Société Générale: incompétence, imbécilité et hypocrisie 24 janvier 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 576 fois | 1 commentaire
1) Comme par hasard, l’annonce de la perte de 5 milliards « du fait d’un seul individu (!) », arrive au moment où la SG doit annoncer sa perte sur les subprimes – 2 milliards, c’est pas brillant, mais l’ampleur de cette somme est comme masquée par la fraude !
2) Comme par hasard, la SG resterait bénéficiaire. Mais l’estimation du résultat de la banque, vu le krach financier, est prequ’impossible cette année (il s’agit d’estimer la valeur de produits volatils complexes). Et comme par hasard, on annonce un besoin de recapitalisation de 5 milliards d’euros (pourquoi donc, si la SG n’a pas perdu d’argent cette année ?).
3) L’ampleur de la fraude proviendrait du fait qu’elle a été constatée tout récemment et que les positions auraient été liquidées « immédiatement », au plus fort du krach, pour des raisons déontologiques ! Ce qui veut dire qu’on aurait couplé la rigidité déontologique la plus extrême, je n’ose dire la plus imbécile, à l’absence totale de contrôle effectif sur les opérations depuis un an.
4) Et enfin, il y a le côté politique, paternaliste, 19ème siècle, de la communication de la banque. Le PDG qui déclare que « tous les maillons de la chaine de contrôle ont été licenciés » (et lui ? Il a présenté sa démission qui a été élégamment refusée par son Conseil d’Administration – autrement dit ses petits copains !). Et j’oubliais ! Il ne se versera pas la part fixe de son salaire (admirez la précision des termes) « pendant au moins 6 mois » ! C’est bien, un bon point en chocolat pour toi, Daniel. Mais communiquer sur son sens de l’honneur, c’est mettre cet honneur au service de la stratégie de communication. Libre à toi de ne pas te payer, mais pour que ça ait une valeur morale, il fallait te taire.
La réalité, c’est que la SG, comme toute les grandes banques françaises, fait de très bonnes affaires, très faciles et sans risques, avec les particuliers et les PME (vous, moi). L’argent facilement (et pour moi, souvent honteusement) gagné, au lieu d’être investi dans notre économie, aura servi au mieux à financer les dettes du consommateur américain – au pire, n’aura servir à rien ou même se retrouvera dans les poches de quelques escrocs.
Heureusement, il nous reste Tsonga.
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Tsonga inaugure la plus grande décennie du Tennis français 22 janvier 2008
Par Thierry Klein dans : Sport.Lu 4 473 fois | 1 commentaire
L’absence de grand champion « révélé » ferait presque oublier qu’il y a 15 français dans les 100 premiers du classement ATP: c’est du jamais vu depuis les mousquetaires.
Dans les prochaines années, il y aura 2 à 5 joueurs dans les 20 premiers du classement, ce qui veut dire, presque statistiquement, 2 ou 3 coupes Davis sur 10 ans – on comprend que Forget s’accroche !
Pour les titres du grand chelem, rien n’est sûr car le champion capable de gagner un grand chelem échappe à la statistique, mais quand même, sur les 10 prochaines années, il serait extraordinaire qu’aucun titre ne revienne à un français. On a connu la même situation chez les filles il y a 10 ans et cela a donné 4 titres du grand chelem – ça devrait donner au moins la même chose chez les garçons.
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Je me joins à Carla et Nicolas pour vous présenter mes meilleurs voeux pour 2008 16 janvier 2008
Par Thierry Klein dans : High-Tech dans le Nord.Lu 4 098 fois | comments closed
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Pôles de compétitivité: le début de la fin 15 janvier 2008
Par Thierry Klein dans : Technologies.Lu 4 405 fois | ajouter un commentaire
Il aura fallu quand même 2 ans pour que surgisse enfin dans le Monde le début d’une ébauche de critique envers les pôles de compétitivité.
Evidemment, les pôles de compétitivité ne sont critiqués ni à gauche, ni à droite. La principale raison est que tout le monde touche… Il y a 71 pôles de compétitivité, presqu’autant que de départements !
Mélangez tout ça avec un peu de mise en scène pompeuse et les mots qui tuent (« innovation », « société de l’intelligence« , »pôle régional »)…
Ce que j’observe (d’assez loin, c’est vrai) dans ma région, c’est 1) le vide sidéral au niveau du contenu des projets, 2) la débauche de créativité (est-ce là l’innovation dont on parle ?) dans les entreprises qui veulent avant tout aller à la soupe (c’est à dire prendre les subventions liées au pôle – le succès industriel est absolument secondaire).
La première chose à comprendre, c’est que la France ne peut pas se concentrer sur 71 pôles… Au maximum sur 4 ou 5, et encore. 71 pôles, ce ne sont plus des pôles, c’est de la dilution, du saupoudrage (plus ou moins bien) organisé. C’est un refus de choisir.
Mais 4 ou 5 pôles, évidemment, ça sera critiqué car tout le monde ne sera pas arrosé… Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, plus on est consensuel, moins on est efficace.
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La presse se meurt… et Jean-François Kahn se trompe d’époque 6 janvier 2008
Par Thierry Klein dans : General.Lu 5 632 fois | 3 commentaires
Pour Jean-François Kahn (le Monde du 5 janvier), les problèmes actuels de la Presse sont en gros des problèmes de lutte des classes et de concurrence déloyale…
Lutte des classes parce qu’il estime que les organes de presse dépendent trop de leurs annonceurs et sont mal gérés (c’est probablement vrai) – et concurrence déloyale à cause du rôle des gratuits.
Ce qui est triste, c’est de voir un de nos plus grands critiques – qui plus est un grand patron de presse – passer complètement à côté des causes structurelles qui font que la presse meurt et qui tiennent en fait en un seul mot: Internet.
La tentative de contrôle sur le contenu des journaux menée par les annonceurs, que dénonce JFK, est vieille comme la Presse elle-même. La concurrence du gratuit est elle-aussi ancienne (elle remonte au moins à l’apparition du premier journal télévisé). Tout ça attaque, mais ne tue pas la presse écrite.
Ce qui tue la presse écrite, c’est que, pour la première fois, il y a monopole dans la distribution de l’information (Google) et dans la régie publicitaire (Google). La presse ne contrôle plus ni son média, ni sa régie. Si je peux donner une clé d’analyse à JFK pour qu’il comprenne: Google, c’est les NMPP à la puissance 1000.
Quelques remarques et conseils:
1) La presse qui ne va pas sur le Net se porte plutôt bien (Du Canard Enchaîne à Voici).
2) Donner son contenu gratuitement (à travers GoogleNews ou en direct, comme le font le Monde, Libé) est un stratégie absurde, qui donne à terme le contrôle du journal à la régie qui exploite le web, autrement dit Google.
3) la presse traditionnelle donne chaque jour son contenu et fait payer ses archives. La bonne stratégie commerciale de départ consiste en réalité à faire payer le contenu du jour à donner ses archives, pour ne pas cannibaliser ses propres revenus !
Je tiens quand même à donner la palme, dans la catégorie « La Presse se suicide », à Europe1. Comme tous les media du groupe Lagardère, Europe1 a pour mot d’ordre stratégique « le Web » – le problème est que la réflexion du groupe, me semble-t-il, s’arrête là. Ainsi, Europe 1 est intégralement disponible sous forme de Podcast (bravo !), mais les podcasts sont expurgés de toute publicité – et donc non rentabilisés par la station auprès des annonceurs !
4) La Presse doit chercher à développer ses propres régies et media de diffusion. Le téléphone mobile est un excellent moyen de diffusion, justement parce qu’il n’est pas gratuit et justement parce que les régies et les opérateurs sont en position de concurrence. Pourquoi croyez-vous qu’Apple se développe sur ce créneau ?
Voir, pour plus de détails, « La presse ne meurt pas, elle se suicide« .
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Au Congo, l’ONU respecte son mandat et un commandant de patrouille sauve l’honneur de notre espèce.
Par Thierry Klein dans : Animaux.Lu 5 279 fois | ajouter un commentaire
Au Congo, une patrouille de l’ONU est tombée sur des braconniers qui, après avoir massacré les mères, emmenait les bébés gorilles au marché pour qu’ils soient mangés…
L’ONU, paraît-il, n’a pas mandat pour intervenir. Mais les bébés étaient dans un état suffisamment lamentable (battus, mutilés, apeurés) pour que le commandant de la patrouille décide de les confisquer et les remette à WildLife Direct: une association dont je vous ai déjà parlé et qui effectue un énorme travail.
De temps en temps, certains justes « sortent de leur mandat » et sauvent ainsi l’honneur de toute l’espèce humaine.
Je vous renvoie, une fois de plus, à ces quelques lignes de Romain Gary.
« Ceux qui s’efforcent de changer nos moeurs, peinant pour sauver cette planète et ses habitants humains ou animaux, placent souvent leur espoir d’actions constructives dans notre intérêt propre et notre capacité d’écouter la voix de la raison. Leur raisonnement est juste; quoi que l’homme fasse contre la nature et ses chances de survie, c’est contre lui qu’il le fait. Néammoins, plaider la cause de la préservation au nom de l’homme seulement me paraît être une approche un peu attristante; à mon sens, les défenseurs de l’environnement surestiment la capacité de l’espèce humaine à se conduire rationnellement. Je vois davantage d’espoir pour les espèces menacées – et en vérité pour nous-mêmes – dans les relations irrationnelles entre un homme et son chien, une vieille dame dame et son chat, un enfant et son serpent ou son canari. Après tout, la nature n’est pas quelque chose que l’on peut dissocier des émotions.On ne sauvera pas les grands chats d’Afrique, les serpents géants, le grand panda ou le kangourou en admettant rationnellement que deux et deux font quatre. » …
« Dans les Andes boliviennes, j’ai vu un paysan famélique partager avec son chien quelques vivres que je lui avais données, puis hisser le grand animal squelettique sur son dos pour grimper sur la montagne. Il n’y avait là aucun rationalisme : juste ce que l’on connaît sous le nom d' »humain ». Voir dans les animaux plus que de la viande et de la peau est un acquis culturel, tout comme la beauté, et un tel concept est indissociable des sentiments. Trop longtemps, on les a dénigrés pour n’y voir que du sentimentalisme tout en exaltant le matérialisme au point que le monde a vu holocauste sur holocauste. Essayons les sentiments et les émotions, pour changer. » …
« Ai-je besoin de rappeler au lecteur le massacre des bébés phoques en Norvège ?Il a fallu des générations pour que cette information particulière atteignît le monde extérieur, suscitant un formidable cri de réprobation. Mais les images déchirantes continuent d’arriver, année après année. Il est on ne peut plus clair que c’est autant l’Homme – et oui, avec un H majuscule – qu’on assassine qu’un phoque. Si nous en sommes réduits à invoquer, pour la milliardième fois, les notions de respect de soi et de dignité quand nous avons affaire à une nation aussi humaniste que la Norvège, il se pourrait bien que le chasseur africain analphabète qui épuise son gibier par ignorance soit le moins menaçant pour notre futur.
Nous tuons des poulets, bien sût, des agneaux et des lapins, alors pourquoi pas des phoques, des cerfs, des rinhocéros ou des vigognes ? Je n’ai aucune réponse à cela, mes amis. Pour ce qui est de la raison pure et dure, c’est donc le tueur qui rafle la mise. Le coeur parle ou ne parle pas. Ses raisons sont autant en rapport avec la rationalité qu’avec la beauté » …
« Il est absurde d’encombre nos musées d’oeuvres d’art et de dépenser par millions pour la beauté, puis de la laisser détruire gratuitement, dans toute sa splendeur vivante. »
Via « Gorilla Protection », le blog de Wildlife.
: Ajout 15/01/2008: ce gorille n’a malheureusement pas survécu.
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