Des bonus pour récompenser le « talent » 24 août 2009
Par Thierry Klein dans : Crise Financière.Lu 3 802 fois | trackback
Plus c’est gros, plus ça passe. Ce qui est arrivé il y a quelques semaines aux USA avec les bonus vient de se reproduire aujourd’hui en France.
Les bonus attribués aux dirigeants et aux traders des banques sont absolument injustifiables.
Ces brillants esprits ont mis leur banque en faillite – en fait, si les banques existent encore, c’est uniquement parce qu’elles étaient trop importantes économiquement pour faire faillite.
Ce sont les contribuables qui les ont sauvées et ce sont les contribuables qui paient les bonus (avec lesquels les traders continuent à prendre des risques… couverts par les contribuables !).
L’argument invoqué par les banques américaines pour justifier l’attribution de bonus a été de dire qu’ils étaient nécessaires pour retenir les « talents » (alors qu’au contraire, virer tous ces talents, dirigeants et traders, serait faire oeuvre de salubrité publique).
Les banques américaines ont fait valoir la nécessité d’attribuer à leurs « meilleurs » employés des rémunérations « comparables » à celles des autres banques (le « comparable » est savoureux car il donne un air décent aux bonus, qui sont quand même en général de l’ordre de 10 millions de dollars !).
Autrement dit, les « autres banques » n’étant pas vertueuses (pourquoi ? parce qu’il n’y a pas de loi sur le sujet, et surtout parce que les banques ont été renflouées, mais pas nationalisées), nous ne pouvons pas l’être. Et surtout: « en bonne logique (libérale), nous nous devons de nous aligner sur les moins vertueux ! »
En soulignant « la nécessité d’une coordination internationale afin d’éviter les distorsions de concurrence », les banques françaises s’alignent aujourd’hui sur cette argumentation. En substance, « Nous sommes prêts à nous aligner, mais impossible car les banques américaines n’étant pas vertueuses, il nous faut (au moins) une décision du G20 !
(Ce qui caractérise les décisions du G20, c’est d’abord qu’elles n’existent pas et qu’ensuite elles ne sont pas suivies d’effet… C’est donc extrêmement reposant pour les banques d’en attendre les conséquences.)
Le pire, c’est qu’à mon avis, si vous entendez parler de la requête des banques sous cette forme, c’est qu’elle a déjà été entendue. Regardez les réactions des ténors UMP:
Xavier Bertrand: « En France, les choses ont déjà bougé (ah bon ?!!!). Ce qui est important, c’est aussi de les faire bouger en Angleterre et aux États-Unis par exemple »
Frédéric Lefebvre: « J’appelle les banques à se montrer exemplaires (traduction: je ne leur impose rien du tout) et les pouvoirs publics à ne pas travailler avec les établissements qui ne respecteraient pas les engagements internationaux » (Ces engagements en matière de bonus sont inexistants !)
Christine Lagarde plaide pour un « mode d’emploi collectif » (et non pas un cadre législatif), estimant que l’encadrement des bonus ne peut se concevoir « qu’à l’échelle internationale.« .
Alors à votre avis, c’est qui les « talents » qui vont se goinfrer ? On en vient à regretter que Kerviel ne puisse pas participer. C’est injuste pour un tel talent.
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Commentaires»
Les talents ?
Nos polytechniciens et centraliens bien sûr !
comment ça je fais de la provoque …
Blague mise à part, je trouve qu’on ne parle pas énormément de la responsabilité des quants dans cette crise (là où il est sûr que les polytechniciens sont bien représentés, notamment via le master El-Karoui).