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L’explosion des dépenses de santé, la fin des héritages 24 juin 2008

Par Thierry Klein dans : Politique.
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L’héritage n’existera bientôt plus que pour les fortunés (au sens français du terme). En gros, seules les personnes dont le patrimoine au moment du départ à la retraite dépasse le million d’euros lègueront quelque chose à leurs enfants. C’est une conséquence mécanique de la mondialisation, de l’augmentation de la durée de vie, de l’augmentation des dépenses de santé.

L’espérance de vie à 65 ans est de 85 ans environ. Pour les couples, cela correspond à 40 années de dépenses à financer. Pour la plupart des couples , la retraite est une période d’appauvrissement (baisse des revenus, difficulté à baisser son niveau de vie).

Les régimes de sécurité sociale sont en train de changer. Leur prix monte, le taux de couverture diminue (voir, encore ce matin, l’annonce de la baisse du taux de remboursement de certains médicaments liés à des maladies chroniques).

Pour des raisons démographiques, les régimes de retraite vont mécaniquement devenir encore moins favorables, sauf, peut-être, pour les plus riches qui ont pu investir dans des régimes capitalisés (encore, pour ceux-ci, leur régime dépend-il de l’évolution des marchés, qui est aléatoire).

Les dépenses de santé sont en augmentation permanente, et vont atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros. Aux USA, le fonds de prévoyance Fidelity prévoit 225,000 Dollars de dépenses accumulées par retraité. Pour 10% des retraités, ces dépenses s’élèveront à 1 million de dollars. (Il faudra envisager des mesures radicales pour limiter cette explosion : soit réduire l’accès aux soins, soit créer une industrie pharmaceutique d’état ou européenne – voire nationaliser les entreprises existantes).

Les ménages divorcés lèguent moins d’argent à leurs enfants. Parce que le coût de la vie est supérieur pour un couple séparé. Et parce que les parents qui n’ont pas eu la garde de leur enfant n’ont pas, statistiquement, la même volonté de transmettre un héritage.

Soumis à une forte pression financière, les seniors feront de plus en plus appel à l’emprunt « à terme échu » pour se loger. Dans une telle formule, l’emprunteur est propriétaire de son logement, mais le remboursement du principal n’a lieu qu’au terme de l’emprunt. Concrètement, il sera de plus en plus souvent à la charge des héritiers qui revendront le logement pour rembourser le capital : en gros, le logement, principale source de l’héritage en France, ne sera plus transmis aux héritiers.

Le transfert de la richesse se fera de plus en plus du vivant des personnes. Ce mouvement est déjà enclenché et est une des conséquences de la mondialisation. Les personnes âgées supportent de plus en plus l’installation, l’éducation de leurs enfants et petits-enfants. Pour les plus riches, il s’agit d’un effort réfléchi pour réduire l’impôt sur l’héritage; pour la plupart, c’est une simple nécessité financière.

Le libre jeu des forces du marché rejoint l’idéal communiste: l’abolition de (presque) tout héritage.

(Très libre adaptation d’un excellent article du NYT).

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Commentaires»

1. Enzo (Love15) - 29 juin 2008

Ouaip… ce n’est pas pas pour me chagriner.

Ce qui m’embête bien davantage, c’est que ceux qui laissent des héritages en laissent de plus en plus gros. Et c’est ce fossé là que je trouve hallucinant.