"Si tu reviens, j’annule tout !" (Y a-t-il encore une seule conscience au Nouvel Obs ?). 7 février 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 401 fois | 1 commentaire
Journaliste ou pas, comment peut-on publier une saloperie pareille ?
Ca vise des personnes de chair et de sang !
La principale caractéristique de cette « information », c’est que si elle est fausse, la faute morale du journaliste en devient moins grave car il y aura moins de conséquences sur la vie des personnes concernées.
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Vous consommiez ? J’en suis fort aise. Eh bien: travaillez maintenant !
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 11 731 fois | 3 commentaires
Pour Marx, maître et esclave sont clairement distincts. La classe dirigeante opprime ; le prolétariat est exploité (1).
Depuis 50 ans environ, nous assistons à une fusion des concepts qui correspond très exactement à ce que nous appelons la mondialisation.
En tant que consommateurs, nous voulons tous acheter moins cher et faisons jouer la concurrence. Pour répondre à cette contrainte, les entreprises s’adaptent et mettent la pression sur leurs employés – les travailleurs. Le consommateur est devenu l’oppresseur du travailleur, position devenue parfaitement schizophrène au fil des années, car dans l’immense majorité des cas, le consommateur est un travailleur.
Cette lutte entre le consommateur et le travailleur est une des clés de l’époque, mais elle a été longue à se faire jour. D’abord, nous avons une tendance naturelle à refouler toute mauvaise conscience liée à nos actes d’achat à partir du moment où le mot « moins cher » est inscrit sur l’étiquette, ensuite et surtout, les conséquences de cet acte d’achat ne permettent pas de remonter aux actes précis d’un individu – ce qui nous rend tous irresponsables – et sont différées dans le temps, parfois de plusieurs dizaines d’années.
En achetant un nouveau téléviseur, je ne suis pas directement responsable de la fermeture de telle ou telle usine. Mais ce comportement, répété des milliers de fois pendant des dizaines d’années, a pour résultat final la délocalisation totale de presque toute l’industrie. Des travailleurs occidentaux « pré-conscients » (au sens marxiste du terme) ont été remplacés par des travailleurs prolétarisés en Chine ou en Europe de l’Est.
Dans la lutte impitoyable qui opposait travailleur et consommateur, le consommateur a gagné à plate couture. Il n’y a pas eu de « prise de conscience » au sens marxiste du terme ; au contraire, la publicité et le marketing ont fait rentrer le travailleur marxiste dans le monde enchanté de la consommation..
Ce que le Capital n’a jamais réussi à faire, ni aucune religion, la publicité l’a réussi de façon totalement involontaire ! .
Au nom de « la liberté de choix », les grands monopoles (téléphone, électricité…), les services publics ont disparu ou sont en train de disparaître. .
Pour que le consommateur occidental puisse faire jouer à plein son « droit à consommer » toujours moins cher, le monde s’est globalisé. Mais en achetant des produits chinois, le consommateur occidental crée son propre chômage ou, dans le meilleur des cas, contribue à la perte de ses avantages acquis (il devra allonger son temps de travail, réduire ses vacances, baisser son niveau de prestation sociale, etc…)..
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Couvrir ou se couvrir: qu’auriez-vous fait à la place de Daniel Bouton ? 28 janvier 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 928 fois | 5 commentaires
Mise au courant du risque lié aux agissements de Jérôme Kerviel, la direction de la banque avait deux possibilités:
– soit tenter de dénouer la situation au mieux des intérêts de la banque – les pertes auraient été très probablement divisées par 10, la banque aurait même pu retirer un bénéfice en conservant quelques semaines certaines positions (après tout, en décembre, la position était positive. Il semble même que 3 jours avant la découverte de la fraude, elle était toujours positive).
– soit tout liquider en quelques jours, pour solder la situation de la façon la plus rapide possible – et aussi la plus coûteuse.
Qu’auriez-vous fait si c’était votre argent ? Vous auriez évidemment choisi la première solution.
Pourquoi les dirigeants ont-ils pris la deuxième option ? Parce que c’était la seule qui, bien que coûtant 5 milliards, les exonérait de toute responsabilité personnelle.
Autrement dit, ils ont choisi de se couvrir au détriment des intérêts financiers de la banque.
Prenez Daniel Bouton, énarque, légion d’honneur, etc… Un homme honorable, très honorable, qui a passé sa vie dans les cabinets ministériels. A-t-il le profil du type qui va prendre le moindre risque personnel ? Non, il préfère plomber la boîte et tenter démagogiquement de s’accrocher à son poste.
Comme par hasard, tout son conseil d’administration, le gouverneur de la Banque de France – bref des gens comme lui, exactement comme lui – le soutiennent – pire le comprennent !
C’est le comportement type des élites à la française, ça découle de leur parcours, de leur formation…
Et vous, qu’auriez-vous fait à la place de Daniel Bouton ?
(A une époque où on fait des lois pour tout, il est dommage que Daniel Bouton n’ait pu faire jouer aucune procédure urgente de sauvegarde: la possibilité de s’adresser à une autorité juridique ou économique indépendante pour demander à disposer de moyens exceptionnels et inhabituels pour réagir. Un chef d’entreprise, lorsque son entreprise a des difficultés, peut signaler la situation au Tribunal de Commerce et demander à agir sous protection juridique).
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Société Générale: incompétence, imbécilité et hypocrisie 24 janvier 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 572 fois | 1 commentaire
1) Comme par hasard, l’annonce de la perte de 5 milliards « du fait d’un seul individu (!) », arrive au moment où la SG doit annoncer sa perte sur les subprimes – 2 milliards, c’est pas brillant, mais l’ampleur de cette somme est comme masquée par la fraude !
2) Comme par hasard, la SG resterait bénéficiaire. Mais l’estimation du résultat de la banque, vu le krach financier, est prequ’impossible cette année (il s’agit d’estimer la valeur de produits volatils complexes). Et comme par hasard, on annonce un besoin de recapitalisation de 5 milliards d’euros (pourquoi donc, si la SG n’a pas perdu d’argent cette année ?).
3) L’ampleur de la fraude proviendrait du fait qu’elle a été constatée tout récemment et que les positions auraient été liquidées « immédiatement », au plus fort du krach, pour des raisons déontologiques ! Ce qui veut dire qu’on aurait couplé la rigidité déontologique la plus extrême, je n’ose dire la plus imbécile, à l’absence totale de contrôle effectif sur les opérations depuis un an.
4) Et enfin, il y a le côté politique, paternaliste, 19ème siècle, de la communication de la banque. Le PDG qui déclare que « tous les maillons de la chaine de contrôle ont été licenciés » (et lui ? Il a présenté sa démission qui a été élégamment refusée par son Conseil d’Administration – autrement dit ses petits copains !). Et j’oubliais ! Il ne se versera pas la part fixe de son salaire (admirez la précision des termes) « pendant au moins 6 mois » ! C’est bien, un bon point en chocolat pour toi, Daniel. Mais communiquer sur son sens de l’honneur, c’est mettre cet honneur au service de la stratégie de communication. Libre à toi de ne pas te payer, mais pour que ça ait une valeur morale, il fallait te taire.
La réalité, c’est que la SG, comme toute les grandes banques françaises, fait de très bonnes affaires, très faciles et sans risques, avec les particuliers et les PME (vous, moi). L’argent facilement (et pour moi, souvent honteusement) gagné, au lieu d’être investi dans notre économie, aura servi au mieux à financer les dettes du consommateur américain – au pire, n’aura servir à rien ou même se retrouvera dans les poches de quelques escrocs.
Heureusement, il nous reste Tsonga.
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Lille 2: la fac qui mène à tout, à condition d’en sortir. 13 novembre 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 5 055 fois | 1 commentaire
Scène vécue aujourd’hui à Lille 2. Les bâtiments sont brusquement fermés à clé et les élèves et professeurs présents à l’intérieur sont prisonniers !
La raison ? Il s’agit juste d’empêcher que quelques dizaines d’excités en provenance de Lille 3 ne rentrent à l’intérieur ! Un vote à main levée doit avoir lieu pour savoir si l’Université fait grève ou pas et évidemment, des groupes « fortement politisés », comme on dit, semblent avoir compris que les mains levées des étudiants de Lille 3 ne seront pas faciles à séparer de celles des étudiants de Lille 2 !
(En cas de doute, ils pourraient demander aux participants de baisser les mains et de rédiger une copie, on devrait commencer à voir quelques différences plus criantes entre les vrais et les faux étudiants – enfin, je l’espère !)
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Tous utilitaristes 6 novembre 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 5 335 fois | 3 commentaires
La doctrine du « réchauffement climatique » à le mérite de sensibiliser l’espèce humaine à l’écologie, mais elle ne le fait qu’au nom du principe d’utilité. En gros, il s’agit de réduire les effets négatifs de l’activité humaine sur l’environnement pour améliorer les conditions de vies des hommes de demain.
Il n’y a pas de différence de fond entre les tenants du « réchauffement climatique » et les purs « industriels pollueurs ». Le débat est simplement technique et se résume ainsi: faut-il réduire dès aujourd’hui les activités polluantes (courant écologiste) ou peut-on attendre demain pour le faire (courant industriel) ?
Pourtant, la seule chose qui compte, c’est de sortir absolument de cette doctrine utilitariste. Si nous entrons sous la dictature de l’efficacité, le genre humain survivra peut-être, mais pas l’humanité.
Les états parfaitement efficaces existent et leurs chefs s’appellent Hitler ou Staline. Dans ces états, on néglige les droits de l’Homme au prétexte qu’ils sont inutiles, inefficaces et contraires à l’intérêt de la doctrine ou de l’état. C’est au nom d’une même émotion sensible, humaine, désintéressée et surtout inutile qu’il faut sauver les éléphants, les gorilles, les tigres, les mers et la planète qui nous entoure.
Au nom des générations futures, on me demande aujourd’hui d’économiser les sacs plastiques dans les supermarchés, mesure parfaitement inefficace et même nuisible, car elle détournera un jour de la cause écologiste les ignorants qui y auront trop cru.
Il est beaucoup plus important pour moi que le Babar en peluche que j’ai donné à mon fils ce matin, ce Babar avec qui il dort maintenant et qui est le sujet de ses tous premiers rêves d’être humain, ne disparaisse pas à tout jamais de la surface de la terre.
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Crédit Revolver 23 octobre 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 7 399 fois | 4 commentaires
Plus de 185 000 ménages sont en surendettement et une des principales causes de la situation est le crédit de type « revolving ».
Le taux d’un crédit revolving affiché tourne autour de 20%, ce qui est déjà énorme – en fait, le taux de crédit réel est bien supérieur à 20% à cause des frais bancaires. Les banques se débrouillent presque toujours pour que des frais bancaires importants soient facturés, ça fait partie de leur vraie expertise. Vous vous demandez à quoi sert une banque ? Ce qu’elle fait ? Une banque: c’est une machine sophistiquée qui est capable de générer à volonté des frais bancaires incompréhensibles et que vous ne pourrez jamais totalement contester.
Aujourd’hui, les banques poussent commercialement l’utilisation du crédit « revolving » auprès des clients. Mon très cher (en coût) conseiller BNP, à un moment où j’avais besoin de liquidités fin 2002, n’a jamais eu la moindre réticence à me proposer un revolving, alors que le crédit court ou moyen terme (taux: 5 à 6%) semblait totalement en dehors de sa sphère de compétences (« c’est compliqué, c’est long, il y a des frais fixes, la procédure n’est pas automatique » – jamais il n’a été aussi convaincant que ce jour là, à croire que son avancement annuel en dépendait).
Un jour, la banque s’est trompée dans la date de remboursement du prêt, ce qui a généré des frais supplémentaires, des retards, etc…
J’ai contesté, y compris en justice, mais la BNP a un atout-maître dans sa manche: si vous ne payez pas les sommes indues, elle vous déclare au fichier des incidents de paiement de la banque de France !
Bref, j’étais dans l’impossibilité de contracter un emprunt, même l’achat d’un lave-vaisselle Indesit à crédit m’était interdit !
Tout ça a duré 3 ans, au bout desquels la BNP me réclamait (frais bancaires, taux d’intérête, etc…) plus de 5 000 € de frais imaginaires. La procédure sur le fond n’était même pas entamée… Alors que croyez-vous que j’ai fait ? Eh bien, j’ai payé. La moitié, certes, mais j’ai payé !
Mais si j’avais eu de vraies difficultés, si vraiment je n’avais pas été défendu, je serais sans doute dans la rue aujourd’hui – pour rien.
Le crédit « revolving », c’est l’usure des temps modernes et personne n’en parle.
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Vous voulez vraiment rééquilibrer les filières du bac ? Donnez-leur des débouchés ! 19 septembre 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 7 155 fois | ajouter un commentaire
Depuis que je suis tout petit, ce qui fait tout de même maintenant plus de 30 ans, il ne se passe pas 2 ou 3 ans sans qu’un ministre de l’Education n’annonce sa volonté de réformer les filières du baccalauréat, pour les rééquilibrer. Variante fréquente, mais équivalente: « on va supprimer la suprématie de la série S » (anciennement série C). Vendedi dernier, c’est Darcos, notre nouveau ministre de l’Education, qui s’y recolle.
C’est un objectif annoncé tellement fréquemment que vous pouvez être sûr qu’il ne sera pas atteint… Ca fait partie des réformes « marronier » … (Autre exemple de marronier: « on va rentabiliser l’activité frêt de la SNCF ». Là aussi, on l’annonce depuis 30 ans, mais, soyez tranquille, ça n’arrivera jamais… Pour différentes raisons structurelles, sur lesquelles je reviendrai peut-être un jour, on ne rendra pas l’activité frêt de la SNCF profitable – mais on affichera sans cesse le même objectif, toujours renouvelé mais jamais atteint).
La raison pour laquelle on n’a jamais rééquilibré les filières du bac, quels que soient les objectifs annoncés, tient au système des élites à la française. La filière S mène non seulement à l’X, mais aussi à tous les autres diplômes reconnus, et c’est ce qui la rend la plus intéressante aux yeux des élèves et des parents.
Toutes les autres filières prestigieuses (1) sont en effet vues comme des « sous-X », des écoles qu’on va faire parce qu’on n’a pas pu avoir Polytechnique. Je ne parle pas que des écoles d’ingénieurs, je parle vraiment de toutes les filières, y compris Médecine, HEC, etc… (Pourquoi le niveau demandé en Maths à HEC est-il si élevé comparé à ce qui est demandé dans les autres pays du monde pour une école de commerce ? C’est parce qu’HEC est au fond conçue pour des élèves qui ont raté l’X. Pourquoi la fac de droit est-elle méprisée ? C’est parce qu’il n’y pas de maths, donc pas de réelle sélection dont découle, dans le système français, toute la notion de compétence).
En ce sens, un parcours scolaire en France est toujours un échec, sauf pour celui qui finit major de l’X, comme je l’ai écrit dans un de mes billets sur les élites.
Comme un aimant, Polytechnique, qui ne forme que quelques centaines d’élèves par an, polarise donc tout le système scolaire français. Vous pouvez prendre toutes les mesures que vous voulez, tenter de revaloriser la filière Y ou Z (je n’ose dire la filière X !), parents, élèves et professeurs perçoivent bien que le critère de réussite scolaire (la valeur du diplôme final) n’est qu’une fonction de la distance à l’X. Comme c’est la filière S qui forme à l’X, elle reste la filière privilégiée. Concrètement, les « S » réussissent mieux à l’X, ce qui est somme toute naturel, mais aussi mieux à HEC, à Médecine, à Normale sup Lettres, à l’ENA et à toutes les filières. Puis vient la filière SVT, qui laisse quelques chances pour Médecine ou une Ecole de commerce. La filière éco condamne à la fac – autrement dit le chômage – ce qui la rend si décriée. Etc…
Somme toute, pour réellement rééquilibrer les filières, les mesures à prendre sont assez simples. Il suffit de détacher l’enseignement supérieur de l’X et de donner des débouchés réels à toutes les filières. Ainsi, si demain, HEC annonçait que 70% des élèves qu’elle sélectionne viendront nécessairement de la filière éco, si les facs de Médecine recrutaient 70% de leurs étudiants dans la filière SVT, les facs de droit dans les filières littéraires, etc…, les filières seraient rééquilibrées dans leur débouchés et on verrait beaucoup plus d’élèves effectuer des choix de filière positifs, par affinité ou par vocation.
Le système éducatif qui en résulte serait tout aussi sélectif, mais certainement beaucoup plus sain et libérerait beaucoup d’énergies actuellement soumises à la « dictature des maths » ou à la « culture de l’échec », ce qui est exactement la même chose.
Pourquoi ne l’a-t-on pas fait jusqu’à présent ? Il y a beaucoup de résistances parmi les élites (toujuors les moins bien placées pour se réformer elles-mêmes, d’autant plus qu’en France les élites sont sclérosées et que leur nature est aristocratique) et aussi dans l’Education Nationale elle-même, du moins à son plus haut niveau, là où les filières, les programmes et les concours d’entrée se définissent.
J’ai eu un jour une discussion stupéfiante avec un des inspecteurs généraux de l’Education Nationale qui partageait en tous points mon analyse sur le rôle de l’X, mais qui le trouvait très positif et pour qui une telle réforme des filières était inenvisageable car elle nuirait à l’X et aux grandes écoles, fleuron, comem chacun sait, de la formation à la française…
On veut réformer la France, paraît-il ? Et on recherche même les causes culturelles et psychologiques qui nuisent à la croissance ? Voilà une réforme qui ne coûterait rien et qui aurait un impact majeur.
(1) ENA et certaines spécialités de Normale Sup mises à part,
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Qui les sponsorise ? 13 septembre 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 3 778 fois | ajouter un commentaire
Lu dans Le Nouvel Observateur: « L’académie nationale de médecine dresse un état des lieux : le rôle de l’environnement serait infime, le tabac et l’alcool sont les principaux responsables du cancer. ».
Il faut attendre les dernières lignes pour apprendre que « on ignore l’origine spécifique de 85% des cancers chez les non fumeurs » – pour info, le tabac ne représente que 20% des causes de cancers…
Le titre de l’article est donc de la pure propagande. De la même façon, jusqu’aux années 70/80, les fabricants de tabac tiraient parti du fait que le lien entre cancer et tabac n’était pas encore scientifiquement prouvé pour tenter d’affirmer l’inexistence de ce lien.
Voyons, voyons…. Qu’est-ce qui a changé depuis 1 siécle qui pourrait être la cause de la montée du nombre de cancers… C’est l’environnement au sens large, les émissions de gaz, la production de produits chimiques, d’énergie…
Cherchez bien et vous trouverez qui finance ce genre d’études, c’est sûr.
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Lettre de Guy Môquet et Ode à Sarkozy 11 septembre 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 437 fois | 7 commentaires
Je voulais écrire sur le XV de France dès avant la coupe du Monde, le temps m’a manqué mais pour moi, c’était clair, dès avant l’Argentine, que ce serait un fiasco complet.
Si Laporte était un grand entraîneur, on le saurait depuis déjà plusieurs coupes du Monde. En fait, on ne comprend pas comment Laporte a pu rester aussi longtemps en place avec de tels résultats.
Laporte a voulu transformer le point faible historique de l’équipe de France – la rigueur défensive – en son point fort majeur. Mais en sport, comme dans la vie, on gagne avant tout en développant au maximum ses points forts et ses qualités naturelles – tout en parant au plus pressé pour ses faiblesses. Imagine-t-on Zidane s’entraîner toute la journée dans le but de devenir le meilleur milieu défensif du monde ?
Bref, vouloir faire gagner la France sur sa défense, c’est au sens littéral, vouloir qu’elle ait des muscles à la place du cerveau.
Au final, sur une dizaine d’années, l’équipe de France a perdu ses qualités offensives, son flair – ça l’empêchera de marquer des essais contre les blacks, mais ça ne l’empêchera pas d’en prendre.
La fédération de Rugby est une vraie petite dictature – par tradition; on ne conteste rien publiquement dans le Rugby – toujours par tradition; enfin, Sarkozy, qui dit avoir le culte de la performance, a appelé Laporte au gouvernement avant même qu’il ne gagne quoi que ce soit d’important. Tout ça ne facilite pas le progrès par le débat, comme on dit.
Et dans ce contexte, la lecture de la lettre de Guy Mquet – comme si l’équipe était composée d’élèves de primaire primaires, comme si on avait voulu rendre une sorte d’hommage obligé au Président Qui Fait Tout – est plus qu’un ridicule non-sens sorti on ne sait trop comment du cerveau brumeux d’un rugbyman un peu trop exalté, plus qu’une simple erreur de goût, plus qu’une maladresse psychologique: c’est un symptôme.
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- Foot= [Achille + (Horaces + Curiaces)] x Nüremberg















