En finir avec l’industrie automobile traditionnelle 12 décembre 2008
Par Thierry Klein dans : Politique,Technologies.Lu 11 634 fois | 9 commentaires
Je parlais hier de la nécessité de relancer l’économie par l’investissement et pas par la consommation.
Je parlais aussi de la difficulté d’investir efficacement de grosses sommes (de l’ordre de 100 milliards d’euros, probablement), pour la relance française.
L’industrie automobile est déjà moribonde aux USA. Elle va faire l’objet d’un plan de même nature que pour les banques. Comme pour les banques, le plan est assorti de conditions de comportement draconiennes (les banques se sont engagées à prêter, à adopter un comportement plus éthique; les voituriers vont s’engager à développer des voitures plus vertes, à ne pas délocaliser).
Dans les deux cas, ces engagements ne seront pas suivis d’effets, ils sont juste là pour masquer au citoyen le fait que leur impôts financent des intérêts privés. En toute logique, l’état, comme n’importe quel investisseur, devrait devenir actionnaire des entreprises qu’il support; il n’en est rien.
Il existe une voie qui peut nous permettre de relancer l’économie tout en luttant réellement contre le problème écologique; c’est la reconversion complète, en 10 ans, de l’industrie automobile.
Du pétrolier vers l’électrique.
Les moyens pour le faire:
– l’Etat investit massivement dans l’industrie automobile et joue pleinement son rôle d’actionnaire. Finies les opérations cosmétiques de « prime à la casse ». L’Etat rentre au capital et les investissements sont utilisés pour développer, à marche forcée, les véhicules électriques ainsi que les moyens de distribution de l’énergie électrique sur tout le territoire, de façon à ce qu’il soit aussi simple de recharger une batterie qu’un réservoir.
Idéalement, cette politique devrait être menée simultanément en France et en Allemagne.
– l’Etat investit dans toute la filière énergie (nucléaire, éolienne, distribution) et pas seulement, comme il l’a fait jusqu’à présent, dans le nucléaire.
– les voitures électriques sont subventionnées largement, les voitures à essence taxées largement (finies les mesures cosmétiques de « prime à la voiture pétrolière un peu plus propre » – on passe à l’électrique.
– les profits réalisés dans les filières transport électrique, énergies nouvelles, etc… sont défiscalisés pour 10 ans.
– Tous les bénéfices de l’industrie pétrolière que contrôle l’Etat (Total…) sont réinvestis dans le développement des énergies nouvelles.
– L’essence est maintenue au prix minimum de 1,5 € le litre. L’énergie électrique est donnée si elle est utilisée dans un but de transport.
– Une filière « énergie nouvelle » est créée, sur le modèle de ce qui a été fait dans les années 60 pour le nucléaire (recherche, industrialisation) ou pour Airbus.
Dans 10 ans, nous pourrions avoir des voitures électriques avec une autonomie de 500 km, rechargeables n’importe où sur le territoire en 3 mn par simple « échange standard » des batteries dans une station-service robotisée et ce pour le même prix, ou pour un prix inférieur au prix d’une voiture à essence.
Généralisé à l’ensemble de la planète, ceci réduirait de 25 % les émissions carbone sans parler des impacts environnementaux positifs sur la protection des espèces vivantes, la réduction des cancers, etc… (Je n’en parle pas, mais vous savez que je n’en pense pas moins).
Toutes les déclarations de campagne d’Obama laissent à penser que c’est ce genre de changement radical qu’il envisage. Aujourd’hui encore, Obama vient de nommer le prix Nobel de physique Steven Chu, un partisan affirmé de la recherche d’énergies renouvelables et alternatives, pour occuper le poste de secrétaire à l’énergie.
En France, il faut arrêter de s’intéresser aux sacs plastiques dans les supermarchés, il faut réfléchir, vite, aux moyens de dépenser 100 milliards pour relancer l’économie et pour en finir avec l’industrie automobile pétrolière.
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Dépenser plus pour gagner plus 10 décembre 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 504 fois | 6 commentaires
Relancer par l’investissement, c’est tenter d’injecter de l’argent dans l’économie pour faire redémarrer l’économie « gratuitement » plutôt que de façon coûteuse.
En gros, si l’état investit 1000 € dans une société dont la valeur sera demain plus grande, il lui permet de se développer (créer des emplois, de la richesse, etc…) sans que cela, au final, ne lui coûte rien – la société va lui rembourser son prêt et peut être même, s’il a investi en capital, l’état fera-t-il une plus-value.
Par opposition, si je donne 1000 € à un particulier pour qu’il dépense, il risque d’acheter un super écran plasma (fait en Chine) ou 1000 préservatifs s’il s’agit d’un de mes copains obsédés (faits aussi en Chine). L’état a perdu 1000 € et il ne s’est rien passé, aucune richesse n’a été créée en France. Sauf que mon copain n’a pas largué sa semence dans 1000 cloaques différents, mais ce gain, bien que très appréciable, n’a pas d’impact quantifié sur le PIB de la Nation.
Tout le monde comprend plus ou moins ça. Mais le problème avec les investissements de l’état, c’est qu’ils sont massifs et qu’à ce niveau là, il est vraiment difficile de bien investir. Comment dépenser 100 milliards de façon intéressante ? Evidemment, vous allez moderniser un peu le réseau routier, fibrer le territoire… Mais vous ne dépenserez pas 100 milliards comme ça.
Très vite, vous allez vous retrouver à lancer des projets qui ne servent à rien, comme construire un ouvrage d’art de 100 m de haut qui relie mes salles de bain, « financer des logements », « faire tourner des universités » ou encore « rénover des cathédrales » (si j’assume la première des ces inutiles propositions, les trois autres ont réellement été faites par Christine Boutin, Valérie Pécresse et Christine Albanel à Patrick Devedjan, qui est chargé de la gestion de ce budget de relance).
Plus le plan de relance est important, plus il est difficile de dépenser l’argent correctement (c’est-à-dire de façon plus ou moins utile pour l’avenir). En ce sens, tous ceux qui déplorent le manque d’envergure du plan feraient mieux de proposer des postes de dépenses utiles et massifs.
Il semble que personne n’ait la clé aujourd’hui, pourtant, les happy fews, si happy mais surtout si fews qui lisent ce blog ont une chance folle : après avoir compris la vraie, la seule, question qui se pose à nos dirigeants, ils y trouveront des réponses crédibles dès le prochain billet.
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Faire pipi pour avoir chaud
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 3 918 fois | ajouter un commentaire
Faire pipi pour avoir chaud, c’est une technique qui peut marcher mais jamais très longtemps, tous les bébés objectifs vous le confirmeront. Après quelques minutes, tout au plus, les emmerdements, si je puis dire, commencent.
C’est l’exact équivalent d’une relance par la consommation. Distribuer massivement de l’argent pour qu’il soit dépensé, c’est en fait subventionner des emplois dans les pays où les produits sont construits (Chine, Pays de l’Est, Allemagne).
Un peu de chaleur au début, mais que reste-t-il une fois l’argent dépensé ? Un plus grand inconfort encore.
Il ne peut y avoir de relance que par l’investissement, la construction d’infrastructures, la reconversion de secteurs industriels.
(Une analyse encore plus pertinente de la situation économique vous sera livrée gratuitement dans mon prochain billet: « Faire caca pour sentir meilleur »).
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Du conflit comme symptôme politique 19 novembre 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 3 150 fois | ajouter un commentaire
Lorsque la conjoncture devient défavorable dans un secteur, il y a de plus en plus de procès entre les entreprises.
Pourquoi ? Parce que lorsque la part de gâteau de chacun se réduit, on a tendance à se battre comme des chiens pour des miettes et à penser que notre part est captée par « les autres » (alors que lorsque le gâteau grossit, une entreprise bouffe un maximum sans trop se préoccuper des autres).
C’est exactement ce qui se passe au PS. Depuis 20 ans, le PS perd régulièrement du pouvoir. Aujourd’hui, il est débordé à droite, au centre, et sur sa gauche. Il n’a plus d’espace. Et les dirigeants s’étripent JUSTEMENT parce qu’il n’y a plus grand chose à partager, pour avoir les miettes.
Si le PS était au pouvoir, il lui serait beaucoup plus facile de répartir postes, pouvoir et influence et de maîtriser les tensions.
Il est vain d’appeler le PS à la raison au nom de sa situation; au contraire, cette situation est la source du conflit.
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Pourquoi Obama va devenir Président des Etats-Unis. 14 octobre 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 7 098 fois | 3 commentaires
Depuis plus d’un siècle, il y a 4 grands thèmes qui déterminent le positionnement de l’Amérique lors de son élection présidentielle:
1) Le rêve américain. (Symbole: « Rocky »)
L’idée du « petit », parti de rien, qui arrive à force d’effort, de travail, de courage et d’astuce.
Les 2 candidats sont à peu près à égalité sur ce point. Mc Cain est un héros de la guerre du Vietnam et Obama est le premier présidentiable noir.
2) La solidarité des premiers pionniers (Symbole: George Bailey/James Stewart dans « La vie est belle« ).
C’est toute l’entraide aux Etats-Unis (traditionnellement, cette entraide repose sur des comportements privés, contrairement à ce qui se passe en France). Beaucoup de connotations religieuses (dans les réseaux caritatifs, les communautés Amish, etc…).
Bush a symbolisé, en son temps, l’image de cette Amérique solidaire et religieuse, mais a en quelque sorte dévoyé le concept – devenu irrécupérable pour Mc Cain.
Au contraire, la crise des subprimes aide Obama qui est devenu solidaire des petits emprunteurs sans logement (le premier plan Bush/Paulso, approuvé par Mc Cain, ne prévoyait aucun réechelonnement de la dette des particuliers – c’est Obama et les démocrates qui se sont battus sur ce sujet, sans grand succès d’ailleurs).
3. Les ennemis à nos portes (Symboles: le 11 septembre, la lutte du bien contre le mal)
Depuis l’origine, l’Amérique s’est nourrie du conflit face aux (so called) « forces du mal ». Il y a eu les indiens, les nazis, les japonais, les sorcières et plus récemment Al Qaïda, l’Iran, Saddam.
Bush a largement profité de la lutte contre les forces du mal et là aussi, il a, sinon dévoyé le concept, au moins brouillé les cartes en se trompant de guerre et Mc Cain en pâtit aujourd’hui.
Barak Obama n’est pas non plus très bien placé sur ce plan. Il est noir, ce n’est pas un patriote affiché comme peut l’être Mc Cain, il veut en finir avec l’Irak – soupçon de défaitisme.
4. Les élites sont pourries (Symbole: Flem Snopes, Mr Potter dans « La vie est belle »)
C’est la version américaine du poujadisme: une grande méfiance vis-à-vis des élites. Traditionnellement, les républicains sont forts sur ce point. Reagan, Bush, ont attaqué « Washington » – l’état des politicards – au nom du rêve américain individualiste et ont, en grande partie, gagné leur élection sur ce thème.
John Kerry, le dernier opposant à Bush, a été perçu très négativement comme le représentant des élites.
La crise a totalement inversé cet argument et aujourd’hui, pour les américains, les élites pourries, c’est Wall Street. Les américains ont clairement perçu que Bush n’a été, en grande partie, que « l’instrument très flexible utilisé par des financiers privés pour faire correspondre la politique de l’Etat avec leurs intérêts » (citation d’Al Gore).
A tort ou à raison, Mc Cain ne pourra se lutter contre le sentiment que les républicains sont les représentants des élites financières. La fenêtre d’opportunité est passée – il aurait fallu s’opposer au premier plan Paulson ou apporter des propositions économiques nouvelles – or les propositions de Mc Cain dans ce domaine ont été extrêmement faibles, voire ridicules (cf le deuxième débat avec Obama).
Bref, pour la première fois depuis Ronald Reagan, mais de façon inversée, un des candidats l’emporte ou est au moins à égalité sur les 4 points clés sur lesquels se sont jouées toutes les campagnes américaines.
Au soir du 4 novembre, il n’y aura pas photo: Obama sera élu, facilement, Président des Etats-Unis.
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Un mammifère sur trois menacé d’extinction 6 octobre 2008
Par Thierry Klein dans : Animaux,Politique.Lu 5 782 fois | 9 commentaires
Tous vos journaux parleront demain de la crise financière et de l’effondrement des bourses européennes. Je rappelle cependant à tous qu’au regard de la planète, l’extinction des mammifères est beaucoup plus importante que les dernières péripéties boursières.
Les effets de l’action de l’homme sont infiniment plus dévastateurs que la baisse du Cac 40 et il faut savoir raison garder, c’est-à-dire remettre la crise financière à sa place, au deuxième plan.
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Subprimes: ce que Bush a fait, ce que Sarkozy va dire, ce qu’il aurait fallu faire 23 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 615 fois | ajouter un commentaire
Bush vient de faire faire le mauvais deal suivant au citoyen américain: il garantit à peu près 5 000 dollars de dettes « subprime » et, en contrepartie, que gagne-t-il ? Rien. L’Etat n’a pas pris de capital dans les organismes qu’il vient de sauver. Pour le citoyen américain, c’est high risk, no return.
Au final, tout ça reste très confortable pour Wall Street. « Never was so much owed by so few to so many« , comme aurait dit Churchill.
Au minimum, l’Etat aurait dû imposer les conditions suivantes :
- Prise de participation de l’Etat au capital, à hauteur des dettes garanties. De cette façon, si les actions remontent, l’Etat (le citoyen)à dégage une plus-value
- Interdiction à toutes les banques d’engager des dépenses de lobbying (dans la situation actuelle, le citoyen américain finance de fait le lobbying de l’institution dont il est financièrement le garant, et qui agit contre ses intérêts)
- A très court terme (moins de 6 mois), de nouvelles règles financières (meilleure couverture des prêts, transparence, contrôle…). La garantie financière est subordonnée à l’acceptation totale de ces règles.
Sarkozy (jeudi prochain) va aller beaucoup plus loin que Bush, en paroles. Il va attaquer Wall Street, peut-être même personnaliser le débat – ça paye toujours, exiger des réformes financières, une surveillance internationale, demander à ce que les actionnaires donnent une partie du capital des banques, etc…
Mais Sarkozy, c’est bien confortable, n’a aucun pouvoir, ni aucun lien avec la crise en cours. Le principal effet de son intervention sera qu’il gagnera quelques points dans les sondages, puis tout sera oublié.
Surtout Sarkozy, comme Bush, ne voit de crise que financière. Or si le crash est financier, l’origine profonde de la crise est économique.
Le consommateur américain, depuis 30 ans, a dû travailler de plus en plus, puis s’est endetté pour consommer et se loger. La crise des subprimes ne provient pas uniquement d’une titrisation magique, mais de l’endettement, rendu nécessaire pour subsister au fur et à mesure de la mondialisation, du citoyen américain.
Deux raisons principales à cet endettement: la position du travailleur américain dans le rapport de force avec son employeur s’est dégradée (la mondialisation l’a mis en compétition avec la planète entière), alors que l’influence de la publicité (qui génère une propension à consommer) a augmenté.
A très court terme, pour améliorer la position économique des foyers américains, qui supportent la totalité de l’effort actuel, on aurait pu au moins leur permettre de renégocier leur crédit immobilier.
Parce qu’aujourd’hui les banquiers sont sauvés, mais pas les emprunteurs de base à qui on a fourgué des crédits dans des conditions honteuses. Ceux-là restent soumis aux mêmes conditions d’emprunt et les situations dramatiques se multiplient aux USA.
Leur permettre au moins de renégocier les termes de leur emprunt immobilier pour éviter la multiplication des banqueroutes personnelles.
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Crise économique, d’abord. 17 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 7 705 fois | 16 commentaires
Tout le monde parle de crise financière pour les subprimes. La réalité, c’est qu’on assiste aux Etats-Unis à l’aboutissement du capitalisme mondialisé tel que nous le connaissions.
Le crédit aux particuliers s’y est développé de façon massive. Les américains se sont non seulement endettés pour leur logement (les subprimes), mais aussi pour leur consommation. Il y a 1000 milliards de dollars de crédit revolving, non comptabilisés dans la crise des subprimes, qui ne seront peut être jamais remboursés.
La vraie question c’est « Pourquoi un tel endettement du consommateur américain » ?
Dans les 30 dernières années, les femmes se sont mises au travail (plus qu’en France), les temps de travail eux-mêmes ont augmenté (bien avant la France), mais cela n’a pas suffi pour que le travailleur américain puisse tenir. Il a dû emprunter pour ses fins de mois (le crédit revolving) puis pour se loger (les subprimes). Le développement du crédit a été, en ce sens, la dernière tentative du monde du Travail pour résoudre l’impossible équation que lui posait le Capital.
La mondialisation a fait que le travailleur américain est de fait en concurrence avec la planète entière. Au début, il a tenté de s’adapter, maintenant, il est au bout. Les capitaux peuvent s’évader, pas lui.
Le crédit presqu’illimité dont il a joui n’a finalement fait que retarder l’explosion, mais ne l’a pas créée. La crise n’est pas financière, elle est économique. Le côté financier rend le tout plus spectaculaire mais cela fait des années que les USA seraient en récession s’il n’y avait pas eu crédit.
Je rappelle ça à tous ceux qui pensent qu’on peut s’en sortir juste en devenant plus performants, en travaillant plus, etc…
A ceux qui trouvent que les USA est un pays formidable, où on peut créer des boîtes (c’est vrai), où les magasins sont ouverts le dimanche, où les employés sont sympas dans les restaurants, les boutiques, où les rapports avec les gens sont plus naturels et moins tendus qu’en France (ouf ! pas de syndicats, pas d’inspection du travail !)…
C’est vrai, c’est vrai, c’est vrai ! Et j’adore les USA justement pour ça.
Mais nier la lutte des classes ne suffit pas pour l’empêcher de se manifester.
(Ceux qui suivent ce blog auront noté que cette dernière phrase est presque digne du Dr House.)
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L’éolien victime du nucléaire 1 septembre 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 467 fois | 2 commentaires
Alors que dans le monde entier, l’éolien progresse et qu’il devient capable, à la différence du solaire, de fournir des puissances très importantes, de l’ordre d’une demi-tranche de centrale nucléaire, il est victime en France du lobby du nucléaire (voir le Monde d’aujourd’hui)
Qu’est-ce qu’un lobby ? Vous le comprendrez en vous demandant pourquoi et comment cette information essentielle (« Les éoliennes pourraient menacer certaines chauves-souris ») a été relayée, comme par hasard, par l’ensemble de la presse française (y compris Le Monde, Le Moniteur) la semaine dernière. A qui profite-t-elle ? Pourquoi a-t-elle été massivement diffusée sans aucun avertissement ?
(J’avais déjà failli écrire un billet là-dessus la semaine dernière. Voilà, ça y est !)
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Les gens exceptionnels n’ont rien de normal 3 juillet 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 077 fois | ajouter un commentaire
Jusqu’ici, elle n’était qu’un symbole et je me demandais ce qui justifiait tant d’agitation. Il aura suffi d’une seule interview, ce soir sur France 2, pour qu’Ingrid Betancourt, incroyablement simple et profonde à la fois, devienne la femme politique la plus importante de France, celle qui a le plus de charisme, d’humanité et d’envergure.
La première qui pourrait, on peut rêver, accéder au pouvoir sans pour autant se comporter en mâle dominant comme les H. Clinton, Royal, Dati, Yade, Bachelot ou autres Aubry (cette énumération est-elle assez équilibrée pour qu’on me comprenne à gauche comme à droite ?).
Car à quoi bon une femme qui arriverait au pouvoir sans adopter des valeurs féminines ?
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