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La préservation des animaux : urgence et éthique (3/3) 21 juin 2005

Par Thierry Klein dans : Animaux.
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Dernier volet d’une série de 3 articles , qui parle des mesures à prendre pour la protection des animaux et vous invite (enfin !) à réagir.


Je pense que les mesures à prendre sont de trois types.

1) Les mesures cosmétiques (passez moi l’expression)

Il est inadmissible que des animaux soient torturés ou massacrés pour de simples raisons économiques. Une liste non exhaustive de ce qui doit cesser :

  • expériences animales sur des mammifères évolués réalisés pour des besoins économiques (industrie cosmétique…)
  • massacres de mammifères effectués pour des besoins économiques (fourrures, ivoire) en rendant illégaux ces commerces
  • capture d’animaux destinés à des zoos
  • toute expérience effectuée sur des mammifères évolués qui pourrait être
  • effectuée sur d’autres types de cobayes thérapeutiques (preuve de l’impossibilité à la charge du laboratoire)
  • toute expérience effectuée sur des mammifères évolués n’étant pas d’un intérêt vital pour l’être humain (preuve à charge du laboratoire)

Les infractions doivent être pénalisées et sévèrement punies. Aujourd’hui, torturer un chien est illégal mais n’a pas de conséquences réelles en France. Cela devrait être puni de peines de prison ferme. Les pays ne respectant pas ces critères devraient être sanctionnés et exclus des instances internationales telles que l’OMC.

Sur un plan éthique, ces mesures sont nécessaires, mais elles n’auront qu’une influence très limitée sur la préservation des espèces elles-mêmes. La plupart des animaux de laboratoire, par exemple, proviennent d’élevages spécialisés. C’est pourquoi ces mesures sont cosmétiques.

2) Les mesures structurelles: une taxe Klein ?

Visiblement, la façon la plus facile de se faire un nom reste de metter en place un mécanisme fiscal absolument évolué et absolument inapplicable. Je propose donc la taxe suivante.

Il faut mettre en place des mesures qui, à l’échelle de la planète, empêchent l’extinction des animaux évolués par la réduction de leurs habitats. Les tentatives des associations humanitaires, aussi louables soient-elles, sont vouées à l’échec car elles n’ont pas le pouvoir politique, juridique ou militaire, de lutter localement contre l’expansion humaine dans les pays du tiers-monde. La pression démographique fait qu’il arrive toujours un moment où on doit choisir entre l’homme et l’animal : c’est alors l’homme qui l’emporte, parce qu’il a faim, parce qu’il a besoin de cultiver un territoire, parce que ses faits et gestes ne peuvent être contrôlés et qu’il a tendance à vouloir se débarrasser d’un voisin gênant ou nuisible.

Je propose que dans tous les pays du monde, on décide, sur une période d’environ 100 ans de restituer 15% de l’espace terrestre à l’animal. Cette restitution doit se faire partout, sur des zones de la taille d’une région française environ (il s’agit donc de dégager environ 7 500 kilomètres carrés à l’intérieur de zones de 50 000 kilomètres carrés environ. Evidemment, dans certains continents moins peuplés, on peut envisager de travailler sur des secteurs de taille plus importante).. Les zones restituées seraient protégées, éventuellement exploitées pour le tourisme (mieux vaut déranger les animaux, comme dans certaines régions africaines, que les tuer). La restitution pourrait se faire progressivement, par exemple sous la forme d’une taxe foncière sur toute transaction immobilière (suivies d’un remembrement pour les pays occidentaux).

Dans des pays moins peuplés, il s’agirait de créer des zones réellement protégées de l’expansion démographique. Ces zones seraient elles aussi entretenues, surveillées et pourraient aussi être consacrées au tourisme.

Les pays riches pourraient « restituer » un pourcentage inférieur (par exemple 10%), à partir du moment où la différence (en valeur) serait utilisée pour financer le développement de ces zones dans les pays pauvres. L’objet de cette compensation serait la fourniture de capitaux, de vivres et d’infrastructures permettant de réduire le besoin d’expansion. Plusieurs raisons à cela, d’abord, la plupart des espèces sauvages ont disparu des pays occidentaux européens. Ensuite,  le rendement de l’agriculture dans les pays occidentaux est infiniment supérieur à ce qu’il est en Afrique. Pour optimiser l’utilisation des terres, il vaut donc mieux que des surplus agricoles européens soient reversés en Afrique, ou bien que les moyens financiers et techniques pour améliorer ces rendements (tracteurs, engrais, marchés) soient présents en Afrique, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

J’insiste sur le fait que la restitution de cet espace ne met pas l’espèce humaine plus en danger qu’elle ne l’est déjà. Les moyens de production actuels sont tels qu’il est possible de nourrir la planète avec moins de la moitié des terres cultivées, mais le système de répartition est tel qu’on ne sait pas distribuer cette richesse. Penser le problème en termes d’espace animal permettrait donc aussi de rationaliser la distribution des ressources.

Une économie ne peut manquer de se créer autour de ces mesures (tourisme, isolation et protection des zones). A une époque où la production dépasse de loin les besoins de consommation de l’espèce, mais où le système de répartition empêche une redistribution du minimum vital vers chaque individu, il faut envisager au maximum la création d’activités « non productives » financées de façon à mieux répartir la richesse sans bouleverser totalement le système économique sur lequel, tant bien que mal, reposent quand même démocratie et liberté.

J’attends vos remarques sur les question suivantes, qui restent non résolues:

On parle d’une restitution de 15% sur 100 ans, soit 0,15% par an. Comment voyez-vous la mise en place d’une telle taxe ? Faut-il taxer de façon faible, mais constante l’ensemble des biens immobiliers ? Faut-il taxer uniquement les transactions ? les héritages ? Enfin, il semble injuste de taxer à l’identique les habitants des villes (qui occupent une surface au sol faible) et ceux des campagnes: si on veut restituer de l’espace, il faut bien augmenter la population urbaine, d’ailleurs.

Quel mécanisme envisageriez-vous pour lisser au maximum les effets tels que spéculation immobilière (liée à la recherche d’espace) ou crise de croissance (liée à l’augmentation de l’immobilier).

Notez que de toutes les façons, il faudra un jour comprendre que la recherche à tous crins de la croissance épuise la planète. De façon très concrète, en France, envisageriez-vous une agence chargée de la collecte et du remembrement ? Y a-t-il parmi les lecteurs des spécialistes de la taxe Tobin qui pourraient en décrire les principes et en déduire des modalités d’application pour la taxe Klein ? 

Comment forcer les pays réticents à appliquer ce genre de mesures.

A supposer qu’il y ait un consensus assez large sur une nécessité de restitution généralisée (on peut rêver !), comment forcer les pays réticents à les mettre en oeuvre (sans même parler des accusations à venir de néo-colonialisme…) ? Il est évident que des moyens de police, voire militaires sont nécessaires. L’ONU pourrait-elle jouer ce rôle ? J’attends vos remarques.
 

3) Les autres mesures

Je discutais hier avec un ami américain qui trouvait l’idée d’une taxe généralisée totalement saugrenue pour régler ce genre de problèmes. Il croyait beaucoup plus à des initiatives privées, des appels aux bonnes volontés. Je crois pour ma part que quand des intérêts individuels aussi importants sont en jeu (industrie cosmétique, commerce d’animaux, pression démographique…), il est totalement irréaliste de penser que des initiatives individuelles peuvent inverser le processus et j’ai tenté d’expliquer à mon ami américain que Hollywood tournera certainement dans 50 ans de très beaux films sur le dernier éléphant, après avoir épuisé le filon du dernier des mohicans.

En revanche, l’engagement individuel est évidemment un facteur moteur très puissant à ne pas négliger et il faut le favoriser par tous les moyens (éducation, information, tourisme animalier – je n’ai pas dit safari ! – financement d’associations).

Pour parodier Kennedy, Reagan et Nike, improbablement et exceptionnellement réconciliés pour l’occasion, je dirais "Don’t do it for yourself, don’t do it for your country, just do it for the Jumbo"

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Commentaires»

1. Karine Atlan - 6 octobre 2005

Tous ces propos se passent de commentaires.
Ah, si: le pêcheur de requins près de chez moi -île de la Réunion- qui a truffé un pauvre chiot de hameçons – dont un, dans la babine, relié par un fil de pêche à l’autre, dans la patte arrière- a été condamné à une amende et deux mois de prison avec sursis. Une vraie incitation à recommencer pour lui, à continuer pour les autres pêcheurs.
Moi, j’ai envie de vomir sur l’humanité. Et vous, vous êtes un merveilleux utopiste. Je vous aime. Continuez, on ne sait jamais.

2. AtomeCrochu - 13 septembre 2006

je n’ai qu’un mot à dire : Bravo !

3. morgane - 26 octobre 2007

Comment leur faire prendre conscience qu’ils ont tort alors qu’ils sont persuadés d’avoir raison, que la disparition des espèces n’ai pas prioritaire, qu’il est plus important de s’occuper des humains que des animaux alors qu’eux mêmes ne font rien pour leurs semblables??? Que peut on faire face à la bêtise et l’inculture de la plupart des gens?

4. 11 - 4 décembre 2008

je dirais qu’il n y a pas vraiment de moyen pour les convaincres. les hommes resterons toujours des destructeurs, tous ce qu ils touche ils le casse. je pense qu’on devrait établir des lois contre la chasse, contre les braconniers dans l’espoir qu’un jour le massacre des animaux cesse ! moi je préfère le comportement des animaux que celui des humains.