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D’un certain discours lénifiant sur le numérique à l’école vu comme un symptôme de la perte du capital scolaire. 4 février 2010

Par Thierry Klein dans : Crise Financière,Economie.
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Françoise Benhamou (Le Monde du 27/01/2010) décrète que « le numérique à l’école constitue le grand oubli du grand emprunt ».

Elle nous présente les technologies numériques, en vrac, comme l’avenir, la panacée, le symbole de l’enseignement de demain, les technologies qui créeront les emplois, relanceront notre économie, éveilleront nos enfants et même, réduiront leurs scolioses (je m’arrêterai là car les lieux communs me manquent).

Un impact industriel quasi nul

Mais introduire les technologies numériques à l’école, surtout sous la forme d’un « plan d’équipement massif en tableaux interactifs » comme le propose Françoise Benhamou n’aurait aucun effet de levier industriel. Presque tous les fournisseurs d’ordinateurs et de tableaux interactifs » étant étrangers : ces dépenses iront donc, tout naturellement, renforcer d’autres économies que la notre.

Seul donc l’argument pédagogique pourrait justifier un tel plan, même si c’est un argument à très long terme puisqu’il il faudrait une bonne dizaine d’années pour que les élèves concernés rentrent dans la vie professionnelle.

Les tableaux interactifs sont-ils utiles pour l’enseignement ?

En tant que chef d’une des entreprises qui en vend le plus en France, je vais vous répondre « Oui, bien sûr ! ». En tant qu’individu intuitif et à titre personnel, j’en suis assez convaincu. Mais en tant qu’être humain raisonnable, doté d’une capacité d’analyse critique, lisant à peu près tout ce qui s’écrit dans ce domaine, je suis obligé de reconnaître qu’il n’y a aucune preuve : les études sérieuses sur le sujet sont à peu près inexistantes et les retours d’expérience contradictoires (aux USA, certaines écoles abandonnent progressivement l’utilisation des nouvelles technologies).

Au fur et à mesure que la technologie se répand, la question même de l’utilité devient tabou, un intérêt commun finissant par réunir décisionnaires, acheteurs, vendeurs et utilisateurs.

En vérité, ce que masquent tous ces discours lénifiants, qui s’apparentent au final à de la pure propagande, c’est une perte de projet et de capital scolaire, au sens où l’entend Bourdieu dans La Noblesse d’Etat.

 » La logique qui pousse les écoles les plus démunies de capital proprement scolaire […] trouve un contrepoids qui impose un effort pour accumuler du capital scolaire, fût-ce au prix d’une exhibition ostentatoire des signes extérieurs de l’avant-gardisme pédagogique: par exemple en déployant des trésors d’invention moderniste, tant en matière d’équipements, laboratoires de langues, ressources informatiques, moyens audio-visuels, qu’en matière de techniques pédagogiques, qui se veulent toujours plus actives, plus modernes, plus internationales. « 

1) Les budgets de l’Education Nationale sont de plus en plus réduits, le nombre de professeurs diminue. Simultanément, on met en valeur un peu partout les investissements TICE les plus visibles et les plus modernistes (laboratoires de langues, ressources informatiques, etc…). Cet effort masque (ou plutôt accompagne) la baisse moyenne du capital scolaire. Combien de professeurs vaut pour un TBI ?

2) Le Royaume-Uni, pays « exemple » selon Mme Benhamou car « déjà » équipé presqu’à 100% en tableaux interactifs, est surtout le pays où l’enseignement a été le plus désorganisé dans les 10 dernières années. Depuis les réformes de Tony Blair, les écoles se sont retrouvées de plus en plus en concurrence et doivent afficher des « signes extérieurs» de capital scolaire à défaut d’en posséder toujours. Faut-il intégralement s’en inspirer ?

3) De Gaulle refusait d’inaugurer les chrysanthèmes mais on inaugure plusieurs fois par jour des tableaux interactifs et des écoles numériques. Presqu’à chaque fois, le discours est similaire et lénifiant, toutes tendances politiques confondues. On parle de l’avenir de la nation qui passe par les TICE, de la réduction de la fracture numérique… On masque, une fois encore, l’absence de projet.

4) Or, la réalité du terrain, je la constate quotidiennement : une grande partie de l’équipement déjà acheté est sous-utilisé. On voit souvent du matériel flambant neuf et rien derrière. Peu de support, peu de suivi, peu de compétence et surtout, aucune réflexion éducative.

Faut-il donc, dans ces conditions, faire de l’école numérique la norme ?

Evaluer les effets de l’Ecole Numérique.

L’évaluation de la politique numérique reste à faire, en France comme ailleurs.

Reconnaître ce point, là est l’avantage compétitif et industriel.

La France s’est dotée depuis une vingtaine d’années d’un système d’évaluation de masse, mais le temps nécessaire pour obtenir des résultats est trop long compte tenu de la vitesse des changements qui s’opèrent dans le secteur numérique.

Depuis quelques années, une chercheuse française, Esther Duflo, a utilisé la méthode aléatoire pour évaluer les effets des politiques de lutte contre la pauvreté avec des résultats remarquables.
La méthode aléatoire repose sur des évaluations faites sur des petits groupes dont les caractéristiques sont identiques au départ. Un de ces petits groupes adopte un « processus nouveau» et on compare ensuite, sur des critères précis, leur performance (leur richesse, leur taux d’équipement, d’épargne, etc…).

Il est stupéfiant de constater qu’avec des moyens très limités, la méthode aléatoire a donné, en Inde, plus de renseignement sur les usages du numérique que dans tous les pays développés !

Le tableau interactif est-il plus utile en zone rurale ou urbaine ? Faut-il en mettre plus ou moins dans les zones défavorisées ? Un par classe ou un par école ? Peut-on réellement observer des améliorations de niveaux pour les classes qui l’utilisent ? Y a-t-il des matières où son rendement s’avère meilleur que d’autres ? A coût comparable, vaut-il mieux embaucher une personne chargée du soutien scolaire ou investir dans une classe numérique ?

Ne serait-il pas intéressant d’avoir un début de réponse à toutes ces questions pour la France ?

La méthode aléatoire permet d’obtenir des résultats rapides de façon peu coûteuse et à partir de là, d’infléchir les politiques.

Dans un secteur aussi sujet aux idées reçues et aux influences de toutes sortes, dans un secteur finalement aussi peu connu que le Numérique, il ne devrait pas y avoir d’investissement sans une réflexion, menée simultanément, sur l’évaluation future et à court terme de cet investissement.

En mesurant l’efficacité relative de différentes mesures, les expérimentations aident les décideurs à mieux dépenser l’argent public.

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Internet ou la paupérisation croissante des travailleurs intellectuels 22 janvier 2010

Par Thierry Klein dans : Blogs et journalisme,Dr House,Google,Technologies.
Lu 7 660 fois | 2 commentaires

Dans son Capital, Marx décrit comment les grandes usines de la révolution industrielle, « coopérations de machines » ont succédé aux manufactures du Moyen-Âge, « coopérations d’hommes », infiniment moins productives.

Le travailleur de Marx, qui effectue une activité physique, se retrouve en concurrence avec la machine et ce qui en résulte, c’est sa paupérisation.

Qu’est-ce qu’un journal ? C’est exactement une manufacture, au sens où la décrit Marx, à ceci prêt que le produit final (le journal) résulte d’une coopération intellectuelle et non pas d’une coopération physique. C’est pour ça qu’il a survécu à la révolution industrielle : on n’a pas encore inventé de machine pour écrire. (Le terme machine à écrire est un pur abus de langage : il faudrait en fait parler d’imprimante à clavier).

Quelle est l’action de Google sur la manufacture journalistique ? Google (qui est une machine) met automatiquement le journaliste en concurrence, non pas avec des machines, mais avec les productions intellectuelles de tous les autres écrivains, journalistes (ou même indignes blogueurs), de la terre.

Cette mise en concurrence de la production intellectuelle du journaliste est brutale, immédiate, sauvage et aussi déloyale : le blogueur n’est pas un salarié rémunéré. Le plus souvent, il ne cherche pas à vendre son droit d’auteur. Il est impossible pour le journaliste, qui doit en vivre, de s’aligner financièrement.

Confronté au phénomène de « création spontanée et gratuite » de contenu, les journaux ont invoqué la qualité soi-disant supérieure de leur création, de leur formation, de leur déontologie, etc…

Il n’est pas certain que cet argument soit fondé car, comme tu peux t’en rendre compte en ce moment, cher lecteur, les billets de ce blog constituent des productions intellectuelles tout à fait remarquables et seul le désintéressement total, qui touche à la sainteté, de leur auteur est la cause de leur publication sous cette forme totalement gratuite.

Surtout, l’histoire nous montre que l’argument de la soi-disant qualité est totalement vain. En leur temps, les artisans l’ont invoqué contre les manufactures, puis les manufactures contre les machines, plus récemment les usines occidentales contre la production chinoise. Quand les produits sont à peu près identiques pour le consommateur, c’est le plus facile d’accès – c’est-à-dire en général le moins cher – qui l’emporte.

Les journaux étant financés par la publicité, on a observé depuis quelques années un déplacement de la publicité « papier » vers la publicité « Internet » (gérée par Google) : plus qu’un changement de support media, ce déplacement s’interprète, en termes marxistes, par une captation d’une partie de la plus-value réalisée par la manufacture journalistique au profit de la machine développée par Google.

Au temps des machines, le Capitaliste obtient un avantage concurrentiel en finançant machine et travail, ce qui lui permet d’empocher la plus-value.

Mais ce qui est remarquable au temps de l’Internet, c’est que si Google jouit bien de l’avantage concurrentiel grâce à son moteur ou à Google News, il ne finance aucun travail ni aucune production intellectuelle. En mettant en place un mécanisme de liens publicitaires sponsorisés, Google transforme en plus-value un travail qu’il ne contrôle pas et sa position stratégique est infiniment plus fragile que celle de l’industriel de Marx.

Si la production « spontanée » de contenu diminuait un jour, pour des raisons sociologiques ? Si un autre moteur proposait des rémunérations publicitaires plus intéressantes que Google ? Si des états – France ou Chine – tentaient de saper le mécanisme de création de valeur de Google ? Ou si les journaux les plus lus s’entendaient entre eux pour refuser leur contenu à Google, empêchant le mécanisme de mise en concurrence sauvage de fonctionner ?

Dans tous ces cas, dont vous lisez des exemples quotidiens dans la Presse, la position de Google serait violemment attaquée, peut-être de façon vitale.

Google a pleinement conscience de cette fragilité et il ne faut pas interpréter autrement les multiples entreprises menées pour tenter de capter de façon plus pérenne cette plus-value.

Si, par exemple, sa tentative de numériser tous les livres aboutit, Google captera ad vitam aeternam une partie des droits publicitaires générés par le trafic lié aux livres et cette captation aura une durée supérieure au droit d’auteur lui-même puisque Google continuera à toucher de l’argent lorsque les œuvres seront tombées dans le domaine public.

Le cas de Google et de la presse est évidemment emblématique mais Internet met en danger un grand nombre de secteurs de production intellectuelle à court ou moyen terme, par des mécanismes de captation similaires (mise en concurrence, utilisation d’une abondance de contenu) :

– la médecine. Dans un grand nombre de cas, une description, même à distance, des symptômes permet d’arriver à un diagnostic. Il existe déjà des sites et des forums où on peut décrire son cas et les résultats sont absolument remarquables. Je vous invite à suivre l’épisode « Epic Fail » de Dr House (Saison 6) où le patient obtient de meilleurs résultats par Internet qu’avec l’équipe de House. (Cher lecteur, invoquer l’exemple vulgaire d’une série américaine peut sembler totalement déplacé à l’intellectuel que tu es. Tu as eu du Marx. Tu attendais une citation biblique. Ou au moins du Freud ? Et tu te retrouves avec du House ! Mais rassure-toi, House, c’est un peu tout ça à la fois. Ce n’est pas du tout une série banale mais une œuvre à part entière et tu le vérifieras en allant lire mes billets concernant cette série).

Ce qui protège encore les médecins ? Le côté sacré du traitement de santé. Ce qui les attaque ? La nécessité de réduire les coûts.

– l’ingénierie. Internet met les ingénieurs du monde entier en compétition. Dans le secteur informatique, il est devenu plus rentable de développer « offshore ». Des sites comme Odesk mettent en concurrence les ingénieurs de tous les pays, à des coûts horaires souvent inférieurs au Smic. Qui plus est, l’Open Source crée pour tous les ingénieurs informatiques une concurrence gratuite.

– La création graphique, le design… sont déjà touchés et l’effet ira s’accentuant lorsque des moteurs de recherche d’image permettront de rechercher des images de façon aussi efficace que du texte, par style, par goût, etc… (Google travaille sur un moteur « intelligent » de recherche d’images).

– Il est impossible de faire une liste exhaustive mais tous les métiers intellectuels dits « de profession libérale », à de rares exceptions prêt, seront impactés pour au moins une partie de leur pratique (juristes, enseignants, consultants d’entreprise…).

Au chapitre 25 du Capital, Marx, citant Bertrand de Mandeville, déclare que la richesse la plus sûre (pour le capitaliste) consiste dans la multitude des pauvres laborieux.

Pour Google, la richesse la plus sûre, c’est juste la multitude des êtres humains connectés.

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L’échec de la réforme de santé aux USA 4 janvier 2010

Par Thierry Klein dans : Economie,Politique.
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Aux Etats-Unis, le secteur de l’assurance santé est, dans presque tous les états, un oligopole.

Principale conséquence: les dépenses de santé représentent 15% du PIB (soit 50% de plus qu’en France, avec un taux de couverture de la population beaucoup plus faible. Si on prend les dépenses de santé par personne, on obtient un facteur 2. Pour les personnes ayant accès au système, on obtient un facteur 3 à 4 !).

Les intérêts des financeurs de soins (mutuelles), des donneurs de soins (hôpitaux, médecins) et des sociétés pharmaceutiques sont liés: tous ont intérêt à ce que les coûts de santé augmentent (voir mon billet de juin 2009).

Le principal, l’unique enjeu même de toute réforme de santé aux USA (inscrit dans le programme d’Obama) est la mise en place d’un système public de sécurité sociale, le seul capable de faire baisser le coût des soins en mettant réellement, dans chaque état, les mutuelles d’assurance et les laboratoires en concurrence.

Avec un système public de sécurité sociale, les américains ont les moyens de faire baisser les coûts de la santé tout en étendant la couverture à l’ensemble de leur population, sans pratiquement aucune restriction.

Tout le lobby de la santé (entraînant derrière lui bon nombre de démocrates) et les républicains se sont battus becs et ongles contre une telle réforme avec des arguments d’un simplisme confondant: on a mis en avant la « liberté de choix des soins » (alors que la population américaine n’a pas accès aux soins aujourd’hui !) pour cacher l’avidité et le besoin de profit de quelques uns.

La réforme du système américain telle qu’elle a été finalement votée ne profitera durablement qu’au lobby de la santé – et principalement aux mutuelles et aux laboratoires.

L’option publique (ce qu’on appelle en France la sécurité sociale) n’est ouverte qu’à environ 5 millions de personnes – les salariés les plus pauvres. En conséquence, le pouvoir de négociation de cette « sécurité sociale » pour faire baisser les prix sera quasiment nul.

30 millions de personnes supplémentaires auront accès au système de couverture privé – ce qui correspond à la création d’un nouveau marché énorme pour le lobby de la santé, d’autant plus que, les coûts étant non maîtrisés, les primes vont augmenter encore plus que par le passé pour les assurés… et pour l’état (il est simplement prévu des objectifs de « réduction des prévisions d’augmentation des coûts » (!) qui non seulement ont un caractère peu contraignant mais de plus sont incontrôlables).

Le nouveau régime ne cessera d’être de plus en plus déficitaire. Dans 3 à 10 ans, tout au plus, on atteindra les 20% du PIB et un congrès, probablement républicain, prendra acte du trou sans fond ainsi creusé et en profitera pour revenir en arrière sur l’ensemble de la réforme.

Obama a parlé du « meilleur compromis possible ». En réalité, il vient d’oblitérer la possibilité de toute réforme réelle de santé aux Etats-Unis pour les 30 à 50 ans à venir.

Il en sera de cette tentative de réforme comme de la lutte contre le chômage en 1983 en France ou des 35h aujourd’hui: sous prétexte que ceux qui s’y sont frottés ont lamentablement échoué, on condamne durablement l’objectif même au lieu de tenter d’y parvenir en utilisant d’autres moyens.

Et mieux vaut encore un échec visible (Copenhague) qu’un faux succès qui clôt le débat pour des décennies.

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Comment Nespresso transforme Wikipedia en brochure publicitaire 1 décembre 2009

Par Thierry Klein dans : marketing.
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Si vous lisiez les extraits suivants dans un document, penseriez-vous avoir affaire à un document « neutre » ou à un document publicitaire ?

Le concept [Nespresso] repose sur une complémentarité entre trois éléments :

1. la machine, fabriquée sous licence par des industriels sélectionnés par Nespresso.
2. la capsule, fabriquée et distribuée exclusivement par Nespresso.
3. le club, un service client se voulant exemplaire.

C’est ce que Nespresso appelle l’expérience Nespresso.

Les capsules contiennent différents « grands crus » obtenus à partir de mélanges spécifiques […] Les grands crus (d’un prix élevé, car de la plus haute qualité : entre 66 et 74 euro/kg. Une capsule coûte entre 0,33 et 0,37 €), sont sélectionnés, torréfiés, moulus et conditionnés exclusivement par Nestlé. Une démarche très sophistiquée de relation client, le Nespresso Club, permet de donner corps à ce concept et de fidéliser une clientèle. Ce concept, protégé par 70 brevets, a permis à Nespresso de créer un modèle économique unique, souvent étudié.

Aujourd’hui, c’est l’acteur américain Georges Clooney qui est l’ambassadeur de la marque.

Variétés des grands crus (s’ensuit une liste exhaustive des différentes sortes de capsules et de leur caractéristiques, digne d’un site d’ecommerce)

[Je vous laisse parcourir la page Wikipedia sur Nespresso pour vous faire une idée, le reste est à l’avenant]

Evidemment, on est dans l’argument publicitaire. Je vous donne à titre d’exemple une version non publicitaire des phrases ci-dessus.

« Nespresso contrôle le réseau de production des cafetières et ne distribue que de façon directe les capsules de recharge (environ 20 mélanges de café disponibles).

La communication de la marque adopte les codes de l’industrie du luxe. Ce modèle, souvent contesté, permet à Nespresso de commercialiser le café à des prix de l’ordre de 70€ le kg, soit à peu près 5 fois le prix du café normal, acheté en grande surface.

George Clooney est l’homme-sandwich publicitaire de la marque. « 

L’évolution de la page Wikipedia depuis 2 ans: vers un contenu plus positif, gommant toute critique

Je suis cette page depuis quelques années parce qu’elle renvoie depuis longtemps vers mon premier billet sur Nespresso (« Nespresso, le café en mode ASP »). J’ai pu constater qu’elle subit des pressions constantes en faveur d’un contenu positif orienté vers Nespresso. Je vous laisse par exemple comparer la page actuelle avec la page d’il y a 2 ans. Cette page (déjà influencée positivement) contenait des « Critiques du concept » qui ont aujourd’hui totalement disparu, sous la pression constante de contributeurs « amis » de la marque sur Wikipedia.

Cette évolution « positive » n’a pas été sans mal, car il y a eu de multiples protestations et interventions de contributeurs plus neutres. Je vous invite à aller voir les multiples protestations sur la page de discussion Wikipedia de Nespresso. On y retrouve les multiples échanges entre internautes sur les thèmes suivants concernant prix des capsules, tentatives de communication positive de Nespresso, recyclage des capsules, etc…

Globalement, on constate qu’en dépit des protestations de beaucoup d’internautes, la page Nespresso évolue TOUJOURS dans un sens favorable à la marque.

Pourquoi ? Il me paraît clair que les interventions de nature positive sont organisées, répétées, synchronisées. On les soumet jusqu’à ce que le contributeur « désintéressé » abandonne ses positions – ce qu’il fait le plus souvent au bout d’un certain temps car il contribue spontanément s’il n’y a pas trop d’embûches à le faire, alors que le contributeur « positif », très probablement est rémunéré pour sa contribution positive.

D’un côté des tentatives de rectification faites au hasard, de l’autre un travail organisé pour transformer la page en contenu favorable à la marque. Au bout de 2 ans, on constate les résultats: il n’y a pas photo et c’est la marque qui gagne.

Les autres tentatives de communication positive de Nespresso sur le Web.

Les méthodes d’influence positive utilisées par Nespresso sur le Web sont réellement très évoluées.

J’admire la technique, en tant qu’homme de marketing, je condamne les moyens, en tant que citoyen.

Dès 2005, j’ai pu tracer l’origine de certains commentaires positifs laissés sur mon blog ainsi que sur d’autres, qui provenaient de chez Nespresso.

Nespresso emploie depuis 2006 au moins des agences de communication qui travaillent pour créer du contenu positif sur le Web (des commentaires « intéressés » sur les blogs, dans Wikipedia…).

En 2006, j’écrivais que :

« J’ai pu remonter à Nespresso ce coup-ci, mais au fur et à mesure que les marques “apprendront” à utiliser les blogs à “bon” escient, il deviendra de moins en moins facile de les détecter et de se protéger. « 

On y est aujourd’hui et les tentatives de communication positive sont très difficiles à prouver – on pourrait cependant je pense dégager des « patterns » dans les interventions, mais il faudrait du temps.

Bref, ce que Nespresso faisait de façon naïve en 2005, il le fait de façon moins détectable en 2009. Les interventions de nature positive sur mon blog n’ont jamais cessé non plus (voir la contribution récente et évidemment désintéressée du dénommé « blanquillo », qui intervient depuis 2005 sur mon blog !), mais elles sont rédigées de façon beaucoup plus subtile – et surtout, je ne peux plus tracer l’origine par un simple traceroute !

Le référencement de Nespresso dans Google

Jusqu’à 2007, lorsqu’on tapait « Nespresso » dans Google, on tombait sur des pages parlant de Nespresso (Wikipedia, mon blog et quelques autres, quelques pages commerciales).

Aujourd’hui, hors Wikipedia, on tombe avant tout sur des pages commerciales.

Les pages qui parlent de Nespresso sont comme noyées dans les pages des sites commerciaux qui vendent des cafetières. J’y vois un exemple assez réussi de nettoyage du Net.

Le nettoyage sur le Net consiste à « noyer » la présence négative en créant des réseaux de pages positives qui apparaissent de façon prioritaire sur Google. Les articles négatifs ne sont alors pas effacés mais simplement peu visibles. Ils deviennent presqu’aussi difficiles à trouver qu’une aiguille dans un botte de foin.

En deux ans, le trafic de la page Nespresso de ce blog a été divisé par 30 – cas unique sur plus de 1000 billets.

Je bois toujours, comme en 2005, plus de 5 nespressos par jour, mais ils ont un arrière-goût de plus en plus amer.

[Ajout, 21h28: David Sadigh décrit mieux que moi cette technique de nettoyage : « Des outils nous permettent de savoir en permanence ce qui s’écrit en ligne, sur un thème ou sur une personne. […] Nous plaçons d’autres contenus, plus visibles, afin de reléguer les sites problématiques plus bas dans les résultats de la recherche. L’équivalent électronique de la couche de peinture blanche appliquée sur du papier peint abîmé. […]Autres astuces: diffuser des communiqués de presse positifs; entamer une campagne de communication en ligne ».

Au fait, savez-vous qui est David Sadigh ? C’est le directeur associé d’IC Agency, agence suisse de communication en contenu positif, dont Nespresso est client.]

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Un billet qui vieillit bien, merci: mes conseils à la Presse en 2006 30 novembre 2009

Par Thierry Klein dans : Blogs et journalisme.
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Je relis mes « conseils à la presse » – un billet qui date de 2006. Il a fallu 3 ans pour que Murdoch suive cette stratégie (point 2) et envisage de faire payer à Google (ou à Bing) l’accès à son contenu.

Libé vient de décider de suivre le point 4 et reste encore isolé.

Le problème, c’est que la presse commence tout juste à comprendre ce qui se joue sur Internet – elle aura peut-être disparu avant d’avoir su en profiter.

  1. n’allez pas forcément sur le Web. Aller sur le Web a un coût plus élevé que ce que vous pensez et n’est pas indispensable
  2. GoogleNews n’est rien sans contenu, mais aucun journal ne peut peser face à Google. Donc unissez-vous entre journaux pour peser: vos intérêts sont communs. Ne laissez pas Google définir ses propres conditions et régir votre exposition sur le Web. Ne laissez pas Google troquer votre contenu contre du trafic qui n’a pas grande valeur stratégique ou financière, mais exigez une part des recettes publicitaires de Google.
  3. Ne donnez pas votre contenu, sauf situation exceptionnelle (gréve NMPP, opération publicitaire équivalente dans l’esprit du ticket TGV à 5 €…)
  4. La presse traditionnelle donne chaque jour son contenu et fait payer ses archives. La bonne stratégie commerciale de départ consiste en réalité à faire payer le contenu du jour à donner ses archives.

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Le Capital altruiste et Speechi 5 novembre 2009

Par Thierry Klein dans : Entreprise altruiste.
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Merci à Sébastien de m’avoir donné l’opportunité de préfacer son superbe et émouvant livre « Résistants pour la Terre ».

La préface complète : Qu’est-ce que le Capital Altruiste ?

Résistants pour la Terre
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(suite…)

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Enorme 23 octobre 2009

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Le fils Sarkozy a été énoooorme, ce soir sur la 2.

Sans avoir jamais l’air ridicule, il a réussi à faire passer l’idée que n’être « que » candidat au conseil d’administration de l’EPAD était un acte de tolérance, d’humilité, de compréhension, d’écoute, d’engagement, etc (J’en passe, je ne sais pas être aussi lyrique !).

Il a convaincu même la gauche, qui parle de « retrait », « bon sens », « victoire », « retour sur terre » – qui oublie qu’au fond, c’est aussi incroyable, à 23 ans, d’être membre du conseil d’administration que Président !

Ils sont très peu en France, moins de cinq peut-être, à pouvoir faire ce genre de numéro. Tapie, Sarkozy Père, Kahn, Cohn-Bendit…

Il a peut être renoncé (temporairement) à l’EPAD, mais il a gagné beaucoup plus. En 15 jours, il est devenu un homme politique d’envergure nationale au yeux de ses adversaires mêmes, qui lui ont dressé son piédestal.


« Je ne veux pas d’une victoire entachée de soupçons »
par lemondefr
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De France Télécom à Al Quaïda ? 19 octobre 2009

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Y a-t-il jamais une raison unique donnée à un suicide ? Probablement pas. Un suicide a toujours un ensemble de causes « latentes » : historiques, personnelles, familiales et peut-être professionnelles.

Même si les raisons qui poussent au suicide sont diverses, la personne qui se suicide a souvent l’illusion qu’elle se suicide « pour » l’une d’entre elles qui lui tient lieu de raison manifeste (chagrin d’amour, perte d’un proche, accident…) ou bien « au nom » de l’une d’entre elles (attentat suicide au nom d’un idéal politique ou religieux).

Quand on se suicide « pour une raison », on parle de grand chagrin ou de folie. Quand on se suicide « au nom d’une cause », on parle de fanatisme.

Aujourd’hui, au milieu, il y a les employés de France Télécom. La raison manifeste invoquée du suicide : le cadre de travail ; la cause au nom de laquelle on se suicide : la lutte syndicale. Car les lettres laissés par les employés sont de purs tracts, il est clair qu’ils ont aussi fait de leur suicide un moyen de lutte.

Folie d’un côté (car qui peut sérieusement croire qu’un acte aussi grave puisse être expliqué uniquement, ou même principalement, par les conditions de travail chez France Télécom, aussi exécrables soient elles ? En recherchant dans la vie personnelle des victimes, on trouverait tellement d’autres choses…) et fanatisme de l’autre (car quand on en est arrivé au point de « tract-suicide », le plus « dur » est fait, à savoir l’anéantissement de l’instinct de conservation personnelle et il n’y a plus beaucoup de marches à franchir pour en arriver à « l’attentat suicide » à savoir l’anéantissement de l’instinct de conservation des autres, celui-ci étant évidemment beaucoup moins fort que celui-là).

Folie aussi au niveau de l’interprétation, partisane jusqu’au délire, qui est faite de ces actes.

Qui croît encore aujourd’hui que les causes manifestes d’un suicide (celles dont parle la victime) sont les causes réelles ? Qui n’est pas au courant du fanatisme derrière la plupart des actes de suicide pour des raisons politiques ? Pourtant, tout ça est mis de côté par tous ceux qui parlent de cette « vague » de suicides.

Du côté de la direction de France Télécom et du gouvernement, ce n’est probablement que bêtise, aveuglement et culpabilisation plus ou moins sincère.

La façon la plus efficace de lutter contre cette « vague » n’est pas la fausse compassion affichée par tous, mais la dénonciation du caractère ridicule et illusoire de la cause invoquée et surtout du fanatisme qui se cache derrière le « tract-suicide ». Si vous arrivez à faire comprendre à un homme qu’il va se suicider pour de très mauvaises raisons, des raisons ridicules, des raisons fanatiques; il hésitera beaucoup plus à franchir le pas. Car il n’y trouvera ni justification, ni grandeur.

Presque partout et presque toujours, le suicide, c’est le problème du malade. Il faut l’aider à prendre conscience de son état et non pas lui faire croire qu’il agit de façon rationnelle. Il s’agit de consulter à temps.

Que dire donc des syndicats et partis divers, qui, mettant de l’huile sur le feu, jouent dans cette affaire le même rôle qu’Iago vis-à-vis d’Othello. Ils sont sans doute les premiers impliqués dans la « croyance » qu’ont les suicidés que leur mort est justifiée par les horribles « conditions de travail » et « servira d’exemple politique ». Les premiers aussi à en tirer parti. Leur comportement est éthiquement injustifiable.

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Sur RFI, ce soir à 19h15 8 octobre 2009

Par Thierry Klein dans : Formation à distance,Technologies.
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Pour parler de Google et du rétrécissement du savoir

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Let the sleeping death seep through 6 octobre 2009

Par Thierry Klein dans : Humeur.
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Dip the apple in the brewAlan Turing est surtout connu du grand public parce que c’est lui qui a permis de casser le cryptage de la machine Enigma, durant la seconde guerre mondiale. Au début de la guerre, Churchill monte, à Blechtley Park, une équipe « top secret » de mathématiciens, de linguistes, de traducteurs pour tenter de décrypter les messages envoyés à la flotte allemande.

Cette équipe utilisera les travaux de Turing (qui est l’inventeur du concept de programme informatique) et finira par casser les codes d’Enigma grâce à un des tous premiers ordinateurs, mis au point pour l’occasion (quelques centaines de mètres carrés au sol et bien moins puissant que la plus petite de nos calculettes !).

L’histoire de ce premier « piratage » est assez extraordinaire. Churchill en parle un peu dans ses mémoires mais je vous conseille d’aller lire au moins « L’histoire des codes secrets » ou, pour ceux qui ont un peu plus de temps devant eux, The Enigma.

Malgré l’énormité des moyens déployés, malgré tous les trésors d’astuce et de science dont a fait preuve l’équipe de Blechtley Park, malgré les espions qui fournissaient en permanence des informations nouvelles sur Enigma, le décryptage n’aurait pu avoir lieu sans ces les 2 constations suivantes :

  1. Quand les allemands « changeaient » les codes de la machine (opération quasi-quotidienne), ils ne réutilisaient jamais le code de la veille
  2. Les allemands évitaient les codes qui leur apparaissaient trop faciles à décrypter (l’équivalent d’un code 7777 pour une carte bleue). Conséquence, la génération des codes n’était pas aléatoire et l’espace de recherche pouvait être considérablement réduit.

Ce dernier point fut décisif. C’est en voulant compliquer la tâche du « décodeur » que les allemands ont fourni les clés.

Quand j’étais à Stanford, les théories de Turing et de Shannon étaient un point de passage obligé pour tout étudiant en informatique (de nos jours, on étudie beaucoup plus Shannon). Mais ce qui me fait penser à Turing aujourd’hui, c’est qu’il synthétise deux affaires très actuelles.

D’abord, il est une des premières victimes connues de la castration chimique, dont, paraît-il, François Fillon veut briser le tabou….

Accusé d’homosexualité en 1952, il doit se soumettre à une castration chimique destinée à « réorienter sa sexualité ». Il se suicide en 1954 en croquant dans une pomme empoisonnée au cyanure – la pomme de Blanche-Neige, qui a été reprise dans le logo Apple, en hommage, justement à Turing.

Ensuite, comme Polanski (encore plus que Polanski !), Turing s’est littéralement jeté dans la gueule du loup. C’est lui qui, victime d’un vol, se rend au commissariat et à cette occasion, avoue son homosexualité.

Comme Polanski, il plaide coupable alors qu’il déclarera plus tard « ne se sentir coupable de rien ».

Comme Polanski, la « faute » dont il est accusé est éminemment fonction de la société dans laquelle il vit (dans le cas de Polanski, la seule charge qui reste à ce jour consiste en une relation sexuelle avec une jeune femme de 14 ans, relation admise aujourd’hui dans d’autres pays et à d’autres moments de notre propre histoire).

Ce que nous enseigne l’histoire, c’est qu’en septembre 2009, le gouvernement britannique a présenté des regrets pour le traitement infligé à Alan Turing.

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