L’état de droit mène à tout, à condition d’en sortir. 1 octobre 2024
Par Thierry Klein dans : 7 Octobre,Politique.Lu 31 fois | ajouter un commentaire
L’état de droit n’est pas sacré. Tout système judiciaire doit avoir pour objectif de maximiser la quantité de justice qu’il produit et l’état de droit n’est qu’un outil au service de cet objectif. Seule la Justice est sacrée, au sens où elle est inscrite dans la conscience universelle et c’est relativement à elle qu’on mesure le degré de progrès ou de civilisation. Dire que l’état de droit est sacré, c’est confondre la fin et le moyen, c’est-à-dire se rendre coupable d’idolâtrie.
Le principe fondamental de l’état de droit est le refus de l’arbitraire et l’égalité de tous devant la loi. Les principes étant fixés et connus à l’avance, il assure que je suis jugé de façon équitable, exactement comme mon prochain. Le juge n’est chargé que de l’interprétation de ces principes – dont la réunion forme le corpus de la loi. Cette condition de relativité absolue (“juge ton prochain comme toi-même”) est bien indispensable à l’atteinte de la justice.
Le juge ne faisant qu’interpréter les textes de loi, la plupart des décisions de justice sont de nature procédurale et c’est pourquoi, si le système judiciaire fonctionne, on peut considérer que les décisions ne peuvent pas être critiquées. En France, jeter le discrédit sur une décision de justice est depuis longtemps une infraction, infraction commise de plus en plus fréquemment et de moins en moins poursuivie, signe très sûr de la déliquescence de notre système judiciaire.
L’état de droit en lui-même n’est évidemment pas suffisant et la qualité de la justice dépend évidemment du contenu de la loi elle-même, en particulier de son accord à la conscience universelle. Simone Weil écrivait que c’est relativement à cet accord qu’on mesure le progrès.
Il appartient donc aux textes de loi de résoudre les problèmes éthiques qui se posent à l’homme et la société. Chez les anciens hébreux ou dans l’Islam, la loi procède de Dieu et les religieux détiennent largement le pouvoir judiciaire. En France, la loi procède du peuple français, les principes éthiques étant largement influencés par notre histoire judéo-chrétienne, à commencer évidemment par la notion même d’état de droit, dont découle la condition de relativité que j’ai évoquée ci-dessus.
Ainsi doivent normalement être soumis au Peuple Français les choix fondamentaux sur son avenir, les choix éthiques qui représentent les “cas limites” du droit, ceux que les textes existants ne pouvaient envisager. Dans la mesure où depuis une quarantaine d’années, les français ont été de moins en moins consultés sur ces cas, on peut dire que notre système est sorti de l’état de droit ou plutôt qu’il y a eu abus de l’état de droit. Ainsi en est-il de l’abolition de la peine de mort, de l’adhésion au Traité Constitutionnel Européen, de la non consultation des français sur la politique migratoire, de l’extension du rôle du Conseil Constitutionnel ou de diverses décisions prises par le Conseil d’Etat… Ces choix auraient dû remonter aux citoyens, à qui on doit demander de se positionner non pas en partisans mais en philosophes, ou au Parlement. Ainsi quoi qu’on pense des décisions elles-mêmes, elles ont été prises contre l’état de droit. A l’inverse, la loi Veil sur l’avortement, votée par l’Assemblée suite à un débat exemplaire, est totalement conforme à l’esprit de l’état de droit.
La procédure de destitution du Président Macron constitue une perversion de l’état de droit. Car la loi précise que “Le Président de la République ne peut être destitué qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat.”. Qui peut en conscience nier la pleine capacité d’Emmanuel Macron ? Ainsi, les députés qui ont validé la procédure, se conduisant en partisans et non pas en philosophes, créent la confusion entre conscience universelle et esprit partisan. Seule la première relève de l’état de droit.
L’appel entendu si fréquemment depuis le 7 Octobre au “droit international” est aussi une perversion de l’état de droit, dans la mesure où celui-ci procède de l’ONU, lui-même majoritairement soumis à des états partisans, non démocratiques, qui prendront des décisions ne reposant pas sur la conscience universelle mais sur les intérêts de pays obscurantistes, voire terroristes et de dictatures. Ces sophismes doivent être dénoncés avec force car la confiance des français en l’état de droit, confondu avec la Justice, est telle qu’elle désarme souvent toute critique.
Il n’y a pas non plus d’état de droit sans force exécutive. Un des objectifs clés du système judiciaire est la protection des citoyens et si la décision du juge n’est pas mise en œuvre, l’état tombe dans l’anarchie, la violence interminable.
Ainsi non seulement Bruno Rétailleau a philosophiquement raison lorsqu’il déclare que “l’Etat de droit n’est pas sacré” mais il est en quelque sorte en deçà de la réalité: en France, l’état de droit n’est plus, par défaut de la force exécutive. Les peines de prison sont édulcorées, raccourcies. Les zones de non droit pullulent. Les OQTF ne sont pas exécutées. Le meurtre de Philippine a précisément mis en évidence de façon criante la faillite de l’état de droit et ceux qui s’indignent des déclarations du Ministre de l’Intérieur crient d’autant plus au feu que, selon les termes du grand psychanalyste Winnicott, la catastrophe est déjà accomplie. L’effondrement tant redouté de l’état de droit a déjà eu lieu. S’ils crient si fort au scandale, c’est justement pour ne pas voir la vérité en face – très souvent, ils ont été les acteurs de l’effondrement.
Dans l’Orestie, Eschyle décrit de façon très profonde la création du premier système judiciaire. Clytemnestre assassine Agamemnon, Oreste tue Clytemnestre et l’aréopage – le jury – est créé précisément par Athéna, la sagesse, pour mettre fin au cycle de violence interminable. Un processus formel de vote est mis en place mais au dernier moment Athéna en modifie les règles en décrétant qu’en cas d’égalité de voix, Oreste sera acquitté. En sortant de l’état de droit, elle rend possible l’état de droit. Une part d’humain, une part de divin – appelons le “conscience universelle”, la conscience qu’il n’y a pas de justice purement procédurale, Eschyle en savait déjà plus que nous sur l’état de droit.
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De Voltaire à Robespierre, retour sur une mise en Cène polémique 27 juillet 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 127 fois | ajouter un commentaire
Deux scènes de la cérémonie d’ouverture des JO ont concentré l’essentiel de la polémique.
La première, c’est le détournement de la Cène, de Léonard.
Dans la Cène de la Cérémonie d’ouverture, Jésus est remplacé par un femme obèse, dûment entourée d’une auréole-diadème pour lever toute ambiguïté. Le metteur en scène a respecté la composition initiale (4 groupes de 3) du tableau mais tout est en quelque sorte nié et inversé. Les apôtres sont remplacés par une brochette de personnages noirs, trans, queer, femme à barbe. L’apôtre Thadée lève le bras gauche au lieu du droit, etc.
Dans certains pays, le blasphème est toléré, mais le tolérer, c’est déjà le reconnaître, peser le droit des religieux à ne pas se sentir offensés, à défendre leur vision de Dieu contre celle des athées – le rapport de force étant par nature instable et pouvant toujours évoluer en défaveur des athées. En France, nous avons eu beaucoup d’avance : “la République ne reconnaît aucun culte” (loi de 1905, article 5) et c’est une très bonne chose. Ce n’est pas que le blasphème est toléré, c’est qu’il n’est au sens propre, pas reconnu. Dieu n’est pas une entité juridiquement opposable (ou alors, il n’a pas d’ayant droit reconnu). Circulez, y’a rien à voir.
Ceux qui s’offusquent devant l’image détournée de la Cène sont donc coincés. Ces droitards sont souvent les mêmes qui ont défilé en faveur des caricatures de Charlie-Hebdo et si leur indignation est sélective, c’est évidemment parce qu’ils ne défendent la laïcité que lorsqu’elle s’en prend à l’Islam. Les voilà donc catalogués racistes (islamophobes) et conservateurs (défense de la religion catholique), voire incultes (le tableau initial de Léonard est lui-même volontairement et agressivement anachronique, les apôtres étant situés au sein d’un décor Renaissance, il n’y a donc aucun péché, juste un clin d’oeil, à le détourner lui-même à nouveau).
Un droitard – ou même un gauchiste tendance Jaurès, c’est aujourd’hui souvent la même chose – pourra toujours rétorquer que l’attitude du metteur en scène n’est pas particulièrement courageuse. S’en prendre au catholicisme n’est pas risqué, c’est même tendance en France, depuis au moins Molière. Un tel détournement appliqué à l’Islam aurait engendré des troubles planétaires et aurait donc été bien plus subversif, mais après tout, on est dans le domaine de liberté de l’artiste: à lui de choisir sa cible. Et la Religion est une cible.
Mais ce faisant, on méconnaît profondément la cible de Jolly qui n’est pas la religion, mais bien le catholicisme. Ce n’est pas la Religion, opium du peuple, qui est attaquée au nom d’une entreprise d’émancipation universaliste d’inspiration Voltairienne ou marxiste, mais le catholicisme. Ce n’est pas par hypocrisie ou par crainte mais bien par conviction que seul le catholicisme est attaqué. Le catholicisme représente tout à la fois la Bourgeoisie, la blanchité, le capitalisme, les cisgenres, la France périphérique, le colonialisme, la réaction et en tant que tel, il est opposé à toutes les aspirations du bloc islamo-gauchiste: prolétariat diversité, inclusivité (qui exclut), théorie du genre, France des villes et discours intersectionnel décolonial. Dans cette lutte, l’Islam est préservé, il est même un allié, en tant que religion des prolétaires et des colonisés. Il n’y a plus aucune aspiration universaliste dans cette représentation de gauche. Elle est simplement cathophobe. La laïcité sert d’alibi à l’intolérance religieuse crasse, tribale.
Ceux qui ont aimé comme ceux qui ont détesté ont parfaitement senti tout cela. Nulle hypocrisie. On s’en est pris volontairement aux cathos, pas aux religions dans leur ensemble. Intégristes et athées, il faut les lire de façon littérale, au premier degré.
Le deuxième tableau est celui de Marie-Antoinette décapitée, scène crue et macabre où on voyait le coup coupé de Marie-Antoinette tenant dans sa propre main sa tête qui parlait. Tableau rouge sang mais dans un style peu réaliste – et Marie-Antoinette sourit – pour en atténuer l’horreur.
Il reste que dans une cérémonie presque totalement dénuée d’Histoire au sens grandiose du terme, le seul personnage marquant de l’histoire de France pour le réalisateur, Thomas Jolly, assisté de l’historien officiel de la Cour de gauche, Patrick Boucheron, c’est la guillotine, la Terreur et toute la radicalité qui va avec. Robespierre (récemment réhabilité par Mélenchon et Antoine Léaument) ou Staline plutôt que de Gaulle, Napoléon ou même Jaurès. Eugénie Bastié a finement résumé la situation en parlant de “Puy du Fou woke”.
Là encore, les politiques ne s’y sont pas trompés. Aurélien Saintoul, député LFI et St-Just au petit pied lors des commissions parlementaires anti-Bolloré a adoré le tableau de Marie-Antoinette et la “liberté d’expression” dont a fait preuve Thomas Jolly. Marion Maréchal, moins. Et même Sandrine Rousseau a changé de vision sur les Jeux !
Cette magnifique cérémonie, profondément française malgré tout, allant même jusqu’à une forme de ringardisme kitsch assumé puisqu’elle tenait aussi de l’Eurovision (même si là c’est la France qui gagne), de Champs-Elysées (le premier Champs-Elysées post Drucker, mais la bande son a été intégralement respectée), de Maritie et Gilbert Carpentier (en un peu plus long et beaucoup plus cher qu’à l’époque), est la meilleure et la pire qu’un réalisateur de grand talent pouvait réaliser quand en même temps il laisse libre cours à son idéologie haineuse, intolérante, raciste – et en toute bien-pensance.
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Bienvenue dans la 6ème République 5 juillet 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 21 fois | ajouter un commentaire
J’ai fait un petit calcul.
En bleu le nombre de sièges par parti si l’élection s’était jouée à la proportionnelle d’après les résultats du 1er tour.
En orange, les prédictions des sondages actuels. A la marge d’erreur des sondages près, les 2 colonnes sont identiques.
Qu’est-ce que cela signifie ?
Que du fait de la stratégie de désistement « Front Républicain », l’Assemblée « tend » vers les résultats du 1er tour. Tout se passera comme si l’assemblée était issue d’un mode de scrutin proportionnel à un tour.
On a changé de République et deux l’ont parfaitement compris: Mélenchon, qui appelle ce changement de ses vœux depuis 10 ans et Glucksmann, qui ce matin, a justement comparé l’assemblée au parlement européen (issu du scrutin proportionnel à un tour) et a souhaité un nouveau mode de fonctionnement plus « collaboratif », « sur le mode du parlement européen ».
Dans la réalité, soit LFI ne votera aucun projet qui n’est pas dans son programme. La situation sera bloquée puisqu’on ne pourra dégager aucune majorité. Soit LFI obtiendra des concessions exorbitantes et imposera des lois très à gauche que personne ne souhaite (sur le mode de fonctionnement, par exemple, du gouvernement israélien).
Bienvenue dans la 6ème République.
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La France ne s’effondrera pas demain, elle s’est déjà effondrée 29 juin 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 23 fois | ajouter un commentaire
A tous ceux qui vivent l’arrivée possible du RN au pouvoir comme un effondrement, je rappelle simplement que le grand psychanalyste Winnicott décrit la crainte de l’effondrement comme la crainte d’une catastrophe déjà arrivée.
La réaction de défense du patient – la névrose ou la psychose – n’a pas d’autre objectif que de cacher la réalité suivante : dans le passé du patient, l’effondrement tant redouté a déjà eu lieu. Le patient vit la même situation que les héros de l’Enfer de Sartre : Il redoute l’enfer alors qu’il y vit ; ce faisant, il vit un enfer sans avoir le moins du monde conscience d’y être. Et le travail thérapeutique du médecin vise grosso modo à lui faire comprendre alors que « le malheur, c’est maintenant ! » (vaste programme).
Que redoutent donc ceux qui luttent contre l’effondrement ? Si je prends l’exemple de l’antisémitisme, il est facile de le voir. La réalité, c’est que l’antisémitisme est déjà de retour. Non pas sous sa forme historique, Célinienne, Maurrassienne, mais réimporté et puissamment renouvelé en France via l’immigration qui a débuté dans les années 60. Les mêmes qui crient au scandale à propos de l’antisémitisme « historique » du RN détournent pudiquement les yeux quand il s’agit d’antisémitisme arabo-musulman. S’ils crient si fort au scandale, c’est JUSTEMENT parce qu’il ne faut pas regarder cette vérité en face. Les pauvres, on pourrait les traiter d’islamophobes. Couvrez donc cet antisémitisme que je ne saurais voir.
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Pas une tribune pour le RN…
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 12 fois | ajouter un commentaire
10 tribunes. Entre hier et aujourd’hui, je recense pas moins de 10 tribunes de « citoyens engagés appelant à voter contre le Rassemblement National ».
Des collectifs de personnalité (Libé), les auteurs de BD (qui emmerdent le RN), le Collège de France, la RATP (!), Le Rock (qui emmerde le RN), des universitaires, le Conseil Scientifique de l’EN et même des chefs d’entreprise pour le NFP (Libé) ! Et bien sûr des sportifs.
Tout citoyen, tout collectif de citoyens est fondé à donner son opinion en démocratie et ces tribunes n’ont rien de choquant. Ce qui est choquant, c’est qu’alors que le RN va faire demain entre 30 et 40% des voix, vous ne trouvez pas la moindre tribune EN FAVEUR du RN. Il n’y a pas 10 personnes un peu connues qui ont jugé bon de rédiger un petit communiqué en commun pour dire pourquoi elles voteront RN.
Cette unanimité apparente est le vrai problème démocratique.
Conseil Scientifique de l’EN : https://www.lemonde.fr/…/lorsque-les-ideologies…
Collège de France : https://www.liberation.fr/…/elections-legislatives-le…
Les ingénieurs des grandes écoles (en écriture inclusive) : https://www.humanite.fr/…/nous-ingenieur-es-rejoignons…
La RATP : https://www.lejdd.fr/…/legislatives-la-ratp-menace-de…
Des universitaires : https://www.liberation.fr/…/legislatives-luniversite…
Le rock emmerde le RN : https://t.co/gqcFPmw0K1
Les auteurs de BD (« plus au temps de Tintin au Congo !) : https://www.francetvinfo.fr/…/legislatives-2024-des…
Les étudiants de l’école du Louvre…
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Faut-il suspendre le droit du sol ? 27 juin 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 35 fois | ajouter un commentaire
Depuis des centaines d’années, la France applique le droit du sol. Les rois l’ont d’abord probablement appliqué par intérêt « démographique »: plus la France était peuplée, plus elle était puissante, plus elle était capable de faire la guerre.
La République a récupéré le droit du sol et l’a utilisé aussi dans une vision de puissance guerrière au moins jusqu’à la seconde guerre mondiale. « Est français qui se bat pour la France, quel que soit son lieu de naissance ». Mais elle en a aussi largement étendu le concept et l’a appliqué dans une vision d’émancipation révolutionnaire et universaliste.
- « La fin des privilèges ». Par principe fondateur, la République s’oppose à tout droit du sang puisque ce serait, sous une certaine forme, prolonger l’aristocratie. Le droit du sol est intimement lié à la fin des privilèges révolutionnaire.
- « La démocratie libère les peuples ». Napoléon a tenté d’exporter la vision française dans toute l’Europe et, après qu’il eut échoué, la liberté et la prospérité françaises ont attiré d’autres peuples européens. Les juifs sont venus en France parce qu’ils n’y étaient pas persécutés comme en Europe de l’Est. Les Italiens, Polonais, Portugais, Espagnols…, qui recherchaient à la fois la liberté et un travail, ont immigré massivement en France depuis la fin du XIXè siècle.
La puissance d’assimilation de la France était alors très grande. En une génération, les immigrations successives se sont diluées dans notre civilisation. On ne distingue plus aujourd’hui qui fut espagnol, polonais, etc.
En revanche, on distingue parfaitement, après 3 générations, l’immigration d’origine musulmane. Je ne parle pas là des traits ethniques, dont personne n’a rien à faire sauf quelques racistes très minoritaires, mais des traits civilisationnels et religieux, tels que par exemple le voile ou l’augmentation de la délinquance. Les Français, habitués à intégrer, perçoivent aujourd’hui que leur civilisation est soluble dans l’Islam, qui a une capacité de résistance supérieure à leur pouvoir d’intégration. L’école, qui était un vecteur d’intégration majeure, est presque détruite. Les professeurs ont peur d’émanciper, si l’émancipation s’oppose à la foi islamique. L’antisémitisme est de retour et il est lié à l’Islam. Tout ça leur fait peur, tout ça me fait peur.
- La nationalité française donnée de façon généreuse. Les opprimés, les pauvres du monde entier venaient en France et la France allait les intégrer. Dans cette capacité d’intégration, il y avait le fait que la France était généreuse dans son accueil. On donnait (assez) facilement la nationalité et la confiance dans le pouvoir de transformer les étrangers en Français était telle qu’on donnait, de façon automatique, la nationalité française aux enfants nés en France. Et ce don tenait aussi de la prophétie auto-réalisatrice: la nationalité française donnée aux enfants par anticipation permettait aux immigrés de faire leur vie ici, de s’intégrer mieux par anticipation.
Tout ceci était très sensé et même très beau, c’était une sorte de croyance optimiste dans le progrès, corroborée par les faits: « Aide toi, le ciel t’aidera ». Qui peut, à part quelques racistes ou nationalistes étroits, être contre ceci ? Les français sont très attachés au droit du sol car il est constitutif, en quelque sorte, de l’esprit de la France. Et ils ont raison d’y tenir.
Mais qui peut aussi nier que tout ça ne fonctionne plus depuis que l’immigration est d’origine musulmane, c’est-à-dire depuis les années 50 ? Qu’au contraire, les enfants sont souvent moins intégrés que les parents, l’écart s’amplifiant à chaque génération ? Les raisons sont connues et multiples: ressentiment importé des conflits coloniaux antérieurs, difficulté de l’Islam à intégrer les valeurs émancipatrices de la société française, import d’un antisémitisme musulman religieux et culturel, puissance destructrice des réseaux sociaux et j’ajoute à tout ça le travail politique néfaste de la gauche qui cultive et renforce ces problèmes dans un but purement clientéliste.
Aujourd’hui nous vivons, sur notre sol, un conflit de civilisation.
Pour toutes ces raisons, non seulement la suspension du droit du sol ne me fait pas peur mais je pense qu’elle s’impose. Nous devons reconnaître que nous ne savons plus intégrer, repenser nos stratégies d’intégration et en attendant, tout faire pour ne pas amplifier les problèmes.
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Le contre-sens volontaire de Rima Hassan sur l’œuvre de Martin Luther King 23 juin 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 359 fois | ajouter un commentaire
Le tweet (raciste) publié aujourd’hui par Rima Hassan ignore que toute l’action de Martin Luther King a été bâtie sur le sentiment profond que le Sud était le produit commun des blancs et des noirs.
Le parcours de de King est complexe et ses hésitations, en particulier dans sa jeunesse, avant le mouvement des droits civiques sont nombreuses. Le jeune Luther King fut profondément influencé par la philosophie de Niebuhr et Luther King ne rejeta jamais sa vision sur « les illusions d’un optimisme superficiel à propos de la nature humaine et les dangers d’un faux idéalisme ». Pour Luther King,
« Trop [de pacifistes] témoignaient d’un optimisme injustifié au sujet de l’homme et souffraient inconsciemment d’un penchant pour l’autosatisfaction […] Ce fut ma révolte contre ces attitudes, sous l’influence de Nierbuhr, qui fit qu’en dépit de ma grande inclinaison pour le pacifisme, je ne rejoignis jamais un mouvement pacifiste. Après avoir lu Nierbuhr, je tentais de parvenir à un pacifisme réaliste [qui s’avèrera être la nom violence] ».
En d’autres termes, à cause de sa vision pessimiste sur la nature humaine, Luther King a vu le pacifisme comme un « pharisianisme d’autosatisfaction« . L’ordre chrétien d’aimer son ennemi n’impliquait pas pour lui la croyance que l’ennemi était bon, mais simplement que l’ennemi était aimable en tant qu’objet de l’amour de Dieu. La fraternité humaine découlait d’une faiblesse et d’une fragilité communes. Cette vision d’espérance dont est absent tout optimisme est typiquement évangéliste.
Ainsi, jusqu’à la fin de ses études à la Boston University, le jeune Luther King oscille et évolue entre la révolte contre la ségrégation, qui l’incite « à haïr chaque blanc, ce ressentiment persista à se développer« , écrit-il, même si ses parents lui affirmaient qu’il « ne devait pas haïr l’homme blanc, mais que son devoir était de l’aimer« . Il passa par des périodes profondes de doute, manquant de perdre la foi, se demandant si l’enseignement de l’église était intellectuellement raisonnable face aux sciences sociales qu’il étudiait.
Le compromis intellectuel qu’il élabora, la « discipline intellectuelle contre le ressentiment » (chaque mot compte et il faut entendre le terme ressentiment au sens Nietzschéen) fut à la base du mouvement des droits civiques lancé par les noirs du Sud dans les années 50. Toute cette action fut bâtie sur un sentiment commun de fraternité entre blancs et noirs.
« Nous, hommes du Sud, noirs OU blancs, ne devons pas permettre que notre héritage se voit déshonoré aux yeux du monde entier »
ou encore (citation de la maturité qui contredit totalement le tweet de Rima Hassan)
« il existe d’importantes ressources de bonne volonté chez l’homme blanc du Sud dont nous devons tirer parti ».
Les blancs du Sud, du moins ceux qui étaient en faveur de King, avaient parfaitement bien compris que King parlait de l’esprit du Sud dans sa totalité. Son appel moral ne réussit que parce qu’il s’adressait directement aux blancs du Sud (et indirectement, via les média, du Nord).
Son fameux « I have a dream » est adressé aux blancs comme aux noirs. Et bien sûr, il ne put rassembler que parce qu’il prônait la non violence (qui n’est pas le pacifisme), ce qui lui a permis d’unifier la population blanche et noire autour du meilleur du rêve américain.
« I have a dream that one day on the red hills of Georgia the sons of former slaves and the sons of former slave owners will be able to sit down together at the table of brotherhood. »
« I say to you today, my friends, so even though we face the difficulties of today and tomorrow, I still have a dream. It is a dream deeply rooted in the American dream. »
Le parcours de Mandela, chrétien lui aussi et adepte de cette philosophie du pardon, par opposition à celle du ressentiment, est très comparable à celui de Luther. Et son succès est évidemment dû, là aussi, au fait qu’il a su donner à toute la nation sud-africaine, blancs et noirs, la vision d’un avenir commun. Ainsi, Luther King et Mandela ont réussi parce qu’ils ont su s’adresser aux blancs et à cause d’une inspiration chrétienne menant, dans leur interprétation, à la non violence.
Non violence dont on a peine à croire qu’elle puisse un jour être adoptée par Rima Hassan et ses amis du Hamas. Idéologie chrétienne du pardon plutôt que de la vengeance interminable qui leur est aussi totalement étrangère.
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Couvrez ces faits, que je ne saurais voir 22 juin 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 24 fois | ajouter un commentaire
Comme à Courbevoie, les journaux ne disent jamais quelle est la religion de ces délinquants racistes (ici anti-chrétiens). Evidemment, ils sont très probablement musulmans. Les journaux considèrent que donner cette information est raciste; ce faisant ils manquent à leur devoir d’information.
Les incidents de ce genre vont se multiplier et LFI porte une très lourde responsabilité en la matière. Ceux qui s’allient électoralement avec LFI aussi, politiciens et électeurs.
Pourquoi ne nomme-t-on pas la religion de ces délinquants ? Parce qu’on préfère détourner le regard plutôt que d’affronter la vérité en face, plutôt que de penser la vérité avec toutes ces conséquences. C’est un mensonge par omission, qui traduit une forme de honte.
Qui sont ceux qui vont me reprocher de nommer les choses ? Des Tartuffe, conscients ou inconscients. Exactement comme Tartuffe, ils voudraient « couvrir ces faits, qu’ils ne sauraient voir ». « Parce que cela leur ferait venir de coupables pensées ». Et ces « pensées coupables », dont ils cherchent à se protéger, c’est évidemment leur propre tendance au racisme. Ils ont peur de la généralisation, peur que la prise de conscience du fait que ces enfants délinquants soient musulmans les rendent racistes envers tous les musulmans. Ce faisant, ils sont de fait déjà racistes, de même que Tartuffe est évidemment attiré par Dorine.
Si vous pensez qu’il ne faut pas nommer la religion de ces enfants parce que c’est « stigmatiser les musulmans », vous faites donc partie du problème aussi.
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Ce que vous allez vivre dans les 3 prochaines semaines 18 juin 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 298 fois | ajouter un commentaire
Dans les 3 prochaines semaines, vous allez avoir un déferlement médiatique jamais vu contre le RN. Quoi que vous en pensiez, ils vous sera – il nous sera – difficile de nous décider « en conscience ».
– tous les partis politiques vent debout contre le supposé fascisme du RN
– tous les moyens d’influence possibles et imaginables, à savoir:
- les associations et ONG subventionnées (du planning familial à Amnesty International). elles forment de fait un lobby de gauche, financé par nos impôts,
- tout le secteur des média, public et privé (hors Cnews, Le Figaro, Europe 1 qui feront la campagne de la droite, mais qui représentent moins de 5% de l’audience cumulée),
- le monde de la culture, qu’il faut rapprocher des associations subventionnées, agit comme un lobby de gauche financé par nos impôts
- le monde financier / le patronat prendront position. La bourse amplifiera l’inquiétude générale (légitime car les programmes, du FP au RN, en passant par Attal sont tous inquiétants). Menaces de faillite de l’état, de dévaluation, etc.
- le monde du sport. Il est naturellement progressiste puisque les jeunes votent à 50% à gauche. Il fait de plus l’objet d’un entrisme islamiste, en particulier dans le foot.
- En ce qui concerne la culture et le foot, les différentes tribunes de défiance contre le RN ne sont pas anormales: tout le monde peut s’exprimer. Mais je fais le pari que vous ne verrez pas, dans le sport, de tribune collective POUR le RN, et probablement même pas de prise de position individuelle. Demandez-vous pourquoi: le politiquement correct pèse sur tous les esprits et interdit de fait la libre expression.
- l’Europe multipliera les prises de position via ses relais habituels (dangers de Frexit, remise en cause de la PAC si le RN arrive au pouvoir, etc)
- Si absolument nécessaire (car il s’agit d’une arme à double tranchant), vous aurez quelques émeutes de rue organisées par l’extrême gauche, où l’ordre tardera à être rétabli. Le message sera qu’en cas d’élection du RN, la guerre civile est possible à court terme.
- La tension internationale (Ukraine, Gaza…) montera pour susciter un réflexe institutionnel de retour vers Ensemble.
- Enfin, le risque d’attentat est au plus haut. Evidemment aucun parti français ne « jouera » l’attentat comme une arme d’influence politique. Mais un islamiste taré peut se dire que semer le chaos au moment des élections est positif.
En réalité, la situation me rappelle 81. J’étais en prépa et le soir du 10 mai, plein d’élèves appelaient leurs parents qui voulaient quitter la France « avant l’arrivée des chars russes » ! On peut craindre, comme pour le PS en 81, l’inexpérience du RN mais il me paraît absurde de penser qu’il cherche à mettre en place un gouvernement fasciste ou raciste.
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Pulsion de mort, islamo-gauchisme et judéo-christianisme. 17 juin 2024
Par Thierry Klein dans : 7 Octobre,Aliénation,Politique,Wokisme.Lu 39 fois | ajouter un commentaire
Le lien entre islamisme et extrême-gauche1 n’est pas simplement un lien de circonstance. Profondément, ils sont liés par ce qu’on peut appeler une pulsion de mort.
La pulsion de mort est partout dans l’islamisme. Les attentats suicides, les promesses de paradis pour les martyrs, les morts innocentes mais utiles (11 Septembre, 7 Octobre, Bataclan…).
Dans les manifestations islamo-gauchistes « anti front-national » du 15 juin, je relève par exemple cette vidéo:
Aujourd’hui soit vous restez dans la lutte et on se décolonisera ensemble soit on est amenés à CREVER tous ensemble. On CREVERA pas seuls.
Cette position est presqu’incompréhensible pour un occidental, élevé dans la tradition judéo-chrétienne, qui protège l’innocent jusqu’à l’extrême et donne un prix maximum à la vie, empêchant le suicide en toute circonstance.
Quand il apprend que Dieu veut aveuglément détruire la ville de Sodome, Abraham se lance dans une négociation avec Dieu, qui accepte finalement de sauver la ville si on peut y trouver ne serait-ce que 10 justes.
Pendant la guerre, même pour les missions les plus risquées atteignant des taux de pertes de 90%, Romain Gary raconte que les aviateurs avaient TOUJOURS une possibilité, même faible, même théorique, de s’en sortir.
Et me revient aussi à l’esprit cette citation de Golda Meir:
« Nous pouvons pardonner aux Arabes d’avoir tué nos enfants. Nous ne pouvons pas leur pardonner de nous avoir obligés à tuer leurs enfants. Nous n’aurons la paix avec les Arabes que lorsqu’ils aimeront leurs enfants plus qu’ils ne nous détestent.”
Il y a un courant d’idée occidental en rupture avec cette tradition judéo-chrétienne, c’est le courant socialiste. Pour Dostoïevski, le socialisme était un produit dérivé du catholicisme, qui avait lui-même perverti l’enseignement chrétien. Dans un chapitre célèbre des Frères Karamazov, le « Grand Inquisiteur »2 est en quelque sorte le porte-voix des thèses socialistes telles que Dostoïevski les perçoit. Plutôt que de prêcher aux hommes l’idéal chrétien, jugé inatteignable, insensé, il préfère le corriger. Sa version du paradis terrestre est proche de celle de Nathaniel Hawthorne dans « Le Chemin de fer céleste ».
« De nombreux voyageurs s’arrêtent pour prendre leur plaisir ou récolter leurs bénéfices à la foire aux vanités, au lieu de se diriger vers la cité céleste. Les charmes de l’endroit sont tels que les gens affirment souvent qu’il est le seul et vrai paradis; soutenant qu’il n’en existe aucun autre, que ceux qui recherchent davantage sont de doux rêveurs et que si la clarté légendaire de la cité céleste se présentait à moins d’un km des portes des vanités, ils ne seraient pas assez bêtes pour s’y rendre. »
Le Grand Inquisiteur brosse un portrait saisissant de la société d’aujourd’hui, dirigée par des experts au nom d’un idéal de consommation. C’est l’aliénation (inconsciente) de leur liberté, jointe à la satisfaction de leurs besoins matériels, qui garantit le bonheur des hommes:
« Oh ! nous les persuaderons qu’ils ne seront vraiment libres qu’en abdiquant leur liberté en notre faveur […] Certes, nous les astreindrons au travail, mais aux heures de loisir nous organiserons leur vie comme un jeu d’enfant, avec des chants, des chœurs, des danses innocentes […]
Ils n’auront nuls secrets pour nous. Suivant leur degré d’obéissance, nous leur permettrons ou leur défendrons de vivre avec leurs femmes ou leurs maîtresses, d’avoir des enfants ou de n’en pas avoir, et ils nous écouteront avec joie. »
Quel est le but final de cette vie ? Pour le Grand Inquisiteur, c’est la mort, le rien.
« Il comprend qu’il faut écouter l’Esprit profond (le Diable), cet Esprit de mort et de ruine, et pour ce faire, admettre le mensonge et la fraude, mener sciemment les hommes à la mort et à la ruine, en les trompant durant toute la route, pour leur cacher où on les mène.
Les deux gauches
Camus, dans les Justes, met en scène ce conflit entre la justice et le mensonge, entre la vie et la pulsion de mort. Le terroriste Kaliayev est dans la tradition judéo-chrétienne et refuse de lancer sa bombe car les enfants du Tsar (des innocents) sont dans la calèche.
« J’aime ceux qui vivent aujourd’hui sur la même terre que moi. C’est pour eux que je lutte et que je consens à mourir. […] Je n’irai pas ajouter à l’injustice vivante pour une injustice morte. »
Il s’oppose à l’autre terroriste « socialiste », Stepan pour qui:
« C’est tuer pour rien, parfois, que de ne pas tuer assez. […] Nous sommes des meurtriers et nous avons choisi de l’être. »
Je rapproche cette position des déclarations récentes de Yahya Sinwar, chef du Hamas:
« Le bain de sang va servir la Cause. La mort de civils est un sacrifice nécessaire. »
La différence irréconciliable entre ces deux positions « de gauche » est aussi celle dont parle Simone Weil dans l’Enracinement. De même que le discours du Grand Inquisiteur est quasiment indifférenciable du discours chrétien, mais en représente l’exacte négation:
« Sous le même nom de révolution, et souvent sous des mots d’ordre et des thèmes de propagande identiques, sont dissimulées deux conceptions absolument opposées.
L’une consiste à transformer la société de manière à ce que les opprimés puissent y avoir des racines; l’autre consiste à étendre à toute la société la maladie du déracinement qui a été infligée aux opprimés. Il ne faut pas dire ou penser que la seconde opération puisse jamais être un prélude de la première; cela est faux. Ce sont deux directions opposées. »
- J’emploierai indifféremment « socialiste » et extrême-gauche dans la suite de ce billet. J’entends socialiste au sens marxiste du XIXème siècle, évidemment plus proche du terme « bolchevik » que du parti socialiste… ↩︎
- https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Dostoievski-Karamazov-1.pdf, page 629 ↩︎
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