Discours d’anniversaire : à ma maman 23 septembre 2009
Par Thierry Klein dans : Humeur.Lu 33 390 fois | 3 commentaires
Puisqu’on me le réclame partout (en fait, je suis fier comme un pou de ce discours), voici une copie du discours que j’ai ânonné rédigé pour les 70 ans de ma maman chérie samedi dernier (anniversaire surprise et bravo à papa pour l’organisation, d’ailleurs).
Vous noterez avec satisfaction qu’une étape vers le raffinement et le classieux a été franchie par-rapport à ce que je produis habituellement en matière de discours de mariage.
Le contenu est un peu « private » par-rapport aux autres billets de ce blog. Certains vont sûrement trouver ça impudique. Je les renvoie vers Secret Story qui me bat tous les jours à plate-couture en la matière et je ne saurais mieux faire.
Evidemment, Maman, pour moi, ça commence à ma naissance et même un peu après, parce que je n’ai pas beaucoup de souvenir de ma naissance, bien qu’on m’ait toujours affirmé que j’étais aux premières loges. Donc, je n’ai pas grand chose à dire sur la période marseillaise: mes souvenirs d’enfance, c’est avant tout la période nantaise.
Ce dont je me souviens, c’est qu’il y avait très souvent, presqu’en permanence, du monde à la maison. Quand j’en parle à mes frères et soeurs, on a en mémoire avant tout les goûters du dimanche soir avec les Raulin et les Thélot – c’était super, sauf que quand les Thélot étaient là on ne pouvait pas regarder la télé.
Les Gras, les Chirons, Patrick, Pascal et Pierre passaient très souvent – avec une pointe de fréquentation marquée pendant la crise d’adolescence qu’ils ont tous eu, comment dire, assez forte.
Quelques années après, une dénommée Mère Thérésa a eu un prix Nobel – à notre grand étonnement parce que je peux vous assurer qu’elle n’a pas fait le quart à Calcutta de ce que maman a fait rue du Dr Rappin – et en plus maman est bien meilleure cuisinière que Thérésa.
Celui qui profitait le plus de tout ça, en fait, c’était le cocker, Itou, parce qu’il gagnait sur tous les tableaux: comme la maison était toujours ouverte, ça lui permettait de passer le plus clair de son temps dehors. Il rentrait juste à l’heure des repas pour voler le gigot ou le poulet – il arrivait toujours à voler quelque chose et je ne compte plus les dîners où 15 mn avant de passer à table, on se rendait compte que le chien avait tout mangé – impossible de lui reprendre quoi que ce soit, il devenait dangereux dès que ça touchait à la bouffe et en plus il était rancunier: la fois où on est arrivé à lui ôter le pain de la bouche, il s’est vengé en lacérant les sièges de la DS.
On vivait dans un univers marqué par la biologie.
A 5 ans, en cadeau d’anniversaire, on nous a donné notre première grenouille à disséquer – je me souviens toujours très bien de la position du nerf sciatique de la grenouille.
A 7 ans, comme on était en période post-soixante huitarde, on a eu droit à des schémas très avancés des appareils génitaux masculins et féminins, niveau fac de médecine – ceux-là, heureusement, je les ai oubliés.
Un univers marqué par la biologie, mais pas forcément par la science: on a appris juste 48h avant l’arrivée des jumeaux qu’on allait avoir 2 frères et soeurs – parce que personne n’avait été foutu de lire l’échographie correctement.
Une autre fois, en promenade, ma mère voit un gros chien avec un tampon sur les fesses. Elle demande à son maître: « qu’est-ce qu’il a votre chien ? ». « C’est une chienne madame ». « Que voulez vous que ça me foute ? »
(ce qui fait que pour moi, la biologie a toujours été une sorte de chainon manquant entre l’astrologie et la science).
Pour être tout à fait honnête, il y avait aussi souvent à la maison un niveau de stress et de cris non négligeable. On parle des amours de Liz Taylor et Richard Burton, on s’extasie qu’ils se soient remariés 7 fois, mais moi, ça ne m’a jamais impressionné, parce que mes parents ont dû divorcer en paroles un bon millier de fois.
J’ai toujours été depuis eu une grande méfiance pour toutes les stratégies de dissuasion nucléaire parce que j’ai pu observer que dans certains cas, seule la relative rareté d’une ressource naturelle nommée vaisselle peut mettre fin aux conflits (Pour tout vous dire, ça continue encore aujourd’hui, mais les derniers projets de divorce ont échoué parce que mes parents n’arrivent pas à s’entendre sur la façon de se répartir la garde des capsules Nespresso).
Je me souviens bien sûr des vacances au Sauze avec les Lazarus. Au Sauze, on vivait à 6 pendant 1 mois dans 35 m carrés donc le terme de maison ouverte n’est sans doute pas totalement approprié. Depuis avec mes frères et soeurs, je ne sais pas pourquoi, on s’est toujours passionné pour les problèmes de surpopulation carcérale.
Il y a une autre anecdote qui me revient à l’esprit.
On rentrait de Suisse par les Alpes. Nous avions acheté un horrible coucou qui valait sans doute très cher et il était caché dans le coffre, sous la roue de secours, endroit que bien évidemment aucun douanier ne penserait jamais à inspecter.
Maman était très très stressée, elle aurait souhaité le déclare, ce coucou, et pendant les 2 ou 3 h précédant le passage en douane, Nathalie (3 ans) et moi (7 ans) avons été briefés de façon intensive.
En cas d’interrogatoire, même très poussé des douaniers, même avec la lampe blanche dans les yeux, nous devions nier farouchement la présence de tout coucou dans la voiture. Nous savions aussi que si le Douanier, vicieux et manipulateur par nature, lâchait devant nous le mot « coucou » ou « réveil » ou même « horloge », nous devions rester absolument passifs et indifférents pour ne pas tomber dans son piège.
Quand j’y repense, je me dis que si les allemands étaient revenus, nous étions quasi prêts.
Nous avons roulé doucement jusqu’au poste de douane. Grand sourire de mes parents pour leur montrer qu’ils avaient bien 32 dents (nous à l’arrière, on en avait un peu moins, je ne me souviens plus exactement combien, mais je vous garantis qu’on les montrait toutes). Mon père a baissé la vitre, et dit « bonjour. » Le douanier a salué, dit « Bonjour Monsieur », regardé maman et dit « bonjour Madame ».
Eh bien, il était encore plus vicieux que ce qu’on pensait, ce douanier, parce que là, maman a répondu « coucou ! » . Et dans la confusion qui a suivi, on est resté plus de 5h en douane – je me demande encore comment on a réussi à reconstituer la voiture, qu’ils sont désossée !
Le côté « maison ouverte », ça perdure à St-Germain et souvent, ça nous inquiète.
De temps en temps, il y a un SDF stupéfait qui se retrouve invité à manger et dormir à la maison sans raison, simplement parce que maman a trouvé qu’il avait l’air malheureux sur le trottoir. En fait, personne ne sait d’ailleurs si c’est un SDF – si ça se trouve, c’est Howard Hugues – mais bon, maman a trouvé qu’il avait l’AIR malheureux.
L’autre jour, dans le métro, un couple se dispute et l’homme commence à frapper sa femme. Comme toujours, les parisiens baissent le nez et passent. Qui s’interpose ? Maman ! Elle commence à engueuler l’homme, une brute épaisse de 1,90m, 90 kg, qui la menace, puis s’enfuit !
Quand vous l’interrogez, elle dit qu’elle ne risque rien, qu’elle a toujours eu beaucoup d’intuition. Vous avez tous pu constater vous même il y a 1 h la grande intuition dont elle a fait preuve pour deviner le contenu de la soirée… Bref, pour nous, les enfants, l’angoisse est permanente.
Mais le plus embêtant, vraiment, c’est que maintenant, pour réserver une place dans les maisons de campagne, à Soulac ou au Sauze, on passe après la femme de ménage et même après les peintres qui ont refait la maison il y a 2 ans !
Bref, ce qui recoupe tout ça, ce qu’on a vécu à la maison, ce que certains d’entre vous ont vécu et aussi son métier, professeur, qui a été très important pour elle, c’est le goût des autres et le dévouement pour les autres.
Je vais m’arrêter là par pudeur parce que c’est un d’anniversaire, pas un enterrement.
Pour tout vous dire, c’est la deuxième fois que je fais un discours en l’honneur de ma mère. La première fois, c’était pour la fête des mères et j’avais 9 ans. Le discours a eu un très gros succès mais j’ai toujours eu une sorte de remords et je dois l’avouer maintenant, il était intégralement pompé.
Maman, je suis désolé de te dire que la feuille manuscrite qui jaunit précieusement depuis 37 ans dans l’album photos, celle qui a révélé une grande sensibilité très précoce chez ton fils, c’est du Victor Hugo !
Il faut aussi que vous sachiez que la date de cette réception est mal tombée, parce que maman venait d’entamer un régime, le 2721ème depuis la naissance des jumeaux, mais c’est sûr, ce coup-ci, c’était du sérieux, elle allait y arriver. A cause de vous, tout ça est remis à lundi !
Je vous donne rendez-vous à tous maintenant dans 2 ans, pour les 100 ans de Granny.
Bon anniversaire.
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Comment Internet contribue au rétrécissement du savoir 9 septembre 2009
Par Thierry Klein dans : Economie,Google,Technologies.Lu 14 512 fois | 26 commentaires
Soi disant, Internet représenterait une chance pour le savoir humain. Google référence aujourd’hui plusieurs trillions de pages. Son objectif est de numériser tous les livres au prétexte pompeux que « le plan de numérisation permettra de rendre à nouveau accessibles des ouvrages épuisés et introuvables ».
Savoir potentiel n’est pas savoir réel
Mais comme personne n’a la possibilité physique de lire toutes ces pages – tout ceci ne constitue que le savoir disponible potentiel. La quantité réelle de savoir disponible ne peut être quantifiée que de façon statistique. Le Web est intéressant si le temps moyen passé par un internaute sur des pages contenant du savoir est important. Le savoir disponible, c’est la quantité moyenne de savoir à laquelle un internaute accède réellement – et non pas potentiellement – au cours d’une session, d’une journée, d’une vie, multipliée par le nombre d’internautes.
Or cette quantité de savoir réellement disponible, qui n’a d’ailleurs jamais été très élevée sur le Web, diminue structurellement de jour en jour, Google étant l’acteur majeur, bien que probablement involontaire, de ce rétrécissement.
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Ne lisez pas ce blog et perdez 2 milliards 1 septembre 2009
Par Thierry Klein dans : Technologies.Lu 3 269 fois | ajouter un commentaire
eBay se sépare aujourd’hui des deux tiers du capital de Skype, tout ça parce qu’ils n’avaient pas lu mes articles sur le sujet à l’époque. Ca leur coûte 2 milliards tout rond. Dommage.
(Non seulement c’était un plan foireux au départ, mais en plus, tout montre que les dirigeants de Skype n’ont pas joué le jeu et qu’au final, eBay se sera fait mettre profond par Skype).
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C’est la crise: Isabelle nique 28 août 2009
Par Thierry Klein dans : Humeur,Pour rire ....Lu 3 212 fois | ajouter un commentaire
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Des bonus pour récompenser le « talent » 24 août 2009
Par Thierry Klein dans : Crise Financière.Lu 3 802 fois | 1 commentaire
Plus c’est gros, plus ça passe. Ce qui est arrivé il y a quelques semaines aux USA avec les bonus vient de se reproduire aujourd’hui en France.
Les bonus attribués aux dirigeants et aux traders des banques sont absolument injustifiables.
Ces brillants esprits ont mis leur banque en faillite – en fait, si les banques existent encore, c’est uniquement parce qu’elles étaient trop importantes économiquement pour faire faillite.
Ce sont les contribuables qui les ont sauvées et ce sont les contribuables qui paient les bonus (avec lesquels les traders continuent à prendre des risques… couverts par les contribuables !).
L’argument invoqué par les banques américaines pour justifier l’attribution de bonus a été de dire qu’ils étaient nécessaires pour retenir les « talents » (alors qu’au contraire, virer tous ces talents, dirigeants et traders, serait faire oeuvre de salubrité publique).
Les banques américaines ont fait valoir la nécessité d’attribuer à leurs « meilleurs » employés des rémunérations « comparables » à celles des autres banques (le « comparable » est savoureux car il donne un air décent aux bonus, qui sont quand même en général de l’ordre de 10 millions de dollars !).
Autrement dit, les « autres banques » n’étant pas vertueuses (pourquoi ? parce qu’il n’y a pas de loi sur le sujet, et surtout parce que les banques ont été renflouées, mais pas nationalisées), nous ne pouvons pas l’être. Et surtout: « en bonne logique (libérale), nous nous devons de nous aligner sur les moins vertueux ! »
En soulignant « la nécessité d’une coordination internationale afin d’éviter les distorsions de concurrence », les banques françaises s’alignent aujourd’hui sur cette argumentation. En substance, « Nous sommes prêts à nous aligner, mais impossible car les banques américaines n’étant pas vertueuses, il nous faut (au moins) une décision du G20 !
(Ce qui caractérise les décisions du G20, c’est d’abord qu’elles n’existent pas et qu’ensuite elles ne sont pas suivies d’effet… C’est donc extrêmement reposant pour les banques d’en attendre les conséquences.)
Le pire, c’est qu’à mon avis, si vous entendez parler de la requête des banques sous cette forme, c’est qu’elle a déjà été entendue. Regardez les réactions des ténors UMP:
Xavier Bertrand: « En France, les choses ont déjà bougé (ah bon ?!!!). Ce qui est important, c’est aussi de les faire bouger en Angleterre et aux États-Unis par exemple »
Frédéric Lefebvre: « J’appelle les banques à se montrer exemplaires (traduction: je ne leur impose rien du tout) et les pouvoirs publics à ne pas travailler avec les établissements qui ne respecteraient pas les engagements internationaux » (Ces engagements en matière de bonus sont inexistants !)
Christine Lagarde plaide pour un « mode d’emploi collectif » (et non pas un cadre législatif), estimant que l’encadrement des bonus ne peut se concevoir « qu’à l’échelle internationale.« .
Alors à votre avis, c’est qui les « talents » qui vont se goinfrer ? On en vient à regretter que Kerviel ne puisse pas participer. C’est injuste pour un tel talent.
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Tapie de retour à l’OM ? 16 juillet 2009
Par Thierry Klein dans : Sport.Lu 5 908 fois | 2 commentaires
Personne n’en parle, mais toutes les pistes du nouvel OM mènent à Bernard Tapie.
D’où sort l’argent ?
Cela fait des années que Dreyfus n’investissait plus à l’OM. Il était vendeur. Cette année, des investissements massifs (de l’ordre de 50 millions d’euros) ont été faits… alors que Dreyfus est mort et alors que le club, ayant changé de président et d’entraîneur, est dans une situation instable.
Alors soit les héritiers ont un intérêt tout frais pour l’OM, soit ces investissements sont faits pour quelqu’un d’autre.
Les liens entre Dreyfus et Tapie
Les liens entre Dreyfus et Tapie sont nombreux. Tapie a permis à Dreyfus de gagner beaucoup d’argent, à travers Adidas. Il a aussi permis à Dreyfus d’acheter l’OM. En 2000, Dreyfus a déjà rappelé Tapie à l’OM.
On le sait moins, mais il est très probable que la victoire « sur tapis vert » de Tapie face au Crédit Lyonnais n’aurait pu avoir lieu sans le concours secret, mais actif, de Dreyfus (car Tapie a dû apporter les preuves formelles qu’il avait été roulé par le Lyonnais, et ces preuves, seul Dreyfus pouvait les avoir).
Bref, il a 15 ans, Dreyfus et Tapie ont dû conclure un deal du genre « Tu gardes ta plus-value sur Adidas et je me refais sur le Lyonnais ». Et ça a marché. Et ça crée des liens.
Les nouveaux moyens de Tapie
Tapie est maintenant à la tête de quelques centaines de millions (à part lui, personne ne sait exactement combien car il s’est arrangé pour que la confusion la plus totale soit créée autour du montant qui lui restera). Ca suffit pour l’OM, qui vaut entre 0 et 100 millions (prix que Kachkar était « disposé » à payer).
Sur le montage, les parties sont libres. Tapie pourrait par exemple racheter pour 1€ un club endetté (à cause des investissements en cours, à cause de la dette du club vis-à-vis du groupe RLD – cette dette pouvant être annulée plus tard suite à un échange de bons procédés).
Les nouveaux dirigeants du club
La principale conséquence de l’éviction de Diouf (qui avait des rapports tendus avec Tapie) ?
N’allez pas chercher plus loin : l’éviction de Diouf permet à des proches de Tapie de reprendre le pouvoir au sein de l’OM.
Il y a Dassier (la grande période TF1, quand on voyait Tapie tous les soirs au 20h et quand TF1 était pressenti pour racheter l’OM), Deschamps (le capitaine de l’équipe championne d’Europe, un joueur très très proche des joueurs « ex-nantais » impliqués dans l’affaire VA-OM, même s’il n’a jamais été lui-même formellement mouillé) et enfin Bernès (qui n’apparaît pas officiellement mais à qui un poste a été officiellement proposé).
Le silence assourdissant de Tapie sur l’OM
C’est bien simple : depuis 15 ans, c’est la première fois qu’on ne parle pas de Tapie à l’OM. Ce n’est probablement pas un hasard non plus.
Tapie a toujours maîtrisé ce genre de choses avec un grand talent, c’est un homme – vous allez rire – très discret au fond (la définition de la discrétion, dans le monde médiatique moderne : « faire parler de vous là où ça vous arrange, pas là où vous êtes »).
« Tapie au Club Med », ça permet de garder sous silence « Tapie à l’OM ».
Alors, je sais, vous allez dire que je galèje… Je ne sais pas… je voulais surtout être le premier à vous annoncer la nouvelle.
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Souvenirs de l’Ecole Centrale 3 juillet 2009
Par Thierry Klein dans : Elites,Pour rire ....Lu 6 038 fois | 5 commentaires
Comme presque tous les élèves, je suis rentré à Centrale comme on part à la retraite. Nous étions fatigués par 2 ou 3 années de prépa et nous voyions la Grande Ecole comme une sorte d’oasis où nous allions enfin pouvoir nous reposer pendant 3 ans. Comme j’étais plus ambitieux que la moyenne, j’espérais bien, moi, pouvoir me reposer au moins toute une vie.
Les cours n’étaient pas obligatoires : l’important aux yeux de l’école était « l’assimilation des connaissances » (une façon un peu pompeuse mais bien pratique de justifier la glande). Il y avait quand même, une fois par trimestre, quelques examens et l’objectif était d’y obtenir la moyenne – si on n’avait pas la moyenne, il fallait passer un ou deux rattrapages individuels, ce qui obligeait à bosser un minimum la matière – c’était complètement improductif, de mon point de vue en tous cas.
Vous comprendrez bien que compte tenu de notre emploi du temps très rempli (il y avait le foot, les sorties, le tennis, les vacances et les petits cours de Maths que nous donnions un peu partout pour financer tout ça), nous n’avions guère plus d’une journée à consacrer à la préparation des examens sensés valider, chaque trimestre, notre « assimilation de connaissances ».
Evidemment, c’était la veille de l’examen qu’on bossait – ou plutôt la nuit précédant l’examen, de façon à ce que ces fameuses connaissances n’encombrent notre cerveau que pendant les 4 heures de l’épreuve, après quoi nos neurones oubliaient le tout à jamais – pour ma part, j’ai même oublié le nom des matières qu’on nous enseignait !
Les profs (en général d’anciens centraliens, ce qui permettait de transmettre à travers les générations, de façon quasi-congénitale, une prestigieuse tradition de médiocrité) étaient très conciliants, voire même complices : enseigner à Centrale, pour beaucoup, c’était la bonne planque. On n’allait quand même pas se mettre les élèves à dos – qui plus est des camarades – en leur demandant de travailler !
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Pourquoi nos dépenses de santé dépendent de la réforme du système de santé américain. 21 juin 2009
Par Thierry Klein dans : Economie,Politique.Lu 5 290 fois | 2 commentaires
Je viens de passer 3 jours aux USA où Obama tente actuellement de lancer une grande réforme pour créer, en gros, l’équivalent de notre sécurité sociale. Il n’est pas sûr du tout que sa réforme aboutisse.
Le lobby de la santé est opposé à la création d’une sécurité sociale
Grandes firmes pharmaceutiques et mutuelles privées ont largement contribué, depuis des dizaines d’années, à l’inflation gigantesque des coûts de santé aux USA.
Pour les nombreux geeks qui lisent ce blog et qui se demandent comment ils en arrivent à lire un article qui traite de santé, je dirai que les intérêts des grandes sociétés pharmaceutique et des mutuelles privées sont liés comme le sont ceux de Microsoft et d’Intel: la hausse des coûts de santé génère de nouveaux marchés pour les assurances, etc….
Si une grande agence gouvernementale est créée, elle disposera d’une puissance de négociation énorme pour imposer aux géants de la pharmacie des prix de médicaments plus bas (comme le fait, en France, la sécurité sociale). Elle sera aussi en concurrence directe avec les mutuelles d’assurance médicale privées, qui seront obligées de baisser leurs prix.
Pour faire un parallèle avec la crise financière, dont j’ai beaucoup parlé depuis quelques mois, ces sociétés ont beaucoup de points communs avec les banques « folles »: elles réalisent des bénéfices énormes, elles sont extrêmement généreuses avec leurs principaux dirigeants, leur gestion est opaque, elles disposent d’une capacité d’influence politique et de lobbying pratiquement illimitée.
L’AMA (American Medical Association) a dépensé 10 M$ (millions de dollars) pour le soutien de sénateurs de tout bord depuis 10 ans. Les dépenses de l’AHI (American Health Insurance, qui représente les mutuelles) ont été multipliées par 6 au premier trimestre 2009 (6 M$). Les dépenses en lobbying de Pfizer ont été multiplées par 2 (6,2 M$). Presque toutes les grandes firmes de lobbying américaines travaillent aujourd’hui pour le secteur pharmaceutique dans le but de vider la réforme de tout sens et, comme toujours au Etats-Unis, on fait preuve d’une grande créativité. Je vous livre quelques tentatives intéressantes ci-dessous:
Créer des mutuelles de santé d’intérêt général
L’idée est que des organisations d’intérêt général créent des coopératives mutualistes de santé et d’appeler le tout « sécurité sociale ». Cela peut sembler intéressant au premier abord mais la première conséquence serait de priver ces petites coopératives de tout pouvoir réel de négociation des prix des médicaments, pour le plus grand profit des entreprises pharmaceutiques, qui évidemment soutiennent cette proposition ou certaines de ses variantes (comme des caisses d’assurance maladies régionales au lieu d’une seule caisse nationale, par exemple).
Fixer des objectifs aux entreprises du secteur pharmaceutique, et ne réformer que si les objectifs ne sont pas tenus.
L’idée consiste à imposer des objectifs (réduction des coûts, augmentation de la population ayant accès à une couverture santé) et de ne créer une sécurité sociale que plus tard, si les objectifs ne sont pas atteints.
Une telle initiative serait incroyablement complexe à contrôler (il y aura de toutes façons des réductions de coût aux USA du fait de l’instauration du dossier médical unique sous forme numérique, il y aura de toutes façons une progression du taux de couverture parce qu’Obama va faire voter une loi en ce sens).
Surtout, en termes politiques, « plus tard » signifie « pas de loi, bataille gagnée ». Dans monde entier, les lobbys qui cherchent à préserver une situation existante se fixent des soi-disant « obligations éthiques » pour éviter le vote d’une loi qui serait vraiment contraignante: demandez au Patronat français, par exemple, pourquoi il préfère édicter des règles de conduite sur la rémunération des patrons plutôt qu’une loi !
Le financement de la réforme
A partir du moment où la Sécurité Sociale existe, il faut des charges sociales pour la financer. L’idée est que les employeurs paient une taxe qui devrait être d’environ 10% du salaire. Les représentants des « petites entreprises », un lobby très puissant aux USA parce qu’il touche à l’essence même du rêve américain (voir un de mes précédents billets) demandent une exemption. Si cette exemption est trop large, la réforme sera tuée dans l’oeuf.
Bien que la réforme n’ait pas encore été chiffrée, il est aussi prévu de taxer les hauts revenus (plus de 200 ou 300 k$ / an) en limitant les sommes déductibles. Ce qui fait que la plupart des ONG, qui vivent de ces déductions sous la forme de dons privés, sont opposées à la sécurité sociale !
La bataille au Congrès
Les Républicains sont opposés à cette réforme, mais Obama n’en a pas forcément besoin. Le problème vient en fait des démocrates car beaucoup ne peuvent pas avoir l’air de ne pas la soutenir (son principe est très populaire) mais sont sensibles aux charmes des lobbys… Les alternatives hypocrites que j’ai mentionnées plus haut sont soutenues par de nombreux et influents démocrates (Baucus, Président de la Commission des Finances, Ron Wyden…).
Le dernier Président à s’être réellement attaqué au problème, Bill Clinton, avait échoué sur toute la ligne.
Les conséquences sur le monde
Il n’y a pas d’idée plus fausse, ni plus communément admise que celle qui consiste à croire que les dépenses de santé doivent inexorablement augmenter.
En réalité, les dépenses de santé ne vont croître que si on laisse faire le marché et les entreprises pharmaceutiques.
Une grande partie de la recherche médicale est effectuée aux USA, que ce soit dans le domaine des médicaments ou dans celui des instruments médicaux. Surtout, c’est le marché américain qui aujourd’hui donne le « la » en termes de prix de marché. Or les prix y sont maintenus à un niveau très élevé au détriment des intérêts publics. Quand un équipement électronique est vendu quelques millions de dollars à une clinique américaine, il sera vendu aussi cher à une clinique européenne, asiatique, etc… car le vendre moins cher, ce serait compromettre la rentabilité du marché américain lui-même, qui est le premier marché du monde. Les sociétés pharmaceutiques peuvent se permettre aujourd’hui de boycotter tout pays qui refuserait de payer le prix fort – la menace est d’ailleurs souvent brandie.
Contrôler la situation aux USA, c’est contribuer à la baisse des coûts dans le monde entier. Dans ce combat, nous sommes tous des citoyens américains.
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Quelle aventure ! 19 juin 2009
Par Thierry Klein dans : Pour rire ....Lu 3 564 fois | ajouter un commentaire
J’ai pris le Bruxelles-Newark de 9h45 hier pour aller sur un salon en Floride et j’apprends que le pilote est mort en vol !
Je vous le promets, je n’ai rien senti. Comme quoi, un pilote c’est moins utile qu’un pitot (gnark, gnark).
Note du rédacteur en chef: merci de mettre à l’avenir ce genre d’actualités dans la rubrique « On s’en fout » pour ne pas nuire à la très haute tenue grâce à laquelle ce blog a bâti sa réputation mondiale.
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On s’en fout… vraiment ? 4 juin 2009
Par Thierry Klein dans : Non classé.Lu 4 110 fois | ajouter un commentaire
Du monde industriel à la société de consommation
Dans les années 50, General Motors était le plus gros employeur américain (450 000 salariés). Le salaire moyen d’un ouvrier était de 40 Euros. Aujourd’hui, le plus gros employeur est Wal-mart et le salaire moyen de ses employés est de 7 Euros.
(Les ouvriers de chez Leclerq ont tapé dans le mille avec leur banderole « les salaires les plus bas » !)
Obama: Le plus grand discours depuis « I had a dream »
J’ai étudié à 12 ou 13 ans le « I had a dream » de Luther King à l’école. Dans 10 ans, mes enfants apprendront le discours du Caire. Sur le strict plan littéraire, il est moins beau – trop long et de qualité inégale, la niveau baisse après le premier tiers, mais c’est ce qu’on a entendu de plus fort par un chef de gouvernement depuis Churchill.
Ca ressemblait à un discours de campagne électorale (le genre de discours que pourraient tenir Bayrou, par démagogie, ou Royal, par mystitude) mais c’était dit par le chef, en exercice, de la plus puissante nation au monde.
Comment communiquer l’augmentation du chômage, par Christine Lagarde.
Avant d’annoncer le chiffre officiel de l’augmentation du chômage, ce matin sur Europe 1, Christine Lagarde a tenu à communiquer « trois nouvelles assez bonnes ». Puis elle a soigneusement évité les mots qui fâchent (aggravation, augmentation). Elle a réussi à ne donner qu’un pourcentage (j’ai retenu 8,7%) au lieu de donner le nombre de chômeurs. Et aussi des perles dans l’alambiquage telles que « l’augmentation qui se ralentit », « la France qui ne fait pas plus mal que ceux où la situation s’aggrave plus », le tout résultant dans une prestation du plus haut comique et très inquiétante.
Car on n’est pas rassuré de voir que ce qui lui importe visiblement le plus, c’est la forme de son discours.
Ils ont osé !
Libération propose une taxe sur les fournisseurs d’accès à Internet pour financer la presse.
On imagine l’indépendance d’une presse dont les revenus dépendent de l’assiette de la taxe, fixée par l’état. Peut-être faudrait-il commencer par ne pas se faire concurrence à soi-même, en diffusant gratuitement son contenu sur Internet.
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