Le capital altruiste est l’avenir du libre. 15 juin 2007
Par Thierry Klein dans : Open Source.Lu 4 643 fois | trackback
Le libre rame pour trouver des modèles économiques
Un très bon document édité par l’AFUL décrit les modèles économiques actuels. Ce qui en ressort, c’est qu’il n’y a rien de bien nouveau, ni de très prometteur pour le futur. Pas vraiment de modèle économique vraiment porteur.
L’AFUL donne 5 grandes catégories
1) Services récurrents
Typiquement, des prestations de service (développements de fonctions spécifiques, de certifications). Parfois, il y a dans l’esprit un peu d’abus dans l’air (exemple: faire payer une documentation exclusive, non libre, alors que le logiciel est développé en libre).
2) Mutualisations
En fait, la licence libre est souvent adoptée par simplicité lorsque plusieurs donneurs d’ordre souhaitent développer un projet commun, en partageant les coûts. C’est un des modèles les plus connus du libre (Apache, Open Office…). Problème: le partage des coûts n’est pas en soi un business model (où sont les revenus ?).
3) Apports de valeur ajoutée
Exemple typique: la freebox contient plein de logiciels libres mais est un produit que ses auteurs déclarent propriétaires. Evidemment, c’est le business model qui fonctionne le mieux (on s’approprie les développements faits par d’autres…). Problème: est-il légal ? Est-il éthique ? On rentre dans une des ambigüités fondamentales du libre. Autres exemples : on fait une version libre "light" et une version étendue non light.. Là encore, il s’agit de stratégie commerciale – respectable certes, mais pas grand chose à voir, au fond, avec l’esprit du libre.
4) Licences
On peut vendre un soft à la fois sous licence propriétaire, pour certains usages et sous licence libre pour d’autres usages… Exemple: si vous diffusez le soft dans un autre logiciel libre, vous êtes sous licence libre, mais si vous le diffusez de façon commerciale, vous êtes sous licence propriétaire… Tout ça est en fait une variante évoluée de la version "light". Et surtout, quels sont les moyens de réelle protection du code, dans un monde de chiens où tout le monde copie tout le monde ?
5) Apports indirects
Le site Web d’un logiciel libre peut être très consulté (François a un ranking de 8 sur Google qui me laisse rêveur !) et donc on peut y faire de la pub. Ca ne mêne franchement pas bien loin question business, quelques centaines ou milliers deuros / mois, pour des logiciels où il y a des années hommes de développement…
Autres possibilité citée: produits dérivés (je ne sais pas si la casquette Mozilla est tendance pour draguer, mais je ne sais pas non plus si c’est la principale motivation des geeks qui l’achètent). Ah oui, il y a aussi le mécénat (mais ce n’est pas vraiment un business model non plus, dans l’immense majorité des cas, les donations des utilisateurs sont très limitées. Et quand on donne pour du libre, quelle est vraiment la cause ?
Bref, le libre a pris une importance énorme dans notre société, mais n’a toujours pas réellement de modèle économique à la hauteur. D’ailleurs, comme le dit Tristan Nitot (Mozilla Europe), "la notion de modèle économique est paradoxale pour nous".
En bref, il y a un énorme décalage entre l’importance (considérable) qu’a prise le Libre dans notre société et la faiblesse de ses business models.
C’est pour ça que je crois beaucoup à la notion d’entreprise altruiste autour du libre. Une entreprise "bénévole" (elle a donné tout ou partie de son capital à une association humanitaire) développe un logiciel de nature propriétaire pour donner à l’association bénéficiaire. En bref, les actionnaires, les employés, les clients connaissent la nature de l’entreprise. Ils travaillent et consomment en toute connaissance de cause. Ce n’est plus du libre, c’est de l’altruiste et il y a un vrai business model: celui d’un éditeur de logiciel.
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