Faut-il suspendre le droit du sol ? 27 juin 2024
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 31 fois | trackback
Depuis des centaines d’années, la France applique le droit du sol. Les rois l’ont d’abord probablement appliqué par intérêt « démographique »: plus la France était peuplée, plus elle était puissante, plus elle était capable de faire la guerre.
La République a récupéré le droit du sol et l’a utilisé aussi dans une vision de puissance guerrière au moins jusqu’à la seconde guerre mondiale. « Est français qui se bat pour la France, quel que soit son lieu de naissance ». Mais elle en a aussi largement étendu le concept et l’a appliqué dans une vision d’émancipation révolutionnaire et universaliste.
- « La fin des privilèges ». Par principe fondateur, la République s’oppose à tout droit du sang puisque ce serait, sous une certaine forme, prolonger l’aristocratie. Le droit du sol est intimement lié à la fin des privilèges révolutionnaire.
- « La démocratie libère les peuples ». Napoléon a tenté d’exporter la vision française dans toute l’Europe et, après qu’il eut échoué, la liberté et la prospérité françaises ont attiré d’autres peuples européens. Les juifs sont venus en France parce qu’ils n’y étaient pas persécutés comme en Europe de l’Est. Les Italiens, Polonais, Portugais, Espagnols…, qui recherchaient à la fois la liberté et un travail, ont immigré massivement en France depuis la fin du XIXè siècle.
La puissance d’assimilation de la France était alors très grande. En une génération, les immigrations successives se sont diluées dans notre civilisation. On ne distingue plus aujourd’hui qui fut espagnol, polonais, etc.
En revanche, on distingue parfaitement, après 3 générations, l’immigration d’origine musulmane. Je ne parle pas là des traits ethniques, dont personne n’a rien à faire sauf quelques racistes très minoritaires, mais des traits civilisationnels et religieux, tels que par exemple le voile ou l’augmentation de la délinquance. Les Français, habitués à intégrer, perçoivent aujourd’hui que leur civilisation est soluble dans l’Islam, qui a une capacité de résistance supérieure à leur pouvoir d’intégration. L’école, qui était un vecteur d’intégration majeure, est presque détruite. Les professeurs ont peur d’émanciper, si l’émancipation s’oppose à la foi islamique. L’antisémitisme est de retour et il est lié à l’Islam. Tout ça leur fait peur, tout ça me fait peur.
- La nationalité française donnée de façon généreuse. Les opprimés, les pauvres du monde entier venaient en France et la France allait les intégrer. Dans cette capacité d’intégration, il y avait le fait que la France était généreuse dans son accueil. On donnait (assez) facilement la nationalité et la confiance dans le pouvoir de transformer les étrangers en Français était telle qu’on donnait, de façon automatique, la nationalité française aux enfants nés en France. Et ce don tenait aussi de la prophétie auto-réalisatrice: la nationalité française donnée aux enfants par anticipation permettait aux immigrés de faire leur vie ici, de s’intégrer mieux par anticipation.
Tout ceci était très sensé et même très beau, c’était une sorte de croyance optimiste dans le progrès, corroborée par les faits: « Aide toi, le ciel t’aidera ». Qui peut, à part quelques racistes ou nationalistes étroits, être contre ceci ? Les français sont très attachés au droit du sol car il est constitutif, en quelque sorte, de l’esprit de la France. Et ils ont raison d’y tenir.
Mais qui peut aussi nier que tout ça ne fonctionne plus depuis que l’immigration est d’origine musulmane, c’est-à-dire depuis les années 50 ? Qu’au contraire, les enfants sont souvent moins intégrés que les parents, l’écart s’amplifiant à chaque génération ? Les raisons sont connues et multiples: ressentiment importé des conflits coloniaux antérieurs, difficulté de l’Islam à intégrer les valeurs émancipatrices de la société française, import d’un antisémitisme musulman religieux et culturel, puissance destructrice des réseaux sociaux et j’ajoute à tout ça le travail politique néfaste de la gauche qui cultive et renforce ces problèmes dans un but purement clientéliste.
Aujourd’hui nous vivons, sur notre sol, un conflit de civilisation.
Pour toutes ces raisons, non seulement la suspension du droit du sol ne me fait pas peur mais je pense qu’elle s’impose. Nous devons reconnaître que nous ne savons plus intégrer, repenser nos stratégies d’intégration et en attendant, tout faire pour ne pas amplifier les problèmes.
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