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Lettre du Général de Gaulle à David Ben Gourion (1967) 2 janvier 2024

Par Thierry Klein dans : Politique.
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(Un texte qui n’est pas de moi, pour relever un peu le niveau de ce blog)

30 décembre 1967, lettre du Général de Gaulle à David Ben Gourion réagissant à la conférence de presse du Général du 27 novembre :

« Monsieur le Président,

C’est avec grand intérêt que j’ai pris connaissance de votre lettre du 6 décembre. En effet, le vaste sujet de la renaissance et du destin de l’Etat d’Israël ne peut manquer, vous le savez, de m’attirer et de m’émouvoir. D’autant plus que le conflit qui s’est de nouveau ouvert au Moyen-Orient entraîne d’importantes conséquences qui touchent de près la France pour toutes les raisons politiques, économiques, morales, religieuses et historiques que vous connaissez. Enfin, vous n’ignorez pas que je porte à vous-même une haute considération et que je garde un vivant souvenir de ce que furent, depuis dix ans, nos relations personnelles.

C’est pourquoi l’éloquence de votre argumentation ne m’a aucunement étonné. Je sais ce que la restauration d’Israël en Palestine, telle que vous la décrivez après y avoir éminemment participé, a comporté de foi, d’audace et de difficulté et combien a été méritoire la mise en valeur de régions semi-désertiques par le nouvel Etat grâce à l’afflux de tant de Juifs venus de partout et à l’aide de tant de leurs communautés réparties à travers le monde. Vous rappelez, à juste titre, que mon pays et moi-même n’avons pas, à l’origine, ménagé notre sympathie à cette construction nationale et vous ne pouvez douter que, le cas échéant, nous nous serions opposés à ce qu’elle fût anéantie, comme le garantissaient nos entretiens officiels de naguère et le fait que j’y avais publiquement qualifié Israël d’« Etat ami et allié ».

Mais ce sont là, précisément, les raisons pour lesquelles j’ai toujours dit, – et, d’abord, à vous- même – que, pour justifier à mesure l’œuvre ainsi commencée et assurer son avenir, une stricte modération s’imposait à Israël dans ses rapports avec ses voisins et dans ses ambitions territoriales. Cela d’autant plus que les terres initialement reconnues à votre Etat par les puissances sont considérées par les Arabes comme leur bien, que ceux-ci, au milieu desquels s’installait Israël, sont, de leur côté, fiers et respectables, que la France éprouve à leur égard une amitié ancienne et naturelle, et qu’ils méritent, eux aussi, de se développer en dépit de tous les obstacles que leur opposent la nature, les graves et humiliants retards qu’ils ont souvent subis depuis des siècles du fait de leurs occupants successifs, enfin leur propre dispersion.

Certes, je ne conteste aucunement que le fâcheux blocus du golfe d’Akaba était unilatéralement dommageable à votre pays et je ne méconnais pas que celui-ci eût lieu de se sentir menacé étant donné la tension où était plongée la région palestinienne par suite des flots d’invectives prodiguées à l’encontre d’Israël en même temps que du sort lamentable des Arabes réfugiés en Jordanie ou relégués à Gaza. Mais je demeure convaincu qu’en passant outre aux avertissements donnés, en temps voulu, à votre gouvernement par celui de la République française, en entamant les hostilités, en prenant par la forces des armes possession de Jérusalem et de maints territoires jordaniens, égyptiens et syriens, en y pratiquant la répression et les expulsions qui sont inévitablement les conséquences d’une occupation dont tout indique qu’elle tend à l’annexion, en affirmant devant le monde que le règlement du conflit ne peut être réalisé que sur la base des conquêtes acquises et non pas à condition que celles-ci soient évacuées, Israël dépasse les bornes de la modération nécessaire.

Je le regrette d’autant plus que, moyennant le retrait de ses forces, il apparaît qu’une solution comportant la reconnaissance de votre Etat par ses voisins, des garanties de sécurité de part et d’autre des frontières qui pourraient être précisées par arbitrage international, un sort digne et équitable assuré aux réfugiés et aux minorités, la libre navigation pour tous dans le golfe d’Akaba et le canal de Suez, serait aujourd’hui possible dans le cadre des Nations unies, solution à laquelle on sait que la France est éventuellement disposée à concourir, non seulement sur le plan politique, mais encore sur le terrain.

Cette issue, qui ramènerait la paix au Moyen-Orient, faciliterait la concorde universelle et, suivant moi, servirait l’intérêt des peuples intéressés, y compris celui du vôtre, ne comblerait pas, je le sais, tous les désirs d’Israël. Si j’en avais douté, la lecture de votre lettre et ce que vous écrivez de ce que Chanaan, sur les deux rives du Jourdain, représente pour beaucoup de Juifs de tous les temps et d’aujourd’hui, m’en aurait apporté la preuve. Il en est de même de l’émotion apparemment soulevée chez tels ou tels d’entre eux par le fait que j’ai dit de leur peuple qu’il était « un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur », jugement que certains affectent de tenir pour péjoratif alors qu’il ne saurait y avoir rien de désobligeant à souligner le caractère grâce auquel ce peuple fort a pu survivre et rester lui-même après dix-neuf siècles passés dans des conditions inouïes. Mais quoi ? Voici qu’Israël, au lieu de promener partout dans l’univers son exil émouvant et bimillénaire, est devenu, bel et bien, un Etat parmi les autres et dont, suivant la loi commune, la vie et la durée dépendent de sa politique. Or, celle-ci – combien de peuples l’ont, tour à tour éprouvé – ne vaut qu’à la condition d’être adaptée aux réalités.

Je vous demande d’agréer, Monsieur le Président, avec mes sincères souhaits de nouvelle année, l’expression de mes sentiments les plus distingués et de mon meilleur souvenir. »

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A la base de la gauche moderne, le principe de destruction

Par Thierry Klein dans : Politique.
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J’ai parlé, dans un précédent article, de la haine de l’Occident qui fait le lien entre wokisme et islamisme.  Et montré en quoi le wokisme, en tant que haine dirigée vers soi-même est une maladie. Mais en vérité, cette réflexion peut être étendue : pour comprendre la gauche moderne1, il faut absolument considérer son sous-jacent latent qui est la haine de l’Occident. Ce principe latent s’oppose en permanence au discours manifeste de la gauche, qui est l’altruisme avec toutes ses déclinaisons (fraternité, égalité, justice, etc.).

En vérité, depuis une quarantaine d’années, on ne peut pas comprendre la gauche moderne sans cette observation, qui fait le lien véritable entre toutes les positions gauchistes, même, et c’est le point le plus remarquable, quand ces positions semblent au départ incohérentes entre elles. En ce sens, on peut bien parler, pour toute cette gauche d’une maladie à caractère masochiste.

Cette double dimension du discours est systématiquement niée à gauche, car inconsciente. Il est inenvisageable pour un gauchiste, membre du camp du bien, d’envisager que ses raisons sont haineuses. Mais le discours manifeste, altruiste, ne constitue bien, en réalité, qu’une rationalisation a posteriori d’un ressentiment. La gauche moderne est bien malade mais cet argument est aussi peu utilisé à droite car invoquer l’aliénation ou des raisons inconscientes n’est pas dans sa culture (ce n’est pas parce que la gauche a sombré que la droite est devenue plus intelligente).

Ce ressentiment a pris la forme de 2 motifs majeurs.

La volonté de destruction.

J’appelle ainsi tout ce qui résulte, aujourd’hui, de la déconstruction des années 60 (qui est aussi ce qu’on appelle, aux USA, la « French theory »). Au départ (Derrida), la déconstruction se conçoit comme une tentative de critique littéraire systématique de tous les impensés, conscients ou inconscients, de la littérature occidentale. La déconstruction universitaire devient progressivement une entreprise gauchiste qui vise à saper politiquement les fondements de la civilisation occidentale. Elle n’a plus alors de fondement scientifique et devient un simple outil militant de destruction2, ayant pour but de critiquer tout ce qui peut être considéré comme établi dans la société. La plupart du temps, la déconstruction militante met en évidence le côté arbitraire de structures sociales « conservatrices » (toute société regorge de telles structures) pour en proposer de nouvelles « progressistes » censées apporter un progrès et « lutter contre les discriminations ». Problème: les nouvelles structures sont soit totalitaires, soit impossibles à mettre en palce.

L’exemple de l’orthographe.

L’orthographe et la grammaire sont évidemment des structures essentiellement arbitraires (même si l’étude de la langue peut les éclairer, partiellement, d’une certaine logique). Il faudra donc détecter les impensés de la langue, qui aurait été « volontairent masculinisée3 » (première discrimination envers les femmes) et qui devient en outre à l’école « un marqueur social discriminant ».

Il faut donc modifier la langue (qui doit devenir inclusive) et simplifier l’orthographe ou cesser d’en faire un critère scolaire. Mais la langue inclusive est illisible et simplifier l’orthographe aurait pour inconvénient premier de rendre tout notre fond littéraire, qui est immense, très difficile à lire et à comprendre. Un élève français d’aujourd’hui comprend encore assez facilement toutes les œuvres à partir du XVIIème siècle. Si on fait évoluer d’un coup grammaire et orthographe, tout ceci, qui constitue un des trésors de l’humanité, lui sera inaccessible.

On voit comment ici la déconstruction critique, sous un prétexte altruiste, aboutit à une destruction du savoir et des racines communes de tous les français.

Cette attaque contre l’orthographe est donc en tous points absurdes: l’école est normalement justement là pour ça – faire en sorte que tous les français puissent se comprendre et avoir accès à leur fond littéraire commun, qui est une manifestation de notre génie national.

La maladie du déracinement

Les attaques contre l’école ne sont pas isolées. Tout le monde est maintenant au courant de la chute dramatique du niveau scolaire depuis 40 ans, sur laquelle je reviendrai, alors que quand j’étais moi-même à l’école, dans les années 70, l’école française était la meilleure au monde4. Cette chute n’est pas le résultat d’une simple négligence. Je prétends qu’elle a été largement « voulue », organisée, pour peu qu’on accepte de mettre derrière ces termes la volonté de destruction inconsciente dont je parle plus haut. Je vais faire appel ici à Simone Weil, qui avait parfaitement décrypté ce double discours et à qui je dois en grande partie la paternité de cette analyse:

Qui est déraciné déracine. Qui est enraciné ne déracine pas. Sous le même nom de révolution, et souvent sous des mots d’ordre et des thèmes de propagande identiques, sont dissimulées deux conceptions absolument opposées.

L’une consiste à transformer la société de manière à ce que les opprimés puissent y avoir des racines; l’autre consiste à étendre à toute la société la maladie du déracinement qui a été infligée aux opprimés. Il ne faut pas dire ou penser que la seconde opération puisse jamais être un prélude de la première; cela est faux. Ce sont deux directions opposées

Simone Weil, L’enracinement

Les deux gauches irréconciliables

On se souvient de l’expression de Manuel Valls concernant les deux gauches irréconciliables. La frontière entre ces deux gauches est précisément la même que celle mise en évidence par Simone Weil. Il y a une gauche qui cherche à détruire et une gauche qui cherche à construire. Dans cet billet, ainsi que dans les suivants, j’entends par « gauche moderne » celle qui cherche à détruire (typiquement: la France Insoumise mais pas exclusivement et pas totalement).

L’exemple de l’enseignement de la lecture : méthode globale et méthode syllabique.

Le courant dit « pédagogique » est très influent dans l’Education Nationale et à l’Université, ainsi que dans les écoles de formation des enseignants. Son discours manifeste est inattaquable et plaide pour l’égalité des chances, l’amélioration de la pédagogie, etc. Il est essentiellement constitué de militants de gauche et d’extrême gauche et est, collectivement, un des grands responsables de l’effondrement de l’école française.

Des deux méthodes principales d’enseignement de la lecture, globale et syllabique, une seule fonctionne réellement, la syllabique. Les différences de performance entre les deux méthodes sont tellement criantes qu’on sait aujourd’hui qu’elle apparaissent avec des échantillons très faibles (moins de 50 élèves)5. Pourtant le courant pédagogique (entrainant avec lui l’éducation nationale) a favorisé pendant des dizaines d’années le développement de la méthode globale à l’époque pour des raisons qui ne tenaient pas à sa performance6 mais à l’idéologie. La méthode syllabique (« b-a-ba ») était jugée « trop scolaire », enfermant l’enfant dans une logique fermé de discipline, pour ne pas dire de soumission à l’autorité. Elle était donc « réactionnaire ». La méthode globale, estampillée « progressiste », qui consiste à reconnaître un mot « globalement » sans passer par l’étape « b-a-ba » avait pour grand avantage d’ouvrir les propres horizons de l’enfant.

On voudrait rire tellement ces raisons paraissent ridicules – et de fait, elles le sont. Pourtant, je pourrais7 vous citer des dizaines d’exemples divers et variés, dont les raisons sont tout aussi ridicules et les effets tout aussi dramatiques – car dans les faits, la méthode globale a des effets durables sur la qualité de lecture et aura condamné de façon durable le destin scolaire de millions d’élèves.

Comment des gens intelligents, formés tels que des enseignants français, ont-ils pu privilégier des méthodes d’enseignement délétères, contraire à l’intérêt des élèves, au détriment de tout bon sens et de toute confirmation scientifique (en s’appuyant paradoxalement sur des travaux universitaires qui n’avaient rien de scientifique, l’Université devenant dans le même temps un vecteur de militantisme)? Je ne peux l’interpréter que par une volonté inconsciente de couper les enfants de leur racine, la maladie de la destruction et du déracinement. Ce qui se rapproche le plus cette volonté inconsciente, c’est pour moi la mauvaise foi sartrienne. On ne veut pas voir la réalité pour paraître plus élevé à ses propres yeux.

La maladie, comme le décrit Simone Weil, s’est bien propagée « à l’ensemble de la société ». Comment expliquer sinon que la plupart des français n’ait pas vu – ou plutôt pas voulu voir – la réalité du déclin scolaire. L’Education Nationale ne voulait pas voir l’échec, n’élaborait plus de statistiques fiables et servait à tous la fable du « niveau qui monte ». Seules les études internationales (PISA) ont permis d’ouvrir les yeux.

J’ai tellement d’exemples à disposition, que soit dans l’éducation ou dans les domaines politique, économique, social… que le travail nécessaire d’illustration de cet article par des exemples dépasse largement le cadre de l’article lui-même. Je publierai ces exemples au fur et à mesure, en fonction du temps que j’ai et de l’actualité8.

Mais tout lecteur de cet article peut aussi commencer son propre travail pour s’en convaincre. Et en fait doit. Car le défaut de ma thèse est qu’elle est parfaitement irréfutable au sens de Popper, elle sera donc facilement contredite par de multiples experts qui avanceront qu’elle ne repose sur rien, aucune étude, est totalement empirique et même, le peu de lucidité mentale qui me reste prédit qu’elle sera attaquée au prétexte d’être légèrement paranoïaque. Je vous invite cependant à travailler un peu par vous-mêmes selon le schéma défini ci-dessous. Travailler à la maison ne fait aucun mal, même si l’Education Nationale tente de l’empêcher depuis des années au prétexte que « cela favorise les inégalités sociales » (évidemment, j’y vois encore une volonté inconsciente de nuire et de ne pas transmettre, on ne se refait pas).

La loi de Klein

La question à se poser, concernant les positions politiques qu’adopte tel ou tel parti de gauche, par exemple, est la suivante :

Au-delà de la rationalisation manifeste de la position politique, sa mise en œuvre serait-elle bénéfique pour l’intérêt général ou pour le pays ? Et la réponse sera régulièrement non. Car LA RAISON PROFONDE pour laquelle cette position a été adoptée (j’insiste, il s’agit de la raison, pas de la conséquence) est qu’elle détruit. Ce simple raisonnement permet de relier entre elles presque toutes les positions de la gauche moderne, même quand, nous le verrons, ces positions sembles incohérentes entre elles.

Vous le verrez si comme moi vous commencez à faire ce travail : tout s’éclaire dès lors que l’on considère que la volonté de détruire est le fondement de cette gauche, son seul principe explicatif réel.


  1. Que signifie « moderne » ? Je définis ce terme un peu plus loin. ↩︎
  2. La « Destruction » est d’ailleurs son nom premier, celui que lui avait donné Heidegger, dont Derrida s’est inspiré ↩︎
  3. Quand on rentre dans le fond du problème, on se rend compte que ces affirmations, bien que soutenues par des parties de l’Université, sont totalement fausses et paranoïaques. Elles sont pourtant abondamment reprises. ↩︎
  4. Les étudiants français qui comme moi s’expatriaient dans les meilleures universités américaines constataient par exemple que dans toutes les matières scientifiques, ils étaient en moyenne bien meilleurs que les étudiants américains, européens ou asiatiques. ↩︎
  5. Des chercheurs tels que Stanislas Dehaene ont récemment mis en évidence le succès de la méthode sur la méthode globale syllabique via des techniques d’imagerie cérébrale: celle-là active bien plus rapidement les zones du cerveau de l’enfant dédiées à la lecture ↩︎
  6. Les études montrant la supériorité de la méthode syllabique sont nombreuses, mais restent encore niées par d’éminents pédagogistes pour qui elles ne seraient que partielles et biaisées, les professeurs n’y seraient pas assez formés, etc. ↩︎
  7. Et d’ailleurs je le ferai, je rassemblerai dans un tableau des dizaines d’exemples pour illustrer mon propos. ↩︎
  8. Il faut signaler aussi que la gauche n’est pas la seule responsable de la destruction des structures. cette disparition est aussi, comme Michéa le mentionne, une des effets de la mondialisation et même du capitalisme. ↩︎
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En hommage aux morts du 7 Octobre 30 décembre 2023

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Kevin Chen, changement de programme « improvisé », ce 21 Octobre dans un concert donné au Carnegie Hall.

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Isabelle Carré et la cancellation de Depardieu

Par Thierry Klein dans : Politique.
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La Tribune d’Isabelle Carré dans Elle. Je me méfie de ce genre de textes. Ce qui me fait froid dans le dos, à moi, c’est sa ponctuation « inclusive », volonté idéologique de transformer la langue. Et oui, les chiffres fournis par Isabelle Carré mentent car ils sortent du « travail » des associations féministes, dont la plupart sont des sectes militantes. Ainsi, on a du mal à faire la part du fantasme, du problème psychologique et de la réalité dans cette prise de position. En revanche, on voit ce que tout ça fait peser en termes de menace totalitaire sur la société. Car le but est de lâcher des meutes, qui condamnent avant d’avoir jugé. Et ces féministes là, les « me-too », on ne les a sauf exception pas entendues pour condamner les viols du Hamas, le 7 Octobre – au contraire, elles les ont plutôt relativisés au nom de la soi-disant nécessaire « lutte anti-coloniale ». Lutter contre le sexisme, oui. Favoriser les thèses d’une extrême gauche sectaire et de l’islamisme au prétexte de la lutte contre le sexisme, non

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Les experts

Par Thierry Klein dans : Politique.
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600 artistes dénoncent la loi du silence concernant Depardieu.

Presqu’aucun d’entre eux n’a osé s’exprimer suite aux massacres du 7 Octobre.

Des experts.

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Wokisme et islamisme : histoire d’une haine commune 17 décembre 2023

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Le phénomène est apparu aux yeux du monde le 7 octobre 2023 : les islamistes ont pris des positions anti-israéliennes et on n’en attendait pas moins d’eux puisqu’ils sont antisémites. Mais toute la gauche « Nupes », ou presque, a pris des positions anti-israéliennes aussi. A ma connaissance, seules de rares personnalités de gauche, souvent juives, ont échappé à la contagion (Julien Dray, Jérôme Guedj, Manuel Valls…). Grosso modo, plus on va vers l’extrême-gauche (LFI, NPA), plus les positions deviennent non seulement anti-israéliennes mais aussi antisémites (voir les positions de David Guiraud, Mélenchon…). Ce phénomène s’est produit non seulement en France mais dans tout l’Occident : les étudiants wokes des universités progressistes nord-américaines ont pris des positions pro-palestiniennes allant jusqu’à l’antisémitisme, souvent soutenus par les institutions elles-mêmes, on l’a vu dans le cas d’Harvard, du MIT et de Penn lors d’auditions menées par le Sénat.

Il faudrait certainement mieux définir ce qu’est une position anti-israélienne, une position antisioniste, une position antisémite, d’autant plus que les antisionistes se disent simplement « opposés à la politique coloniale de l’Etat d’Israël », que les antisémites nient évidemment leur antisémitisme avec des trémolos dans la voix et de multiples circonvolutions (ce qui fait que le discours antisémite d’extrême gauche des années 2020 ressemble à s’y méprendre au discours d’extrême droite des années 70). Il faudrait le faire et je le ferai un jour mais tel n’est pas le but de ce petit billet: mon objectif est simplement de mettre à jour le lien profond, jusqu’ici caché, entre islamisme et wokisme, à savoir la haine de l’Occident.

Cette haine est bien connue en ce qui concerne l’Islamisme et elle est en quelque sorte bien compréhensible aussi, compte tenu de l’Histoire. La guerre entre Islam et Occident dure depuis plus de 1000 ans « à l’extérieur » mais l’immigration a, depuis 60 ans, augmenté le nombre de musulmans « à l’intérieur » en France et en Europe. Les frères musulmans n’ont de cesse d’augmenter partout le poids social et le pouvoir politique de l’Islam. La diffusion généralisée de la nourriture hallal, du voile constituent pour eux une grande réussite. Dans leur esprit, ce n’est cependant qu’une étape.

L’Islam politique a lié une alliance d’intérêts avec la gauche. La gauche a ciblé les musulmans depuis 30 ans car, fraichement immigrés, ils constituent à ses yeux un « nouveau prolétariat, la population la plus pauvre sur le territoire français. Sous l’influence des frères, les islamistes ont infiltré les mouvements politiques de gauche et celle-ci est devenue perméable, en dépit de toute sa tradition philosophique qui lui fait apparaître la religion comme une aliénation, à la bigoterie islamique (soutien au port du voile, remise en cause de la laïcité dénoncée comme liberticide…) et à l’antisémitisme (requalifié « antisionisme »). L’acceptation par la gauche de l’idée que toute religion est « l’opium du peuple » sauf l’Islam, c’est ce qu’on appelle classiquement maintenant l’islamo-gauchisme : un agenda clientéliste / politique commun à l’Islam politique et à la gauche.

Qu’est-ce que le wokisme ? Du psychisme transformé en politique.

Le wokisme est une forme de paranoïa envieuse, raciste, consistant à voir partout des micro-agressions (c’est ce qu’on appelle alors être « woke », c’est-à-dire « éveillé, attentif »). Si par exemple, vous traitez un homme noir (petit, gros, laid, trop grand…) avec condescendance ou un sentiment de supériorité, vous commettez une micro-agression dont le woke cherchera à se protéger au sein d’un espace dit « de sûreté ». Le problème est que ces « micro-agressions » font partie de la vie courante, se produisent des milliers de fois par jour, et peuvent être réelles ou fantasmées, puisque nous sommes tous, en partie, des complexés qui nous imaginons que nos fragilités vont être décelées chez les autres. Dans un grand nombre de cas, les micro-agressions dénoncées sont imaginaires et donc le woke a un sérieux problème psychique, problème qui partagé par un grand nombre de ses semblables, devient un problème politique, une névrose obsessionnelle devenue sociale.

Parti des Etats-Unis, le wokisme s’est d’abord développé au sein de la communauté noire qui a subi l’esclavage et qui continue probablement à en vivre le traumatisme, même plusieurs générations après la fin de l’esclavage et alors que le niveau de racisme a diminué, via un mécanisme difficile à prouver scientifiquement mais qu’on peut appeler, avec Simone Weil, la maladie du déracinement. Aujourd’hui, ceux qui sont atteints de cette maladie vont rechercher systématiquement, de façon paranoïaque, les signes d’oppression, aussi légers soient-ils, et s’ils n’existent pas, ils les inventeront.

Ils se vivent victimes et leur discours manifeste est altruiste, puisqu’ils ne cherchent qu’à réparer des torts qui leur sont faits – certains de ses torts, je le rappelle, ont été réels dans le passé, certains sont réels dans le présent mais le plus souvent amplifiés, certains sont imaginaires et entrainent une déformation du vocabulaire et même, via la sociologie, le développement d’un nouveau dictionnaire, destiné à contrer à l’avance toute réfutation possible : ainsi, quand le racisme en tant que tel n’existe plus, on parlera de « racisme systémique » ou « structurel ». On appellera, de façon profondément raciste, « bounty » (blanc à l’intérieur, noir à l’extérieur…)  les noirs qui refusent de prendre en compte le point de vue des wokes. Il faudrait un papier complet, peut être un livre pour analyser ce nouveau vocabulaire et ce n’est pas l’objet de mon article. Simplement, si le discours manifeste des wokes est altruiste, et peut parfois rappeler un discours de gauche, issu des lumières, disons celui de Jaurès, la position latente est toujours dans le ressentiment, haineuse et sectaire ; celle de Staline.

Je résume simplement ici le point de vue de Simone Weil :

Qui est déraciné déracine. Qui est enraciné ne déracine pas. Sous le même nom de révolution, et souvent sous des mots d’ordre et des thèmes de propagande identiques, sont dissimulées deux conceptions absolument opposées.

L’une consiste à transformer la société de manière à ce que les opprimés puissent y avoir des racines; l’autre consiste à étendre à toute la société la maladie du déracinement qui a été infligée aux opprimés. Il ne faut pas dire ou penser que la seconde opération puisse jamais être un prélude de la première; cela est faux. Ce sont deux directions opposées qui ne se rejoignent pas.

Simone Weil, l’Enracinement

Le woke, comme l’islamiste, hait donc profondément la société occidentale. Haine héritée du passé le plus souvent, qu’on soit noir ou blanc, selon le principe, dont parle aussi Simone Weil, que les effets corrupteurs de l’injustice sont aussi profonds sur le « dominant » que sur le « dominé ». Les blancs wokes ont aussi un dictionnaire de concepts parfaitement irréfutables au sens de Popper à leur disposition, comme celui de « privilège blanc », l’incapacité supposée du blanc à réaliser la chance qu’il a d’être né dans la position du dominant, qui permet de réfuter toute opinion émise par un blanc sur le wokisme.

D’où vient le rapprochement entre islamisme et wokisme ? L’islamisme est une haine de l’Occident consciente qui vient de l’extérieur, le wokisme une haine, parfois consciente mais le plus souvent inconsciente, qui vient de l’intérieur. C’est l’objet de la haine commune qui crée l’alliance idéologique. Quand on désire la même chose, on rentre en conflit ; quand on hait la même chose, on est en accord. Qui a des ennemis qui se ressemblent s’assemble.

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Doit-on s’opposer au redoublement pour des raisons scientifiques ? 12 décembre 2023

Par Thierry Klein dans : Education.
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Dans un article paru dans l’Express du 6/12/2023, Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS en sciences cognitives et membre du conseil scientifique de l’Education Nationale, s’oppose à la mesure en faveur du redoublement récemment annoncée par Gabriel Attal.

Franck Ramus est un adepte de « l’éducation fondée sur les preuves » et pour lui, le débat scientifique en matière de redoublement est clos. Le consensus scientifique montrerait que le redoublement serait peu efficace et très coûteux, à tel point que :

« on peine à comprendre qu’il n’ait pas été suivi par le ministre… Les meilleures décisions politiques, en éducation comme en santé, sont celles qui sont dûment et complètement informées par les connaissances scientifiques consultées en amont des décisions ».  

Il préconise donc, au nom de la science, non pas la mise en œuvre de cette décision politique mais « une expérimentation locale et évaluée rigoureusement avant d’envisager une généralisation ».

En réalité, comme l’admet d’ailleurs Franck Ramus, faire redoubler plus d’élèves aurait sans doute un effet positif sur le niveau des élèves français dans le contexte actuel. En effet, les études sur lesquels il s’appuie montrent que dans un contexte où le taux de redoublement est devenu presque nul, comme en France, certains élèves ne redoublent pas alors qu’il gagneraient à le faire plutôt qu’à passer dans la classe supérieure où ils seront irrémédiablement largués. Notons que nous n’avions pas besoin d’études pour remarquer ceci, une simple réflexion empirique, celle que font probablement tous les enseignants, nous suffisait pour arriver à cette conclusion.

Mais surtout ces études ne nous disent rien du tout sur les raisons pour lesquelles Gabriel Attal souhaite rétablir le redoublement.  Elles n’observent pas les bonnes données car elles ne portent que sur le niveau de connaissance des élèves redoublant et non pas sur le niveau des autres élèves de la classe, qui est profondément impacté si on ne permet pas le redoublement.

En fait, les chercheurs sont un peu comme ce fou qui, ayant perdu sa montre, la cherche sous un lampadaire. Quand on lui demande s’il a bien perdu sa montre à proximité du lampadaire, il répond: « non, mais au moins là je peux chercher, c’est bien éclairé ! ». Cherchant de cette façon, il n’a évidemment aucune chance de retrouver sa montre.

En réalité, à quelle situation les enseignants sont-ils confrontés, dès le collège et jusqu’en Terminale ? Un petit nombre d’élèves de la classe auraient dû redoubler – certains depuis fort longtemps – et ne peuvent en aucun cas suivre le programme. Ces élèves introduisent une très forte perturbation dans la classe. Leur démotivation bien naturelle conduit à l’échec chronique, à l’indiscipline, sans parler des nombreux cas de résistance religieuse à l’enseignement, idéologiquement opposé à l’Islam pour certains parents. Dans un contexte où la « consigne idéologique » donnée par l’Education Nationale, selon le mot d’ordre de François Dubet, est de s’occuper des élèves les plus faibles en priorité, pour « lutter contre les inégalités » et ce même au détriment du niveau moyen des élèves, les professeurs passent un temps infini à traiter le problème, fondamentalement insoluble, des élèves en retard au détriment de la transmission du savoir vers les autres élèves. La lutte contre les inégalités, telle qu’elle est mise en oeuvre, s’oppose à la transmission du savoir.

La position de Franck Ramus tient donc de l’opinion, non pas de la science, qui ne nous dit pratiquement rien en l’espèce. Affirmer que le consensus scientifique sur le redoublement est « clair » tient tout simplement du scientisme – une croyance excessive dans l’état de la science.

Le temps du politique n’est pas le temps du scientifique.

Je pense pour ma part que les mesures prises par Gabriel Attal sont salutaires si, au lieu de s’intéresser simplement aux redoublants, on s’intéresse au niveau moyen des élèves qui ne redoublent pas et à la motivation des enseignants, auxquels on a retiré depuis des années les moyens d’enseigner.

Je ne pense pas du tout qu’une expérimentation locale soit nécessaire tant le bon sens de cette décision est évident. Une expérimentation ne ferait que retarder de façon dramatique les effets positifs que cette décision va avoir sur les élèves, alors que la situation est tout à fait urgente. En revanche, on pourrait, et probablement on devrait, monter en parallèle une expérimentation rigoureuse pour tenter de prouver ce raisonnement empirique avec des données.

On devrait aussi informer les enseignants des avantages et du danger du redoublement (si on estime du moins que leur connaissance empirique de terrain, sans doute supérieure à celle des études publiées, n’est pas suffisante), de façon à leur donner un maximum d’éléments permettant d’évaluer, au cas par cas, la pertinence du redoublement pour chaque élève pour lequel il est envisagé.

L’opinion des scientifiques n’est pas la science

Gabriel Attal a agi en politique. Et il a eu raison de le faire.

L’état de la science, ce n’est certes pas rien. Mais il est toujours un mélange de savoir et d’opinion, la proportion de chaque élément étant inconnue de la plupart des savants eux-mêmes. Beaucoup de citoyens sont prêts à suivre presqu’aveuglément l’avis des savants, même lorsque cet avis n’est qu’une opinion Il s’agit ni plus ni moins que d’une forme d’aliénation à l’avis des savants, de servitude. Cette aliénation est très dure à combattre. Ceux qui en sont victimes sont souvent des gens bien éduqués qui se vivent comme des héritiers des Lumières. Ceux qui refusent de s’y soumettre sont à leurs yeux d’obscurantistes ennemis de la science.

« Devons-nous nous soumettre aveuglément à ces savants qui voient pour nous, comme si nous nous soumettions aveuglément à des prêtres eux-mêmes aveugles, si le manque de talent ou le loisir nous empêche d’entrer dans leurs rangs ? Rien n’est plus difficile, et en même temps rien n’est plus important à savoir pour tout homme. Car il s’agit de savoir si je dois soumettre la conduite de ma vie à l’autorité des savants ou aux seules lumières de ma propre raison ».

Simone Weil

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La valeur travail existe-t-elle ? 30 septembre 2022

Par Thierry Klein dans : Aliénation,Economie,Open Source,Politique.
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Le chasseur-cueilleur préhistorique, directement en lien avec la nature, n’agit que sous la pression de celle-ci et a bien conscience que son activité  a pour but direct sa survie. L’homme moderne vit sous le règne de la division du travail, des myriades de métiers existent dans notre société. La division du travail a augmenté de façon extraordinaire la productivité humaine mais nous cache de plus en plus ce fait fondamental : le travail est la façon dont nous arrachons à la nature ce qui nous est nécessaire pour survivre. Elle nous le cache car quand l’activité de chacun est parcellaire, plus personne ou presque ne peut reconstituer l’ensemble de la chaîne industrielle qui extrait les moyens de la survie de la nature. L’ouvrier qui produit un clou n’a pas forcément conscience du rôle de son usine dans la survie de l’espèce pourtant, comme Adam Smith l’a montré, sa productivité est infiniment supérieure à l’artisan du moyen-âge. Le fait que la production du clou nécessite si peu d’effort humain aide à la satisfaction des besoins vitaux de l’humanité (constructions, infrastructures…).  

Les écologistes et la valeur paresse

Ceux qui ont récemment nié la “valeur travail” (j’essaierai par la suite de parfaitement définir cette expression) et prôné un “droit à la paresse” sont donc en premier lieu ceux qui, oubliant la logique profonde, bien qu’inconsciente, de la division du travail, mettent l’accent sur ses défauts, ses absurdités, ses gaspillages. Ils constatent que la société crée de nouveaux besoins, non liés à la survie, qu’on peut philosophiquement qualifier d’inutiles; qu’elle génère de nombreux gaspillages, par exemple énergétiques; que la répartition des ressources est mal effectuée, une partie de l’humanité n’ayant pas assez pour survivre alors que quelques milliardaires accumulent les richesses. Si on croit que la machine industrielle s’est emballée, qu’elle produit en quelque sorte “à vide”, on doit donc produire moins, travailler moins, au nom de l’écologie ou du besoin de “sobriété”. A la limite, on peut considérer tout ou partie de l’activité humaine comme contre-productive, générant simplement gaspillage et pauvreté. Constater ceci,ce serait créer non seulement un droit mais un devoir de paresse.

Mais en réalité, la division du travail actuelle a permis à l’humanité d’atteindre 7 milliards d’individus, en croissance exponentielle depuis le début de l’ère industrielle où la population atteignait 1 milliard. Il n’est pas certain que l’agriculteur africain ou australien, brûlant des kilomètres carrés de terre, soit moins destructeur que l’homme moderne, capable de fournir l’énergie nécessaire à des villes entières à partir de quelques kilogrammes d’uranium. Le gaspillage moderne n’est peut être pas plus important, en proportion, que celui qui a mené aux pyramides égyptiennes. Le PIB des pays est fortement lié à l’espérance de vie ce qui signifie que toute baisse de productivité, ou toute crise énergétique réduisant la production, aura des conséquences directes sur la mortalité. Les écologistes échouent à montrer qu’un modèle sobre est compatible avec le niveau actuel de la population humaine et leurs arguments sont sentimentaux, mais pas raisonnables. On ne peut pas, au nom de l’écologie, justifier un quelconque droit ou devoir à la paresse.

La nécessité du travail. 

Le travail n’est devenu une notion noble que récemment. Chez les grecs, seuls les esclaves travaillaient et les citoyens dédiaient leur temps aux activités dites nobles (telles que la philosophie, la géométrie, la guerre …). En temps de paix, le citoyen grec libre se consacre donc uniquement à ce que nous appelons aujourd’hui “loisir”. Dans l’Ancien Régime, les nobles ne travaillaient pas, ne commerçaient pas. C’est la Révolution qui introduit la notion de travail pour tous, au nom de l’égalité et du respect du Contrat Social de Rousseau, qui définit précisément le point de contact frictionnel entre individu et société. Chaque citoyen est censé participer à l’effort collectif que mène l’homme face à la nature. Refuser de mener cet effort en invoquant un droit à la paresse, c’est une rupture du contrat qu’impose la société à l’individu. C’est une forme de malhonnêteté envers la collectivité souveraine qu’on peut comparer, dans l’esprit, au refus de faire son service militaire ou à la fraude fiscale. 

La paresse en tant que morale de l’assistanat

On commence à rentrer ici dans la notion morale, même si c’est sous l’angle de la nécessité. Le travail est nécessaire, il n’élève pas forcément l’être humain mais ne pas se plier à cette nécessité collective est une fraude immorale. Il n’y a pas forcément de “valeur travail” mais il y a un état immoral, qui est l’oisiveté. Cette opinion reste très répandue aujourd’hui et c’est pourquoi les déclarations sur le “droit à la paresse”, qui provenaient de représentants de mouvements d’extrême gauche (LFI et EELV) ont choqué. Pour un grand nombre de gens, l’indemnité chômage, par exemple, est nécessaire face aux accidents de la vie mais une aide permanente destinée à soutenir l’inactivité, nommons ceci “assistanat”, n’est pas acceptable pour des raisons morales, pas plus que ne le serait un soutien à la fraude fiscale par exemple. Et cette idée, quoi qu’en pense Aymeric Caron, est une idée de gauche.

Les sociétés où tout ou partie de la population ne travaille pas sont des sociétés serviles ou en route vers la servitude. Si la classe dominante ne travaille pas, c’est que le reste de la population est asservie, comme dans l’Ancien Régime. Quand c’est le peuple qui ne travaille pas, la société est une dictature en devenir comme Rome l’a été sous le règne du “panem et circenses” ou comme la société totalitaire qu’évoque brillamment Orwell dans 1984. Le “panem”, c’est l’équivalent du RSA pour la plèbe, l’assistanat de toute la population pauvre qui va de pair avec le “circenses”, le loisir, visant à  occuper les esprits. L’ensemble a pour but d’amollir toute velléité de résistance, de mettre la population en état de servitude volontaire. En prônant le droit à la paresse, l’extrême-gauche oublie le contrat social, balaie la notion de citoyenneté et ouvre la voie à la dictature. Cela s’appelle oublier d’où on vient.

Pourquoi donc cet oubli, en rupture totale avec sa tradition historique ? 

L’explication nous est encore donnée par les penseurs de gauche. Pour Marx, la conscience sociale et la morale résultent des conditions économiques, dont elles forment une sorte de superstructure. Pour Proudhon,  “La pensée d’un homme, c’est son traitement”. A partir du moment où, comme c’est le cas en France, un large partie de la population est  structurellement assistée, l’état de chômage permanent devient une sorte de métier à plein temps et il est inévitable qu’une morale associée à cet état économique se crée. Le chômage, honteux au départ, devient le “droit à la paresse”  et n’est plus vécu comme une contrainte mais comme une condition sociale comme une autre. On doit alors augmenter  la rétribution de la paresse, c’est-à-dire les minimums sociaux, au détriment de la rétribution du travail. L’argument de l’extrême gauche va au-delà du clientélisme: il prend en compte la nouvelle réalité économique et la création d’une classe d’assistés permanents, ayant sa propre morale, dont l’extrême-gauche, reniant sa mission historique, protègera les intérêts.

L’impossible liberté du travail

Mais quelle est cette mission historique de la gauche ? Notre chasseur-cueilleur a une productivité très faible,  nous l’avons vu, comparée à celle du travailleur moderne. Mais il est seul, libre d’agir, face à la pression aveugle de la nature alors que le travailleur, subissant l’organisation moderne et la mécanisation de son poste de travail, est face à un commandement humain qui  l’aliène. “La nature peut constituer un obstacle, une résistance mais seul l’homme peut enchaîner » (Simone Weil). Il semble que l’homme ne puisse se débarrasser de la pression de la nature sans créer sa propre oppression, bien humaine. Tout gain de productivité (l’agriculture, l’industrie…) permettant de développer économiquement les sociétés humaines est comme lié à des structures oppressives (esclavage, servage, fordisme…)  aliénant l’individu. Le travailleur devient un simple outil de production, une chose. Le travail est une aliénation et n’est que ceci. La mission historique de la gauche est donc de protéger l’individu contre cette organisation aliénante, que Marx a identifiée et dénoncée dans le capitalisme. 

D’où viennent les 35 h ?

Aucune valeur travail n’est compatible avec cette vision. Aucune amélioration morale de l’Homme n’en sort. Un travailleur à la chaîne subit, devant sa machine, une vie inhumaine – même s’il joue un rôle social important vis-à-vis de la société. Sa profession est purement utilitaire. Pendant qu’il travaille, l’ouvrier est soumis à sa hiérarchie, n’apprend rien, ne progresse pas. Il n’est plus vraiment un homme, plutôt une fourmi. Il n’est homme que pendant ses loisirs et cette vision conduit inéluctablement à une volonté de réduire le temps du travail et d’augmenter les loisirs – sans aller jusqu’à l’assistanat cependant. C’est là l’origine de la vision que la gauche a mise en œuvre ces 30 dernières années et cette vision est probablement partagée par un grand nombre d’employés de ma société.

De l’instinct animal au travail

Si on considère le travail sous l’angle unique de la nécessité, il est donc bien difficile d’en faire ressortir la moindre valeur morale. Pourtant cette valeur existe et pour aller la chercher, il faut partir, encore une fois de notre chasseur-cueilleur et comprendre en quoi le travailleur en diffère. Le chasseur-cueilleur des origines ne travaille pas vraiment. Poussé par la faim, il agit et chasse et il est donc dans un optique de satisfaction immédiate de ses besoins élémentaires. En ceci, il ne diffère pas des animaux qui chassent instinctivement et on ne peut pas appeler sa chasse “travail”. “Les animaux s’agitent, l’homme seul travaille, parce que seul il conçoit son travail” (Proudhon). Pour qu’il y ait réellement un travail, il faut une suite d’opérations manuelles et de pensée en vue de produire un objet qui sera consommé – et plus la division du travail est forte, plus il est probable que la production du travailleur sera consommée par d’autres hommes, lui-même achetant ou échangeant, grâce à sa production, les biens nécessaires à son entretien. Ainsi, notre clou n’est pas consommé par l’ouvrier qui le produit mais, via un système d’échange, lui permet d’acheter sa nourriture. Il n’y a donc travail que lorsque l’homme n’agit pas par impulsion instinctive, mais en vue d’un objectif pensé, qui est la consommation. La consommation n’est alors plus la cause mais la fin de l’action. “La consommation comme besoin est un moment interne de l’activité productive” (Marx). L’homme consomme en qualité d’être vivant, il travaille en qualité d’être pensant » (Simone Weil). 

Le travail est une donc activité pensée ayant pour fin la satisfaction d’un besoin (Simone Weil). Ces deux aspects sont absolument nécessaires. Si on exclut le besoin, en ne gardant que l’activité ou la pensée, on en revient à cette transition qu’a représentée la Grèce. La Grèce a séparé l’activité du besoin, inventant l’athlétisme. Elle a séparé la pensée de la nature, inventant la géométrie, science dont l’utilité pratique est nulle au départ – si les Grecs avaient cherché un savoir réellement utilitaire, ils auraient inventé l’algèbre.

Le chasseur-cueilleur est donc dominé par la nature alors que Grâce à son activité et à sa pensée, “le travailleur soumet la nature en lui obéissant” (Bacon). Passer de la domination pure à la seconde forme d’obéissance est une libération et c’est même l’unique libération possible pour l’homme. “Le génie du plus simple artisan l’emporte autant sur les matériaux qu’il exploite que l’esprit d’un Newton sur les sphères inertes dont il calcule les révolutions” (Proudhon). 

Qu’est-ce que la valeur morale du travail ?

La valeur morale du travail procède donc de  la confrontation entre la pression de la nature et l’action du travailleur. L’aliénation oppressive au travail, c’est la confrontation entre la pression humaine  (l’organisation du travail mise en place) et l’action du travailleur. Seuls les métiers non touchés par l’organisation du travail peuvent être considérés comme totalement libres de toute oppression (par exemple le paysan qui laboure son champ à la faux, l’artisan qui produit seul son objet). 

Les autres métiers sont toujours sujets à une oppression humaine, qui est la seule oppression possible, la nature agissant en tant que pression et non en tant qu’oppression puisqu’elle n’a pas d’intention. L’oppression naît du fait que, selon la remarque de Marx, ceux qui organisent contrôlent le travail de ceux qui exécutent, et ont tendance à les asservir. Il est impossible de se débarrasser de l’organisation du travail car il en résulterait une perte de productivité incompatible avec, entre autres, le maintien de la population à son niveau actuel. Donc il est impossible d’éliminer totalement toute forme d’oppression.

[Les larmes de Federer. J’ai choisi une approche philosophique pour définir cette valeur morale mais j’aurais pu aussi bien m’appuyer sur la psychologie populaire. Quand on dit de quelqu’un qu’il est “un grand professionnel”, on y met évidemment une signification morale. Pour comprendre comment le travail élève, il suffit de prendre un exemple récent, celui des larmes de Federer et de Nadal lors des adieux de Federer. Dans sa carrière, Federer a d’abord tout gagné “facilement”, puis est apparu Nadal qui, comme la nature pour le travailleur, lui a résisté et l’a forcé, par le travail physique et la réflexion, qui sont les deux grands constituants du travail, à améliorer son jeu, à aller plus loin, atteignant à la fin de sa carrière des sommets qui l’ont sans doute surpris lui-même. Federer pleure non pas les grands chelems perdus mais la grandeur que Nadal lui a permis d’atteindre, son dépassement, sa pleine réalisation en tant que joueur de tennis. Et Nadal, qui ne prend pas encore sa retraite, pleure exactement la même chose. Toute personne qui a eu la chance à un moment ou un autre de travailler intensément, dans un contexte où ce travail a été effectué de façon non servile, comprend de quoi je parle.

]

Vers une société de la coopération ?

On peut cependant avoir pour objectif de minimiser cette oppression. Ainsi, dans les manufactures du moyen-âge, le mode d’interaction entre les travailleurs était la coopération entre hommes. Chaque travailleur négociait avec un autre travailleur l’objet qu’il allait lui fournir, dans un but commun. Les compagnons collaboraient pour l’édification des cathédrales. 

Lorsque cette coopération humaine a été remplacée, au moment de la révolution industrielle, par une collaboration de machines, les travailleurs ont perdu toute capacité d’élaboration et coopération. Ils sont devenus asservis aux machines, c’est-à-dire aux ingénieurs et aux contremaîtres. Cette forme de production s’est imposée à cause de sa grande productivité, mais a été un recul sur le plan humain.

L’Open Source et la société de la collaboration

Dans notre société moderne, le développement logiciel, s’il est bien réalisé, donne une idée de ce que pourrait être une industrie de la coopération. Les ingénieurs conçoivent des architectures globales, qui sont nos cathédrales modernes, définissent leurs interfaces internes, les composants qu’ils utiliseront et échangeront avec eux. Cette coopération dans un but commun nécessite effort et créativité et respecte la liberté individuelle de chacun.

Le mouvement Open Source est une parfaite illustration de ce que peut être l’industrie de la coopération, réunissant idéal et utilité. Lancé en 1984 par Richard Stallman, il a pour objectifs de favoriser la libre circulation des connaissances et des logiciels (en opposition  avec les stratégies privées de sociétés telles que Microsoft), de faire collaborer les ingénieurs et de mettre à la disposition de tous le résultat de leurs travaux. En générant des dizaines de milliers de projets logiciels, en faisant travailler de façon collaborative des centaines de milliers d’ingénieurs, l’Open Source a eu – a encore – un impact majeur sur la société et est, entre autres, à l’origine d’Internet.

Dans une entreprise, chaque dirigeant devrait, dans la mesure du possible, tenter de susciter à tous les niveaux la collaboration, son rôle se limitant à organiser et synchroniser les travaux. Chaque exécutant devrait admettre sans ressentiment que la coopération parfaite étant impossible, une part d’arbitraire, de travail forcé, voire de travail absurde, subsistera dans toute activité professionnelle. Et cette part peut malheureusement être parfois très importante. Plus le dirigeant et l’exécutant tentent de se conformer à ce modèle qu’il faut voir comme un état limite impossible à atteindre, plus il y a de vertu dans le monde et plus le travail prend de la valeur.

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Elon Musk et Twitter: vers la création du 1er réseau social conservateur 18 avril 2022

Par Thierry Klein dans : Politique,Technologies.
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(Article écrit avant le rachat de Twitter)

Elon Musk vient de faire une offre pour racheter Twitter. Le style de l’offre est caractéristique.

I am offering to buy 100% of Twitter for $54.20 per share in cash, a 54% premium over the day before I began investing in Twitter and a 38% premium over the day before my investment was publicly announced.

My offer is my best and final offer and if it is not accepted, I would need to reconsider my position as a shareholder.

Pour en faire quoi et a-t-il une chance de rentabiliser cette offre ?

(Les citations de Musk sont tirées de l’interview d’hier par Chris Anderson, voir la vidéo sur YouTube)

Twitter est un média énorme. Les français l’oublient souvent quand ils critiquent France-Inter (trop à gauche !), ou Cnews (trop à droite !), mais Twitter, Facebook, YouTube pèsent plus que n’importe quel organisme de presse écrite ou audiovisuelle. Plus que Ouest-France, Le Monde ou TF1 si on regarde le temps moyen passé par français par exemple. Acquérir Twitter c’est se donner les moyens politiques de peser dans le monde entier.

Or Elon Musk est un conservateur et Twitter est un média démocrate. Ainsi, la modération de Twitter penche vers les idées “libérales” (au sens sociétales) ou progressistes. On l’a vu quand Twitter a banni Donald Trump un peu avant les élections américaines. Twitter penche vers les idées progressistes à la fois par idéologie (les employés de Twitter, diplômés des universités américaines, sont presque tous des progressistes, comme chez Google ou Facebook); mais aussi par intérêt: Twitter, YouTube, Facebook sont des régies publicitaires soumises aux diktats progressistes de leurs donneurs d’ordre, les grandes entreprises mondiales. D’une façon générale, le communautarisme crée de multiples marchés de niche, au niveau alimentaire, au niveau culturel (mode, média, industrie du luxe, du sport, etc) et donc toutes les entreprises qui vendent des biens de consommation y sont intéressées. 

Bref, pour quelqu’un comme Elon Musk, la modération de Twitter n’est pas neutre et il importe de la corriger. Ce que propose Elon Musk, c’est de mettre en place au sein de Twitter le “free speech” et de rendre les algorithmes de Twitter plus transparents. En quoi cela consiste-t-il ?

Le free speech (ou l’equal speech)

Elon Musk insiste sur le fait que le free speech, soumis aux lois de chaque pays, serait plutôt une forme d’equal speech. Des règles identiques pour modérer les tweets et surtout un mode de modération extrêmement réduit par rapport à aujourd’hui. Grosso modo, si un tweet n’est pas clairement illégal, Elon Musk propose de ne pas le modérer. Elon Musk insiste sur le caractère légal des tweets et c’est déjà un immense progrès par-rapport au Twitter actuel, qui ne se conforme pas à la loi française puisqu’il est organisé pour ne pas donner de façon systématique les coordonnées des auteurs de tweets illégaux. Il est vrai que notre législateur s’est montré bien soumis vis à vis des plateformes US.

(Ajout: 28 avril. Définition de l’equal speech)

Dans un monde idéal, Twitter donnerait immédiatement à la justice française les coordonnées de l’auteur de tout tweet manifestement illicite. Il y en a des milliers par jour et les auteurs de ces tweets pourraient être alors facilement poursuivis. Pour ce faire, Twitter aurait l’obligation de connaître l’identité de ses contributeurs. Ainsi disparaîtrait automatiquement une grande partie de son côté irresponsable et corbeau. 

En un sens, ce que veut faire ici Elon Musk c’est ce que l’Etat français n’a pas voulu ou pas su faire.

La transparence

L’autre idée d’Elon Musk, c’est la transparence des algorithmes. Le code source des algorithmes serait disponible, ce qui permettrait à la communauté d’en modifier les erreurs et d’avoir confiance dans le traitement “juste” de la diffusion des tweets (aujourd’hui, certains tweets sont probablement plus ou moins diffusés en fonction de critères idéologiques et opaques, cela ne pourrait plus être le cas).

Having a public platform that is maximally trusted and broadly inclusive is extremely important to the future of civilization

(A noter l’utilisation savoureuse du terme progressiste politiquement correct « inclusive » que Musk reprend ici à son compte, en en détournant le sens. L’inclusion que pratique Twitter aujourd’hui est une censure idéologique qui ne dit pas son nom. Musk propose de la remplacer par une « inclusion large » (broadly inclusive) traitant tous les tweets légaux de façon identique et transparente.)

La transparence améliorerait-elle la performance de Twitter ? C’est loin d’être certain. En effet, si l’algorithme est transparent, il peut être facilement biaisé. Ainsi, l’algorithme de Google, dont les principes sont connus, est-il biaisé en permanence par les techniques de SEO, qui visent, de façon très efficace, à faire monter un site dans les résultats de Google – à tel point que Google en devient souvent inutile. Dans les sites où le classement des vendeurs est fait d’après des avis publics, les évaluations sont aussi biaisées. Ainsi, plus de transparence ne signifie pas forcément plus de neutralité, bien au contraire. L’opacité est souvent une des conditions nécessaires à la création de valeur collective: c’est le regard d’Orphée qui tue Euridyce.

La rentabilité de Twitter et l’offre de Musk

L’offre d’Elon Musk est à 54 USD par action, la valeur de Twitter est au moment de l’offre de 35 USD par action. C’est une belle offre mais pas fantastique car l’action de Twitter n’a pas progressé depuis 5 ans au même rythme que celles de Google ou de Facebook. Et depuis 1 an, elle stagne carrément. Il est clair que le cours de Twitter est sous estimé par-rapport à facebook ou Google, et c’est lié aux problèmes de management et de positionnement de Twitter. Le capitalisme a horreur du vide et c’est une des raisons qui a rendu l’offre de Musk possible.

S’il prend possession de Twitter, Musk devra s’opposer aux salariés, qui sont uniformément progressistes, en désaccord avec la notion de free speech qu’essaiera de mettre en place Musk. Des départs massifs sont possibles. Est-il possible de construire un média Internet de masse non progressiste ? La question est posée, Trump a échoué.

(Ajout 28 avril: le début de l’opposition aux salariés progressistes de Twitter, ici la directrice juridique, juste 2 jours après l’annonce du rachat)

Musk déclare ne pas avoir d’objectif financier dans l’affaire

I don’t care about the economics at all.

Ca tombe mal, si j’ose dire, parce que les actionnaires de Twitter n’ont pas tous des intérêts financiers non plus ! On y trouve le fond souverain d’Arabie Saoudite, par exemple, qui a un intérêt au maintien de la politique “multi-culturaliste” de Twitter. Twitter est clairement un medium démocrate et donc, il n’est pas certain que ces actionnaires soutiennent Musk, même si c’est leur intérêt financier de le faire. Tout semble aujourd’hui montrer au contraire que l’affaire est politique, progressisme contre conservatisme.

L’offre de Musk peut-elle être créatrice de valeur pour Twitter ?

Oui, mille fois oui. La réponse est dans ce simple graphique.

On y voit que 33% seulement des utilisateurs de Twitter sont des républicains (traduisons: non progressistes). Musk, si sa stratégie fonctionne correctement, peut augmenter le trafic de Twitter de 33% environ. La hausse de trafic pourrait être bien supérieure du fait de l’intérêt généré et si ça marche, Facebook, Instagram, etc seraient obligés de suivre. Sans parler des multiples effets bénéfiques induits qui se monnaieront aussi à terme (liés à la confiance dans le média). C’est l’avenir des réseaux sociaux qui se joue ici.

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Comment j’ai merdé mes entretiens chez Mac Kinsey 3 avril 2022

Par Thierry Klein dans : Humeur,Pour rire ....
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Rien n’était si propre, si moderne, si riche que ces bureaux Mac Kinsey. Jeune diplômé, de retour des Etats-Unis, j’avais décidé de « faire du conseil ». Ne sachant rien faire de précis mais bardé de diplômes, n’ayant aucune idée sur ce que j’avais envie de faire non plus, il me semblait que j’étais en quelque sorte le candidat parfait.  J’entamais mon second tour d’interviews – le processus d’embauche chez Mac est une sorte de parcours du combattant consistant en 5 à 10 entretiens, le but est probablement de bien s’assurer que la société recrute des clones.

J’avais mis pour l’occasion mon seul costume, moi qui n’en portais jamais, je vous prie de croire qu’il ne venait pas du tailleur le plus chic, ni qu’il était du dernier cri: mon costume était peut-être mon premier désavantage, mais je n’en avais absolument pas conscience et surtout ce n’était rien par rapport à ce qui allait suivre.

La secrétaire d’accueil, probablement quadrilingue, m’a fait donc fait pénétrer dans cette salle d’attente, très froide, sans aucun charme, mais où il était évident, car c’était là sa fonction, que tout avait coûté très cher. Murs blancs, canapés blanc, moquette blanche, une peinture au mur qui semblait tout droit sortie de la pièce « Art » de Yasmina Reza mais je ne pouvais pas encore la contempler avec humour, la pièce n’avait pas été écrite, tout ça pour vous dire que ça remonte à très loin.

La moquette ne venait certainement pas de St-Maclou, elle était très épaisse, jusqu’à ressembler plus à une fourrure qu’à une moquette. Je me suis assis sur le bord du canapé, il y avait déjà deux candidats qui attendaient, enfin je n’étais pas certain qu’il s’agissait de candidats, peut-être s’agissait-il d’observateurs. (Peut-être étais-je déjà un brin parano ou alors un brin précurseur, puisque le film « La Firme » n’était pas non plus sorti). Je leur ai donc souri, et après, finalement, c’était comme en Boum, tout le problème était d’avoir l’AIR détendu.

Il y a eu quelque chose d’étrange au bout de quelques minutes. Les candidats-observateurs me regardaient de façon bizarre, un peu comme si j’avais été transformé en cafard. Surtout, je me suis rendu compte qu’il y avait une sorte d’odeur pestilentielle dans la pièce, une odeur de merde pour tout dire. Et cette odeur pestilentielle, il faut bien le reconnaître, semblait avoir pour origine précisément l’endroit où j’étais assis. Et pourtant j’avais fait des frais et ma douche était toute récente, bien plus que mon costume. Alors, prenant l’air le plus détaché possible, j’ai regardé un peu partout, en haut, à droite, à gauche, puis finalement en bas, le bout de mes chaussures. Et je me suis rendu compte que sous ma chaussure vernie droite était accrochée une énorme bouse, immonde, de celles sur lesquelles on ne marche qu’une fois ou deux dans sa vie. Voilà, c’était comme ça, elle était vraiment accrochée à la chaussure, alors, regardant ailleurs, prenant toujours l’air le plus détendu possible, j’ai commencé à discrètement vouloir la laisser sous le canapé. Mais c’était assez compliqué, la crotte étant assez molle et ayant tendance à ne se détacher que partiellement. J’étais occupé à ce travail de (bas) fond, certainement pas la meilleure préparation possible à l’entretien depuis environ 3 minutes quand la secrétaire quadrilingue est entrée me chercher.

C’était évidemment une secrétaire de haut vol, probablement formée à n’avoir jamais l’air de s’étonner de rien comme Anconina dans Itinéraire d’un enfant gâté (film qui était bien sorti, lui) mais quand même son visage trahissait une légère surprise. Il faut dire à sa décharge que 10 mn plus tôt, elle avait quitté une pièce parfaitement propre, discrètement parfumée et que là, elle rentrait dans une atmosphère nauséabonde (ça puait vraiment) avec surtout, à mes pieds, un énorme étron, bien visible, et une longue trainée noirâtre, résultat de mes efforts de dissimulation, encore plus visible, qui se détachait parfaitement, je n’ose dire artistiquement, sur le fond immaculé de la moquette. En fait, j’ai compris qu’elle se demandait tout bonnement si je n’avais pas chié dans la salle d’attente – sans doute une première mondiale pour un candidat à l’embauche chez Mac Kinsey.

Pour la rassurer sur ce point, j’ai donc grommelé un « C’est pas moi, c’est le chien » et, prenant l’air le plus détaché possible, ma chaussure et moi l’avons suivie pour mon entretien.

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