Une polémique sur l’origine du terme "rapid e-learning" 26 juin 2005
Par Thierry Klein dans : Technologies.Lu 4 842 fois | trackback
Je faisais état vendredi d’un article du Journal du Net à propos d’un rapport de Brainsonic. Je citais 2 ou 3 passages de l’article du JDN (j’avoue n’avoir pas lu le rapport, mais ce qu’en disait le JDN me semblait bien).
Grosse, grosse critique du rapport de Brainsonic sur le blog d’elearning.fr. Visiblement quelques tensions entre sociétés mais, plus intéressant, une dispute sur l’origine du terme « rapid e-learning ». Brainsonic semble dire que c’est français, elearning.fr que c’est américain : « Bersin et Macromedia sont à l’origine du terme comme du concept ».
Alors, français ou pas français, le « rapid e-learning ?
Ce que j’en pense:
D’abord, le terme « rapid e-learning » est si moche et si pauvre que ça ne vaut pas vraiment le coup de s’engueuler pour en connaître l’origine. Je l’utilise parfois parce qu’il commence à avoir une certaine reconnaissance, mais vraiment, je ne trouve pas le raccourci très pertinent. Je suis en fait toujours en un peu gêné quand je vois Speechi groupé à des outils de « rapid e-learning » (ne serait-ce que parce que je ne crois pas à l’e-learning en tant que tel. Pour reprendre le mot de de Gaulle, je pense que « l’e-learning est une méthode en voie de développement, et qui va le rester longtemps » (autre sujet, j’en reparlerai sur ce blog).
Ensuite, peu importe qui a créé le terme. Si on en parle sur ce blog ou sur celui d’elearning.fr ou dans le rapport Brainsonic, c’est évidemment parce que de grandes société américaines, dont Macromedia, en répandent actuellement l’usage. Ce qui me semble intéressant, c’est de comprendre pourquoi elles ont adopté ce terme et pourquoi elles en font la promotion. Ces raisons sont du domaine du marketing et pas du client, pas de la technologie, pas de l’usage. Il s’agit en fait de définir, de cette façon, un secteur économique plus ou moins reconnu, ayant une certaine notoriété sur lequel Macromedia est sûr d’apparaître leader. Il s’agit de « définir le domaine de la lutte ». Quand une grosse boîte comme Macromedia arrive sur un nouveau marché, il est utile de définir le « champ de bataille » par quelques mots, ne serait-ce que pour que les acheteurs puissent s’y retrouver. Voir l’excellent « Crossing the Chiasm: creating the competition » , à ce sujet.
Moi, ce que je n’aime pas, dans « rapid e-learning » (entre autres):
– C’est fourre-tout et ça ne veut RIEN dire en termes d’applications. Ca n’apporte rien, si on sort d’une logique marketing. Pour tout dire, c’est ce que j’ai vu de moins bien depuis le terme « middleware ».
– Ca contient le terme « e-learning », rien sur la formation traditionnelle qui reste quand même la base
– C’est anglo-saxon (ce qui n’est pas un défaut en soi, mais là c’est intraduisible, sans que l’anglo-saxon, pourtant si efficace pour former des néologismes, soit bien exploité)
– Ca ne contient pas ou ça n’évoque pas « ouvert », « présentation », « progression », « enseignement », « bon marché », « facile » (entre autres).
Je pense que ce serait intéressant, au niveau français, de définir nos propres termes, plus appropriés, plutôt que de se faire imposer ce genre de verbiage. Je me demande s’il y a des idées ?
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