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La fin de Google Workspace et Office 365 dans les écoles ? 5 décembre 2022

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Le Ministre de l’Education Nationale, montrant par là son goût pour la réflexion prolongée, a répondu ce 15 novembre a une question qui lui a été posée à l’Assemblée Nationale le 30 août 2022. Cette question portait sur l’opportunité de l’usage à l’école des offres Office développées par Google et Microsoft (offres qui, à ma connaissance, sont utilisées par presque toutes les écoles).

Ce que dit en substance cette réponse, c’est que les logiciels de Google et Microsoft ne doivent plus être utilisés pour 3 raisons:

  • gratuits, ils introduisent une concurrence déloyale vis à vis des autres offres
  • ils ne protègent pas les données personnelles des élèves (non conformité avec le RGPD)
  • ils posent des problèmes de souveraineté, toutes les données, même hébergées en Europe pouvant être soumises au droit américain en vertu des lois extraterritoriales des Etats-Unis.

Sur le fond, c’est une excellente décision (ou plutôt un excellent rappel, qui aurait dû être signifié depuis longtemps). Mais il n’y a pas, à ma connaissance, d’offre alternative crédible pour les élèves ce qui veut dire que la politique numérique de l’Etat (gracieusement nommée “Cloud au centre”, les Etats-Unis n’exportant pas seulement leurs logiciels, mais aussi leur langue) risque de se traduire tout simplement en “Pas de Cloud” pour les écoles).

J’appelle donc toutes les entreprises du secteur EdTech français à se mobiliser pour que des solutions puissent être apportées. Vous pouvez me contacter, par exemple via les commentaires de ce billet.

Il y a quelque chose de bien plus grave qui se passe avec Google qui est la pénétration officielle de la publicité dans les enceintes scolaires. Lorsque vous faites une recherche d’information avec le moteur, il vous renvoie en fait une page qui est avant tout publicitaire, telle que celle-ci, qui correspond à la requête “suite office”.

J’ai entouré les parties publicitaires en rouge. On voit qu’elles ne sont pas clairement séparées des réponses du moteur lui-même. La première réponse non publicitaire apparaît en 4ème position seulement. L’essentiel de l’espace disponible est rempli de pubs. Autrement dit, Google vous fait croire qu’il fait de la recherche, mais non, il ne vous sert plus que de la publicité.

J’avais dénoncé cet état de fait il y a une dizaine d’années dans ce billet : “Comment Google contribue au détournement du savoir” et les choses ont encore empiré depuis car comme je l’écrivais alors:

Pour Google, la qualité des résultats est un moyen, non une fin. Ceci veut dire qu’un jour, nécessairement, apparaîtront, chez Google ou ailleurs, des techniques donnant des résultats moins pertinents mais plus rémunérateurs, à travers une probabilité accrue de clic sur un lien sponsorisé.

L’école devrait être un lieu protégé de toute publicité. Les enfants ne la subissent que trop à l’extérieur.

L’usage du moteur de recherche Google devrait être interdit dans les écoles jusqu’à ce que Google mette à disposition une version sans pub (surtout que là, il existe déjà des alternatives non publicitaires).

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A la recherche de la valeur travail : le droit à la paresse (1) 9 octobre 2022

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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C’est Sandrine Rousseau, députée EELV, qui a récemment lancé le débat sur “la valeur travail” et le droit à la paresse. Et les positions sont aujourd’hui bien tranchées. La gauche (EELV, LFI…) déclare que la “valeur travail” est de droite (une exception notable, Fabien Roussel qui prône le travail universel plutôt que le revenu universel). La droite défend évidemment la “valeur travail” mais semble incapable de réellement la définir.

Un chef d’entreprise travaille est censé travailler et est aussi censé faire travailler les autres. Je te donne donc, cher lecteur, mon point de vue de chef d’entreprise dans ce billet (et les quelques billets qui suivront). Et comme il est d’usage, par les temps moralisateurs qui courent, je précise que c’est un avis strictement personnel qui n’engage ni Speechi ni aucun de ses salariés. En cas de plainte, tu peux donc t’adresser directement à moi, via les commentaires, cher lecteur. En revanche, si par miracle tu approuves, je t’encourage vivement à créer une petite cagnotte Leetchi à mon profit.

Pourquoi travaille-t-on ?

La division du travail a augmenté de façon extraordinaire la productivité humaine mais nous cache de plus en plus ce fait fondamental : le travail est la façon dont nous arrachons à la nature ce qui nous est nécessaire pour survivre

Le chasseur-cueilleur préhistorique, directement en lien avec la nature, n’agit que sous la pression de celle-ci et a bien conscience que son activité a pour but direct sa survie. 

L’homme moderne vit sous le règne de la division du travail, des myriades de métiers existent dans notre société. La division du travail nous masque la nécessité du travail car quand l’activité de chacun est parcellaire, plus personne ou presque ne peut reconstituer l’ensemble de la chaîne industrielle qui arrache les moyens de notre survie à la nature. L’ouvrier qui produit un clou n’a pas forcément conscience du rôle de son usine dans la survie de l’espèce pourtant, comme Adam Smith l’a montré, la raison d’être de l’usine est que sa productivité est infiniment supérieure à celle de l’artisan du Moyen Age. Le fait que la production du clou nécessite si peu d’effort humain aide à la satisfaction des besoins vitaux de l’humanité (constructions, infrastructures…) dont le clou ne constitue qu’une étape intermédiaire.  

Les écologistes et la valeur paresse

Ceux qui ont récemment nié la “valeur travail” et prôné un “droit à la paresse” sont donc en premier lieu ceux qui, oubliant la logique profonde, bien qu’inconsciente, de la division du travail, mettent l’accent sur les défauts, les absurdités, les gaspillages liés à cette organisation. 

Ils constatent que la société crée de nouveaux besoins, non liés à la survie, et qu’on peut donc philosophiquement qualifier d’inutiles (du smartphone au besoin irrépressible que tu ressens de finir ce billet, cher lecteur); qu’elle génère de nombreux gaspillages, par exemple énergétiques; que la répartition des ressources est mal effectuée, une partie de l’humanité n’ayant pas assez pour survivre alors que quelques milliardaires accumulent les richesses. 

Si on croit que la machine industrielle s’est emballée, qu’elle produit en quelque sorte “à vide”, on doit donc produire moins, travailler moins, au nom de l’écologie ou du besoin de “sobriété”. A la limite, on peut considérer tout ou partie de l’activité humaine comme contre-productive, générant simplement gaspillage, réchauffement climatique et pauvreté.

Constater ceci, ce serait créer non seulement un droit mais un devoir de paresse. Mais sommes-nous vraiment dans ce cas ?

En réalité, la division du travail actuelle a permis à l’humanité d’atteindre 7 milliards d’individus, en croissance exponentielle depuis le début de l’ère industrielle où la population n’atteignait qu’un milliard. Il a donc fallu environ 15 000 années (invention de l’agriculture) pour passer de 1 million à 1 milliard d’êtres humains, puis 150 ans seulement (ère industrielle) pour passer de 1 à 7 milliards. Cette performance est incroyable.

Faut-il retourner en arrière pour limiter le gaspillage ? Il n’est pas certain que l’agriculteur africain ou australien, brûlant des dizaines de kilomètres carrés de terre pour ses cultures, soit moins destructeur que l’homme moderne, capable de fournir l’énergie nécessaire à des villes entières à partir de quelques kilogrammes d’uranium. 

Pour limiter les besoins purement sociaux dits “inutiles” ? Le gaspillage moderne lié à la surconsommation n’est peut être pas plus important, en proportion, que celui qui a mené aux (inutiles) pyramides égyptiennes. 

Pour limiter les besoins en énergie ? Comme le montre le graphique ci-dessous, l’espérance de vie est fortement liée au PIB, lui-même lié à la consommation énergétique, ce qui signifie que toute baisse de productivité, ou toute crise énergétique réduisant la production, aura des conséquences directes sur la mortalité. 

Les écologistes, comme tous ceux qui prônent un système économique alternatif, échouent pour l’instant à montrer qu’un modèle sobre ou décroissant pourrait être compatible avec le niveau actuel de la population humaine. Les dégâts qu’inflige l’humanité à son environnement sont évidemment bien plus liés au niveau ahurissant de la population mondiale qu’au système économique lui-même (le capitalisme).  

Conséquence : on ne peut pas aujourd’hui, au nom de l’écologie, justifier un quelconque droit ou devoir à la paresse.

(To be continued… Next : “Y a-t-il une valeur paresse ? “)

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Le télétravail n’est pas bon pour créer des produits 1 août 2022

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Ce qui a changé avec la COVID, c’est la demande de nombreux salariés, chez Speechi comme ailleurs, pour le télétravail. J’y suis réticent pour différentes raisons, l’une d’entre elles est qu’il me semble difficile de créer des produits en visio, à distance. Une superbe étude, de grande envergure (plusieurs milliers de personnes y ont participé), vient d’être publiée dans Nature, qui met ce phénomène en évidence.

Les réunions présentielles sont plus performantes que les réunions physiques

Les chercheurs ont créé des paires physiques (2 personnes dans la même pièce) ou virtuelles (2 personnes en visio) et ont organisé des sessions créatives (question posée typique: cherchez d’autres usages au frisbee, etc). Puis ils ont noté le nombre d’idées et surtout le nombre d’idées créatives générées et ont mis en évidence, sur une seule réunion de 6 mn, un écart de l’ordre de 15% en faveur des réunions physiques.

Les mouvements des yeux des participants ont été analysés et l’interprétation des chercheurs est que la réunion présentielle permet une plus grande liberté du regard et que cette liberté crée une plus grande créativité.

En gros, les participants aux réunions physiques “voient plus loin” au plutôt “plus large”, au propre comme au figuré que les participants aux visios, qui ont le regard coincé sur leur petit écran. Ce résultat concernant le regard confirme des études antérieures mais ce qui est intéressant, ce sont les méthodes d’observation (via des caméras) qui ont permis de corréler effectivement mouvements du regard et créativité.

Ci-dessus: les participants aux réunions virtuelles ont bien plus regardé l’environnement de la pièce où ils étaient (dessin de droite, colonne de droite) que les participants virtuels, qui eux sont plus restés focalisés sur leur écran (dessin de droite, colonne de gauche).

La visioconférence pour sélectionner les idées

Il a aussi été demandé aux participants de sélectionner leur meilleure idée et là, la visioconférence fait aussi bien, voire un peu mieux (mais de façon non statistiquement significative), que la réunion physique.

La créativité est l’affaire des personnes individuelles ou des tout petits groupes

De façon constante dans la littérature, la créativité est liée à la petite taille des groupes 1. L’étude a conforté ce résultat et montré que les réunions à 2 étaient toujours plus créatives que les réunions de groupes. On ne cherche bien que seul (modèle du chercheur) ou à deux (Sherlock Holmes et Dr Watson ou, exemple plus récent reprenant Holmes, Dr House. Dans cette série, les réunions créatives de type “différentiel” ne servent à rien, on attend juste l’étincelle de génie de House, étincelle qui lui vient soit de façon spontanée, soit suite à une discussion avec le Dr Wilson, celui-ci l’amenant inconsciemment vers la solution de l’énigme).

Voilà qui en met un sacré coup au concept “d’intelligence collective” ! Le 1 qui est dans mon cerveau, je ne peux effectivement pas l’ajouter au 1 qui est dans votre cerveau pour faire 2.

Et donc, selon les conclusions de l’étude, les grands groupes de travail (plus de 3 ou 4 personnes) devraient être réservés à la communication des idées ou à la sélection des idées – non pas à la génération d’idées.

L’écran interactif est-il l’avenir de la visioconférence ?

Les visios avaient lieu sur de tout petits écrans de 15”, qui effectivement concentrent le regard voir ci-dessous).

J’aimerais bien savoir ce que pourrait donner cette étude sur des visioconférences faites avec des écrans interactifs géants, où les participants échangeraient debout devant leur écran géant. Il est possible que leur performance créative se rapproche alors des réunions physiques. Pour rappel, le grand avantage du tableau interactif dans l’enseignement a été de “libérer” le professeur de son PC.

Ecrivant directement sur son écran interactif, comme s’il s’agissait d’un tableau “noir”, l’enseignant garde le contact avec sa classe, élargit ses mouvements et améliore ainsi sa performance d’enseignement. Voir par exemple un vieil article de ce blog “Former, c’est créer des liens“.

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Nous ne faisons pas des écrans interactifs, nous transformons les entreprise 27 juillet 2022

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Cela fait deux ans que je ne suis plus intervenu en tant qu’auteur dans le blog de Speechi. Le relais a été brillamment repris par toute l’équipe marketing, avec un trafic en hausse de 30%, ce qui a évidemment gravement entamé mon ego. Ce n’est donc pas à la demande générale, mais pour répondre à un besoin interne pressant que je vais renouer le fil.

Il y aura beaucoup de choses à dire sur l’interne, Speechi a presque doublé de taille depuis deux ans, mais aujourd’hui, je vais me focaliser sur notre principale réalisation produit : un écran interactif totalement intégré à des logiciels qui en font la solution de référence pour les entreprises.

Lorsque nous avons conçu notre premier écran interactif, autour de 2014, il s’agissait d’améliorer la qualité des tableaux interactifs qu’on installait alors un peu partout dans les écoles et dont les défauts nous semblaient majeurs (éblouissement, faible réactivité, complexité, mauvaise qualité de l’image). Notre premier écran valait autour de 15 000 EUR, mais nous savions que les prix allaient rapidement baisser et notre ambition était alors d’améliorer les solutions scolaires. C’est aujourd’hui chose faite: presque tous les nouveaux équipements dans les écoles sont des écrans interactifs, ils sont plébiscités par les enseignants et aujourd’hui, leur coût d’usage est inférieur à celui des anciens tableaux interactifs à base de vidéoprojecteurs.

Restaient les entreprises. Dès 2017, nous avons vu que les écrans interactifs convenaient parfaitement aux entreprises –  en particulier dans une salle de réunion. En 2020, un grand nombre d’entreprises ont sauté le pas et ont commencé à utiliser l’écran interactif en salle de réunion, comme un produit hybride: l’écran interactif permet de réaliser des réunions “présentielles”, mais aussi à distance – avec une caméra de haute qualité posée sur l’écran. Aujourd’hui, les entreprises représentent la moitié de nos ventes et 80% des écrans vendus en entreprise sont accompagnés d’une caméra pour la visioconférence.

Depuis 2017, nous avons totalement renouvelé la “suite logicielle Entreprise”, l’ensemble des logiciels que nous proposons aux entreprises et aujourd’hui, nous proposons un suite complète qui colle aux besoins de 90% des entreprises. C’est une réalisation majeure, réalisée en interne et avec des partenaires français, que je vous décris ci-dessous.

Un écran interactif connecté, avec reconnaissance faciale.


Dans une entreprise, il y a en général plusieurs écrans. Et quand on a organisé un réunion sur un écran, dans la salle de réunion A, on n’a pas envie de porter ses fichiers sur l’écran de la salle B, en général via une clé USB.

Notre écran est connecté en permanence au Web et l’utilisateur se logge via une reconnaissance faciale, que nous avons développée nous mêmes. Cette reconnaissance vous logge directement dans votre cloud Google ou Microsoft, ce qui fait que toutes les réalisations faites sur l’écran vont pouvoir être archivées dans votre Cloud – et sont donc instantanément réutilisables à partir de tout autre écran. Autre avantage: la sécurité. Les fichiers n’étant pas stockés sur l’écran, vous ne risquez pas que quelqu’un en fasse ensuite une copie intempestive. A ma connaissance, cette technologie est unique.

Une fonction “post-it” ou projet, grâce à Draft


Draft est un logiciel français qui permet de faire des plans projets, des “Kanban”, des présentations diverses et variées sous forme d’un mur de notes repositionnables. Le mur de notes, c’est une application particulièrement astucieuse de l’écran interactif géant et il s’agit ici d’un mur de notes partagé en temps réel (autrement dit, si je bouge une note dans notre show-room de Lille, elle va aussi bouger sur la version projetée dans le show-room de Paris). Cette application, qui reproduit en l’améliorant l’utilisation des “post-it” classiques sous forme de petits papier, est aujourd’hui massivement utilisée au sein de nos écrans. Elle a été développée et pensée pour le tactile Speechi.

L’affichage digital dans toutes les entreprises avec Touchify


Touchify est (encore !) un logiciel français exceptionnel d’affichage digital tactile. Une interface Web permet à toute entreprise de créer sa présentation, qui peut aller d’une présentation toute simple du style “Bienvenue à Thierry Klein, dirigeant de Speechi” (1) à une présentation multimédia qui transforme l’écran tactile en borne interactive, par exemple en magasin. Ainsi, tous les écrans tactiles de l’entreprise, quand ils ne sont pas utilisés pour une réunion ou une formation, peuvent diffuser un message. Cette fonction est aussi très utile en milieu scolaire ou universitaire.

La présentation qui tue avec Excense.


Excense est un logiciel (encore et toujours français !) que vous connaissez tous sans en connaître le nom. C’est le logiciel interactif utilisé par les chaines de télé les soirs de kermesse électorale pour présenter les résultats des élections. Il permet de construire des présentations extrêmement dynamiques, spectaculaires et interactives qui vont se jouer sur l’écran interactif. Typiquement: présentation pour répondre à un appel d’offre, présentations commerciales haut de gamme pour tous les commerciaux de la société… Les présentations peuvent être partagées dans le cloud et donc vont pouvoir se jouer sur tous les écrans de l’entreprise.

Des développements spécifiques

Chacun des logiciels ci-dessus a été adapté en profondeur pour nos écrans. La dernière version de Draft est totalement couplée à notre technologie “SuperGlass”. Touchify est interfacé au système d’exploitation Speechi et permet, entre autres, la bascule automatique de l’écran en mode affichage digital lorsque l’écran n’est pas utilisé pendant quelques minutes. Excense utilise notre technologie de différenciation doigt / stylet habituellement réservée aux écrans capacitifs.

Un écosystème qui va se développer

Speechi est à ce jour le seul écran du marché à proposer, via nos logiciels et des logiciels tiers, une telle palette de fonctionnalité pour toutes les entreprises. Qui plus est, les coûts de ces solutions sont modiques (de l’ordre de quelques dizaines d’euros / mois). Nous allons poursuivre cette stratégie d’intégration et pas mal d’annonces sont à prévoir dans les 12 prochains mois. Notre objectif est que nos écrans puissent être utilisés pour toutes les formations, toutes les réunions et d’une façon générale, toutes les activités liées à la transformation digitale des entreprises.


  1. (J’accepte actuellement toutes les invitations suivies d’un bon repas)
  2. © : “Post-it” est une marque déposée de la société 3M. Le terme “post-it”, quand il est utilisé dans cet article, fait référence uniquement, par analogie et pour des besoins de compréhension, à des notes virtuelles affichées sur un écran interactif et non pas aux bloc-notes en papier commercialisés par 3M sous le nom “post-it”.
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Amazon ne construit pas l’Internet que nous voulons 28 février 2021

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Amazon censure aujourd’hui les livres

C’est passé à peu près inaperçu mais la semaine dernière Amazon a changé ses conditions générales. Le site se permet dorénavant de censurer « tout ouvrage contenant du contenu incitant à la haine ou tout autre matériel que nous jugeons impropre ou offensant » (sic).

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La première « victime » de cette nouvelle clause est un livre critique de l’idéologie du genre, qui probablement va du coup très bien se vendre via des canaux alternatifs du fait de la publicité qu’Amazon lui a fait : « When Harry became Sally, Responding to the transgender moment« . (1)

Tout libraire indépendant, arguera Amazon, a le droit de sélectionner les livres qu’il propose au public. Tel libraire se spécialisera dans les bandes dessinées, un autre dans les livres marxistes, un autre dans les livres religieux… Mais Amazon représente 83% du marché du livre aux Etats-Unis et à ce niveau de dominance, le refus de vendre un livre correspond à une censure de fait. Aucun éditeur ne publiera un livre qu’Amazon refuse de commercialiser.

Les ouvrages refusés par Amazon sont de fait et au sens propre « mis à l’index », vous ne pourrez plus les lire. Amazon a recréé, pour un objectif idéologique qui lui est propre, l’index des livres censurés élaboré par l’Eglise Catholique au XVIème siècle. Les idées présentes dans les livres censurés par Amazon seront comme effacées de notre société, avec une efficacité que l’Eglise catholique n’a jamais atteinte (Voltaire, Luther étaient à l’Index et cela n’a jamais empêché qu’ils soient lus).

Il n’est pas certain que la censure des idées ou des œuvres soit jamais une bonne chose, il est certain en revanche que sa mise en œuvre éventuelle doit procéder de la loi, dans un cadre démocratique, et non pas du bon vouloir d’une société commerciale. Nous avons donné des droits bien trop importants à Amazon.

Ce problème rejoint celui récemment constaté de la censure des contenus exercée par Google, Facebook et Twitter, allant jusqu’à censurer le compte du Président des Etats-Unis lui-même (1′). Les conditions générales de ces sociétés leur permettent d’agir ainsi et tout media a, a priori, la liberté de décider du contenu qu’il publie. Mais la position de dominance des GAFAM est telle que la règle définie avant l’ère de l’Internet ne peut plus s’appliquer. L’Humanité peut censurer un homme politique de droite ou le Figaro une idée de gauche, c’est leur droit. Mais bannir de YouTube (92% de part de marché) ou de Facebook un contenu a un impact médiatique bien supérieur à lui interdire toute la presse française, d’un seul coup, télévision comprise. Le pluralisme ne joue plus quand on parle de media à ce point dominants, rassemblant plus de 90% du trafic ou du temps passé sur Internet.

Nous avons là encore donné des droits bien trop importants à de simples sociétés commerciales, qui menacent aujourd’hui non seulement nos libertés mais nos idées et l’accès au savoir. La censure (éventuelle) des contenus proposés par YouTube, Google, Facebook, Amazon doit absolument revenir aux Etats et être exercée selon des lois que nous aurons votées (2).

Le concept juridique à introduire dans la loi est celui de « dominance ». A partir d’un certain degré de dominance, les conditions commerciales ou générales habituelles ne peuvent plus s’appliquer et l’Etat est fondé à les modifier, pour les adapter à sa loi. Ce concept est la conséquence juridique directe de la « scalabilité » recherchée par les acteurs de l’Internet, qui leur permet d’établir cette domination.

Le numérique qui nous est concocté actuellement par ces sociétés ne correspond en rien à la promesse qui nous a été faite (et qui nous est vendue jusqu’à la nausée par les GAFAM) : de plus grandes libertés, un plus grand accès au savoir. Il nous ramène au contraire au passé dans ce qu’il a pu avoir de pire, « panem et circenses » (la gratuité et la débilité ludique des contenus), et l’Inquisition idéologique.

C’est l’exact contraire du numérique que nous voulons.

Dans son dernier ouvrage, « Une rencontre », Milan Kundera évoque la fin de l’illusion cinématographique. Né il y a 100 ans. Le cinéma qui promettait, le nouveau moyen d’expression culturel (sans même parler du cinéma en tant que nouvelle forme artistique) a aujourd’hui presque totalement disparu. Il est devenu un des principaux vecteurs de l’abêtissement général.

Luttons pour qu’Internet ne soit pas une nouvelle illusion.


(1) Je n’ai pas lu ce livre et précise que ce billet n’est en rien un soutien de son contenu éventuel. La position que je prends est « par principe ». Je note par ailleurs que « Mein Kampf » reste disponible sur Amazon; son contenu n’est donc probablement ni inapproprié ni offensant.

(1′) Là encore, ce billet n’est en rien un soutien éventuel au Président américain concerné. La position que je prends est “par principe”.

(2) Techniquement, cette proposition est très facile à réaliser. Il suffit d’imposer aux acteurs dominants du numérique de mettre à disposition du Juge français des interfaces (API) lui permettant de mettre en œuvre instantanément toute décision de justice, lui permettant aussi d’avoir accès, selon nos lois, au moyens de preuve nécessaires tels que les adresses IP permettant d’identifier l’origine de certains contenus, etc.

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Vaccin ARN: ne recommençons pas le coup du Thomson T07 3 janvier 2021

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Au début des années 80, l’Education nationale a décidé d’équiper les écoles en ordinateurs dans le cadre du plan « Informatique pour tous ». Il y avait 2 choix possibles: l’Apple II, un ordinateur personnel révolutionnaire et le Thomson T07, matériel dépassé, inutile, dont l’unique avantage était d’être français. Et bien entendu, « soucieux des intérêts industriels nationaux », le Ministre a décidé d’équiper les écoles en Thomson T07.

Une chance inestimable s’était envolée. On aurait pu donner à une génération d’élèves français le goût de l’informatique et certains, apprenant à programmer sur un matériel « état de l’art » auraient dans doute participé à la création d’une industrie nouvelle dont personne n’envisageait alors l’ampleur qu’elle allait prendre. Au-lieu de ça, on a dégoûté les élèves, les professeurs et on a vite rangé les ordis Thomson dans les placards. Ils n’en sont jamais ressortis. On n’a même pas sauvé, évidemment, l’industrie française des ordinateurs, qui a disparu corps et âmes quelques années plus tard.

Mon père s’était intéressé à l’informatique. J’avais eu la chance rare en France, bien avant le bac d’avoir un Apple II à la maison. J’avais appris à programmer dessus et je me souviens encore de ce livre extraordinaire, « La programmation du 6502« , écrit par un Centralien émigré aux USA, Rodnay Zaks, avec qui j’ai eu la chance d’échanger des dizaines d’années plus tard. J’avais vu qu’il avait fait un Master en Informatique à Berkeley et dès la classe de première, j’avais envie de partir étudier l’informatique aux Etats-Unis. J’ai obtenu mon Master en Computer Science américain en 1990 (non pas à Berkeley mais à Stanford).

A Stanford, plus de la moitié des étudiants en Master d’informatique (nous devions être une centaine en Master, dont seulement 2 français) avaient eu accès à un Apple II dans leurs études secondaires. Cette proportion extraordinaire montre bien la dynamique qu’a pu avoir cet ordinateur, les vocations qui ont été créées et l’opportunité que l’Education Nationale a ratée. En croyant, à court terme, privilégier les intérêts français, elle a de fait contribué à la nullité française en informatique et nous a empêché de créer notre industrie.

Aujourd’hui, je vois la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche faire la même erreur, avec le vaccin ARN, que celle que nous avons faite en 1980 avec l’Apple II. Il s’agit d’attendre « le bon vaccin » (entendez le vaccin français, celui de Sanofi).

Mais Sanofi connaît probablement sa faiblesse en la matière depuis le début. Comment expliquer, sinon, qu’un industriel choisisse deux stratégies de développement différentes, montrant ainsi qu’il n’a confiance en aucune ? On n’enfonce pas une porte avec deux béliers de petite taille mais avec un gros bélier, dans lequel on a mis tous ses moyens.

Non seulement donc ce choix industriel ne rendra pas Sanofi compétitif mais des vies seront en outre perdues, ce qui est évidemment une conséquence encore plus grave qu’un simple retard industriel. Pour paraphraser Churchill: « Vous avez voulu sauver votre industrie au détriment de vies ? Vous perdrez et votre industrie et les vies. »

En outre, nous ne nous donnons pas les moyens de regagner notre retard technologique, au contraire nous allons le creuser. Pourquoi ?

La mise au point de nouveau vaccin ARN, même si elle ne s’est pas faite en France, constitue une avancée aussi importante que la découverte du vaccin contre la variole ou de la pénicilline. Aujourd’hui, il s’agit d’une prouesse technique mais la technologie de conception étant de nature logicielle, il sera de plus en plus facile – et rapide – de développer de tels vaccins.

Ceux qui maîtrisent ce logiciel ont réussi à développer le vaccin avec une rapidité jamais vue jusqu’à présent, mais dans quelques années, ce travail ne sera plus une question de mois ou d’années, mais d’heures ou de jours. C’est simplement une nouvelle manifestation de la pénétration de la révolution numérique et du pouvoir universel du software dans des sciences fondamentales telles que la biologie (l’autre exemple important étant Crispr, lui aussi de nature logicielle).

Ce vaccin est en fait le premier vaccin numérique.

Plutôt que de retarder son utilisation, le Ministre de l’Education Nationale, la Ministre de l’Enseignement supérieur, devraient veiller à ce que les principes fondamentaux de ce vaccin, qui ne sont pas si complexes, comme je l’ai développé ici dans un billet « Nature is code », soient expliqués dès l’année prochaine à tous les élèves de Terminale. Il faudrait pour ceci remettre la biologie dans le tronc commun des élèves, qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Et si l’on n’a pas le temps de bien aborder la génétique, qu’on débarrasse la biologie de tout le prêchi-prêcha écologiste qu’on impose à nos élèves dès le primaire. Crispr, le vaccin ARN, valent bien quelques pensums sur la biodiversité et sur les éoliennes.

Qu’on permette aussi aux étudiants qui ont choisi informatique de faire le lien. On peut introduire des TP basés sur Crispr ou sur le vaccin ARN dès la spécialité informatique de Terminale, au pire en licence ou en classes préparatoires.

Nous avons raté cette découverte. Au lieu de faire un calcul d’épicier, on ferait mieux de donner à la génération qui vient l’envie et le savoir pour en faire de nouvelles.

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“Nature is code” : un message d’espoir pour 2021 31 décembre 2020

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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En cette fin d’année 2020, il est difficile d’envoyer des vœux positifs. Le COVID a tué environ 1 personne sur 1000 en France et aux Etats-Unis (série en cours) ; la crise économique qui s’annonce risque d’avoir des conséquences directes ou indirectes encore plus graves – souvenons-nous de la crise de 1929 et de ses conséquences, en particulier la 2ème guerre mondiale.

Je voudrais pour ma part revenir sur l’immense espoir que représente la mise au point du vaccin ARN pour l’avenir. Ce vaccin a été développé et mis au point en moins d’un an, ce qui constitue une prouesse technique sans égal. Mais cette prouesse en annonce bien d’autres car la raison de cette rapidité de développement est la suivante : le vaccin ARN mis au point par Pfizer est le premier vaccin numérique. La technologie de conception étant de nature logicielle, il sera de plus en plus facile – et rapide – de développer de tels vaccins.

Le vaccin est structuré comme un code informatique. Quand vous échangez des données entre systèmes informatiques, vous le faites souvent sous forme de messages, qui sont structurés ainsi :

EntêteContenuFin
O1O100101001001100011010111111

« Entête » sert par exemple à indiquer au récepteur du message qu’il s’agit bien d’un message à interpréter et qu’il s’agit par exemple de données provenant du système comptable qui lui sont bien destinées. « Contenu » contiendra l’ensemble de ces données et « Fin » lui indiquera que les données ont été transmises. Les données sont envoyées sous forme binaire (des « 0 » et des « 1 »).

La structure du vaccin ARN de Pfizer est strictement identique à ce schéma. Il s’agit ni plus ni moins d’un bout de code contenant ces éléments. La principale différence est que ces données ne sont pas de nature binaire mais quaternaire : les éléments de base sont les briques du vivant, au nombre de 4 : les bases A, C, G et U.

Faire un vaccin ARN, c’est donc concevoir un message informatique. Ce message sera ensuite synthétisé très facilement à l’aide d’imprimantes à ADN.

L’entête

L’entête du vaccin contient différentes informations de type « métadonnées » qui vont indiquer à la cellule où, quand et comment les données génétiques (le contenu du message) doivent être utilisées. Une des prouesses techniques importante pour la réalisation du vaccin est la suivante :  la base « U » est remplacée par une base de synthèse nommée Ψ. Cette astuce a pour conséquence principale d’inactiver le système immunitaire. Le message ne sera pas attaqué ni détruit et pourra pénétrer dans la cellule.  Ensuite, cette base Ψ est une base de synthèse, qui n’appartient pas au « monde du vivant ». Elle ne peut être synthétisée par l’organisme. Aucun virus connu ne peut l’incorporer pour se cacher. Cette molécule Ψ est donc à la fois une des clés de l’efficacité et de la sécurité du vaccin.

Le contenu du message

Le contenu du message contient environ 4 000 lettres représentant le code génétique de la protéine « Spike », caractéristique du COVID. L’ARN ayant pénétré dans la cellule, la protéine « Spike » sera ainsi générée et le système immunitaire commencera à produire des anti-corps permettant à l’organisme de détruire le COVID 19, qui expose cette molécule. C’est le mécanisme classique des vaccins, à ceci près qu’ici ce n’est pas le vaccin affaibli qui est introduit dans l’organisme, mais sa signature (la protéine Spike).

Là aussi, je passe rapidement sur les prouesses techniques. Pour augmenter le rendement du vaccin, pour optimiser la façon dont la protéine va se configurer, on modifie astucieusement quelques lettres du code génétique. Le vaccin de Pfizer ne fait pas que reproduire la nature, il est plus efficace que la nature.

La fin du message

La fin du message est une répétition de termes, de type « FINFINFINFIN… » qui se dégrade au fur et à mesure que l’ARN est utilisé. Au bout de quelques dizaines d’utilisation, l’ARN est dégradé et sera détruit.

Prouesses technologiques mises à part, que constate-t-on ?

L’entête et la queue du message sont essentiellement des constantes. Ils sont à peu de choses près réutilisables pour tout vaccin.

Les données internes du message contiennent l’information du vaccin, son « contenu ». Il suffit pour obtenir celui-ci d’analyser la molécule et un de ses éléments caractéristiques, puis de synthétiser le tout via une imprimante ADN par exemple.

Ceux qui maîtrisent ce processus logiciel ont réussi à développer le vaccin avec une rapidité jamais vue jusqu’à présent, mais dans quelques années, ce travail ne sera plus une question de mois ou d’années, mais d’heures ou de jours. On le réalisera sans doute intégralement à l’aide d’un simple ordinateur relié à l’imprimante ADN. La partie la plus longue sera alors la validation du vaccin (vérification de l’efficacité et surtout essais cliniques de phase 1, 2 et 3).

Nous assistons ici, tout simplement, à une nouvelle manifestation de la pénétration de la révolution numérique et du pouvoir universel du software dans des sciences fondamentales telles que la chimie (voir un précédent billet) ou ici la biologie (l’autre exemple important en biologie étant Crispr, lui aussi de nature logicielle). Ce vaccin est le premier d’une longue série, qui permettront de générer à volonté de nouveaux vaccins de façon très rapide, avec une très grande souplesse et à un coût très réduit. Les GAFAM nous ont appris à notre détriment, selon l’heureuse expression de Lawrence Lessig, que « Code is law ». Avec ce vaccin, nous constatons que « Nature is Code» et c’est une excellente nouvelle pour l’avenir de l’humanité.

Dans nos écoles Algora, nous essayons depuis 2017 de faire comprendre aux enfants, et aujourd’hui aux adultes, toutes les conséquences de cette révolution numérique. Nous abordons tous les sujets: automatisation, intelligence artificielle et compréhension de la nature.

Voici le vrai message d’espoir qui nous vient de l’année 2020.

Meilleurs vœux à tous

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Quand on travaille avec Geogebra, on ne fait pas des maths 27 octobre 2019

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Geogebra est un programme qui permet de réaliser simplement des figures géométriques. Il est très utilisé au collège et rencontre un énorme succès (dans tous les manuels scolaires que j’ai consultés, il y a de nombreux exercices ou illustrations où on demande aux élèves de construire des figures ou de “démontrer” des propriétés mathématiques avec Geogebra). Pourtant, à quelques exceptions près, l’utilisation de Geogebra n’a rien à faire en cours de maths (et ceci quelles que soient l’excellence et la qualité du logiciel lui-même). Non seulement l’utilisation d’un logiciel comme Geogebra est inutile, mais elle est contre-productive. 

Geogebra empêche les élèves de comprendre la nature même du raisonnement géométrique

En géométrie, la précision de la figure n’a aucune importance. L’élève peut tracer une figure où les cercles sont ovales, les droites courbes, du moment que sa démonstration est exacte. Points, droites, courbes sont uniquement des abstractions, des concepts. La figure est destinée à aider l’élève à raisonner, sa précision est indifférente à la qualité de la démonstration. Erreur de fond n°1.

Il y a confusion entre la précision des figures et la démonstration

L’expression “démontrer avec Geogebra” est parfaitement impropre. Pourtant, elle est couramment utilisée dans un grand nombre de manuels scolaires. La précision de l’ordinateur étant limitée, Geogebra ne peut que montrer que certaines propriétés sont atteintes aux erreurs de l’ordinateur près. Par exemple, si deux points sont confondus sur Geogebra, cela signifie simplement que leur distance est inférieure à l’imprécision des calculs. Ce résultat est évidemment d’une qualité infiniment inférieure à la certitude de la démonstration géométrique qui prouve l’identité des points. Erreur de fond n°2, qui crée la confusion chez un grand nombre d’élèves au collège. En laissant croire que la démonstration peut être tirée de la figure, aussi précise soit-elle, Geogebra (ou du moins son utilisation) crée une barrière entre le raisonnement mathématique et l’élève.

Manipuler Geogebra prend du temps, ce temps est volé aux mathématiques

Les constructions demandées aux élèves leur prennent beaucoup de temps. Et ce temps est pris sur le raisonnement mathématique. Dans un devoir à la maison récemment demandé à mon fils, la manipulation de Geogebra prenait à peu près les deux tiers du temps passé. Or cette manipulation ne tient pas du raisonnement mathématique, mais, au mieux, consiste à apprendre à se servir du logiciel (travail qui tient du secrétariat) et à comprendre les instructions pour construire la figure (travail en soi non inutile, mais qui ne tient pas de la démonstration elle-même et qui n’est pas spécifique à la matière mathématique).

Geogebra nuit à la réflexion mathématique

Lorsque la démonstration n’apparaît pas immédiatement à l’élève, sa recherche passe souvent par la réalisation de figures ou de constructions intermédiaires qui servent de support à la réflexion. Certaines de ces constructions se doivent d’être hypothétiques ou fausses. Par exemple : “Et si ces droites ne sont pas parallèles, que se passe-t-il ?”, etc. Geogebra ne permet pas de construire des figures (visiblement) fausses; le papier et le crayon restent de loin le meilleur support (et le plus souple) pour aider l’élève à réfléchir.

L’esprit des erreurs induites par Geogebra

Un logiciel “amusant”. Pourquoi Geogebra a-t-il un tel succès ? D’abord, il y a l’idée que c’est un logiciel amusant à utiliser pour les élèves, qui leur évite de s’ennuyer, parce qu’il permet de tracer de jolies figures. C’est possible, après tout, mais moi je trouve ceci profondément ennuyeux. Et si c’est le cas, cela justifie l’utilisation de Geogebra en dessin, voire en technologie, mais certainement pas en maths. L’usage d’un tel logiciel en maths est un symptôme du renoncement à enseigner les mathématiques. 

Un logiciel “utile”. Il y a ensuite, et surtout, l’idée qu’il faut apprendre des choses “utiles aux élèves”. Et effectivement, avec Geogebra, il est facile d’obtenir la surface, le périmètre “exact” de telle ou telle figure. Ce résultat est communément qualifié d’utile parce qu’il autorise toutes sortes d’applications techniques, comme déterminer précisément la longueur de la barrière nécessaire à clôturer un champ (périmètre) ou sa production (surface). Le problème, c’est qu’accorder de l’importance à cette utilité, c’est s’écarter de l’esprit même des mathématiques. Les applications techniques n’ont nul besoin de l’exactitude parfaite qu’apportent les mathématiques, elles tolèrent en revanche parfaitement l’approximation des calculs de Geogebra. 

C’est une idée commune, mais probablement erronée, que de penser que la démonstration a été inventée en vue de son application technique. L’utilité technique des mathématiques n’est qu’une conséquence de l’invention de la démonstration, une conséquence qui d’ailleurs ne cesse d’étonner car points, droites et cercles sont des concepts purs, qui ne peuvent exister dans la nature et donc il est très surprenant que des applications techniques, et finalement tout le progrès scientifique, en surgissent. Tout élève devrait, sans doute au lycée, pouvoir réfléchir à ce paradoxe. L’usage de Geogebra l’en écarte. Les mathématiques ne sont pas là pour apprendre aux élèves des choses utiles, mais des choses vraies.

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Mon intervention au Summit OVH (Pourquoi un cursus Algora pour adultes ?) 15 octobre 2019

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Manifestation impressionnante d’OVH à laquelle j’étais invité jeudi dernier Porte de Versailles. Pourquoi développons-nous actuellement un cursus Algora pour les adultes ? Et pourquoi spécifiquement pour les non informaticiens ? Quelle est la société #Cloud, basée à Roubaix, qui va expérimenter en premier ce nouveau cursus et quels sont ses objectifs ? Vous le saurez en regardant cette vidéo.

(Et par ailleurs, un intéressant discours de Cédric O, notre nouveau Ministre du N, sur lequel je reviendrai dans un prochain billet.)

Un grand merci à Octave, Steph et toute l’équipe d’OVH.

Le texte complet de l’intervention ci-dessous.

J’ai créé Speechi en 2004 avec pour objectif d’améliorer l’éducation grâce aux nouvelles technologies.

On a commencé avec un logiciel pour aboutir aujourd’hui à un écran interactif géant qui est en train de remplacer le tableau noir dans les salles des écoles et des universités.

Et puis on s’est rendu compte que toutes les entreprises avaient besoin de tablettes tactiles géantes dans leurs salles de réunion pour faire leurs présentations et travailler de façon collaborative et aujourd’hui comme il y a beaucoup plus de salles de réunion que de salles de classe ; nous vendons beaucoup aux entreprises.

Il y a 2 ans, on a ressorti des cartons un développement qu’on avait imaginé en 2014  et dont le but est d’enseigner l’informatique aux enfants avec des petits robots. Ca s’appelle Algora (les écoles Algora) et le but, c’est de se servir des robots pour apprendre aux enfants à programmer. Le robot, c’est un support ludique très utile et très motivant pour les enfants. Et on peut lui faire faire une infinité de choses.

« Donc tu leur apprends à coder, c’est ça ? »

Oui, on leur apprend à coder par opposition à juste être enfermé dans un programme ou une interface conçue par d’autres, comme Windows, Word ou Facebook. Nous, on veut ouvrir le capot des machines numériques et leur donner assez de connaissances pour apprendre non pas à utiliser des programmes, mais à réaliser leur propre programme, leur propre interface utilisateur, leur propre robot

Donc dans le cursus Algora, on a une cinquantaine de robots plus ou moins élaborés, qui aident l’enfant à comprendre le monde issu de la révolution numérique : une voiture connectée, une voiture anti-collision, des machines outils, des scanners… et on leur explique aussi la nature : comment marche une fourmi-robot (ça c’est facile), un chien robot (déjà plus compliqué, 4 pattes) et un humanoïde (déséquilibre permanent, très compliqué !).

On a démarré avec un cursus pour les 10-14  ans et maintenant, avec des algorithmes et des- engrenages très simples, on descend même jusqu’à 6 ans ! En 2 ans, on a ouvert une centaine d’écoles en France.

Mais tu veux le faire aussi pour les adultes ?

Oui, l’idée est la même pour les adultes, de 15 ans à 115 ans. Les adultes n’ont pas eu de formation au codage et ne comprennent pas la source réelle des changements que crée la révolution numérique autour d’eux. Comment fonctionne une Tesla, Google, Siri, une reconnaissance de visage, comment l’ordinateur, une simple machine à calculer, peut battre le champion du monde d’échecs…

Notre programme pour les adultes a pour but de former à la compréhension de l’informatique des gens qui ne seront jamais informaticiens, à titre de culture générale ou pour infuser dans leur travail et générer de nouvelles idées… car le paradoxe est le suivant : tout le monde ne sera pas informaticien mais sans la compréhension des principes de l’informatique, et particulièrement du deep learning, on ne peut plus espérer comprendre le monde, ni y avoir un impact.

Soit nous saurons programmer,

Soit nous serons programmés !

Depuis le début de ce Summit, tout le monde est tombé d’accord pour dire qu’il faut mettre l’éducation au centre. C’est notre seule chance. Mais que faut-il mettre au cœur de l’éducation ?

A chaque âge sa matière. Au Moyen-âge,  On apprend le latin qui permet d’accéder à l’étude de la religion, du droit, de la médecine. A l’âge de la Révolution Industrielle, c’est à dire quand la force des machines remplace celle des hommes et des animaux, ce sont les mathématiques et les ingénieurs, qui, permettant de concevoir et développer les machines industrielles, passent au centre. A l’époque de la Révolution Numérique, c’est-à-dire quand le cerveau des machines programmées remplace les cerveaux humains, c’est l’informatique (au sens anglo-saxon de Computer Science) qui devient centrale. Le but n’est pas de créer une génération d’informaticiens, pas plus qu’il ne s’agissait de créer une génération de latinistes ou de mathématiciens. Le but est de pouvoir comprendre et décrypter le monde.

Dire qu’il y a révolution numérique, c’est très exactement dire ceci : sans connaissance du codage, il devient impossible de comprendre et d’organiser le monde qui nous entoure. Pour paraphraser Platon:

Nul n’entrera ici s’il n’est informaticien.

C’est pour cette raison, parce que l’informatique est devenue centrale, que nous avons appelé nos écoles Algora. Algo, c’est évidemment l’algorithme et Agora, c’est une référence au cœur de la cité athénienne, à la culture, au savoir classique, dont nous essayons de perpétuer la transmission.

Comme l’Agora est au cœur de la Cité, il faut mettre l’informatique au cœur de l’éducation.

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Grandeur et faiblesses de l’enseignement de spécialité informatique en classe de première : une analyse critique 2 juillet 2019

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Enseignement de l’informatique : plus rien ne sera jamais comme avant

Pour la première fois, et c’est une grande chose, la science informatique, au sens de programmation, rentre au Lycée en tant qu’enseignement de spécialité dans les nouveaux programmes de première.

Elle n’en sortira plus jamais et dans les 50 prochaines années, sa place ne cessera d’augmenter. J’ai expliqué en long et en large les 2 raisons qui font de l’informatique, depuis 2010, une matière fondamentale, raisons qui ont été à la source de notre investissement dans les écoles de robotique Algora et qu’on peut résumer en quelques mots. 1) Une révolution numérique est en cours, dont les effets seront comparables à la révolution industrielle du XIXème siècle. La liberté des citoyens nécessite la maîtrise des nouveaux moyens de production, celle-ci passant par l’apprentissage de la programmation. 2) Cette révolution traverse toutes les sciences, ce qui fait de la science informatique une matière fondamentale au sens où elle devient nécessaire pour la compréhension des autres domaines scientifiques (biologie, médecine, chimie, physique…). En savoir plus.

Un objectif non professionnalisant

D’abord, le meilleur. « L’objectif de cet enseignement est non professionnalisant ». Dans les raisons que j’ai données ci-dessus, il y a en effet une raison citoyenne émancipatrice (la maîtrise des moyens de production) et une raison scientifique, mais un choix de première généraliste ne peut pas, ne doit pas être une orientation professionnelle. Il ne s’agit pas de former, dès la classe de première, de futurs informaticiens mais, de façon ambitieuse, de donner aux élèves les fondements de l’informatique pour « les préparer les élèves à une poursuite d’études dans l’enseignement supérieur ».

De façon là aussi très heureuse, le préambule du programme laisse donc toutes les orientations ouvertes. Car faire de l’informatique va profiter à tous les élèves, qu’ils s’orientent vers Sciences Po, une école d’ingénieurs, de médecine ou vers des études plus courtes. J’ai expliqué, dans ce blog, pourquoi le cours d’informatique fondamentale est progressivement devenu le cours le plus suivi dans les universités américaines, toutes filières littéraires et scientifiques confondues.

Un contenu peu réaliste

Le programme d’informatique est très dense, très ambitieux. Ma principale critique sera que je le juge peu réaliste, trop théorique et qu’il faudra en changer la philosophie. Rentrons dans le contenu.

Le langage : Python for ever

“Le langage choisi est Python”. C’est le meilleur choix possible, celui que nous avons fait pour tous nos apprentissages à partir de 14 ans (12 ans pour les enfants suivant un enseignement spécifique en informatique). J’ai expliqué dans cet article récent (“In Python we trust”) les raisons de ce choix.

Le programme : entre Master et doctorat ?

La richesse du programme proposé a un côté ahurissant, gargantuesque. Huit grands thèmes sont définis[1].

Disons-le tout net, ce programme, la plupart des ingénieurs ayant suivi une information Bac + 5 en informatique ne le maîtrisent pas (même si, je sais, ils devraient !). Les élèves sortant des grandes écoles ne le maîtrisent pas non plus. C’est un programme impossible à assimiler en 4h de cours par semaine (sauf si, parallèlement à ces cours, les élèves menaient de leur côté 10 à 20 h de travail personnel, ce qui n’est évidemment pas prévu). Seul un quart du total de temps de classe est consacré à des projets, ce qui est en fait très peu. On pourrait en fait parfaitement proposer ce programme, presque tel quel, dans le cadre d’un master informatique… Premier défaut, donc.

Un programme trop abstrait

Le deuxième problème est que ce programme est extrêmement théorique et abstrait.

J’ai beaucoup critiqué dans ce blog l’évolution de l’enseignement des maths depuis 30 ans. Pour soi-disant préserver les élèves de l’ennui, on a tenté, de façon très artificielle si ce n’est ridicule, de faire résoudre des problèmes « pratiques » ou « concrets » aux élèves, avec pour résultat qu’on n’intéresse plus personne et qu’on ne fait plus vraiment des maths[2].

A l’inverse, l’informatique est une matière concrète où la réalisation pratique (le fonctionnement du programme créé) est toujours très importante. Qui plus est, cette réalisation, nous le voyons tous les jours dans nos écoles Algora, intéresse les élèves de façon tout à fait prodigieuse. En se focalisant largement sur les aspects abstraits et théoriques de la matière, on perd de vue son essence et on prend le risque de dégoûter largement les élèves.

Un programme trop ancien pour “renverser la table”

On a l’impression en fait que les rédacteurs du programme, qui ont évidemment une grande connaissance personnelle de l’informatique, ont hésité à « renverser la table » en tentant d’instaurer un programme réellement innovant. Tous les thèmes du programme abordés pouvaient être enseignés tels quels dès les années 80, à l’exception du Web qui date des années 90 et donc, ce programme informatique rate en quelque sorte l’essentiel de la révolution numérique, qui correspond à des technologies postérieures aux années 2000[3]. Or c’est avant tout cette révolution numérique qui justifie l’enseignement de l’informatique en première[4] – en n’enseignant pas les technologies qui la sous-tendent, on fait en quelque sorte fausse route.

Ainsi l’intelligence artificielle (sous l’angle deep learning), les algorithmes de recommandation ou de classement (du moteur Google à la recommandation commerciale effectuée par des sites comme Amazon ou Adwords), des exemples tirés de la nature (comportements émergents, CRISPR), des exemples d’interaction avec d’autres matières fondamentales (expériences CRISPR, expériences physiques élémentaires) ou même la blockchain ne sont pas abordés[5]. Or il est possible dans tous ces cas, si on renonce au côté purement théorique des choses, de faire réaliser aux élèves des programmes extrêmement intéressants, ayant un intérêt pratique extraordinaire[6] et permettant souvent de faire communiquer différentes matières entre elles[7][8]. De telles réalisations ont en outre l’intérêt de faire manipuler aux élèves des bibliothèques développées par d’autres programmeurs, cette technique de génie logiciel étant une des clés de l’informatique actuelle et de la révolution numérique.

Les professeurs de lycée ne peuvent pas enseigner ce programme.

Rappelons qu’il n’existe à ce jour pour ainsi dire pas de professeurs d’informatique dans les établissements. Le CAPES d’informatique vient tout juste d’être créé  (10 postes !) et il faudrait des milliers de postes pour combler ce manque. Or les professeurs de mathématiques, qui seront le plus souvent en charge de l’enseignement de spécialité, ne comprennent pas de quoi il en retourne, puisque les notions enseignées relèvent typiquement du niveau maîtrise en informatique. Rares, très rares, seront aussi les professeurs de technologie capables d’enseigner ce programme.

Compte tenu de la rareté des ressources humaines, il aurait sans doute fallu pour une fois être très directif et aller même jusqu’à imposer certains TP « types » ou certaines façons de traiter les sujets pour les premières années de mise en route de l’enseignement informatique. Au lieu de ceci, le programme préconise « de laisser le choix du thème du projet aux élèves eux-mêmes », belle idée, certes mais irréaliste dans ce contexte de lancement et qui risque de mener à de grandes déceptions, quel que soit l’immense attrait de la matière

Et après ? La place de l’informatique dans Parcours Sup et les admissions aux filières sélectives

Les élèves voulant s’orienter vers des filières sélectives choisiront presqu’automatiquement aujourd’hui l’enseignement de spécialité en mathématiques (qui remplace donc de fait l’option S). Ceci concerne non seulement les classes préparatoires aux écoles d’ingénieurs mais aussi des concours tels que médecine, par exemple, ou les classes préparatoires commerciales. Ou même, comme nous l’avons vu plus haut des “concours” tels que Sciences Po.

Il faudrait dès aujourd’hui, pour tous ces concours, ajouter des filières spécifiquement informatiques (correspondant au suivi des enseignements de spécialité dans la voie générale) et augmenter de façon significative les places réservées à ces nouvelles filières. Le potentiel d’un enseignement informatique à jour et de qualité pour des étudiants en médecine ou pour des études commerciales, politiques ou juridiques est immense. [9].


  • [1] Histoire de l’informatique (de l’antiquité à Internet !). [Ce qui exclut, notons le, le deep learning, à la base pourtant de la révolution numérique en cours].
  • Représentation des données (calcul binaire, opérateurs logiques, représentation des entiers, réels, chaines de caractères en machine, ASCII, Unicode…)
  • Types abstraits (p-uplets, tableaux, dictionnaires clés / valeurs)
  • Traitement des données en tables (indexation, recherches, tris)
  • Web (HTML , JavaScript, serveurs d’application, post / get)
  • Architecture des ordinateurs (composants, langage machine, réseaux, modèle en couche, paquets, TCP/IP, systèmes d’exploitation, périphériques d’entrée / sortie)
  • Langages et programmation (y compris test et bibliothèques)
  • Algorithmique (complexité des algorithmes tels que recherche, tri, proches voisins, dichotomie, optimal local)

[2] A noter que les nouveaux programmes 2019 de spécialité de première en mathématiques corrigent la plupart des erreurs faites depuis 20 ans et « reviennent », grosso modo, aux contenus de 1995 de première S, ce qui est une excellente chose… sauf peut-être pour les élèves entrant en première en septembre 2019 qui vont avoir l’impression de sauter une ou deux classes !

[3] A noter qu’on peut faire presque le même reproche aux programmes d’informatique générale enseignés dans la première année universitaire de la plupart des universités américaines, dont les auteurs du programme semblent s’être inspirés. Par exemple le cours CS106 à Stanford.

[4] Pour faire une analogie parlante, celle de la révolution industrielle du XIXème siècle, on n’imagine pas l’enseignement de la thermodynamique en classes préparatoires avant l’invention de la machine à vapeur, qui par ses effets change radicalement les moyens de production. Ainsi, pour une matière telle que l’informatique, c’est le changement radical sur la production qui justifie sa mise au programme.

[5] Là aussi, des TP simples matérialisant une blockchain peuvent être simplement proposés et réalisés. Mais il faut alors évidemment renoncer au côté purement théorique de l’algorithme, algorithme qui sera de toutes façons abordé et compris tôt ou tard par tout élève effectuant des études supérieures scientifiques.

[6] Développer un algorithme “deep learning” qui s’améliore en jouant contre lui-même dans le cadre d’un jeu simple est élémentaire

[7] Exemple de CRISPR pour la biologie. On peut aussi logger diverses expériences de physique avec des techniques de robotique élémentaires

[8] Il est à craindre que compte tenu du programme proposé, la seule technologie radicalement nouvelle proposée aux élèves sera celle des objets connectés, qu’on peut aborder via les robots par exemple. C’est trop peu.

[9] Le programme de la spécialité informatique des prépas scientifiques date lui aussi “d’avant la révolution numérique”, fait une trop large part aux “mathématiques appliquées” et doit être renouvelé. Il en est de même – bien que le niveau en soit nettement supérieur – de l’option informatique de l’agrégation de mathématiques

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