ce questionnement est par nature privé et introspectif.

Si je reviens sur la colonisation, la situation idéale pour Jésus, que je ne suis pas loin de suivre sur ce point, est celle où tous les Algériens pardonneraient, cesseraient d’accuser. Dans le même temps, tous les Français se sentiraient responsables, essaient de comprendre comment leurs parents proches ont pu commettre ces crimes et essaieraient, par leur comportement, de ne pas les reproduire.

On peut penser que cette vision des choses est une utopie pourtant, au moment même de la guerre d’Algérie, la France était grande : elle pardonnait à l’Allemagne. Et l’Allemagne était grande car ses enfants, qui n’avaient pas vécu la guerre, reconnaissaient leur culpabilité. Ce sentiment de culpabilité subsiste encore aujourd’hui et c’est aussi en son nom qu’Angela Merkel a accueilli les migrants. Les Allemands se sentent coupables des crimes de leurs pères, les français pensent qu’il n’en est rien : Depuis 70 années, la paix européenne repose sur cette double attitude, que je qualifierais de volontiers de miraculeuse si je n’étais, par nature, un grand sceptique peu porté vers le mysticisme.

Ce sentiment de responsabilité partagée, privé et personnel, n’a rien à voir avec la repentance nationale, qui est une forme d’auto-flagellation publique et une mise en accusation. Dès que la repentance est publique, Jésus la dénonce aussi , et dans le même passage. Il avait compris, bien avant l’heure, que derrière toute auto-accusation publique se cache soit une volonté de mise en avant personnelle soit un procès stalinien.

Qu’est-ce qui se cache donc derrière le discours repentant de Macron sur la guerre d’Algérie « crime contre l’humanité » ? Une volonté de mise en avant personnelle.

De quoi tous ceux qui relaient, avec force indignation et morale grandiloquente, ce genre de discours « victimaire » sont-ils le nom ? Ils représentent la violence, ils perpétuent la guerre sans fin. Quand on justifie les émeutes des banlieues par la colonisation passée ou par l’indignation causée par trois ou quatre salopards à la matraque baladeuse, on est dans la guerre sans fin. Comme ils se sentent purs et différents, ils sont aussi les plus susceptibles de reproduire les pires comportements du passé.

Et comme il s’agit d’un article politique, et qu’il faut parler des dangers d’aujourd’hui, je vais nommer les Plénel, les Autain, Libé (« et en plus il ne recule devant aucun amalgame ! »), le Défenseur des Droits, les gauchistes, en ce sens qu’ils sont à la gauche ce que le Stalinisme est à Jaurès (« Décidément, c’est complet ! Quelle honte ! »), les indignés professionnels. Tous ont commencé la collaboration heureuse avec l’islamisme au nom d’une soi-disant rupture hypocrite avec le passé, qui ne fait en réalité que le perpétuer.

J’espère qu’on me pardonnera cette interprétation biblique. Je précise quand même que je ne suis ni chrétien ni même croyant et que je n’ai donc pas participé à la Manif pour tous (« Comme quoi, de tous les réactionnaires, les laïcs sont vraiment les pires !« ). Le fait que ma photo de profil Facebook ressemble en plus à celle d’un moine est fortuit et totalement involontaire.

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La Vérité selon Le Monde 3 février 2017

Par Thierry Klein dans : Blogs et journalisme,Humeur,Non classé.
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Decodex est l’outil récemment créé par Le Monde pour, je cite, « permettre au plus grand nombre de vérifier les informations qui circulent en ligne ».

Ce n’est pas de la pré-truth, pas de la post-truth, c’est de la Vérité Vraie, estampillée « Le Monde ».
En russe, on appelle ça la Pravda.

Et donc, Decodex ne traduit que les biais du journal lui-même. Al Jazeera, c’est évidemment tout ce qu’il y a de plus fiable, pas du tout influencé par l’islamisme. Alors que Russia Today, c’est évidemment très très méchant !

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De Carlos Ghosn à Donald Trump 24 janvier 2017

Par Thierry Klein dans : Economie,Humeur,Politique.
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Sur le plan éthique, il n’y a aucun fondement valable pour que Carlos Ghosn gagne plus que ma femme de ménage. Les deux ont un travail difficile, prenant, contraignant, même si les contraintes sont différentes.

Alors, au nom de l’efficacité, on peut admettre certaines différences.

Sans doute les « qualités » de Carlos Ghosn sont-elles un peu plus rares (quoique… je ferai une très mauvaise femme de ménage, j’en suis certain, alors que je pourrais peut être très bien diriger Renault).

Sans doute, Carlos Ghosn a-t-il besoin d’argent devant lui pour ne pas être « acheté » par la concurrence (quoique… quand on regarde, les tops managers passent comme une fleur d’une entreprise à une autre, comme les hauts fonctionnaires passent de l’état à l’entreprise. Et Carlos Ghosn me semble en situation de conflit d’intérêts permanent du fait des différentes entreprises qu’il dirige et des différents états qui le soutiennent).

Etc… Toutes ces raisons tiennent de l’efficacité, pas de l’éthique. On peut les tolérer pour justifier une certaine différence de revenus entre les gens, au nom d’une certaine efficacité économique. Par exemple des écarts de 1 à 10 ? De 1 à 100 ?

Mais ressaisissez-vous ! ressaisissez-vous tous ! Quand on commence à gagner 1000 fois ou plus (cas de Carlos Ghosn) le salaire de l’ouvrier de base, on porte atteinte à l’essence même de la démocratie. Avec ces écarts là, plus d’égalité qui tienne. Vous êtes, ni plus ni moins, dans les mêmes conditions qu’avant la révolution française, quand quelques nobles détenaient 99% des terres – les terres en 89, l’équivalent aujourd’hui du capital.

A ce niveau là, il ne peut y avoir que vol, spoliation, passe-droits et surtout ce comportement est nuisible pour l’intérêt général. Il gagne le salaire de 1000 ou 10000 de ses ouvriers, c’est forcément un frein pour leur rémunération et le développement de l’entreprise. Je vous rappelle l’origine de la crise de 2008: leurs salaires baissant, les salariés américains ne pouvaient plus subvenir à leurs besoins et ont massivement emprunté, en particulier pour se loger. Pendant 30 ans, ils ont vécu de la plus-value immobilière au lieu de vivre de leur salaire. La bulle qui en a résulté a créé la crise financière.

Depuis une quarantaine d’années, le capital se concentre entre un nombre de plus en plus réduit de mains. Nous créons une aristocratie de même type que sous les rois. Les effets de tout ceci sont évidemment nuisibles.

Quels ont été les gains de productivité depuis 100 ans ? 1000 % 10 000 % ? Pourtant, 99% des êtres humains restent obligés de travailler beaucoup, jusqu’à un âge de plus en plus avancé. La sécurité sociale va disparaître. Ces gains de productivité non redistribués, c’est le salaire des Carlos Ghosn. [Et il en adviendra de même des gains de productivité liés aux robots]

La principale force de patrons comme Carlos Ghosn: disposant de moyens illimités, ils parviennent à convaincre leurs actionnaires, qui sont pourtant intelligents, qu’ils sont indispensables. Ils parviennent à vous convaincre, et vous êtes pourtant intelligents, qu’ils agissent « pour le meilleur » (je reprends l’expression de Voltaire face à Leibniz, le débat est au fond le même).

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L’étrange école 23 janvier 2017

Par Thierry Klein dans : Humeur,Politique.
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Les points communs entre l’Education Nationale et l’armée française des années 30:

  • elle est, et de loin, le premier budget de la Nation
  • tout le monde a conscience que les mauvais choix sont faits, alors que les bons choix sont évidemment connus
  • la stratégie est faite par un petit nombre de fonctionnaires incapables, en retard d’une guerre, dont le Ministre n’est plus que le porte-parole.

En conséquence :

  • toute critique est vécue comme une insubordination, une subversion, voire une trahison. « Réfléchir, c’est déjà désobéir ».
  • plus on rajoute de l’argent et plus c’est inutile. Le budget de l’éducation est devenu un trou sans fond.
  • l’opacité est chaque jour plus grande, la langue de bois plus présente, la hiérarchie plus pesante sur les esprits et le discours : aujourd’hui, de plus en plus, l’école devient la « Grande Muette ».

Si on veut donner un tour polémique à tout ça (mais loin de moi cette idée !), on pourrait considérer que, comme l’armée a fait, via Maginot et via son idéologie, le jeu de l’ennemi, l’Education Nationale fait sans doute aujourd’hui celui de l’islamisme.

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Le coût caché de la réussite pour tous les élèves 5 décembre 2016

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Chef d’entreprise, je fais régulièrement passer des entretiens d’embauche à de jeunes candidats. Je constate un phénomène qui n’a cessé de s’aggraver depuis quinze ans : les diplômes, même pour de très jeunes diplômés, ne signifient plus rien quant au niveau scolaire réellement atteint par les candidats. Les conséquences pour le diplômé et pour mon entreprise, en l’occurrence une PME, sont graves.

La sélection par entretien privilégie la forme sur le fond, le savoir-être sur le savoir, le social sur la compétence.

La multiplicité des diplômes (Master I, II, écoles diverses) et leur absence souvent totale d’exigence entraîne une multiplicité d’entretiens et, pour une PME, une impossibilité de valider le niveau réel de tous les candidats. Le faire serait rentrer dans un processus très lourd, équivalent à l’organisation d’un examen pour chaque candidat. En conséquence, la performance à l’oral prime, au moins au début du processus. Nous laissons probablement beaucoup de candidats de valeur au bord du chemin au détriment de candidats qui se présentent bien. Se présenter est une aptitude sociale, un « savoir-être » (ou plutôt “paraître”), ce n’est pas, le plus souvent une qualité de fond. Mais le fond, le diplôme ne le valide plus.

Les erreurs à l’embauche se multiplient

La chute de niveau général est énorme et généralisée. Je vois aujourd’hui des Bac + 5 incapables de rédiger un texte de 10 lignes sans plusieurs fautes d’orthographe (je ne parle même pas de structurer intelligemment un texte ou un argumentaire). Dans le secteur scientifique, beaucoup de Master II ne sont pas capables de résoudre (encore moins de poser) des exercices de niveau BEPC des années 70. Le phénomène commence, depuis 5 ans, à toucher des écoles d’ingénieurs ou de commerce réputées.

Un coût annuel de plusieurs milliards pour la collectivité

Le coût pour l’entreprise de cette baisse de niveau est énorme. Ne pouvant recruter un candidat au niveau, elle va devoir faire rentrer les jeunes embauchés en période d’observation, voir s’ils sont capables de s’adapter et de progresser. Or cette adaptation (en fait une formation) est forcément longue (typiquement 1 an) et va largement au-delà de la période d’essai. Le taux d’échec est important et crée des tensions, des rancœurs, des conflits juridiques, bref une inefficacité énorme dans l’entreprise.

A l’échelle de Speechi, PME de 20 personnes, ce coût est de plusieurs dizaines de milliers d’euros par an. Ce qui veut dire qu’à l’échelle du pays, on parle en milliards. Tel est le coût caché économique de la baisse de valeur généralisée des diplômes, de la fameuse « réussite pour tous les élèves ».

Une génération sacrifiée

Encore n’a-t-on parlé, jusqu’à présent, que d’efficacité et d’argent. Mais le coût personnel, psychologique pour les jeunes diplômés est lui aussi énorme. Quand on a fait 5 ans d’université, on s’attend à pouvoir disposer d’un poste en rapport avec ce nombre d’années d’études. On a, et c’est normal, des espérances, de l’ambition et, normalement, un avenir. Or, de plus en plus, cette espérance est un mythe : pour 90% des jeunes diplômés, le diplôme d’études supérieures n’est plus le sésame espéré et le sera de moins en moins.

J’insiste sur le fait que le bon étudiant, qui a effectué des études sérieuses, a de fortes chances d’être traité par l’entreprise comme le mauvais étudiant, au moins pendant un certain temps car l’entreprise n’a ni les compétences ni le temps pour les différencier. D’autant plus que, démagogie suprême, l’université aura probablement octroyé au « bon » comme au « mauvais » étudiant un bulletin de notes très similaire.

Et on en arrive à ce paradoxe, qui n’est qu’apparent : la réussite de tous les élèves devient l’échec de tous les élèves. La culpabilité de notre système scolaire et universitaire est immense. Nous sacrifions cette génération.

De la réussite de tous les élèves au chômage pour tous les diplômés

Tout ceci fait que, de plus en plus, nous avons tendance à privilégier l’embauche de professionnels expérimentés, ayant 10 à 15 ans d’expérience, même si leur expérience, dans des métiers aussi high-tech que ceux que nous proposons, ne colle pas parfaitement à nos besoins. Au moins ces candidats offrent-ils de bien meilleures garanties quant à leur niveau général. Alors que nous avons vocation à embaucher de jeunes diplômés, tout se passe pour eux comme si, de fait, nous les discriminions.

Il y a un raisonnement que l’on répète à l’Éducation nationale comme un mantra : comme les élèves qui sortent sans diplôme sont ceux qui s’insèrent le moins bien dans la vie professionnelle, il faut faire en sorte que tous sortent avec un diplôme. Mais tel quel, ce raisonnement tient de la pensée magique. Au lieu de tenter d’amener chaque élève au niveau du diplôme, ce qui aurait évidemment des conséquences bénéfiques pour l’élève et pour la société, on donne systématiquement le diplôme à l’élève, quel que soit son niveau, ce qui a des conséquences négatives pour l’élève et pour la société.

La confiance des français en leurs diplômes était immense et si, au début le système a « tenu », il s’effondre aujourd’hui. Le niveau de confiance dans le diplôme est en chute libre et le diplôme n’est plus protecteur (même si, effectivement, on reste content de le posséder ou que nos enfants le possèdent). Le cas le plus emblématique est évidemment le baccalauréat, mais je constate que même des écoles de commerce ou d’ingénieurs réputées sont en train de sombrer.

Notre société s’épuise à financer un système scolaire et universitaire de plus en plus coûteux dont le simple but devient de retenir les élèves à l’école, les étudiants à l’université, à tout prix, sans se préoccuper réellement du niveau atteint. La plus-value « économique » de ce système pour le pays est de plus en plus faible. Cette plus-value économique n’est certes pas l’objectif premier de l’école, qui depuis Jules Ferry a d’abord eu pour but de former des citoyens libres, au sens du premier article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Mais le système scolaire et universitaire est depuis trente ans pétrifié par la crainte du chômage. Toutes les réformes s’y sont faites au nom des sacro-saintes efficacités professionnelle et économique. L’enseignement des savoirs généraux a reculé au profit des compétences dites professionnelles, comme on l’a encore vu dans la récente réforme du Collège qui abandonne en rase campagne les matières générales « inutiles » (par exemple Latin et Allemand) au profit des l’Anglais, langue professionnellement « utile ».

On voit aujourd’hui comment la conséquence ultime – et immorale envers nos jeunes – de cet abandon crée en fait toujours plus de chômage.

La fin de la sélection, le règne du piston

Je termine par un cas pratique, vécu tout récemment. Un BTS (Bac +2) de la région propose à tous ses élèves une formation en alternance (pourquoi pas puisqu’un BTS est une formation professionnelle). Mais il n’admet l’inscription d’un élève que si celui-ci a pu se trouver un stage long (2 ans) en entreprise lui permettant de régler ses frais de scolarité. L’entreprise est censée former le candidat mais doit aussi s’engager sur un contrat à durée déterminée, rémunéré au niveau du SMIC, de deux ans (ce qui veut dire que l’entreprise ne pourra interrompre ce contrat, quelle que soit la performance ou la motivation de l’étudiant).

Évidemment, l’école qui délivre le BTS démissionne de sa tâche, qui est de former l’élève pour qu’il trouve un emploi et non pas de le forcer à trouver un emploi pour financer son école. Mais quelles sont les conséquences pour l’étudiant ?

Soit l’entreprise recherche de la main-d’oeuvre à bas coût et elle recrute un tel candidat (il y a des dégrèvements de charges sociales pour le faire) sans aucun objectif de formation. C’est ce qui se passe dans 90% des cas. Soit elle connaît le candidat et l’embauche parce qu’elle le connaît – que cette décision soit bonne ou mauvaise, quelle que soit la valeur du candidat, il s’agit de piston. Et c’est là que je voulais en venir : la réussite de tous les élèves, la baisse du niveau des diplômes, cela conduit au règne du piston – la sélection par l’origine sociale.

Tout le contraire de l’école républicaine.


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Ce billet a été rédigé avant la publication, la semaine dernière,  de l’enquête internationale TIMMS qui met en évidence la baisse de niveau du bac, mais cette enquête l’éclaire évidemment d’un jour particulier – et le confirme.

Que montre le graphique ci-contre ? De 1995 à 2015, le pourcentage de mentions au bac S a doublé, le pourcentage de mentions “Très bien” a été multiplié par 10. Simultanément, le pourcentage de bacheliers ayant un niveau très élevé en maths a été divisé par 15, le pourcentage de bacheliers ayant un niveau élevé a été divisé par 5.

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Alain Juppé n’est pas Pierre Mendès France 6 novembre 2016

Par Thierry Klein dans : Politique.
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« Celui qui est devant vous, et dont le sentiment sur le problème de l’Indochine n’a pas varié, fait appel, pour le soutenir, à une majorité constituée par des hommes qui n’ont jamais directement ou indirectement épousé la cause de ceux qui nous combattent, d’hommes qui, en conséquence, peuvent revendiquer la confiance de nos soldats et négocier en toute indépendance avec l’adversaire. »

Pierre Mendès-France, discours d’investiture, 1954

En 1954, quand Pierre Mendès France fut investi Président du Conseil pour mettre fin à la guerre d’Indochine, il refusa de comptabiliser les voix communistes. Tout soutien est une dépendance politique. Il considéra que, les communistes étant depuis des années devenus des alliés objectifs de l’ennemi, accepter leur soutien aurait été une forme de trahison de la nation qui lui lierait les mains dans la négociation qui allait s’ouvrir.

Le problème qui se pose aujourd’hui dans les élections primaires de la Droite est rigoureusement identique et les sarkozystes ont tout à fait raison de le signaler (à ceci près, qu’évidemment, la leçon de gouvernement classique donnée par PMF est remplacée par une sorte de tragi-comédie ridicule : passer de PMF à Sarkozy, c’est comme passer de Corneille à Marivaux).

François Bayrou a depuis longtemps trahi les intérêts de la Droite et a appelé à voter Hollande contre Sarkozy en 2012. Il appelle aujourd’hui à soutenir Juppé mais précise que si Juppé n’est pas choisi, il ne respectera pas le résultat de l’élection et jouera alors son propre jeu contre celui de la Droite.

Le risque qu’encourt Juppé est double. Outre le problème moral évident, le soutien qu’il accepte de Bayrou est une mise sous dépendance, qui le privera de moyens futurs d’agir.

La position de PMF peut sembler au départ irrationnelle, puisqu’elle peut conduire à échouer dans la conquête du pouvoir. En réalité, c’est la seule position rationnelle possible, celle qui permet de faire quelque chose quand on est au pouvoir. L’échec du quinquennat actuel de François Hollande est inscrit dans la multiplicité des soutiens ambigus et irréconciliables (Verts, Front de Gauche, Frondeurs, Gauche libérale, Modem, etc…) qui ont empêché le Président de gouverner dès le premier jour.

Si Juppé ne veut pas tomber dans ce double piège, il devrait refuser publiquement le soutien de Bayrou, demander aux électeurs du Modem de ne pas se déplacer. Ceci jusqu’à ce que Bayrou s’engage lui-même publiquement à soutenir le vainqueur de l’élection primaire, quel qu’en soit le résultat.

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Céline Alvarez, Maria Montessori, Mlle Grenier, la Belle et Lumineuse Nature et moi 8 octobre 2016

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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En 1967, mon institutrice de maternelle, Mlle Grenier, a testé la méthode de lecture Montessori. Aux vacances de pâques, j’ai lu mon premier livre de bibliothèque rose à la grande joie de mes parents (même si, rétrospectivement, ma virilité a un peu de mal à assumer qu’il s’agissait de « Blanche-Neige »).

J’avais appris à lire sans avoir à fournir le moindre effort, du moins est-ce l’impression qui, aujourd’hui, m’en reste. Dès le mois d’avril 68, je lisais parfaitement, très rapidement, naturellement à la différence des autres enfants que j’ai pu côtoyer ensuite qui, le plus souvent, déchiffraient laborieusement les textes ; pour certains jusqu’en classe de 3ème.

A la fin de l’année, cinq autres élèves étaient dans mon cas et lisaient parfaitement. Tous les autres enfants de ma classe de maternelle étaient capables de déchiffrer, mais de façon plus lente.

J’ai toujours pensé que cette faculté de lire « automatiquement » avait été une grande chance pour mes études. Conjecture : comme je lisais parfaitement, une toute petite partie de mon cerveau était mobilisée pour la compréhension des mots, le reste était libre pour tout ce qui était plus compliqué, la compréhension du sens réel, l’élaboration, la création, la critique… Toutes ces capacités, j’ai pu les développer très tôt grâce à Mlle Grenier, même si ce n’était plus dans sa classe. L’avance prise à quatre ans augmente mécaniquement avec le temps, c’est injuste mais c’est comme ça. Et c’est pourquoi l’école primaire est si importante.

Je me souviens qu’à la fin de l’année scolaire, Mlle Grenier a été inspectée. C’est la seule fois où nous avons entendu monter le ton dans la classe – mon institutrice était une femme décidée, mais douce et discrète. L’inspecteur lui a fait la remarque que sa méthode n’était pas autorisée et lui a demandé de ne plus l’utiliser. Mlle Grenier a objecté que six enfants lisaient déjà couramment, que les autres déchiffraient. Ce n’était pas si mal pour une classe de maternelle où le temps consacré à la lecture n’avait pas été très important – nous jouions avec les fameuses cartes de 15 mn à 1h par jour. Mlle Grenier a dû arrêter, en fin d’année, cet enseignement.

Quarante ans plus tard exactement, en 2007, quand ma fille a eu quatre ans, j’ai acheté le kit Montessori. Constitué d’une grosse boîte à chaussures et de quelques cartes cartonnées, cela ne nécessite aucun moyen contrairement à ce que je lis dans cet article consacré à Céline Alvarez, qui aurait bénéficié de 10 000 € de matériel pédagogique et d’une assistante d’éducation « rompue à la méthode Montessori ». Sans parler du fait que Céline Alvarez serait « capable de travailler 100 h par semaine ». Quand on m’annonce de de telles performances, j’ai immédiatement, dans un coin de ma tête, une cloche qui résonne (raisonne) en tintant « Propagande, propagande ! ».

J’ai dû passer 10 mn par jour avec ma fille, qui alors, en maternelle, ne suivait aucun apprentissage de la lecture. J’ai reproduit strictement la méthode qu’avait, dans mon souvenir, appliquée Mlle Grenier et vous savez quoi ? A la fin de l’année, ma fille lisait correctement ! Je précise que je n’ai aucune expérience pédagogique. La grande modestie qui me caractérise m’oblige de plus à admettre que, de l’avis général, y compris malheureusement de celui de mes enfants et de ma femme, je suis un piètre pédagogue.  Bien entendu, je suis intimement convaincu que ma fille a une « belle et généreuse nature » (comme son père) mais je suis donc loin d’être persuadé, comme Céline Alvarez, que mes techniques pédagogiques aient contribué à révéler cette dite nature !

Deux ans plus tard, mon fils a repris la « boîte à chaussure » et a commencé avec Montessori. J’avais moins de temps pour lui, à cette époque. Je rentrais assez tard le soir, lorsqu’il était déjà couché. J’ai eu la chance de trouver cette petite application qui mettait en œuvre la méthode Montessori sur une tablette iPad, avec les deux grands avantages suivants (dont j’ai pris conscience au fil du temps):

  1. la méthode Montessori nécessite habituellement la supervision d’un adulte qui « vérifie » les mots et valide le passage des niveaux. Sur tablette, l’application propose les mots et permet à l’enfant de franchir les niveaux presque sans assistance.
  2. Le temps de l’adulte limite habituellement le nombre de mots proposés à l’enfant, or plus l’enfant écrit de mots, plus vite il apprend à lire. La tablette peut proposer un nombre quasi-infini de mots à l’enfant, qu’elle rend « accro » et cette dépendance permet de progresser. Si je voulais donner un semblant de caractère psy à mon discours, je dirais que la dépendance à la machine remplace de façon avantageuse le transfert au professeur.
    C’est le seul exemple que je connaisse où l’usage d’une tablette, et l’addiction dans laquelle elle enferme l’enfant, a un effet positif sur l’apprentissage (1).

En avril, mon fils savait lire correctement. Et il avait appris presque tout seul, avec un iPad.

C’est dire si je ne suis que peu surpris des résultats que Céline Alvarez a obtenus avec sa classe. Je n’ai en fait jamais compris pourquoi cette méthode n’avait pas été plus développée, ou au moins testée, par l’Education Nationale. Il n’y a pas besoin d’invoquer une expérience  quasi-mystique, comme le fait Céline Alvarez, qui visiblement a roulé fin-fin-fin les fameuses cartes en papier, fourré pas mal de moquette à l’intérieur et fumé le tout en hommage à la « Belle et Lumineuse Nature ». Il n’y a pas besoin non plus d’adhérer aux autres préceptes ou théories de Maria Montessori – la méthode de lecture elle-même peut-être isolée de tout cadre pédagogique plus ou moins grandiose et mérite d’être testée en tant que telle.

Je précise que la méthode Montessori est une méthode syllabique, non globale, qui consiste en fait à apprendre à écrire les mots. La capacité à les lire vient automatiquement ensuite, « gratuitement » pour l’enfant, comme une sorte de bénéfice secondaire. Jamais l’enfant n’apprend à lire mais à un moment, il « sait ».

L’Education Nationale manque toujours, paraît-il, de « données scientifiques concernant les résultats obtenus » – cela fait au moins quarante ans (en fait 100 ans pour Montessori) que ça dure, il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Cela a pour conséquence de transformer des débats qui devraient être purement techniques en des affaires politiques, voire mystiques.


Ajout : un cas d’école pour l’évaluation aléatoire

C’est précisément pour faire bouger les lignes qu’en 2012, j’ai lancé, chez Speechi, le développement de notre logiciel d’évaluation sur tablettes « Je Lève La Main ». Le but est de pouvoir facilement et rapidement tester et comparer les résultats de différentes classes utilisant des méthodes pédagogiques différentes et de se servir des résultats obtenus pour influencer les politiques pédagogiques. D’éviter la mise en place à marche forcée de réformes potentiellement destructrices (réforme du collège, réforme des rythmes scolaires) sans expérimentation – alors que cette expérimentation pourrait être menée de façon non destructrice, peu coûteuse et légère en quelques semaines. De petit à petit transformer la pédagogie, qui est aujourd’hui un art, en une science expérimentale.

J’avais clairement en tête, dès le départ, l’application de cette méthode expérimentale  à la méthode Montessori qui présente  un double intérêt : elle est facilement évaluable et  c’est, dans sa version numérique, une application utile (la seule ?) des tablettes à l’école.

Dans l’état actuel de notre logiciel, si quelques dizaines d’enseignants de maternelle et leurs élèves disposent de tablettes pour leur enseignement, il serait ainsi facile de répondre de façon rigoureuse, en quelques semaines à quelques mois, aux questions suivantes :

  • La méthode Montessori permet-elle d’apprendre à lire plus ou moins rapidement que les méthodes syllabiques traditionnelles ?
  • L’application Montessori sur tablette permet-elle d’accélérer l’apprentissage ?
  • L’apprentissage par Montessori a-t-il un impact sur l’orthographe des élèves (je conjecture que oui, car les élèves apprennent à écrire avant de lire. Cela peut aussi, grâce au logiciel que nous avons créé, être évalué).
  • L’apprentissage par Montessori développe-t-il le goût pour la lecture ? (Je conjecture aussi que oui, mais cela peut et doit être évalué).

Si des enseignants dont la classe est équipée en tablettes lisent cet article, je le leur lance d’ores et déjà un appel, qu’ils utilisent une méthode traditionnelle, Montessori ou globale.


(1) Pour en savoir plus sur l’introduction des usages de l’informatique à l’école, voir ce document, page 2 (“Une promesse coûteuse et non tenue”)

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