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Pourquoi les réponses adaptées à la crise financière sont anti-démocratiques 11 février 2009

Par Thierry Klein dans : Crise Financière,Entreprise altruiste,Non classé.
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J’ai fait remarquer que les deux meilleurs livres sur la mondialisation (Bob Reich, Supercapitalisme) et sur la Crise financière (Jacques Attali, La crise et après ?) sont beaucoup plus convaincants au niveau de l’analyse que des solutions.

Les auteurs en sont d’ailleurs pleinement conscients (J’ai échangé quelques mails avec Bob Reich à ce sujet et Jacques Attali écrit explicitement, à plusieurs reprises, qu’il y a « très peu de chances, en l’état actuel des esprits, que la solution soit mise en oeuvre »

Ces deux auteurs analysent très bien pour l’un le mécanisme de la mondialisation, pour l’autre, celui qui mène à la crise. Tous deux, de façon très juste, mettent le doigt sur le déficit démocratique (voir dans ce blog) qui s’est créé et veulent, de façon tout à fait louable, rétablir plus de démocratie.

Pourtant, et c’est là le paradoxe, tous deux proposent, pour aller vers plus de démocratie, des solutions qui n’ont à l’heure actuelle aucune chance d’être mises en œuvre par les démocraties, parce que, grosso modo, elles sont impopulaires.

Bob Reich et Jacques Attali parlent de régulation européenne accrue, réduction de la dette, réduction du lobbying, gouvernance internationale, meilleur contrôle des dépenses au niveau des citoyens. Ils ont raison, bien sûr !

Mais pour que ces mesures soient réellement envisagées, il faudrait envisager une sorte de démocratie « éclairée », c’est-à-dire des gouvernements d’élite capables d’aller, pendant quelques années, contre la volonté actuelle des peuples – possible en Europe, impossible aux Etats-Unis. Et peut-être pas souhaitable car il n’est pas sûr qu’un gouvernement d’élite puisse ne pas devenir rapidement un gouvernement au service des élites.

Il y a deux raisons principales pour lesquelles la démocratie ne fonctionne plus :

1) Les investissements massifs des entreprises en lobbying, qui empêchent tout simplement parfois que les problèmes important soient examinés par les législateurs. Bob Reich fait dans son livre une analyse très convaincante, « de l’intérieur du sérail » du lobbying.

2) La mondialisation est intimement liée à la transformation du citoyen en consommateur. La publicité est au citoyen ce que le lobbying est au député: un opium qui empêche la prise de conscience.

Sortir de la crise, c’est nécessairement augmenter le poids relatif des moyens de communication au service des intérêts généraux par-rapport à ceux des entreprises.

Cela passe évidemment par l’action des états (qui peuvent légiférer pour plafonner les dépenses de lobbying ou de publicité), mais c’est aussi un des buts du Capital Altruiste.

En injectant des sommes importantes dans les organisations d’intérêt général, le Capital Altruiste peut leur permettre de faire leur propre lobbying (vers le législateur) et leur propre publicité (vers le citoyen-consommateur).

Le Capital Altruiste peut être l’outil qui permet d’aller vers les réponses adaptées à la crise tout en restant en démocratie.

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