Le chien qui m’a aimé 11 janvier 2012
Par Thierry Klein dans : Animaux,Humeur.Lu 16 742 fois | 16 commentaires
Ce n’était ni le plus fort, ni le plus vif, ni le plus gai des chiots de la portée. En fait, quand j’ai visité l’élevage, Osh se tenait un peu à l’écart de la meute, comme s’il ne se sentait pas tout à fait digne d’être choisi. Quand je suis arrivé vers lui, il s’est levé doucement, m’a regardé d’un air étonné et s’est appuyé sur ma jambe gauche si fort que j’ai senti qu’il tomberait immédiatement si j’avais le malheur de me dégager trop vite. « Si tu t’en vas, je tombe aussi ». La perte d’équilibre pour garder l’équilibre. Osh aura gardé cette habitude toute sa vie, jusqu’à son tout dernier quart d’heure, hier soir. Le vide que je ressens à l’idée que ce geste n’aura plus lieu ne sera jamais comblé.
Il est devenu un braque de Weimar magnifique, d’une noblesse et d’une douceur infinies. Sous son regard, ma vie, qui était partie en lambeaux avant que je ne l’ai rencontré, s’est progressivement réparée. Sans que je m’en rende compte, il m’observait avec une attention et une discrétion extrêmes. Regard interrogateur, intense, presque translucide, mais très doux et bienveillant – inconditionnellement bienveillant.
Un jour où je rangeais tristement des pièces en bois dans une boîte, le chien a commencé à les saisir dans sa gueule et à m’assister dans ma tâche.
Quand ma fille est née et que nous sommes rentrés de la maternité, il a délaissé son coussin habituel et a passé la nuit devant sa porte. Le lendemain matin, il a ramené dans sa gueule un châton de 2 mois, Moka, abandonné dans le jardin et que nous avons élevé. Je n’aurais pas confié ma fille à n’importe quelle nounou, mais j’ai toujours eu une confiance absolue dans le chien. Ma fille, et plus tard, mon fils, ont passé des heures avec lui, à jouer ou dormir entre ses pattes – il les aimait, les protégeait. Le concept même de jalousie vis-à-vis des personnes que j’aime lui a été étranger toute sa vie.
C’était la meilleure partie de moi, ma partie la plus dissimulée, la plus instinctive. Cet air éternellement surpris et naïf, cette joie innée face aux événements les plus simples de la vie (sortir, jouer, courir ou regarder la télé ensemble), c’est la meilleure partie de moi enfouie que la vie, l’éducation, la fréquentation de la communauté des hommes m’ont appris à dissimuler.
C’était un excellent gardien et il était suffisamment imposant – et sonore – pour que personne ne cherche à embêter quiconque se tenait près de lui mais jamais je n’ai vu ce chien montrer les dents à un être humain. Moi-même attaqué, aurait-il su mordre pour me défendre ? Je pense sincèrement que non. La loi sacrée des hommes – ne jamais faire de mal à aucun autre être humain – était ancrée plus solidement en lui que chez la plupart des hommes mêmes. Une sorte de Lord Jim inversé : pas de tralala mais toujours le comportement le plus digne – il ne savait tout bonnement pas quelles étaient les autres options. « He was one of us – c’était l’un des nôtres ».
Les évènements tristes et heureux, il les a partagés avec moi. Il m’aidait, un peu par son inconscience, mais surtout par sa dignité et son mépris pour les sentiments vulgaires des hommes, à les relativiser, ce qui est une condition essentielle pour survivre.
Hier soir, il est parti en deux heures sans un cri et sans peur. En m’aimant. Une part de moi aussi est partie pour toujours.
Avec ma fille…
Avec Moka, le châton qu’il nous a ramené à la naissance d’Anna
Mer et montagne: nos sorties préférées.
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Comme l’homme traite les animaux, il traitera les humains 13 septembre 2010
Par Thierry Klein dans : Animaux,Non classé.Lu 9 136 fois | 2 commentaires
Le 8 septembre dernier, le parlement européen a approuvé la directive 86/609 qui règlemente l’utilisation des animaux à des fins scientifiques – autrement dit, la vivisection.
Il est aujourd’hui permis à un laboratoire:
- d’utiliser les chats et chiens errants
- d’utiliser une espèce en voie d’extinction et/ou capturée dans la nature (primates, grands singes)
- d’utiliser l’anhydride carbonique pour tuer l’animal (méthode extrêmement douloureuse, mais très économique)
- d’effectuer des essais sans anesthésie, y compris des essais jugés hautement douloureux
1. La position du Parlement
Il apparaît à la lecture des débats du Parlement Européen que les réactions des associations de défense des animaux (pétitions, etc…) ont été jugées « extrémistes« , « dictées par l’émotivité« , « démagogiques« : « Il y a une différence entre la dignité des animaux et celles des êtres humains… non aux contrôles excessifs qui contrarient la recherche« .
Si je résume la pensée on ne peut plus profonde des députés, ceux qui s’opposent au texte des lois s’opposent à la Science et se rendent coupables, comme des enfants, de sensiblerie.
On sent bien que face à de tels arriérés, les députés européens sont fiers d’avoir su prendre en compte l’intérêt supérieur de l’être humain…
2. Les limites a minima qui devraient être fixées à la vivisection
Il n’y a en réalité aucune justification éthique à la vivisection, ce qui veut dire qu’au minimum, seules les recherches au nom de l’intérêt supérieur de l’être humain devraient être tolérées.
Si on a l’espoir de découvrir un médicament nouveau qui va sauver des vies, on peut concevoir que des animaux soient sacrifiés (le moins possible, le plus humainement possible). Mais il est inadmissible, choquant – et profondément destructeur pour l’être humain, comme je le montrerai plus bas – que des animaux soient sacrifiés pour des besoins purement économiques (nouveau rouge à lèvre, nouvelle crème de beauté, etc…).
Or ne vous y trompez pas, 90% des animaux sacrifiés au moins le sont pour développer des produits de confort. Ils sont sacrifiés sur l’autel de la consommation toute puissante, pas sur celui de la science.
Il est presque comique de constater que l’Europe, une organisation paperassière qui s’est essentiellement signalée jusqu’à présent pour sa capacité à légiférer sur le diamètre maximal du concombre et à faire remplir des dossiers à ses administrés sur tous les sujets possibles et imaginables, accorde aux laboratoire une procédure simplifiée pour autoriser la vivisection au prétexte que « il ne faut pas nuire aux intérêts de l’industrie« .
Je préfèrerais, pour ma part, qu’on impose aux laboratoires de justifier systématiquement et publiquement de l’intérêt scientifique exceptionnel de leur recherche (et non pas d’un intérêt industriel) ainsi que des mesures prises pour tuer un minimum d’animaux de la façon la plus indolore possible.
Tout société ne respectant pas ces principes, que ce soit en Europe ou en dehors de l’Europe, devrait voir ses produits interdits sur le territoire européen.
3. Science et sensiblerie
Les députés se présentent comme des humanistes, agissant au nom de l’intérêt supérieur de l’homme et de la science. C’est exactement le contraire. 90% des recherches menées le sont dans un vulgaire but de profit et de consommation. Pour les 10% qui restent, on gagnerait évidemment à utiliser, autant que faire se peut, c’est à dire dans plus de la moitié des cas, des méthodes substitutives.
Car la souffrance de l’animal est consubstantielle de celle de l’être humain.
Votre intuition qui vous dit que cette souffrance est analogue à la votre, que cette souffrance est une horreur a une réalité scientifique bien supérieure à la position soi-disant « humaniste » des parlementaires européens.
Même les grands expérimentateurs animaliers, à commencer par Pavlov dont la plupart des scientifiques actuels croient s’inspirer parce qu’ils ne l’ont pas lu, ont cherché à économiser la vie de leurs animaux. Pavlov était malade des souffrances infligées à ses chiens et son principal ouvrage sur le réflexe conditionné leur est dédié.
4. Défendre les animaux : un acquis culturel
Les phrases ci-dessous sont de Romain Gary:
« En vérité, voir dans les animaux autre chose que du matériel de laboratoire est un acquis culturel, tout comme la beauté, et un tel concept est indissociable des sentiments.
Trop longtemps, on les a dénigrés pour n’y voir que du sentimentalisme tout en exaltant le matérialisme au point que le monde a vu holocauste sur holocauste. Essayons les sentiments et les émotions, pour changer. »
5 . Comme l’homme traite les animaux, il traitera les humains
Les phrases ci-dessous sont de Jane Goodall.
Prenez les premières chaînes de montage des usines Ford, elles ont été copiées sur le modèle des abattoirs. Ce n’est pas par hasard.” parcelliser les opérations d’écorchage concentrait les employés sur une activité mécanique – qui leur évitait toute réflexion. On n’abattait plus des bêtes, on abattait un travail. Sans état d’âme. En appliquant ces méthodes aux humains, Henri Ford a inauguré les “temps modernes” décrits par Chaplin. L’ère industrielle qui a déshumanisé le travail – et le travailleur.
Dès que nous ne considérons plus les humains comme tels, nous les traitons, dit-on, comme des animaux . Or, traiter sans aucune compassion les animaux, les considérer comme des objets industriels et plus comme des espèces souffrantes, est déjà une cruauté indéfendable.
Outre qu’elle y perd toute notion de respect de soi et de dignité, l’espèce humaine est en train de mourir de cette capacité à mettre toute émotion de côté pour agir de façon dite “rationnelle” ou “matérialiste”. Les génocides du XXème siècle, le réchauffement climatique, le massacre des phoques n’ont pas d’autre cause.
Le Roi Salomon suppliait l’Eternel de lui donner « un coeur intelligent ». La lutte de l’Homme contre le Matérialisme (où l’Homme joue sa survie en tant qu’espèce), c’est la lutte du coeur intelligent contre la raison sans coeur – qui n’a que l’apparence de la Raison.
Essayons les sentiments, pour changer.
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Tendre, et surtout savoureux. 4 février 2010
Par Thierry Klein dans : Animaux.Lu 3 025 fois | ajouter un commentaire
(Via Animal mon prochain)
Aussi tendre, mais moins savoureux.
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Speechi adopte le Capital Altruiste – Connaissez-vous quelqu’un de bien placé au WWF ? 7 avril 2009
Par Thierry Klein dans : Animaux,Entreprise altruiste.Lu 5 717 fois | 6 commentaires
Daniel a été une vraie inspiration pour moi et je vais passer Speechi en Capital Altruiste – sauf que pour Speechi, ce ne sera pas un poisson d’Avril.
Je n’ai pas encore décidé à 100% quelle sera l’ONG à qui le capital sera donné ni exactement la proportion qui sera donnée, mais il y a de fortes chances pour que ce soit le WWF ou un programme qui en dépend. Le but est de boucler ça en avril ou mai.
J’ai besoin d’un contact, le mieux placé possible, au WWF pour leur expliquer en quoi consiste la démarche, la théorie du Capital Altruiste, pourquoi le don en Capital est l’avenir du don, bref, pour tous ceux qui lisent régulièrement ce blog, il va falloir bassiner former le WWF au concept.
Si vous connaissez une personne, encore une fois la mieux placée possible car j’ai besoin d’un pouvoir de décision rapide, je suis preneur pour une « introduction », comme on dit.
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Un mammifère sur trois menacé d’extinction 6 octobre 2008
Par Thierry Klein dans : Animaux,Politique.Lu 5 782 fois | 9 commentaires
Tous vos journaux parleront demain de la crise financière et de l’effondrement des bourses européennes. Je rappelle cependant à tous qu’au regard de la planète, l’extinction des mammifères est beaucoup plus importante que les dernières péripéties boursières.
Les effets de l’action de l’homme sont infiniment plus dévastateurs que la baisse du Cac 40 et il faut savoir raison garder, c’est-à-dire remettre la crise financière à sa place, au deuxième plan.
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Interlude 21 avril 2008
Par Thierry Klein dans : Animaux.Lu 3 775 fois | 1 commentaire Billets associés :
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Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier… et si c’était vrai pour les animaux ? 29 février 2008
Par Thierry Klein dans : Animaux.Lu 60 547 fois | 3 commentaires
« Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier »… Je vous ai déjà parlé de cette devise du Talmud, qui figure sur la médaille des Justes de l’Institut Yav Yashem.
De plus en plus de voix s’élèvent pour signifier que le traitement fait aux animaux est une insulte à l’Humanité tout entière.
J’ai déjà plusieurs fois cité les magnifiques textes de Romain Gary dans ce blog (« Voir dans les animaux plus que de la viande et de la peau est un acquis culturel, tout comme la beauté…Ai-je besoin de rappeler au lecteur le massacre des bébés phoques en Norvège ?…Il est on ne peut plus clair que c’est autant l’Homme – et oui, avec un H majuscule – qu’on assassine qu’un phoque.« ).
J’ai aussi écrit sur le parti-pris « anti-anthropomorphique » de la communauté scientifique, qui repose essentiellement sur une interprétation biaisée des expériences de Pavlov, et masque opportunément l’absence de justification éthique réelle du traitement inhumain que nous faisons subir aux animaux.
Ce qui est nouveau, c’est que de grands scientifiques, comme Jane Goodall (quel beau nom ! ) communiquent sur ces thèmes de l’identification profonde de l’homme à l’animal, matières souffrantes, dont découle logiquement l’idée que maltraiter les animaux, c’est attaquer l’Humanité tout entière.
Je cite Jane Goodall (via Le Monde du jour – interview à lire en entier, absolument !):
Sur le caractère consubstanciel de la souffrance de l’homme et de l’animal
« Ils [les hommes] pourraient s’interroger sur l’élevage et l’abattage de masse, se demander quelle philosophie justifie toutes ces souffrances. Pensez à ce qu’est la vie d’une vache, élevée en prison, piquée aux hormones, s’effondrant sur elle-même, souvent envoyée à l’abattoir consciente, écorchée vive.
– Ecorchée vive ?
– Je n’invente rien. De nombreux animaux meurent dans des conditions effroyables, dépecés encore vivants, lisez le reportage de Gail A. Eisnitz sur les abattoirs de Chicago [Slaughterhouse : the Shocking Story of Greed, Neglect, and Inhumane Treatment Inside the US Meat Industry, Prometheus Books, 1997]. Avez-vous déjà approché une vache ?
Enfant, j’allais à la ferme de ma grand-mère dans le Kent. Les vaches répondaient à leur nom, nous connaissions la personnalité de chacune, le troupeau paissait dans un pré de trèfles, changeait de pâturage. Ensuite, nous y mettions les cochons qui retournaient la terre, dévoraient les bouses, éliminaient bactéries et parasites. J’adore les cochons. Ce sont des bêtes très intelligentes, joueuses, affectueuses, comme les chiens. Quand on pense qu’ils sont enfermés dans des porcheries minuscules où règne une odeur infernale, alors qu’ils possèdent un odorat extrêmement fin ! En mangeant tous ces animaux, qui ont longtemps été nos dieux, nos proches, nous mangeons leurs souffrances, nous incorporons les tortures qu’ils subissent. Je ne peux pas l’oublier. »
De la façon dont l’homme traite les animaux, il traitera les humains
« Prenez les premières chaînes de montage des usines Ford, elles ont été copiées sur le modèle des abattoirs. Ce n’est pas par hasard. » parcelliser les opérations d’écorchage concentrait les employés sur une activité mécanique – qui leur évitait toute réflexion. On n’abattait plus des bêtes, on abattait un travail. Sans état d’âme. En appliquant ces méthodes aux humains, Henri Ford a inauguré les « temps modernes » décrits par Chaplin. L’ère industrielle qui a déshumanisé le travail – et le travailleur.
Dès que nous ne considérons plus les humains comme tels, nous les traitons, dit-on, comme des animaux . Or, traiter sans aucune compassion les animaux, les considérer comme des objets industriels et plus comme des espèces souffrantes, est déjà une cruauté indéfendable.
Je suis complètement d’accord avec ça. J’écrivais il y 3 semaines ces quelques mots, qui, outre le fait qu’ils n’ont pas pris une ride, m’apportent la satisfaction narcissique de me citer moi-même
« Outre qu’elle y perd toute notion de respect de soi et de dignité, l’espèce humaine est en train de mourir de cette capacité à mettre toute émotion de côté pour agir de façon dite « rationnelle » ou « matérialiste ». Les génocides du XXème siècle, le réchauffement climatique, le massacre des phoques n’ont pas d’autre cause.
Essayons les émotions, pour changer. »
Je vous renvoie aussi à mes 3 billets « La préservation des animaux: urgence et éthique » sur le sujet. Je viens de les relire 2 ans après, à froid, et à mon grand étonnement, je ne me suis pas ennuyé une seconde. J’ai même appris des choses !
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10000 € ou bien mon bébé abat ce cobra 12 février 2008
Par Thierry Klein dans : Animaux.Lu 3 314 fois | ajouter un commentaire Billets associés :
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Au Congo, l’ONU respecte son mandat et un commandant de patrouille sauve l’honneur de notre espèce. 6 janvier 2008
Par Thierry Klein dans : Animaux.Lu 5 276 fois | ajouter un commentaire
Au Congo, une patrouille de l’ONU est tombée sur des braconniers qui, après avoir massacré les mères, emmenait les bébés gorilles au marché pour qu’ils soient mangés…
L’ONU, paraît-il, n’a pas mandat pour intervenir. Mais les bébés étaient dans un état suffisamment lamentable (battus, mutilés, apeurés) pour que le commandant de la patrouille décide de les confisquer et les remette à WildLife Direct: une association dont je vous ai déjà parlé et qui effectue un énorme travail.
De temps en temps, certains justes « sortent de leur mandat » et sauvent ainsi l’honneur de toute l’espèce humaine.
Je vous renvoie, une fois de plus, à ces quelques lignes de Romain Gary.
« Ceux qui s’efforcent de changer nos moeurs, peinant pour sauver cette planète et ses habitants humains ou animaux, placent souvent leur espoir d’actions constructives dans notre intérêt propre et notre capacité d’écouter la voix de la raison. Leur raisonnement est juste; quoi que l’homme fasse contre la nature et ses chances de survie, c’est contre lui qu’il le fait. Néammoins, plaider la cause de la préservation au nom de l’homme seulement me paraît être une approche un peu attristante; à mon sens, les défenseurs de l’environnement surestiment la capacité de l’espèce humaine à se conduire rationnellement. Je vois davantage d’espoir pour les espèces menacées – et en vérité pour nous-mêmes – dans les relations irrationnelles entre un homme et son chien, une vieille dame dame et son chat, un enfant et son serpent ou son canari. Après tout, la nature n’est pas quelque chose que l’on peut dissocier des émotions.On ne sauvera pas les grands chats d’Afrique, les serpents géants, le grand panda ou le kangourou en admettant rationnellement que deux et deux font quatre. » …
« Dans les Andes boliviennes, j’ai vu un paysan famélique partager avec son chien quelques vivres que je lui avais données, puis hisser le grand animal squelettique sur son dos pour grimper sur la montagne. Il n’y avait là aucun rationalisme : juste ce que l’on connaît sous le nom d' »humain ». Voir dans les animaux plus que de la viande et de la peau est un acquis culturel, tout comme la beauté, et un tel concept est indissociable des sentiments. Trop longtemps, on les a dénigrés pour n’y voir que du sentimentalisme tout en exaltant le matérialisme au point que le monde a vu holocauste sur holocauste. Essayons les sentiments et les émotions, pour changer. » …
« Ai-je besoin de rappeler au lecteur le massacre des bébés phoques en Norvège ?Il a fallu des générations pour que cette information particulière atteignît le monde extérieur, suscitant un formidable cri de réprobation. Mais les images déchirantes continuent d’arriver, année après année. Il est on ne peut plus clair que c’est autant l’Homme – et oui, avec un H majuscule – qu’on assassine qu’un phoque. Si nous en sommes réduits à invoquer, pour la milliardième fois, les notions de respect de soi et de dignité quand nous avons affaire à une nation aussi humaniste que la Norvège, il se pourrait bien que le chasseur africain analphabète qui épuise son gibier par ignorance soit le moins menaçant pour notre futur.
Nous tuons des poulets, bien sût, des agneaux et des lapins, alors pourquoi pas des phoques, des cerfs, des rinhocéros ou des vigognes ? Je n’ai aucune réponse à cela, mes amis. Pour ce qui est de la raison pure et dure, c’est donc le tueur qui rafle la mise. Le coeur parle ou ne parle pas. Ses raisons sont autant en rapport avec la rationalité qu’avec la beauté » …
« Il est absurde d’encombre nos musées d’oeuvres d’art et de dépenser par millions pour la beauté, puis de la laisser détruire gratuitement, dans toute sa splendeur vivante. »
Via « Gorilla Protection », le blog de Wildlife.
: Ajout 15/01/2008: ce gorille n’a malheureusement pas survécu.
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L’impossible préservation des derniers gorilles des montagnes 25 septembre 2007
Par Thierry Klein dans : Animaux.Lu 4 531 fois | 1 commentaire
Gorilla Protection (en anglais) est un des blogs les plus poignants du Web. Il décrit, jour par jour, le remarquable travail de conservation mené par l’association Wildlife Direct pour (tenter) de sauver les 700 derniers gorilles des montagnes au Congo.
Avec la sensation de plus en plus nette, au fil des billets et des gorilles morts, qu’avec le braconnage, la guerre, la déforestation…tout ce travail est très probablement voué à l’échec.
Wildlife est une petite équipe qui fait un énorme travail. Ils communiquent par voie de blog, directement du terrain. Tous les fonds qu’ils reçoivent sont utilisés sur le terrain (aucun coût administratif). Il est probable que l’ONG que je choisirai pour détenir une partie du capital de ma future entreprise altruiste de véhicules électriques sera Wildlife.
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