Le coût caché de la réussite pour tous les élèves 5 décembre 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 2 fois | ajouter un commentaire
Chef d’entreprise, je fais régulièrement passer des entretiens d’embauche à de jeunes candidats. Je constate un phénomène qui n’a cessé de s’aggraver depuis quinze ans : les diplômes, même pour de très jeunes diplômés, ne signifient plus rien quant au niveau scolaire réellement atteint par les candidats. Les conséquences pour le diplômé et pour mon entreprise, en l’occurrence une PME, sont graves.
La sélection par entretien privilégie la forme sur le fond, le savoir-être sur le savoir, le social sur la compétence.
La multiplicité des diplômes (Master I, II, écoles diverses) et leur absence souvent totale d’exigence entraîne une multiplicité d’entretiens et, pour une PME, une impossibilité de valider le niveau réel de tous les candidats. Le faire serait rentrer dans un processus très lourd, équivalent à l’organisation d’un examen pour chaque candidat. En conséquence, la performance à l’oral prime, au moins au début du processus. Nous laissons probablement beaucoup de candidats de valeur au bord du chemin au détriment de candidats qui se présentent bien. Se présenter est une aptitude sociale, un « savoir-être » (ou plutôt “paraître”), ce n’est pas, le plus souvent une qualité de fond. Mais le fond, le diplôme ne le valide plus.
Les erreurs à l’embauche se multiplient
La chute de niveau général est énorme et généralisée. Je vois aujourd’hui des Bac + 5 incapables de rédiger un texte de 10 lignes sans plusieurs fautes d’orthographe (je ne parle même pas de structurer intelligemment un texte ou un argumentaire). Dans le secteur scientifique, beaucoup de Master II ne sont pas capables de résoudre (encore moins de poser) des exercices de niveau BEPC des années 70. Le phénomène commence, depuis 5 ans, à toucher des écoles d’ingénieurs ou de commerce réputées.
Un coût annuel de plusieurs milliards pour la collectivité
Le coût pour l’entreprise de cette baisse de niveau est énorme. Ne pouvant recruter un candidat au niveau, elle va devoir faire rentrer les jeunes embauchés en période d’observation, voir s’ils sont capables de s’adapter et de progresser. Or cette adaptation (en fait une formation) est forcément longue (typiquement 1 an) et va largement au-delà de la période d’essai. Le taux d’échec est important et crée des tensions, des rancœurs, des conflits juridiques, bref une inefficacité énorme dans l’entreprise.
A l’échelle de Speechi, PME de 20 personnes, ce coût est de plusieurs dizaines de milliers d’euros par an. Ce qui veut dire qu’à l’échelle du pays, on parle en milliards. Tel est le coût caché économique de la baisse de valeur généralisée des diplômes, de la fameuse « réussite pour tous les élèves ».
Une génération sacrifiée
Encore n’a-t-on parlé, jusqu’à présent, que d’efficacité et d’argent. Mais le coût personnel, psychologique pour les jeunes diplômés est lui aussi énorme. Quand on a fait 5 ans d’université, on s’attend à pouvoir disposer d’un poste en rapport avec ce nombre d’années d’études. On a, et c’est normal, des espérances, de l’ambition et, normalement, un avenir. Or, de plus en plus, cette espérance est un mythe : pour 90% des jeunes diplômés, le diplôme d’études supérieures n’est plus le sésame espéré et le sera de moins en moins.
J’insiste sur le fait que le bon étudiant, qui a effectué des études sérieuses, a de fortes chances d’être traité par l’entreprise comme le mauvais étudiant, au moins pendant un certain temps car l’entreprise n’a ni les compétences ni le temps pour les différencier. D’autant plus que, démagogie suprême, l’université aura probablement octroyé au « bon » comme au « mauvais » étudiant un bulletin de notes très similaire.
Et on en arrive à ce paradoxe, qui n’est qu’apparent : la réussite de tous les élèves devient l’échec de tous les élèves. La culpabilité de notre système scolaire et universitaire est immense. Nous sacrifions cette génération.
De la réussite de tous les élèves au chômage pour tous les diplômés
Tout ceci fait que, de plus en plus, nous avons tendance à privilégier l’embauche de professionnels expérimentés, ayant 10 à 15 ans d’expérience, même si leur expérience, dans des métiers aussi high-tech que ceux que nous proposons, ne colle pas parfaitement à nos besoins. Au moins ces candidats offrent-ils de bien meilleures garanties quant à leur niveau général. Alors que nous avons vocation à embaucher de jeunes diplômés, tout se passe pour eux comme si, de fait, nous les discriminions.
Il y a un raisonnement que l’on répète à l’Éducation nationale comme un mantra : comme les élèves qui sortent sans diplôme sont ceux qui s’insèrent le moins bien dans la vie professionnelle, il faut faire en sorte que tous sortent avec un diplôme. Mais tel quel, ce raisonnement tient de la pensée magique. Au lieu de tenter d’amener chaque élève au niveau du diplôme, ce qui aurait évidemment des conséquences bénéfiques pour l’élève et pour la société, on donne systématiquement le diplôme à l’élève, quel que soit son niveau, ce qui a des conséquences négatives pour l’élève et pour la société.
La confiance des français en leurs diplômes était immense et si, au début le système a « tenu », il s’effondre aujourd’hui. Le niveau de confiance dans le diplôme est en chute libre et le diplôme n’est plus protecteur (même si, effectivement, on reste content de le posséder ou que nos enfants le possèdent). Le cas le plus emblématique est évidemment le baccalauréat, mais je constate que même des écoles de commerce ou d’ingénieurs réputées sont en train de sombrer.
Notre société s’épuise à financer un système scolaire et universitaire de plus en plus coûteux dont le simple but devient de retenir les élèves à l’école, les étudiants à l’université, à tout prix, sans se préoccuper réellement du niveau atteint. La plus-value « économique » de ce système pour le pays est de plus en plus faible. Cette plus-value économique n’est certes pas l’objectif premier de l’école, qui depuis Jules Ferry a d’abord eu pour but de former des citoyens libres, au sens du premier article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Mais le système scolaire et universitaire est depuis trente ans pétrifié par la crainte du chômage. Toutes les réformes s’y sont faites au nom des sacro-saintes efficacités professionnelle et économique. L’enseignement des savoirs généraux a reculé au profit des compétences dites professionnelles, comme on l’a encore vu dans la récente réforme du Collège qui abandonne en rase campagne les matières générales « inutiles » (par exemple Latin et Allemand) au profit des l’Anglais, langue professionnellement « utile ».
On voit aujourd’hui comment la conséquence ultime – et immorale envers nos jeunes – de cet abandon crée en fait toujours plus de chômage.
La fin de la sélection, le règne du piston
Je termine par un cas pratique, vécu tout récemment. Un BTS (Bac +2) de la région propose à tous ses élèves une formation en alternance (pourquoi pas puisqu’un BTS est une formation professionnelle). Mais il n’admet l’inscription d’un élève que si celui-ci a pu se trouver un stage long (2 ans) en entreprise lui permettant de régler ses frais de scolarité. L’entreprise est censée former le candidat mais doit aussi s’engager sur un contrat à durée déterminée, rémunéré au niveau du SMIC, de deux ans (ce qui veut dire que l’entreprise ne pourra interrompre ce contrat, quelle que soit la performance ou la motivation de l’étudiant).
Évidemment, l’école qui délivre le BTS démissionne de sa tâche, qui est de former l’élève pour qu’il trouve un emploi et non pas de le forcer à trouver un emploi pour financer son école. Mais quelles sont les conséquences pour l’étudiant ?
Soit l’entreprise recherche de la main-d’oeuvre à bas coût et elle recrute un tel candidat (il y a des dégrèvements de charges sociales pour le faire) sans aucun objectif de formation. C’est ce qui se passe dans 90% des cas. Soit elle connaît le candidat et l’embauche parce qu’elle le connaît – que cette décision soit bonne ou mauvaise, quelle que soit la valeur du candidat, il s’agit de piston. Et c’est là que je voulais en venir : la réussite de tous les élèves, la baisse du niveau des diplômes, cela conduit au règne du piston – la sélection par l’origine sociale.
Tout le contraire de l’école républicaine.
Ce billet a été rédigé avant la publication, la semaine dernière, de l’enquête internationale TIMMS qui met en évidence la baisse de niveau du bac, mais cette enquête l’éclaire évidemment d’un jour particulier – et le confirme.
Que montre le graphique ci-contre ? De 1995 à 2015, le pourcentage de mentions au bac S a doublé, le pourcentage de mentions “Très bien” a été multiplié par 10. Simultanément, le pourcentage de bacheliers ayant un niveau très élevé en maths a été divisé par 15, le pourcentage de bacheliers ayant un niveau élevé a été divisé par 5.
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Céline Alvarez, Maria Montessori, Mlle Grenier, la Belle et Lumineuse Nature et moi 8 octobre 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 14 fois | ajouter un commentaire
En 1967, mon institutrice de maternelle, Mlle Grenier, a testé la méthode de lecture Montessori. Aux vacances de pâques, j’ai lu mon premier livre de bibliothèque rose à la grande joie de mes parents (même si, rétrospectivement, ma virilité a un peu de mal à assumer qu’il s’agissait de « Blanche-Neige »).
J’avais appris à lire sans avoir à fournir le moindre effort, du moins est-ce l’impression qui, aujourd’hui, m’en reste. Dès le mois d’avril 68, je lisais parfaitement, très rapidement, naturellement à la différence des autres enfants que j’ai pu côtoyer ensuite qui, le plus souvent, déchiffraient laborieusement les textes ; pour certains jusqu’en classe de 3ème.
A la fin de l’année, cinq autres élèves étaient dans mon cas et lisaient parfaitement. Tous les autres enfants de ma classe de maternelle étaient capables de déchiffrer, mais de façon plus lente.
J’ai toujours pensé que cette faculté de lire « automatiquement » avait été une grande chance pour mes études. Conjecture : comme je lisais parfaitement, une toute petite partie de mon cerveau était mobilisée pour la compréhension des mots, le reste était libre pour tout ce qui était plus compliqué, la compréhension du sens réel, l’élaboration, la création, la critique… Toutes ces capacités, j’ai pu les développer très tôt grâce à Mlle Grenier, même si ce n’était plus dans sa classe. L’avance prise à quatre ans augmente mécaniquement avec le temps, c’est injuste mais c’est comme ça. Et c’est pourquoi l’école primaire est si importante.
Je me souviens qu’à la fin de l’année scolaire, Mlle Grenier a été inspectée. C’est la seule fois où nous avons entendu monter le ton dans la classe – mon institutrice était une femme décidée, mais douce et discrète. L’inspecteur lui a fait la remarque que sa méthode n’était pas autorisée et lui a demandé de ne plus l’utiliser. Mlle Grenier a objecté que six enfants lisaient déjà couramment, que les autres déchiffraient. Ce n’était pas si mal pour une classe de maternelle où le temps consacré à la lecture n’avait pas été très important – nous jouions avec les fameuses cartes de 15 mn à 1h par jour. Mlle Grenier a dû arrêter, en fin d’année, cet enseignement.
Quarante ans plus tard exactement, en 2007, quand ma fille a eu quatre ans, j’ai acheté le kit Montessori. Constitué d’une grosse boîte à chaussures et de quelques cartes cartonnées, cela ne nécessite aucun moyen contrairement à ce que je lis dans cet article consacré à Céline Alvarez, qui aurait bénéficié de 10 000 € de matériel pédagogique et d’une assistante d’éducation « rompue à la méthode Montessori ». Sans parler du fait que Céline Alvarez serait « capable de travailler 100 h par semaine ». Quand on m’annonce de de telles performances, j’ai immédiatement, dans un coin de ma tête, une cloche qui résonne (raisonne) en tintant « Propagande, propagande ! ».
J’ai dû passer 10 mn par jour avec ma fille, qui alors, en maternelle, ne suivait aucun apprentissage de la lecture. J’ai reproduit strictement la méthode qu’avait, dans mon souvenir, appliquée Mlle Grenier et vous savez quoi ? A la fin de l’année, ma fille lisait correctement ! Je précise que je n’ai aucune expérience pédagogique. La grande modestie qui me caractérise m’oblige de plus à admettre que, de l’avis général, y compris malheureusement de celui de mes enfants et de ma femme, je suis un piètre pédagogue. Bien entendu, je suis intimement convaincu que ma fille a une « belle et généreuse nature » (comme son père) mais je suis donc loin d’être persuadé, comme Céline Alvarez, que mes techniques pédagogiques aient contribué à révéler cette dite nature !
Deux ans plus tard, mon fils a repris la « boîte à chaussure » et a commencé avec Montessori. J’avais moins de temps pour lui, à cette époque. Je rentrais assez tard le soir, lorsqu’il était déjà couché. J’ai eu la chance de trouver cette petite application qui mettait en œuvre la méthode Montessori sur une tablette iPad, avec les deux grands avantages suivants (dont j’ai pris conscience au fil du temps):
- la méthode Montessori nécessite habituellement la supervision d’un adulte qui « vérifie » les mots et valide le passage des niveaux. Sur tablette, l’application propose les mots et permet à l’enfant de franchir les niveaux presque sans assistance.
- Le temps de l’adulte limite habituellement le nombre de mots proposés à l’enfant, or plus l’enfant écrit de mots, plus vite il apprend à lire. La tablette peut proposer un nombre quasi-infini de mots à l’enfant, qu’elle rend « accro » et cette dépendance permet de progresser. Si je voulais donner un semblant de caractère psy à mon discours, je dirais que la dépendance à la machine remplace de façon avantageuse le transfert au professeur.
C’est le seul exemple que je connaisse où l’usage d’une tablette, et l’addiction dans laquelle elle enferme l’enfant, a un effet positif sur l’apprentissage (1).
En avril, mon fils savait lire correctement. Et il avait appris presque tout seul, avec un iPad.
C’est dire si je ne suis que peu surpris des résultats que Céline Alvarez a obtenus avec sa classe. Je n’ai en fait jamais compris pourquoi cette méthode n’avait pas été plus développée, ou au moins testée, par l’Education Nationale. Il n’y a pas besoin d’invoquer une expérience quasi-mystique, comme le fait Céline Alvarez, qui visiblement a roulé fin-fin-fin les fameuses cartes en papier, fourré pas mal de moquette à l’intérieur et fumé le tout en hommage à la « Belle et Lumineuse Nature ». Il n’y a pas besoin non plus d’adhérer aux autres préceptes ou théories de Maria Montessori – la méthode de lecture elle-même peut-être isolée de tout cadre pédagogique plus ou moins grandiose et mérite d’être testée en tant que telle.
Je précise que la méthode Montessori est une méthode syllabique, non globale, qui consiste en fait à apprendre à écrire les mots. La capacité à les lire vient automatiquement ensuite, « gratuitement » pour l’enfant, comme une sorte de bénéfice secondaire. Jamais l’enfant n’apprend à lire mais à un moment, il « sait ».
L’Education Nationale manque toujours, paraît-il, de « données scientifiques concernant les résultats obtenus » – cela fait au moins quarante ans (en fait 100 ans pour Montessori) que ça dure, il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Cela a pour conséquence de transformer des débats qui devraient être purement techniques en des affaires politiques, voire mystiques.
Ajout : un cas d’école pour l’évaluation aléatoire
C’est précisément pour faire bouger les lignes qu’en 2012, j’ai lancé, chez Speechi, le développement de notre logiciel d’évaluation sur tablettes « Je Lève La Main ». Le but est de pouvoir facilement et rapidement tester et comparer les résultats de différentes classes utilisant des méthodes pédagogiques différentes et de se servir des résultats obtenus pour influencer les politiques pédagogiques. D’éviter la mise en place à marche forcée de réformes potentiellement destructrices (réforme du collège, réforme des rythmes scolaires) sans expérimentation – alors que cette expérimentation pourrait être menée de façon non destructrice, peu coûteuse et légère en quelques semaines. De petit à petit transformer la pédagogie, qui est aujourd’hui un art, en une science expérimentale.
J’avais clairement en tête, dès le départ, l’application de cette méthode expérimentale à la méthode Montessori qui présente un double intérêt : elle est facilement évaluable et c’est, dans sa version numérique, une application utile (la seule ?) des tablettes à l’école.
Dans l’état actuel de notre logiciel, si quelques dizaines d’enseignants de maternelle et leurs élèves disposent de tablettes pour leur enseignement, il serait ainsi facile de répondre de façon rigoureuse, en quelques semaines à quelques mois, aux questions suivantes :
- La méthode Montessori permet-elle d’apprendre à lire plus ou moins rapidement que les méthodes syllabiques traditionnelles ?
- L’application Montessori sur tablette permet-elle d’accélérer l’apprentissage ?
- L’apprentissage par Montessori a-t-il un impact sur l’orthographe des élèves (je conjecture que oui, car les élèves apprennent à écrire avant de lire. Cela peut aussi, grâce au logiciel que nous avons créé, être évalué).
- L’apprentissage par Montessori développe-t-il le goût pour la lecture ? (Je conjecture aussi que oui, mais cela peut et doit être évalué).
Si des enseignants dont la classe est équipée en tablettes lisent cet article, je le leur lance d’ores et déjà un appel, qu’ils utilisent une méthode traditionnelle, Montessori ou globale.
(1) Pour en savoir plus sur l’introduction des usages de l’informatique à l’école, voir ce document, page 2 (“Une promesse coûteuse et non tenue”)
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A l’heure de la révolution numérique, une école citoyenne est-elle possible ? 3 octobre 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 2 fois | ajouter un commentaire
Propositions peu coûteuses pour l’école numérique
“La politique éducative en matière de technologie numérique, au sens noble du terme, doit avoir pour but de réduire le décalage entre “la promesse numérique” et l’utilisation réelle, moyenne, statistique, des technologies numériques (aujourd’hui, une catastrophe).
Depuis trente ans, l’Education Nationale a utilisé, en matière de numérique comme en d’autres matières, des méthodes coûteuses, lourdes, inefficaces et souvent destructrices.
Les mesures que nous préconisons sont infiniment moins coûteuses et plus simples à mettre en place mais reposent sur une meilleure compréhension des enjeux et des objectifs.
Nous pensons qu’elles auront pour effet de transformer profondément l’école numérique et, pour ce qui est de l’introduction de la culture de l’évaluation, l’école tout court.”
Comment faire ?
Vous le saurez en lisant mes propositions pour l’école numérique.
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Claude François est bien mort, mais le ridicule de la réforme du collège ne tue visiblement pas. 28 avril 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 0 fois | ajouter un commentaire
“Alors qu’il prenait un bain, le chanteur Claude François remarqua que l’applique surplombant sa baignoire n’était pas droite…”
D’après le rapport de police
“La résistance du corps de Claude François était faible et a permis le passage d’un courant de forte intensité !”
Analysez le rapport de police et déduisez-en la résistance électrique du corps humain!
Je croyais que c’était un fake, mais non, il s’agit bien d’un VRAI EPI (Enseignement Pompeux Pratique Interdisciplinaire) dans le cadre des nouveaux programmes.
A force de rire, je vais peut-être changer d’avis et devenir favorable à la réforme !
Rendre l’EPI “Claude François” encore plus riche (quelques pistes)
Innovation industrielle
Le rapport de police nous indique que le chanteur est resté “collé à l’applique”. Rédige le brevet de cette nouvelle colle miracle et dépose le toi-même à l’INPI.
Ecologie
Décris les conséquences dramatiques de l’usage d’une ampoule réactionnaire à haute tension. Calcule les gains d’énergie et de sécurité liés à l’utilisation d’une ampoule progressiste de type LED.
Instruction civique Education citoyenne
C’est qui qui serait encore en vie si Castorama avait été ouvert le dimanche ? Profite-z-en pour analyser les conséquences des lois El Khomri et Macron sur le futur de la Chanson Française.
Langues anciennes (LCA Latin / Grec)
Recherche le texte original d’Alexandrie / Alexandra dans Google et interprète-le en chantant toi-même, en situation, dans ton bain, wo-wo-wo.
Physique
Recherche dans Wikipedia la conductivité interne et l’effusivité thermique de la sirène. Que se passe-t-il alors si elle pose sa langue sur la lumière du phare d’Alexandrie ?
Français
“Il a frit, il a tout compris.”
Commente cet éloge funèbre prononcé par Gilbert Bécaud (Monsieur 200 000 Volts) en t’appuyant sur les chansons que tu as étudiées et chantées ainsi que sur ton expérience personnelle avec la Freebox.
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Nos nouveaux écrans interactifs géants sont à l’interactivité ce que l’iPhone a été a la téléphonie. 13 avril 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 1 fois | ajouter un commentaire
Nos nouveaux écrans interactifs sous Android apportent, comme je le prévoyais, des usages radicalement nouveaux. Du fait de leur puissance et de leur simplicité, ils changent complètement l’usage de l’interactivité dans les salles de classe et de réunion. Nous recevons presque chaque jour de nouveaux témoignages d’utilisateurs qui nous disent que ces écrans “changent la vie”, que ce soit à l’école ou en entreprise. (J’essaierai de publier, au fil de l’eau, quelques uns de ces témoignages).
Pourquoi Android ?
Cette question m’est souvent posée. A quoi le système d’exploitation de l’écran sert-il ?
La réponse est la suivante :
Nos nouveaux écrans tactiles géants sont à l’interactivité ce que l’iPhone a été à la téléphonie.
Ils vont être admirés, dénigrés, copiés (c’est déjà le cas !), mais on ne reviendra plus jamais en arrière.
Même pour moi, il est difficile de dire exactement à quoi tient ce « saut quantique » dans les usages autour des nouveaux écrans interactifs. C’est en fait un ensemble de facteurs qui, conjugués, changent radicalement les choses.
Ces nouveaux écrans en effet ont les qualités suivantes:
- L’ergonomie obtenue du fait de l’Android embarqué. L’écran est plus intuitif, plus simple à utiliser.
- La réactivité parfaite (plus de latence visible, là aussi à cause de l’Android embarqué)
- Les applications plus nombreuses, sous Android
- Le fait que le PC, matériel complexe et coûteux, n’est plus obligatoire
- Le prix (c’est notre grosse différence par-rapport à l’iPhone : nos écrans ne sont pas chers !)
- La qualité d’image et la fiabilité (ce point est commun, grosso modo, à la plupart des bons écrans interactifs du marché, mais ne suffit pas à lui tout seul)
Une conjugaison de facteurs
Aucun des facteurs listés ci-dessous n’est à lui seul déterminant. Additionnés ensemble, ces facteurs changent radicalement l’usage qu’on peut faire, en classe ou en entreprise, d’un écran interactif. C’est pourquoi je préfère parler de tablette tactile géante connectée que d’écran interactif – écran interactif fait trop référence, pour moi, au monde d’avant.
Ce n’est pas tant la couche Android qui change les choses que le fait d’avoir un système d’exploitation puissant permettant de manipuler parfaitement l’écran. De même qu’il y a différents systèmes d’exploitation qui fonctionnent pour la téléphonie (iOS, Android, Windows Phone), il pourra y avoir, dans le futur, différents systèmes d’exploitation pour les écrans tactiles – nous travaillons d’ailleurs en ce sens.
La disparition des autres solutions interactives fixes est en cours
Ce qui s’est passé pour Nokia est en train de se passer pour toutes les solutions interactives fixes antérieures aux écrans Android (par exemple les tableaux interactifs fixes): ces solutions vont progressivement (mais assez rapidement) disparaître. (Voir “Les fabricants de tableaux interactifs sont morts“).
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- Le coût d’usage d’un écran interactif est devenu inférieur à celui d’un tableau interactif ou d’un vidéoprojecteur interactif
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Le nouvel écran tactile SpeechiTouch: téléportation et norme “Deep thought” (vidéo, 2 mn) 31 mars 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 1 fois | ajouter un commentaire
Avec ces nouvelles fonctionnalités de “Deep thinking” et “Téléportation d’objets”, nous avons au minimum 10 ans d’avance sur toute la concurrence. Je suis très fier de vous les présenter en vidéo, c’est le résultat de plusieurs années de travail.
Nouvelles fonctionnalités de télétransmission de l’écran interactif tactile en vidéo
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Le coût d’usage d’un écran interactif est devenu inférieur à celui d’un tableau interactif ou d’un vidéoprojecteur interactif 14 décembre 2015
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 5 fois | ajouter un commentaire
Cela ne se sait pas encore, mais un écran interactif est d’ores et déjà, à l’usage, plus intéressant financièrement qu’un vidéoprojecteur interactif.
Un vidéoprojecteur interactif, sur une durée de 5 ans, va coûter environ 1 500 € (achat) + 500 € (lampes / filtres à remplacer) + 300 € (interventions diverses de maintenance) + 500 € (installation), soit environ 3 000 €, c’est à dire 600 € / an avec de multiples désavantages par-rapport à l’écran interactif:
- qualité d’image moyenne, qui n’a rien à voir avec celle d’un écran interactif
- risques d’éblouissement (élèves, professeurs)
- ombre portée (même en focale ultra-courte)
- qualité d’image non constante (car la lampe vieillit de façon continue jusqu’à sa dégradation complète)
- fiabilité moindre que celle d’un écran interactif (et donc plus de jours de panne)
Un écran tactile de 84″” tels que ceux que nous proposons, sous Android, va coûter sur 10 ans, environ 6 500 € (achat) + 500 € (installation), soit 700 € / an.
– Un écran interactif de 75” : environ 540 € / an
– Un écran interactif de 65” : environ 370 € / an
– Un écran interactif de 55″ : environ 270 € / an
Pourquoi sur 10 ans ? Parce que les écrans interactifs sont munis d’une dalle LED qui va durer, en moyenne, 50 000 heures (contre 3 à 6 000 heures pour la lampe d’un vidéoprojecteur). 50 000 heures, c’est environ 30 ans d’usage à raison de 8 h / jour. Et la qualité de la dalle, donc de l’image, va rester constante (pas de vieillissement).
Beaucoup d’écoles ne peuvent pas investir aujourd’hui dans un écran interactif car leur investissement est limité, mais si elles regardaient le coût d’usage, on voit dans le graphique ci-dessous qu’elles devraient le faire, au moins pour toutes les tailles jusqu’à 75” (suffisant pour une salle de classe).
Les entreprises devraient systématiquement investir dans un écran interactif plutôt qu’un vidéoprojecteur. D’abord, le gain d’usage, qui joue directement sur la qualité de présentation, est incomparable. Ensuite et surtout, les écrans interactifs sont d’ores et déjà moins chers que les tableaux et vidéoprojecteurs interactifs – et les entreprises peuvent facilement lisser leur investissement, via un leasing ou un emprunt.
Financièrement, le vidéoprojecteur interactif n’est plus intéressant que pour les images de diagonale supérieure à 84”. Il existe une plage (grosso modo de 85 à 110”) où le coût d’usage d’un écran interactif reste plus élevé : ce sont les seules dimensions pour lesquelles le vidéoprojecteur interactif peut se justifier, en dépit de sa faible qualité. Car au delà de 110”, l’image est trop grande pour être rendue interactive (si vous mesurez 1,75 m, vous n’arriverez plus à atteindre le haut de l’écran).
(Voir aussi mon article de 2009 où j’annonçais la fin à venir du tableau blanc interactif fixe. Nous y sommes).
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Les fabricants de tableaux blancs interactifs sont morts (et c’est mérité !) 17 novembre 2015
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 3 fois | ajouter un commentaire
Un échec industriel
Les principales marques de tableaux interactifs qui existaient quand j’ai lancé Speechi en 2004 ont soit disparu, soit été rachetées à cause de la faiblesse de leurs résultats (Interwrite, Promethean), ou recherchent un acquéreur pour des raisons similaires (Smart).
Même eBeam, marque pour laquelle j’ai évidemment la plus grande tendresse et aussi une grande admiration, n’a pas réussi au niveau mondial comme cela a pu être le cas en France, où notre part de marché est de l’ordre de 30 % (pas mal quand même pour un petit TBI qui s’est fait traiter de gadget la première fois que nous l’avons montré au “spécialiste” en charge du domaine à l’Education Nationale).[Je me souviens encore des remarques que nous avons dû subir en 2004:
– “C’est trop léger, dans une classe, il faut du lourd”. Alors que c’est exactement le contraire.
– “Ca ne marchera pas sur le long terme, ça sera volé” (Résultat des courses: moins de 2 vols par an).
– “Ca tombera en panne” (Ca tombe tellement peu en panne que nous avons fini par le garantir 7 ans…).
– “Ca ne peut concerner que quelques profs nomades” (Résultat: avec plus de 60 000 unités vendues en France, ce TBI est sans doute le plus utilisé).]
Quelles sont les raisons de cet échec ?
Manque de vision technologique
Les tableaux interactifs n’ont jamais révolutionné l’enseignement, comme les slogans publicitaires ronflants tentaient de le faire croire. Ils sont restés de simples moniteurs branchés sur des PC. Le virage des tablettes n’a jamais été pris par les constructeurs de TBI. J’écrivais en 2012:
“Il est impossible pour un enseignant d’arriver en cours avec son IPAD, de le connecter (sans fil) à son tableau interactif et à son vidéoprojecteur et de faire cours comme il peut le faire avec son PC. Une telle application paraît pourtant “évidente”.”
et ceci reste, de façon surprenante, toujours vrai aujourd’hui. L’industrie a été tout bonnement fainéante.
Un modèle économique court-terme
Les principaux leaders du tableau interactif étaient financés par du capital risque ou par la bourse, parfois par les deux (Smart, Promethean). Ce modèle aide certes le développement des entreprises mais il est aussi très “court terme”, avec une trop grande pression sur les résultats immédiats de l’entreprise et peu stable quand le marché se retourne (ce qui a été le cas en 2011 / 2012).
Au moment où l’entreprise a changé de main, Promethean valait environ 100 millions de dollars, soit 7 à 10 fois moins qu’à son apogée, quelques années plus tôt. Smart vaut sans doute aujourd’hui environ 60 millions de dollars, soit environ 15 fois moins qu’en 2010. Quand une entreprise perd autant de valeur, il est très dur de conserver son savoir-faire (les meilleurs éléments sont partis). Il est parfois très dur de la faire tout simplement survivre.
L’industrie du TBI est peut-être une industrie morte d’avoir eu trop d’argent, trop tôt.
Une vision de l’éducation et de l’Homme indigne des enjeux
L’objectif initial était (et reste !) d’utiliser les technologies numériques pour améliorer le niveau des élèves, mais les études montrent aujourd’hui, de façon constante, que les tableaux interactifs n’améliorent pas le niveau des élèves. Les tablettes numériques, utilisées par les élèves comme des outils de jeu, ne font probablement que baisser leur niveau – ce qui n’empêche pas les gouvernements d’investir, un peu partout, dans de coûteux programmes d’équipement des élèves.
Tout ceci n’empêche nullement l’industrie du numérique de continuer à s’auto-congratuler, de se présenter comme indispensable et de multiplier les promesses éducatives – promesses non tenues depuis dix ans.
Le fait d’échouer n’est en soi pas honteux. La recherche sur le cancer existe depuis 100 ans et le cancer n’est toujours pas vaincu. Ce qui est plus grave (et même parfois honteux), c’est que l’industrie numérique ne s’est pas donné, d’une façon générale, les moyens de ses ambitions.
- Elle a utilisé des moyens de lobbying agressifs, allant peut-être jusqu’à la corruption (le cas des tableaux blancs interactifs au Canada). Les techniques employées (débauchage de membres de cabinets ou de fonctionnaires influents) n’ont pas été limitées au seul Canada.
- Elle a systématique caché la faible valeur ajoutée des TBI et pire, a financé des études favorables (comme a pu le faire l’industrie du tabac). Voir “Le bilan noir du tableau interactif”.
- Elle ne s’est jamais dotée de techniques ou d’indicateurs fiables permettant d’évaluer sa performance (ce qui, au fond, constitue l’aveu criant qu’elle n’y croit pas ou qu’elle s’en fout royalement !).
Divertissement contre savoir. Comme les tableaux interactifs ne pouvaient pas être présentés sous un angle pédagogique, on a plaidé “la fin de l’ennui”, “la modernité dans les écoles” – arguments qui ne veulent rien dire mais qui sont visiblement bien acceptés politiquement si on en juge par ceux fournis pas le gouvernement pour justifier la réforme du collège. L’industrie s’est noyée dans le ludique au détriment du savoir (et ça continue avec l’introduction des tablettes). Il me semble particulièrement significatif que Promethean ait été racheté par une société (chinoise) qui est un acteur important… du jeu en ligne !
Peu d’avantage technologique
Les principes techniques sur lesquels reposaient la technologie des TBI fixes étaient simples et les points clés complexes à protéger. Depuis 2005-2010, les usines chinoises produisent des TBI qui ont été d’abord de pâles copies, puis se sont améliorées. La plupart des TBI que vous achetez aujourd’hui, même quand il s’agit de marques européennes ou nord-américaines, sont produits en Chine. Et on assiste donc au paradoxe suivant, pour moi désolant, et que je vais vous laisser méditer avant d’aller prendre un repos bien mérité:
Alors que leur plus-value pédagogique est le plus souvent nulle ou non observable, les sommes dépensées par les états occidentaux au nom de l’école numérique (plans tablettes, écrans interactifs, vidéoprojecteurs interactifs) ont contribué au développement de l’industrie et de la R&D chinoise.
Que faudrait-il faire ?
En fait, il faudrait faire exactement le contraire.
- Penser le TBI non pas comme un périphérique du PC, mais comme un module autonome, doté de son propre module d’exploitation (1).
- Cesser de s’auto-congratuler et être critique vis à vis de nos propres réalisations (on me reproche souvent, on va me reprocher demain) d’être trop négatif (c’est peut-être le cas mais je préfère la critique à l’auto-satisfaction systématique).
- Cesser le mélange des genres (intérêts privés / intérêts publics). Ce n’est pas le chemin qui est pris si j’en crois les dernières annonces concernant les “partenariats” Microsoft / Education Nationale ou même si j’analyse l’origine des intervenants lors des conférences organisées la semaine prochaine à Educatice ( mélange des genres garantis).
- Se doter d’indicateurs fiables (pas un euro ne devrait être investi dans le numérique sans évaluation associée et préalablement définie).
Là encore, on n’en prend pas, c’est le moins qu’on puisse dire, le chemin. Et pourtant, malgré tous ces problèmes, ces excès, ces erreurs, il n’y a pour moi aucun doute: le numérique va changer profondément l’éducation dans les années à venir et je pense que ce sera vraiment pour le meilleur.
Je suis comme le vieux chanteur d’Aznavour (veste bleue en moins): j’y crois encore !
(1) Rafi Holtzmann, président de Luidia, dont j’ai souvent parlé dans ce blog, me semble avoir été le plus “proche” de cette vision, sans cependant la finaliser.
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Le billet que j’aurais préféré ne jamais écrire 15 novembre 2015
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 1 fois | ajouter un commentaire
Paris 13 novembre 2015Lutter contre le terrorisme, c’est, à court terme, une affaire de police (chez nous) ou militaire (en Syrie), de façon à ce que les entreprises terroristes ne puissent aboutir, faute de moyens ou d’armes.
Mais à long terme, pour vaincre ce fanatisme suicidaire, je ne vois que l’école. Car, au-delà de leur religion, je fais le pari que tous les kamikazes d’hier, comme ceux de Charlie partageaient la même ignorance crasse, sans laquelle leur endoctrinement serait impossible.
Ils ne sont pas courageux, c’est important de le répéter, car il n’y a pas de courage sans connaissance assumée du danger. Ils sont au sens propre inconscients, car ignorants.
Quelques heures de Molière, de Rousseau, de Montesquieu (je ne parle même pas de celui de L’esprit des lois, juste de celui des Lettres persanes) ou de Voltaire, quelques cours de sciences ou de maths en plus leur auraient probablement évité de se transformer en monstres.
Une école qui re-fonctionne partout, y compris dans les banlieues, qui enseigne “simplement”, réellement et fièrement les matières fondamentales, qui refuse le compromis (c’est à dire toute pression religieuse sur le contenu de l’enseignement). Une école qui aurait pour objectif principal de développer le savoir (ce qu’elle sait faire) et non pas de lutter contre des inégalités supposées de classe ou de sexe (à chaque fois qu’elle a essayé de le faire, elle les a augmentées) ou d’implémenter des projets de société langue-de-bois comme le “vivre-ensemble” (qui semble devenir petit à petit “mourir ensemble”).
Une école qui apporte aux enfants à tout prix l’usage de la Raison, de la critique, de l’analyse, de l’humour: les meilleurs remparts contre les attentats-suicides.
Voici l’école qu’il nous faut, à tout prix, réinventer. Je ne sais pas si c’est encore possible.
Je prie, ce soir, pour une école laïque, publique et obligatoire.
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Retour vers le futur : les prédictions que Marty McFly n’avait pas osé faire sur l’école 20 octobre 2015
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 1 fois | ajouter un commentaire
Aujourd’hui 21 octobre 2015, Marty McFly et Emmet Brown (“Doc”), les héros du génialissime Retour vers le futur débarquent de l’an 1985 dans la DeLorean. Evidemment, un certain nombre de leurs prédictions n’ont pas été réalisées. Par exemple, ce matin, j’ai fait mes lacets à la main. Puis, quand j’ai essayé le skate-board de mon fils, c’est moi qui ai volé, pas le skate. A midi, si je suis pressé, je ferai réchauffer une pizza mollasse au micro-ondes qui n’aura rien à voir avec le pizza déshydratée du film.
Certaines “inventions” du film existent cependant aujourd’hui (lunettes connectées) ou pas (voitures volantes). On oublie aussi que beaucoup de nouveautés du film ont trouvé leur place à l’école.
- Les tablettes numériques (comme celles que Biff donne à Marty, ci-dessus) sont visiblement très appréciées de François Hollande, qui a décidé d’en équiper des milliers d’élèves.
- La visioconférence est utilisée de plus en plus, du primaire au supérieur. Couplée à un écran géant on appelle cela la téléprésence (Voir la conférence de Marty avec son supérieur qui paraissait délirante en 1985). Chez Speechi, nous faisons même encore mieux aujourd’hui avec le logiciel de visioconférence TrueConf couplé à nos écrans tactiles SpeechiTouch. Ou encore à Tahiti, où le télé-enseignement, avec le logiciel eBeam, permet d’éviter l’exil scolaire.
- Les jeux contrôlés par le mouvement ont des applications comme le tableau interactif (La TNWii, dont j’ai souvent parlé dans ce blog, est basée sur ce principe). Là encore, on est allé beaucoup plus loin, en rendant ces tableaux interactifs mobiles, en créant des écrans tactiles ou des vidéoprojecteurs tactiles.
Prédire l’arrivée de toutes ces nouveautés, finalement, c’était peut être assez simple. Ce que Marty McFly n’avait pas prévu (le pouvait-il ?), c’est qu’en 2015:
- On s’apprête à supprimer l’enseignement du Latin dans les collèges au nom de l’égalité.
- On retire des heures aux cours fondamentaux au profit d’enseignements fumeux sur les éoliennes, le développement durable ou les débats sous forme de caricatures, en présence d’un caricaturiste local. (Je n’invente rien).
- Comme les classes bilingues de 6ème sont suivies par des élèves qui réussissent, on va les supprimer car cette réussite est injuste.
- L’éducation au media sera heureusement, selon les nouveaux programmes du collège, “organisée de façon spiralaire“. Et tous ceux qui ne comprennent pas ce que cela signifie sont bien sûr de pseudo-intellectuels.
Je ne sais pas exactement quand ça s’est passé, mais à un moment, j’ai quand même l’impression que Marty et Doc ont réellement endommagé le fameux “continuum espace-temps“.
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