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Comment perdre dans les 5 dernières minutes ? 3 mai 2006

Par Thierry Klein dans : Sport.
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On a lourdement insisté sur la malchance de Lyon contre le Milan AC. Lyon prend un but à la 88ème minute, suite à une petite erreur d’un défenseur. Coupet détourne le tir de Chevchenko sur ses poteaux, mais le ballon est repris par Inzaghi, qui marque.

On se focalise sur le moment du but, ce qui permet d’oublier que sur l’ensemble des deux matches, Milan a eu plus d’occasions franches que Lyon, surtout à l’aller.

Surtout, le but milanais résulte d’une erreur de coaching. A 15 mn de la fin, Houliier remplace Govou par Réveillère, un défenseur. Conséquence immédiate: toute la défense milanaise monte d’un cran et rajoute de la pression sur l’équipe lyonnaise.

Même si Govou était fatigué et n’arrivait pas totalement à bloquer son couloir, aucun défenseur ne pouvait le laisser derrière lui car c’est un joueur capable de remonter le terrain en 5 secondes. A partir du moment où Govou est remplacé par un défenseur, Lyon n’a plus aucune chance sérieuse de marquer et est réduit à défendre.

Or aucune équipe au monde, pas même Barcelone, ne peut tenir très longtemps face au Milan en défendant. Barcelone ne le tente d’ailleurs même pas et aligne une équipe offensive pour justement empêcher Milan de jouer trop haut.

Lyon aurait pu tenir 5 mn de plus, c’est sûr, mais ce but était, tôt ou tard, inscrit. L’entraîneur de Milan, Cancelloti, savait d’ailleurs qu’il avait une tactique gagnante et n’a rien changé sur la fin: « Nous étions bons, il y avait de bonnes chances pour que ça rentre. Il n’y avait rien à changer ».

La presse se focalise sur des erreurs défensives individuelles des lyonnais, mais ces erreurs sont inévitables et les milanais en ont d’ailleurs commis beaucoup aussi. Mais passer les dernières 15 mn à défendre, sans pression sur Milan, est une grave erreur tactique. Le défenseur milanais qui centre prend tout son temps, il n’est pressé par aucun lyonnais : il fait le meilleur centre possible à partir de la position où il se trouve.

Je vous rappelle France-Bulgarie 1993. Toujours Houllier comme entraîneur – je vous promets que je n’ai rien contre lui, ceci dit !

L’équipe de France, à partir du moment où elle mène 1-0, abandonne le jeu aux bulgares. Elle joue tout le match avec 4 milieux défensifs (Deschamps, Le Guen, Sauzée, Guérin) qui passent leur temps à courir après la balle et vont finir épuisés.

A la dernière minute, Ginola centre (geste assez stupide de sa part, puisqu’il n’y a aucun attaquant dans la surface de réparation). La Bulgarie récupère le ballon et 20 secondes plus tard, égalise.

Là aussi, tout le monde est tombé sur Ginola qui effectivement aurait mieux fait de conserver le ballon. Mais le problème n’est pas réellement là. Le problème, c’est que :

a) il n’y a aucun attaquant à la réception parce que l’équipe de France a déserté le jeu.

b) bien qu’aucun attaquant ne soit monté, l’équipe de France joue si bas, en mettant si peu de pression sur l’adversaire, que les bulgares vont remonter 60 m sans aucune opposition (situation qu’on ne voit presque jamais dans le foot moderne, sauf lorsqu’une équipe s’est jetée à l’assaut – ce qui n’est évidemment pas le cas ici). Regardez bien les matches de ligue des champions, il est devenu extrêmement difficile, dans le football moderne, de remonter le terrain facilement. Si les français avaient été bien positionnés et pas trop fatigués, les bulgares n’auraient même pas pu tenter l’aventure.

Alors oui, les milanais et les bulgares ont connu une certaine réussite, mais ils ont surtout profité de plans de jeux trop timorés.

(A noter qu’au niveau du championnat de France, c’est l’inverse qui se passe. Les adversaires de Lyon ont peur, défendent trop…Lyon est conquérant.. et Lyon est le champion des 5 dernières minutes).

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