Bear Sterns: bénéfices privés et pertes publiques 24 mars 2008
Par Thierry Klein dans : General.Lu 3 774 fois | ajouter un commentaire
2 dollars ou 10 par action, peut-importe le montant de l’offre faite par JP Morgan pour racheter la Bear Sterns. Ce qui est grave, c’est que sur les 30 milliards de pertes potentielles, la Fed en garantit 29 – JP Morgan ne garantit « que » le premier milliard de pertes.
Mais, on l’oublie un peu en ce moment, ce ne sont que des pertes potentielles. Il est possible au final que les actions Bear Sterns valent 10, 20 ou 200 dollars – aujourd’hui personne ne le sait !
Et ce qui est déséquilibré, dans cette histoire, c’est que le citoyen américain assure le risque à 98%, sans aucun espoir de gain futur au cas où l’opération se révèlerait bénéficiaire. (Soit la Fed ne veut pas, pour des raisons idéologiques, prendre une participation, soit elle est tellement aux abois qu’elle en perd toute capacité de négociation).
Dans le monde capitaliste d’aujourd’hui, les pertes sont publiques et les bénéfices sont privés.
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Consommateurs de tous les pays, unissez-vous ! (A propos du boycott des jeux de Pékin)
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 5 343 fois | ajouter un commentaire
Quand mon fils refuse de se coucher le soir, il m’arrive de lui donner d’abord un petit bout de chocolat puis de menacer de l’en priver pour qu’il obéisse. C’est exactement ce que suggèrent tous ceux qui pronent le boycott des jeux de Pékin – on a fait un cadeau à la Chine, on menace de l’en priver pour faire pression.
Mais je doute que cela puisse avoir la moindre chance de succès. Mon fils a 2 ans et ne voit pas au delà du bout de chocolat; la Chine a des milliers d’années et voit loin. En fait, il est très confortable pour elle que la menace ne porte QUE sur les JO, c’est-à-dire sur un événement qui n’a aucune importance réelle.
Pendant ce temps, les « vraies » sanctions, celles qui pèsent et qui, dans notre monde globalisé, ne peuvent venir que des consommateurs, ne sont même pas évoquées.
Il serait de toutes façons injuste qu’on prive les sportifs de leur gagne pain alors que les citoyens-consommateurs – nous tous – sont incapables de prendre la moindre mesure de boycott de produits chinois. Seule une alliance entre tous les consommateurs du monde pourrait permettre de peser sur la politique chinoise : il faudrait pour cela que le consommateur réduise sa dépendance à son opium, la pub.
Consommateurs de tous les pays, unissez-vous !
(Je commencerais plutôt à boycotter les produits canadiens, à cause de ça, et les produits japonais, à cause de ça. Et un tel boycott aurait beaucoup plus de chance d’être efficace car les problèmes en cause sont de « petits » problèmes, en termes politiques et économiques… Les gouvernements céderaient très facilement face à des groupes de consommateurs assez nombreux et fermes).
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Good Action, Doona, alternatives humanitaires à Google. 19 mars 2008
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 6 771 fois | 1 commentaire
Je vous ai parlé, dans un billet récent, de la publicité comme « opium du peuple » – ou plutôt du consommateur. La Publicité nous pousse, par des moyens toujours plus performants et sophistiqués, à consommer toujours plus, ce qui rend le monde plus précaire, le travailleur plus dépendant et « esclave » de son côté consommateur – accessoirement la Publicité est aussi une des causes majeures de la croissance incontrôlée et partant, de la disparition des espèces animales, du réchauffement climatique.
Autre façon de dire la même chose, méfiez vous du gratuit quand il est financé par la publicité (Google, TF1, le Vélib)…
Lors d’une de mes interventions récentes sur le Capital Altruiste, j’ai rencontré Laurent et Guillaume, qui ont créé « Good Action« . Good Action est une régie publicitaire Web qui vous propose le même deal que Google (mettre de la publicité, mettre des liens sponsorisés sur votre site), sauf que l’intégralité de ses revenus sont reversés à des causes humanitaires et environnementales.
On est très proche, philosophiquement, du Capital Altruiste. Il s’agit à chaque fois d’utiliser la force de la mondialisation pour en corriger les effets, en se dotant d’une force de frappe économique.
Même chose chez Doona, un moteur de recherche humanitaire, comme Google sauf que les bénéfices de liens apparaissant dans les pages de résultat vont vers des causes humanitaires.
GoodAction et Doona ne sont encore que des « startups humanitaires », mais Google a mille fois plus à craindre, à terme, de ce genre d’initiatives que de Yahoo, Microsoft, (sans même parler du grotesque Quaero)… Même la technologie ne peut pas grand chose contre les forces de l’esprit.
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