Pourquoi je ne voterai pas Sarkozy 15 mars 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 865 fois | 3 commentaires
Bayrou est le candidat dont le discours est probablement le plus proche de mes idées, mais j’ai la conviction profonde qu’il y a un décalage énorme entre ses paroles et l’action qu’il mènera. Bayrou président et Strauss-Kahn premier ministre, voilà pour moi le symbole de l’immobilisme. Bayrou, c’est juste un Lecanuet qui essaie de parler comme de Gaulle.
Royal aurait pu aussi avoir mon vote, si elle affichait une politique en rupture avec celles que le PS a menées depuis 25 ans : laxisme, corruption morale, bonne conscience, démagogie, inefficacité – toutes ces caractéristiques, hors peut-être la bonne conscience, étant partagées avec la Droite – ce qui rend la Droite, en quelque sorte, plus excusable.
Je m’apprêtais doucement à voter Sarkozy, tout simplement parce que, de tous les candidats « présentables », il apparaissait comme le seul candidat en mouvement, énergique, compétent et capable de faire bouger les choses.
(suite…)
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Marie Drucker peut-elle, déontologiquement, coucher avec Béatrice Schönberg ? 28 février 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 7 448 fois | 2 commentaires
Certaines professions sont soumises à une déontologie. Cette déontologie consiste en un certain nombre de règles régissant la profession au-delà des habituelles règles légales. En général, l’objet de la déontologie éthique.
Si on édicte une déontologie, c’est souvent qu’on évolue dans un milieu où ces règles ont une certaine tendance à être bafouées et le code déontologique reste souvent lettre morte, car les causes du mal sont assez profondes.
Très souvent, la déontologie révèle le mal plus qu’elle ne le résout.
Je me souviens que lors des négociations avec une grande entreprise automobile, on m’avait remis une charte déontologique longue comme l’Encyclopedia Universalis – et beaucoup plus dure à comprendre. En gros, serrer la main de mon interlocuteur pouvait, sous certaines conditions, s’interpréter comme une faute (je sais bien que les acheteurs ont l’habitude de se faire graisser la paume, mais quand même !).
(suite…)
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La campagne présidentielle vient de démarrer 19 février 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 6 223 fois | 3 commentaires
La plupart des français découvraient en fait ce soir Ségolène Royal puisque jusqu’ici ils ne l’avaient jamais entendue plus de 10 mn consécutives. Les électeurs de gauche vivaient un peu la même chose que les fans pré-adolescents de la Star Ac, qui soutiennent leur candidate favorite tout en craignant en permanence la fausse note qui tue lors de l’évaluation. En une émission , elle vient d’annuler les 2 derniers mois de campagne puisque tout le monde a pu voir que non seulement elle n’est pas une dinde, mais qu’en plus elle sait faire preuve d’un certain souffle.
Au final, la première partie de campagne de l’UMP, qui visait à donner de SR l’image d’une incapable, va lui être profitable. C’était prévisible.
SR est dans l’air du temps: c’est une femme (ce qui est un énorme avantage, contrairement à ce qu’elle essaie de faire croire) et son approche participative « Web 2.0« , du débat collaboratif ou sur-mesure scolaire, qu’elle soit sincère ou démagogique, est portée par la modernité. Elle sera une adversaire redoutable pour Sarkozy. Quoi qu’en disent aujourd’hui les sondages, je la donne favorite.
Il reste que cette manie de remercier systématiquement tous les questionneurs pour leur magnifique question me rappelle un peu trop les mercis démagogiques du blog de Loïc et qu’elle a du utiliser à peu près 100 fois l’expression « donnant-donnant », « gagnant-gagnant » (à croire qu’elle tient son inspiration de Pinay ou de Barre). Après tout, elle en aurait bien le droit puisque l’autre s’est mis sur le créneau Jaurès.
Ajout:
Dans un débat, Sarkozy se sert de son stress pour avancer. Il est certes plus brillant, plus drôle que Royal mais aussi un peu plus ringard, moins moderne car Ségolène Royal, elle, ne montre absolument aucun stress, ce qui est une grande première. Sarkozy n’aurait pas pu improviser une sortie de scène comme celle que Ségolène s’est permise pour aller réconforter le questionneur handicappé (quand même, s’il se met à remarcher quand elle le touche, quel scoop !). Pour l’anecdote, Ségolène Royal connaît aussi précisément le nombre de femmes élues à la tête de leur pays avant elle (il y en eu exactement 7, ce qui devrait dans le futur l’aider à se souvenir aussi du nombre de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins dont notre paus dispose).
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Ne créez pas d’entreprise B2B en France 7 février 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 5 879 fois | 4 commentaires
Entendu sur RMC l’autre jour:
« En France, il y a quelques centaines de grandes entreprises riches (en gros, un CAC 40 élargi) qui imposent leurs conditions aux autres PME, qui sont pauvres et que le rapport de forces rend finalement esclaves de leurs gros contractants ».
C’est très vrai, à mon avis. Il y a une partie très dynamique de la France qui se bat, en particulier dans les activités de service, et qui ne peut structurellement pas s’en sortir. Un chef d’entreprise crée une entreprise de conseil, ou de communication. L’entreprise croît avec quelques « gros » clients dont elle devient dépendante. Au fur et à mesure que son chiffre d’affaires augmente:
- Elle va manquer de fonds propres pour assurer son développement (parce qu’il y a moins d’argent disponible en France qu’aux USA, par exemple, pour capitaliser une PME).
- Elle va subir la loi de ses contractants, qui disposent de processus d’achats « performants » (ce qui concrètement veut dire qu’ils vont la ratiboiser – un chef d’entreprise qui veut un marché passera presque toujours par les fourches caudines d’un départment achat bien organisé).
- Elle va manquer de soutien bancaire, (les banques françaises ne permettent pas le développement des PME).
Bref, une telle entreprise est d’une fragilité extrême, sensible au moindre retournement de marché, à la perte d’un gros client, au départ de quelques salariés qui emportent 1 ou 2 contrats.
Elle meurt, ou s’épuise ou, dans le meilleur des cas, se fait racheter par une grande entreprise en général pour un prix modique – je veux dire par-rapport à la capitalisation qu’en tirera l’acheteur.
J’ai vécu personnellement ces trois cas de figure et pour les avoir aussi observés sur des dizaines d’exemple, je pense qu’ils sont structurellement symptomatiques du modèle économique français (évidemment, vous trouverez des contre-exemples).
Quand j’ai créé Speechi, ça a été un critère très important pour moi que le logiciel se vende aux écoles, aux universités, etc… et pas uniquement aux entreprises. Tout le monde m’a déconseillé de cibler le marché « éducatif » sous prétexte qu’il était lent, peu efficace, qu’il n’y avait pas beaucoup d’argent…
Aujourd’hui, nous faisons 80% de nos ventes sur ce marché. Nous vendons plusieurs milliers de licences chaque année et nous ne dépendons de personne. En allant vers les entreprises, nous aurions ciblé quelques grosses ventes vers des entreprises stratégiques (ce que m’ont conseillé tous les capital risqueurs que j’ai rencontrés) et nous serions beaucoup plus fragiles aujourd’hui.
Au fait, qui avait une vision si juste du monde économique français sur RMC ? Olivier Besancenot.
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Le lièvre et la tortue 4 février 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 909 fois | 2 commentaires
C’est sûr que Ségolène paraît en retard. Mais elle reste à un niveau de popularité exceptionnel, pour quelqu’un dont finalement on ne connaît pas les idées. Que va-t-il se passer dès lors:
- qu’elle a un programme, qui ne sera sans doute pas pire qu’un autre (d’ici 1 ou 2 semaines)
- qu’elle intervient dans le débat et que les gens vont se rend compte qu’elle n’est pas plus cruche qu’un(e) autre (ce qui peut décrédibiliser toute la première partie de la campagne de Sarkozy qui est essentiellement articulée autour du thème de Ségolène la gaffeuse)
- qu’elle prend le contrôle de la campagne, avec la stratégie du chiffon rouge
Bref, je reste très inquiet pour mon pari. A l’heure actuelle, j’ai l’impression que, pour tout un tas de raisons, le potentiel de voix de Ségolène Royal est largement supérieur à celui de Nicolas Sarkozy.
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Des contraintes écologiques fortes favorisent le développement des entreprises 31 janvier 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 7 931 fois | ajouter un commentaire
De même qu’une monnaie forte favorise les bons pays exportateurs, en créant un cercle vertueux qui rend les entreprises plus performantes, de fortes contraintes gouvernementales en matière écologique rendront, rapidement, les entreprises d’un pays plus performantes dans le concert mondial.
Ainsi, limiter le niveau d’émission des voitures en France de façon plus stricte que ce qui se fait aux USA, mais aussi forcer les industriels à réduire le poids des déchets dans les produits, à en faire des produits recyclables ne gêne pas le développement des entreprises, mais leur permet au contraire de gagner des marchés dans le futur.
Les positions compétitives de Peugeot, Renault, Michelin, etc… seraient évidemment meilleures aujourd’hui (quoi qu’en pensent les directions de ces entreprises) si la France avait voté depuis 10 ans des lois leur imposant de fortes contraintes car les vrais potentiels de croissance de ces entreprises sont à l’export. Il n’est pas impensable que Renault, qui a toujours échoué aux USA, puisse s’y installer de façon durable si elle possède une vraie avance dans ce domaine.
(Remarque en passant: une monnaie forte favorise les bons exportateurs, mais les politiques s’y opposent. Un cadre écologique fort favorise les entreprises, mais les dirigeants des entreprises s’y opposent…)
Si je dirigeais une grande entreprise industrielle, j’imposerais systématiquement un respect des normes plus restrictif d’au moins 10% aux critères légaux en vigueur, quels qu’ils soient, à tout moment. Et je le ferais savoir par le marché, dans toutes les déclinaisons, directes ou indirectes des produits. Il faudrait d’ailleurs créer une norme « ECO 9001 » pour permettre aux entreprises performantes dans ce domaine de se valoriser.
Le mouvement vers l’écologie est mondial. Dans les prochaines années, les particuliers, les collectivités, les états, déplaceront une grande partie de leur consommation vers des produits à forte valeur ajoutée écologique. La croissance mondiale sera tirée par l’écologie – et non pas ralentie comme on le dit trop souvent – il n’y a aucune raison d’opposer écologie et croissance, écologie et emploi. Le mouvement écologique va remplacer une croissance structurellement polluante (chimie, loisirs, technologies de l’information) par une croissance propre.
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La stratégie du chiffon rouge 23 janvier 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 5 016 fois | ajouter un commentaire
A force d’essayer de faire prendre Ségolène Royal pour une dinde, ce qu’elle n’est évidemment pas, et de systématiquement crier à la bourde lorsqu’il n’y pas de quoi fouetter un chat, Loïc Le Meur, Dominique Perben et d’une façon générale tout les apparatchiks de l’UMP sont en train d’obtenir exactement le même résultat que celui brillamment obtenu par Strauss-Kahn, Jospin et Fabius: transformer une élection a priori serrée en plébiscite.
Au delà des clivages politiques, taper sur Ségolène Royal de façon hautaine, insultante ou personnelle – bref, de façon caricaturale – oriente à chaque fois en sa faveur de nouvelles voix, et en particulier des voix féminines. Dans un contexte sensible, ces attaques sont vues comme machistes – ce que d’ailleurs elles sont, dans la plupart des cas.
En plus, cela permet à Ségolène Royal de choisir exactement le lieu du combat, d’orienter la campagne et de créer le tempo. Veut-elle qu’on parle de son voyage au Canada ? Elle parle d’un Québec souverain et libre – phrase à peu près neutre et vide, qui ne vaut qu’en creux, par l’usage qu’essaient d’en faire ses adversaires.
Au final, elle est capable de prendre ainsi le contrôle complet des thèmes de campagne – comme cela a été le cas dans la campagne interne du PS où seuls ses propres thèmes ont été abordés lors des débats.
Le chiffon rouge qu’elle agite attire les taureaux de l’UMP exactement à l’endroit qu’elle a choisi.
Les tickets de Loïc Le Meur ici, sur le « Québec souverain », là (vidéo de Perben qui « tape » sur Ségolène Royal avec la légéreté qui le caractérise ou là. (continue Loïc, et tu vas la remettre à 60%)
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Loïc le Meur et Stéve Ballmer : têtes de Litost ! 21 janvier 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 5 539 fois | ajouter un commentaire
Dans le Livre du Rire et de l’Oubli, Kundera introduit le mot Litost. Un mot tchèque intraduisible (je ne vais donc pas m’y risquer).
L’illustration qu’en donne Kundera (en anglais) est celle d’un étudiant qui nage avec son amie et qui constate que celle-ci est bien meilleure nageuse que lui. Cette infériorité lui remet en mémoire divers moments humiliants et désagréables de son enfance. Il ressent alors un besoin irrésistible de blesser son amie, lui reproche de s’être trop éloignée, d’avoir risqué de se noyer – et la gifle.
La litost est donc une notion dynamique en 2 temps. Elle prend sa source dans une constation anodine, infinitésimale (les piètres qualité de nageur de l’étudiant) qui prend de l’importance parce qu’elle nous ramène à une vision désagréable ou misérable de nous même. Vient ensuite un phénomène de ressentiment dissimulé – l’étudiant ne donne pas à son amie la véritable cause de son mécontentement et l’admettre serait s’abaisser à nouveau.
C’est une clé d’analyse universelle du monde. Il se passe rarement une journée complète sans qu’on puisse l’observer, chez soi ou chez les autres.
Je vous donne deux beaux exemples qui datent de ce week-end.
Le premier exemple, c’est le billet de Loïc qui annonce « fièrement » que Sarkozy ne sera pas dans « Second Life », au prétexte que « les candidates qui l’ont fait jouent la reprise media et non un vrai investissement personnel » et que « il ne s’agit que de communication politique », « un gadget ».
Curieux, pour ceux-qui comme moi lisent le blog de Loïc régulièrement, de voir Loïc négliger les aspects communication et gadget ! Mais comme de bien entendu, n’allez surtout pas croire que cette position de principe, abondamment justifiée, lui est inspirée par le fait que Ségolène Royal vient d’annoncer qu’elle y serait. Non, elle résulte bien d’une intense réflexion stratégique. Et d’ailleurs, Loïc, comme il le dit lui-même, »adore Second Life »… Frustration, puis ressentiment dissimulé = litost
Le deuxième exemple, ce sont les commentaires de Steve Ballmer (PDG de Microsoft) sur le nouvel Iphone d’Apple. Steve Ballmer le compare à des téléphones à 100 balles (je veux dire Dollars), déclare qu’il n’est pas adapté au marché des entreprises (pas si sûr, vu l’alliance d’Apple et de Cingular) et lui reproche l’absence de clavier. Ecoutez-le et admirez le bon gros rire qui sonne bien faux. Derrière cette interview, il n’y a qu’inquiétude et envie; bref, litost.
Notez que comme nous sommes à l’ère moderne et que Freud ayant depuis longtemps introduit la notion de soupçon sur soi-même, les arguments invoqués par Loïc et Steve sont assez crédibles et même sophistiqués (car trop d’aggressivité et d’inconséquence révélerait de façon trop criante la litost aux yeux de tous). D’ailleurs, dans un cas comme dans l’autre, rien ne dit que sur le fond, ils aient vraiment tort. On aimerait simplement que Loïc fasse preuve de la même lucidité critique lorsqu’il décrit les propres initiatives de Sarkozy sur le Web ou que Steve analyse aussi brillamment les nombreuses limitations de Windows Mobile 5.0.
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Alain Juppé vice-premier ministre chargé de l’environnement ? 12 janvier 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 4 652 fois | ajouter un commentaire
Vue la façon dont Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy l’ont pris de haut (le pacte écologique signé du bout des lèvres et du crayon, avec en prime, dans le cas de SR, moult conseils paternalistes et humiliants), Nicolas Hulot est quasiment acculé à se présenter – ou à admettre l’échec de sa stratégie d’influence. Pour l’instant, l’engagement des « grands » candidats n’est pas crédible.
Sa seule chance, c’est qu’un des candidats nomme d’ici le 22 janvier un Vice-Premier ministre d’envergure nationale, chargé de l’environnement et c’est en tant que tel qu’Alain Juppé (qui organise, rappelons-le, la prochaine Conférence de Paris sur l’environnement) s’est positionné jeudi matin sur Europe 1 (le podcast -> aller à la 6ème minute).
Les avantages d’un tel deal à droite sont les suivants:
– Une façon pour Sarkozy de se réconcilier avec une partie des chiraquiens
– Une façon pour Juppé de rentrer dans le jeu par la grande porte, à un poste qui n’est pas partisan
En dealant avec Hulot, Sarkozy récupère une partie du vote de gauche (les Verts) – en fait, il récupèrerait assez de voix pour êtr élu de façon presque certaine, vu le faible écart qui séparera les candidats.
Ségolène Royal peut vouloir mener une stratégie similaire, mais a moins de chance d’y arriver:
– Soit elle prend un Vert (Voynet ?) comme Premier Ministre, mais il n’y a pas de Vert d’envergure nationale. Soit elle prend Kouchner, mais les relations ne sont pas au beau fixe (à tel point qu’il est possible que Kouchner opte au final pour Sarkozy).
– Tout le courant de gauche dit « anti-libéral » est philosophiquement opposé à la démarche Hulot – et ce clan va peser au second tour…
Bref, Sarkozy a aujourd’hui entre les mains une stratégie gagnante presqu’à coup sûr et Ségolène Royal aurait vraiment intérêt à se bouger. Comme les campagnes sont vraiment catastrophiques d’un côté comme de l’autre depuis que les candidats se sont déclarés, il est loin d’être certain que l’un ou l’autre s’en rende compte.
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Une monnaie forte favorise les bons exportateurs 10 décembre 2006
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 9 060 fois | 2 commentaires
A droite (Villepin) comme à gauche (Royal), une partie de la classe politique se plaint de l’Euro fort et du contrôle politique laissé à la Banque Européenne.
On peut ergoter sans fin sur les avantages de l’Euro fort (on achète moins cher, en particulier le pétrole) et sur ses inconvénients (nos produits sont plus chers à l’exportation). Le fait est qu’une monnaie forte avantage toujours, sur le moyen terme, les pays qui exportent et au delà de toute analyse politique ou économiques, les raisons en sont surtout morales.
1) Aujourd’hui, le terme de monnaie forte est inapproprié. Il y a des monnaies qui ont une « valeur » à peu près constante (l’Euro) face à d’autres dont la valeur baisse (un peu comme lorsqu’on diminuait le taux de métal dans la monnaie, au temps de l’étalon or). La stabilité d’un cours d’échange, c’est toujours un avantage commercial.
2) Les pays ayant une tradition exportatrice ont vite fait d’ajuster leurs prix « à la baisse », ce qui se traduit par des gains de productivité forcés chez eux. Les pays les moins forts dévaluent leur monnaie (en partie à cause du déficit de la balance commerciale), ce qui semble, à court terme, favoriser les exportations. Les entreprises semblent devenir plus compétitives, mais le bénéfice est de courte durée et la logique est le plus souvent laxiste et inflationniste: la baisse monétaire n’a fait que masquer fugitivement l’ampleur des déficits et la mauvaise gestion.
Le transfert de la gestion de la monnaie vers la Banque Centrale a pour moi comme intérêt principal qu’il empêche les politiques de nuire à la monnaie par des considérations à court-terme.
Tant que la France donnera le pouvoir à de purs politiques sans réelle formation économique (De Gaulle, Mitterrand, Chirac, Royal au lieu de Mendès-France, Rocard, Barre, Strauss-Kahn), je pense que faire gérer la monnaie par la Banque Centrale est une mesure salutaire.
3) Prenez l’exemple de la France et de l’Allemagne depuis 1945. Le Franc n’a pas cessé de baisser et l’Allemagne n’a pas cessé d’améliorer ses positions à l’export. La baisse du cours du Franc par-rapport au Mark, ou au Franc Suisse n’a été que la conséquence du laxisme politique et de l’accumulation des déficits.
Aujourd’hui, comme par hasard, l’Allemagne continue à profiter de l’euro fort et comme par hasard, des politiques français commencent à s’en plaindre sous prétexte que cela nuirait à l’export.
Les raisons de la faiblesse française à l’export sont tout autres et n’ont rien à voir avec la valeur de l’Euro.
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