Le coût caché de la réussite pour tous les élèves 5 décembre 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 2 fois | ajouter un commentaire
Chef d’entreprise, je fais régulièrement passer des entretiens d’embauche à de jeunes candidats. Je constate un phénomène qui n’a cessé de s’aggraver depuis quinze ans : les diplômes, même pour de très jeunes diplômés, ne signifient plus rien quant au niveau scolaire réellement atteint par les candidats. Les conséquences pour le diplômé et pour mon entreprise, en l’occurrence une PME, sont graves.
La sélection par entretien privilégie la forme sur le fond, le savoir-être sur le savoir, le social sur la compétence.
La multiplicité des diplômes (Master I, II, écoles diverses) et leur absence souvent totale d’exigence entraîne une multiplicité d’entretiens et, pour une PME, une impossibilité de valider le niveau réel de tous les candidats. Le faire serait rentrer dans un processus très lourd, équivalent à l’organisation d’un examen pour chaque candidat. En conséquence, la performance à l’oral prime, au moins au début du processus. Nous laissons probablement beaucoup de candidats de valeur au bord du chemin au détriment de candidats qui se présentent bien. Se présenter est une aptitude sociale, un « savoir-être » (ou plutôt “paraître”), ce n’est pas, le plus souvent une qualité de fond. Mais le fond, le diplôme ne le valide plus.
Les erreurs à l’embauche se multiplient
La chute de niveau général est énorme et généralisée. Je vois aujourd’hui des Bac + 5 incapables de rédiger un texte de 10 lignes sans plusieurs fautes d’orthographe (je ne parle même pas de structurer intelligemment un texte ou un argumentaire). Dans le secteur scientifique, beaucoup de Master II ne sont pas capables de résoudre (encore moins de poser) des exercices de niveau BEPC des années 70. Le phénomène commence, depuis 5 ans, à toucher des écoles d’ingénieurs ou de commerce réputées.
Un coût annuel de plusieurs milliards pour la collectivité
Le coût pour l’entreprise de cette baisse de niveau est énorme. Ne pouvant recruter un candidat au niveau, elle va devoir faire rentrer les jeunes embauchés en période d’observation, voir s’ils sont capables de s’adapter et de progresser. Or cette adaptation (en fait une formation) est forcément longue (typiquement 1 an) et va largement au-delà de la période d’essai. Le taux d’échec est important et crée des tensions, des rancœurs, des conflits juridiques, bref une inefficacité énorme dans l’entreprise.
A l’échelle de Speechi, PME de 20 personnes, ce coût est de plusieurs dizaines de milliers d’euros par an. Ce qui veut dire qu’à l’échelle du pays, on parle en milliards. Tel est le coût caché économique de la baisse de valeur généralisée des diplômes, de la fameuse « réussite pour tous les élèves ».
Une génération sacrifiée
Encore n’a-t-on parlé, jusqu’à présent, que d’efficacité et d’argent. Mais le coût personnel, psychologique pour les jeunes diplômés est lui aussi énorme. Quand on a fait 5 ans d’université, on s’attend à pouvoir disposer d’un poste en rapport avec ce nombre d’années d’études. On a, et c’est normal, des espérances, de l’ambition et, normalement, un avenir. Or, de plus en plus, cette espérance est un mythe : pour 90% des jeunes diplômés, le diplôme d’études supérieures n’est plus le sésame espéré et le sera de moins en moins.
J’insiste sur le fait que le bon étudiant, qui a effectué des études sérieuses, a de fortes chances d’être traité par l’entreprise comme le mauvais étudiant, au moins pendant un certain temps car l’entreprise n’a ni les compétences ni le temps pour les différencier. D’autant plus que, démagogie suprême, l’université aura probablement octroyé au « bon » comme au « mauvais » étudiant un bulletin de notes très similaire.
Et on en arrive à ce paradoxe, qui n’est qu’apparent : la réussite de tous les élèves devient l’échec de tous les élèves. La culpabilité de notre système scolaire et universitaire est immense. Nous sacrifions cette génération.
De la réussite de tous les élèves au chômage pour tous les diplômés
Tout ceci fait que, de plus en plus, nous avons tendance à privilégier l’embauche de professionnels expérimentés, ayant 10 à 15 ans d’expérience, même si leur expérience, dans des métiers aussi high-tech que ceux que nous proposons, ne colle pas parfaitement à nos besoins. Au moins ces candidats offrent-ils de bien meilleures garanties quant à leur niveau général. Alors que nous avons vocation à embaucher de jeunes diplômés, tout se passe pour eux comme si, de fait, nous les discriminions.
Il y a un raisonnement que l’on répète à l’Éducation nationale comme un mantra : comme les élèves qui sortent sans diplôme sont ceux qui s’insèrent le moins bien dans la vie professionnelle, il faut faire en sorte que tous sortent avec un diplôme. Mais tel quel, ce raisonnement tient de la pensée magique. Au lieu de tenter d’amener chaque élève au niveau du diplôme, ce qui aurait évidemment des conséquences bénéfiques pour l’élève et pour la société, on donne systématiquement le diplôme à l’élève, quel que soit son niveau, ce qui a des conséquences négatives pour l’élève et pour la société.
La confiance des français en leurs diplômes était immense et si, au début le système a « tenu », il s’effondre aujourd’hui. Le niveau de confiance dans le diplôme est en chute libre et le diplôme n’est plus protecteur (même si, effectivement, on reste content de le posséder ou que nos enfants le possèdent). Le cas le plus emblématique est évidemment le baccalauréat, mais je constate que même des écoles de commerce ou d’ingénieurs réputées sont en train de sombrer.
Notre société s’épuise à financer un système scolaire et universitaire de plus en plus coûteux dont le simple but devient de retenir les élèves à l’école, les étudiants à l’université, à tout prix, sans se préoccuper réellement du niveau atteint. La plus-value « économique » de ce système pour le pays est de plus en plus faible. Cette plus-value économique n’est certes pas l’objectif premier de l’école, qui depuis Jules Ferry a d’abord eu pour but de former des citoyens libres, au sens du premier article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Mais le système scolaire et universitaire est depuis trente ans pétrifié par la crainte du chômage. Toutes les réformes s’y sont faites au nom des sacro-saintes efficacités professionnelle et économique. L’enseignement des savoirs généraux a reculé au profit des compétences dites professionnelles, comme on l’a encore vu dans la récente réforme du Collège qui abandonne en rase campagne les matières générales « inutiles » (par exemple Latin et Allemand) au profit des l’Anglais, langue professionnellement « utile ».
On voit aujourd’hui comment la conséquence ultime – et immorale envers nos jeunes – de cet abandon crée en fait toujours plus de chômage.
La fin de la sélection, le règne du piston
Je termine par un cas pratique, vécu tout récemment. Un BTS (Bac +2) de la région propose à tous ses élèves une formation en alternance (pourquoi pas puisqu’un BTS est une formation professionnelle). Mais il n’admet l’inscription d’un élève que si celui-ci a pu se trouver un stage long (2 ans) en entreprise lui permettant de régler ses frais de scolarité. L’entreprise est censée former le candidat mais doit aussi s’engager sur un contrat à durée déterminée, rémunéré au niveau du SMIC, de deux ans (ce qui veut dire que l’entreprise ne pourra interrompre ce contrat, quelle que soit la performance ou la motivation de l’étudiant).
Évidemment, l’école qui délivre le BTS démissionne de sa tâche, qui est de former l’élève pour qu’il trouve un emploi et non pas de le forcer à trouver un emploi pour financer son école. Mais quelles sont les conséquences pour l’étudiant ?
Soit l’entreprise recherche de la main-d’oeuvre à bas coût et elle recrute un tel candidat (il y a des dégrèvements de charges sociales pour le faire) sans aucun objectif de formation. C’est ce qui se passe dans 90% des cas. Soit elle connaît le candidat et l’embauche parce qu’elle le connaît – que cette décision soit bonne ou mauvaise, quelle que soit la valeur du candidat, il s’agit de piston. Et c’est là que je voulais en venir : la réussite de tous les élèves, la baisse du niveau des diplômes, cela conduit au règne du piston – la sélection par l’origine sociale.
Tout le contraire de l’école républicaine.
Ce billet a été rédigé avant la publication, la semaine dernière, de l’enquête internationale TIMMS qui met en évidence la baisse de niveau du bac, mais cette enquête l’éclaire évidemment d’un jour particulier – et le confirme.
Que montre le graphique ci-contre ? De 1995 à 2015, le pourcentage de mentions au bac S a doublé, le pourcentage de mentions “Très bien” a été multiplié par 10. Simultanément, le pourcentage de bacheliers ayant un niveau très élevé en maths a été divisé par 15, le pourcentage de bacheliers ayant un niveau élevé a été divisé par 5.
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Alain Juppé n’est pas Pierre Mendès France 6 novembre 2016
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 1 829 fois | ajouter un commentaire
« Celui qui est devant vous, et dont le sentiment sur le problème de l’Indochine n’a pas varié, fait appel, pour le soutenir, à une majorité constituée par des hommes qui n’ont jamais directement ou indirectement épousé la cause de ceux qui nous combattent, d’hommes qui, en conséquence, peuvent revendiquer la confiance de nos soldats et négocier en toute indépendance avec l’adversaire. »
Pierre Mendès-France, discours d’investiture, 1954
En 1954, quand Pierre Mendès France fut investi Président du Conseil pour mettre fin à la guerre d’Indochine, il refusa de comptabiliser les voix communistes. Tout soutien est une dépendance politique. Il considéra que, les communistes étant depuis des années devenus des alliés objectifs de l’ennemi, accepter leur soutien aurait été une forme de trahison de la nation qui lui lierait les mains dans la négociation qui allait s’ouvrir.
Le problème qui se pose aujourd’hui dans les élections primaires de la Droite est rigoureusement identique et les sarkozystes ont tout à fait raison de le signaler (à ceci près, qu’évidemment, la leçon de gouvernement classique donnée par PMF est remplacée par une sorte de tragi-comédie ridicule : passer de PMF à Sarkozy, c’est comme passer de Corneille à Marivaux).
François Bayrou a depuis longtemps trahi les intérêts de la Droite et a appelé à voter Hollande contre Sarkozy en 2012. Il appelle aujourd’hui à soutenir Juppé mais précise que si Juppé n’est pas choisi, il ne respectera pas le résultat de l’élection et jouera alors son propre jeu contre celui de la Droite.
Le risque qu’encourt Juppé est double. Outre le problème moral évident, le soutien qu’il accepte de Bayrou est une mise sous dépendance, qui le privera de moyens futurs d’agir.
La position de PMF peut sembler au départ irrationnelle, puisqu’elle peut conduire à échouer dans la conquête du pouvoir. En réalité, c’est la seule position rationnelle possible, celle qui permet de faire quelque chose quand on est au pouvoir. L’échec du quinquennat actuel de François Hollande est inscrit dans la multiplicité des soutiens ambigus et irréconciliables (Verts, Front de Gauche, Frondeurs, Gauche libérale, Modem, etc…) qui ont empêché le Président de gouverner dès le premier jour.
Si Juppé ne veut pas tomber dans ce double piège, il devrait refuser publiquement le soutien de Bayrou, demander aux électeurs du Modem de ne pas se déplacer. Ceci jusqu’à ce que Bayrou s’engage lui-même publiquement à soutenir le vainqueur de l’élection primaire, quel qu’en soit le résultat.
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Céline Alvarez, Maria Montessori, Mlle Grenier, la Belle et Lumineuse Nature et moi 8 octobre 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 13 fois | ajouter un commentaire
En 1967, mon institutrice de maternelle, Mlle Grenier, a testé la méthode de lecture Montessori. Aux vacances de pâques, j’ai lu mon premier livre de bibliothèque rose à la grande joie de mes parents (même si, rétrospectivement, ma virilité a un peu de mal à assumer qu’il s’agissait de « Blanche-Neige »).
J’avais appris à lire sans avoir à fournir le moindre effort, du moins est-ce l’impression qui, aujourd’hui, m’en reste. Dès le mois d’avril 68, je lisais parfaitement, très rapidement, naturellement à la différence des autres enfants que j’ai pu côtoyer ensuite qui, le plus souvent, déchiffraient laborieusement les textes ; pour certains jusqu’en classe de 3ème.
A la fin de l’année, cinq autres élèves étaient dans mon cas et lisaient parfaitement. Tous les autres enfants de ma classe de maternelle étaient capables de déchiffrer, mais de façon plus lente.
J’ai toujours pensé que cette faculté de lire « automatiquement » avait été une grande chance pour mes études. Conjecture : comme je lisais parfaitement, une toute petite partie de mon cerveau était mobilisée pour la compréhension des mots, le reste était libre pour tout ce qui était plus compliqué, la compréhension du sens réel, l’élaboration, la création, la critique… Toutes ces capacités, j’ai pu les développer très tôt grâce à Mlle Grenier, même si ce n’était plus dans sa classe. L’avance prise à quatre ans augmente mécaniquement avec le temps, c’est injuste mais c’est comme ça. Et c’est pourquoi l’école primaire est si importante.
Je me souviens qu’à la fin de l’année scolaire, Mlle Grenier a été inspectée. C’est la seule fois où nous avons entendu monter le ton dans la classe – mon institutrice était une femme décidée, mais douce et discrète. L’inspecteur lui a fait la remarque que sa méthode n’était pas autorisée et lui a demandé de ne plus l’utiliser. Mlle Grenier a objecté que six enfants lisaient déjà couramment, que les autres déchiffraient. Ce n’était pas si mal pour une classe de maternelle où le temps consacré à la lecture n’avait pas été très important – nous jouions avec les fameuses cartes de 15 mn à 1h par jour. Mlle Grenier a dû arrêter, en fin d’année, cet enseignement.
Quarante ans plus tard exactement, en 2007, quand ma fille a eu quatre ans, j’ai acheté le kit Montessori. Constitué d’une grosse boîte à chaussures et de quelques cartes cartonnées, cela ne nécessite aucun moyen contrairement à ce que je lis dans cet article consacré à Céline Alvarez, qui aurait bénéficié de 10 000 € de matériel pédagogique et d’une assistante d’éducation « rompue à la méthode Montessori ». Sans parler du fait que Céline Alvarez serait « capable de travailler 100 h par semaine ». Quand on m’annonce de de telles performances, j’ai immédiatement, dans un coin de ma tête, une cloche qui résonne (raisonne) en tintant « Propagande, propagande ! ».
J’ai dû passer 10 mn par jour avec ma fille, qui alors, en maternelle, ne suivait aucun apprentissage de la lecture. J’ai reproduit strictement la méthode qu’avait, dans mon souvenir, appliquée Mlle Grenier et vous savez quoi ? A la fin de l’année, ma fille lisait correctement ! Je précise que je n’ai aucune expérience pédagogique. La grande modestie qui me caractérise m’oblige de plus à admettre que, de l’avis général, y compris malheureusement de celui de mes enfants et de ma femme, je suis un piètre pédagogue. Bien entendu, je suis intimement convaincu que ma fille a une « belle et généreuse nature » (comme son père) mais je suis donc loin d’être persuadé, comme Céline Alvarez, que mes techniques pédagogiques aient contribué à révéler cette dite nature !
Deux ans plus tard, mon fils a repris la « boîte à chaussure » et a commencé avec Montessori. J’avais moins de temps pour lui, à cette époque. Je rentrais assez tard le soir, lorsqu’il était déjà couché. J’ai eu la chance de trouver cette petite application qui mettait en œuvre la méthode Montessori sur une tablette iPad, avec les deux grands avantages suivants (dont j’ai pris conscience au fil du temps):
- la méthode Montessori nécessite habituellement la supervision d’un adulte qui « vérifie » les mots et valide le passage des niveaux. Sur tablette, l’application propose les mots et permet à l’enfant de franchir les niveaux presque sans assistance.
- Le temps de l’adulte limite habituellement le nombre de mots proposés à l’enfant, or plus l’enfant écrit de mots, plus vite il apprend à lire. La tablette peut proposer un nombre quasi-infini de mots à l’enfant, qu’elle rend « accro » et cette dépendance permet de progresser. Si je voulais donner un semblant de caractère psy à mon discours, je dirais que la dépendance à la machine remplace de façon avantageuse le transfert au professeur.
C’est le seul exemple que je connaisse où l’usage d’une tablette, et l’addiction dans laquelle elle enferme l’enfant, a un effet positif sur l’apprentissage (1).
En avril, mon fils savait lire correctement. Et il avait appris presque tout seul, avec un iPad.
C’est dire si je ne suis que peu surpris des résultats que Céline Alvarez a obtenus avec sa classe. Je n’ai en fait jamais compris pourquoi cette méthode n’avait pas été plus développée, ou au moins testée, par l’Education Nationale. Il n’y a pas besoin d’invoquer une expérience quasi-mystique, comme le fait Céline Alvarez, qui visiblement a roulé fin-fin-fin les fameuses cartes en papier, fourré pas mal de moquette à l’intérieur et fumé le tout en hommage à la « Belle et Lumineuse Nature ». Il n’y a pas besoin non plus d’adhérer aux autres préceptes ou théories de Maria Montessori – la méthode de lecture elle-même peut-être isolée de tout cadre pédagogique plus ou moins grandiose et mérite d’être testée en tant que telle.
Je précise que la méthode Montessori est une méthode syllabique, non globale, qui consiste en fait à apprendre à écrire les mots. La capacité à les lire vient automatiquement ensuite, « gratuitement » pour l’enfant, comme une sorte de bénéfice secondaire. Jamais l’enfant n’apprend à lire mais à un moment, il « sait ».
L’Education Nationale manque toujours, paraît-il, de « données scientifiques concernant les résultats obtenus » – cela fait au moins quarante ans (en fait 100 ans pour Montessori) que ça dure, il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Cela a pour conséquence de transformer des débats qui devraient être purement techniques en des affaires politiques, voire mystiques.
Ajout : un cas d’école pour l’évaluation aléatoire
C’est précisément pour faire bouger les lignes qu’en 2012, j’ai lancé, chez Speechi, le développement de notre logiciel d’évaluation sur tablettes « Je Lève La Main ». Le but est de pouvoir facilement et rapidement tester et comparer les résultats de différentes classes utilisant des méthodes pédagogiques différentes et de se servir des résultats obtenus pour influencer les politiques pédagogiques. D’éviter la mise en place à marche forcée de réformes potentiellement destructrices (réforme du collège, réforme des rythmes scolaires) sans expérimentation – alors que cette expérimentation pourrait être menée de façon non destructrice, peu coûteuse et légère en quelques semaines. De petit à petit transformer la pédagogie, qui est aujourd’hui un art, en une science expérimentale.
J’avais clairement en tête, dès le départ, l’application de cette méthode expérimentale à la méthode Montessori qui présente un double intérêt : elle est facilement évaluable et c’est, dans sa version numérique, une application utile (la seule ?) des tablettes à l’école.
Dans l’état actuel de notre logiciel, si quelques dizaines d’enseignants de maternelle et leurs élèves disposent de tablettes pour leur enseignement, il serait ainsi facile de répondre de façon rigoureuse, en quelques semaines à quelques mois, aux questions suivantes :
- La méthode Montessori permet-elle d’apprendre à lire plus ou moins rapidement que les méthodes syllabiques traditionnelles ?
- L’application Montessori sur tablette permet-elle d’accélérer l’apprentissage ?
- L’apprentissage par Montessori a-t-il un impact sur l’orthographe des élèves (je conjecture que oui, car les élèves apprennent à écrire avant de lire. Cela peut aussi, grâce au logiciel que nous avons créé, être évalué).
- L’apprentissage par Montessori développe-t-il le goût pour la lecture ? (Je conjecture aussi que oui, mais cela peut et doit être évalué).
Si des enseignants dont la classe est équipée en tablettes lisent cet article, je le leur lance d’ores et déjà un appel, qu’ils utilisent une méthode traditionnelle, Montessori ou globale.
(1) Pour en savoir plus sur l’introduction des usages de l’informatique à l’école, voir ce document, page 2 (“Une promesse coûteuse et non tenue”)
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A l’heure de la révolution numérique, une école citoyenne est-elle possible ? 3 octobre 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 2 fois | ajouter un commentaire
Propositions peu coûteuses pour l’école numérique
“La politique éducative en matière de technologie numérique, au sens noble du terme, doit avoir pour but de réduire le décalage entre “la promesse numérique” et l’utilisation réelle, moyenne, statistique, des technologies numériques (aujourd’hui, une catastrophe).
Depuis trente ans, l’Education Nationale a utilisé, en matière de numérique comme en d’autres matières, des méthodes coûteuses, lourdes, inefficaces et souvent destructrices.
Les mesures que nous préconisons sont infiniment moins coûteuses et plus simples à mettre en place mais reposent sur une meilleure compréhension des enjeux et des objectifs.
Nous pensons qu’elles auront pour effet de transformer profondément l’école numérique et, pour ce qui est de l’introduction de la culture de l’évaluation, l’école tout court.”
Comment faire ?
Vous le saurez en lisant mes propositions pour l’école numérique.
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Je n’écris pas ton nom 20 septembre 2016
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 2 503 fois | ajouter un commentaire
Les gaulois ne sont pas nos ancêtres.
La terre n’est pas non plus bleue comme une orange.
Léopoldine n’attendait pas vraiment Victor.
Et si ça se trouve, Adam n’est même pas rouge.
Plus rien, évidemment, à écrire sur les cahiers d’écolier, les images dorées, sur les armes des guerriers, sur la couronne des rois.
Les métaphores seront interdites, seules les anaphores seront permises.
François Hollande est en campagne et Najat Vallaud-Belkacem est son prophète porte-parole.
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La diffamation est un cri qui vient de l’Intérieur 27 juillet 2016
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 2 804 fois | ajouter un commentaire
Dire qu’attaquer la compétence de Cazeneuve, en tant que Ministre de l’Intérieur, c’est attaquer l’institution elle-même (pêle-même, « le travail des policiers, des magistrats, leur honneur, etc.. »), c’est toujours, finalement, nous refaire le coup de l’Affaire Dreyfus où le comportement des personnes ne pouvait être mis en cause sans que l’honneur de l’Armée ne fût touché. La France a tranché, heureusement, depuis longtemps sur ce sujet. Attaquer la compétence d’une personne, aussi haut placée soit-elle, ne remet évidemment pas en cause le travail, ni l’honneur, de l’institution elle-même. L’honneur de l’institution est en revanche atteint quand elle essaie, au détriment de la vérité, de masquer les erreurs d’une personne.
Attaquer la compétence du Ministre n’est pas non plus une « vilénie ». C’est un acte presque banal en démocratie. Les termes employés en défense par Bernard Cazeneuve me semblent tout à fait excessifs et parfois presqu’hors propos, quelles que soient les motivations de ses adversaires politiques.
Il y a évidemment plusieurs points sur lesquels Cazeneuve doit se justifier. D’abord, la difficulté à nommer le type d’attentat auquel il avait affaire. Alors que Valls parlait de terroriste islamique dès le lendemain de l’attentat de Nice, Cazeneuve n’osait se prononcer. Puis, devant l’évidence, il a parlé de terroriste radicalisé « très rapidement », presqu’instantanément – on sait qu’il n’en était rien et que le projet terroriste remontait à plusieurs mois. Déni initial, puis déformation de la réalité. Sans même parler des défaillances éventuelles du dispositif, le Ministre devrait pouvoir se justifier, au moins lors d’interviews, sur ce point.
Cazeneuve se répand sur les plateaux en affirmant sa peine, sa motivation, assurant qu’il met toute son énergie en oeuvre pour obtenir des résultats, etc. Mais c’est bien le moins ! On ne doute nullement de sa motivation, on doute de sa compétence. Il y a eu 80 morts, jouer à l’homme blessé dans sa respectabilité a un côté indécent et quand on est Ministre de l’Intérieur, crotte !, on assume les attaques et on y répond « au fond ». Les états d’âme pleurnichards de Cazeneuve n’ont aucun intérêt public.
Depuis 30 ans, y a-t-il eu une instruction sans fuite ? Les fuites de l’instruction sont monnaie courante en France et sans doute (je prends mes précautions) organisées parfois par l’instruction elle-même. Dans ce contexte, la saisie des bandes au nom du secret a un côté presque comique. Autant les confier directement à des journalistes !
Comique aussi (enfin presque, compte tenu du contexte) l’argument employé de la saisie au nom de la préservation émotionnelle des victimes. Les victimes en ont, malheureusement, vu bien d’autres et je ne vois pas bien en quoi la simple visualisation du dispositif policier le soir de l’attentat, au cas où elle fuiterait, serait si traumatisante.
L’enquête en diffamation est confiée au Procureur de Paris et tous les amis politiques du gouvernement louent son intégrité et son indépendance. Mais le Procureur, membre du Parquet, dépend hiérarchiquement du Ministre de l’Intérieur et donc ne peut qu’instruire, par construction, en sa faveur. Seul le juge statuera de façon indépendante. La plainte est déposée par Bernard Cazeneuve en son nom personnel et par le Ministère, mais je n’ai pas connaissance de la moindre déclaration de la policière sur le Ministre en tant que personne et donc en quoi s’estime-t-il diffamé ?
Ajout 21/09/2017: comme on pouvait s’y attendre, le juge a estimé qu’il n’y avait pas diffamation. Bernard Cazeneuve, sans doute un des ministres de l’Intérieur à s’être le plus abrité derrière l’état de droit pour justifier son impuissance, semble bien avoir tenté de passer en force sur ce sujet.
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Jean-Claude Juncker, vulgaire amoureux déçu. 25 juin 2016
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 1 811 fois | ajouter un commentaire
Jean-Claude Juncker réagit comme le plus vulgaire des amoureux déçus, alors qu’il faut tendre la main.
« Ce n’est pas un divorce à l’amiable mais après tout ce n’était pas non plus une grande relation amoureuse »
L’ignorance totale de la notion de grandeur empêche souvent les dirigeants de prendre les bonnes décisions politiques. On attend maintenant la réaction de Hollande.
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- Claude François est bien mort, mais le ridicule de la réforme du collège ne tue visiblement pas.
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Claude François est bien mort, mais le ridicule de la réforme du collège ne tue visiblement pas. 28 avril 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 0 fois | ajouter un commentaire
“Alors qu’il prenait un bain, le chanteur Claude François remarqua que l’applique surplombant sa baignoire n’était pas droite…”
D’après le rapport de police
“La résistance du corps de Claude François était faible et a permis le passage d’un courant de forte intensité !”
Analysez le rapport de police et déduisez-en la résistance électrique du corps humain!
Je croyais que c’était un fake, mais non, il s’agit bien d’un VRAI EPI (Enseignement Pompeux Pratique Interdisciplinaire) dans le cadre des nouveaux programmes.
A force de rire, je vais peut-être changer d’avis et devenir favorable à la réforme !
Rendre l’EPI “Claude François” encore plus riche (quelques pistes)
Innovation industrielle
Le rapport de police nous indique que le chanteur est resté “collé à l’applique”. Rédige le brevet de cette nouvelle colle miracle et dépose le toi-même à l’INPI.
Ecologie
Décris les conséquences dramatiques de l’usage d’une ampoule réactionnaire à haute tension. Calcule les gains d’énergie et de sécurité liés à l’utilisation d’une ampoule progressiste de type LED.
Instruction civique Education citoyenne
C’est qui qui serait encore en vie si Castorama avait été ouvert le dimanche ? Profite-z-en pour analyser les conséquences des lois El Khomri et Macron sur le futur de la Chanson Française.
Langues anciennes (LCA Latin / Grec)
Recherche le texte original d’Alexandrie / Alexandra dans Google et interprète-le en chantant toi-même, en situation, dans ton bain, wo-wo-wo.
Physique
Recherche dans Wikipedia la conductivité interne et l’effusivité thermique de la sirène. Que se passe-t-il alors si elle pose sa langue sur la lumière du phare d’Alexandrie ?
Français
“Il a frit, il a tout compris.”
Commente cet éloge funèbre prononcé par Gilbert Bécaud (Monsieur 200 000 Volts) en t’appuyant sur les chansons que tu as étudiées et chantées ainsi que sur ton expérience personnelle avec la Freebox.
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Nos nouveaux écrans interactifs géants sont à l’interactivité ce que l’iPhone a été a la téléphonie. 13 avril 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 1 fois | ajouter un commentaire
Nos nouveaux écrans interactifs sous Android apportent, comme je le prévoyais, des usages radicalement nouveaux. Du fait de leur puissance et de leur simplicité, ils changent complètement l’usage de l’interactivité dans les salles de classe et de réunion. Nous recevons presque chaque jour de nouveaux témoignages d’utilisateurs qui nous disent que ces écrans “changent la vie”, que ce soit à l’école ou en entreprise. (J’essaierai de publier, au fil de l’eau, quelques uns de ces témoignages).
Pourquoi Android ?
Cette question m’est souvent posée. A quoi le système d’exploitation de l’écran sert-il ?
La réponse est la suivante :
Nos nouveaux écrans tactiles géants sont à l’interactivité ce que l’iPhone a été à la téléphonie.
Ils vont être admirés, dénigrés, copiés (c’est déjà le cas !), mais on ne reviendra plus jamais en arrière.
Même pour moi, il est difficile de dire exactement à quoi tient ce « saut quantique » dans les usages autour des nouveaux écrans interactifs. C’est en fait un ensemble de facteurs qui, conjugués, changent radicalement les choses.
Ces nouveaux écrans en effet ont les qualités suivantes:
- L’ergonomie obtenue du fait de l’Android embarqué. L’écran est plus intuitif, plus simple à utiliser.
- La réactivité parfaite (plus de latence visible, là aussi à cause de l’Android embarqué)
- Les applications plus nombreuses, sous Android
- Le fait que le PC, matériel complexe et coûteux, n’est plus obligatoire
- Le prix (c’est notre grosse différence par-rapport à l’iPhone : nos écrans ne sont pas chers !)
- La qualité d’image et la fiabilité (ce point est commun, grosso modo, à la plupart des bons écrans interactifs du marché, mais ne suffit pas à lui tout seul)
Une conjugaison de facteurs
Aucun des facteurs listés ci-dessous n’est à lui seul déterminant. Additionnés ensemble, ces facteurs changent radicalement l’usage qu’on peut faire, en classe ou en entreprise, d’un écran interactif. C’est pourquoi je préfère parler de tablette tactile géante connectée que d’écran interactif – écran interactif fait trop référence, pour moi, au monde d’avant.
Ce n’est pas tant la couche Android qui change les choses que le fait d’avoir un système d’exploitation puissant permettant de manipuler parfaitement l’écran. De même qu’il y a différents systèmes d’exploitation qui fonctionnent pour la téléphonie (iOS, Android, Windows Phone), il pourra y avoir, dans le futur, différents systèmes d’exploitation pour les écrans tactiles – nous travaillons d’ailleurs en ce sens.
La disparition des autres solutions interactives fixes est en cours
Ce qui s’est passé pour Nokia est en train de se passer pour toutes les solutions interactives fixes antérieures aux écrans Android (par exemple les tableaux interactifs fixes): ces solutions vont progressivement (mais assez rapidement) disparaître. (Voir “Les fabricants de tableaux interactifs sont morts“).
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- Nous ne faisons pas des écrans interactifs, nous transformons les entreprise
- Le coût d’usage d’un écran interactif est devenu inférieur à celui d’un tableau interactif ou d’un vidéoprojecteur interactif
- Le tableau interactif fixe est mort. Vive l’écran interactif !
- Les fabricants de tableaux blancs interactifs sont morts (et c’est mérité !)
Le nouvel écran tactile SpeechiTouch: téléportation et norme “Deep thought” (vidéo, 2 mn) 31 mars 2016
Par Thierry Klein dans : Speechi.Lu 1 fois | ajouter un commentaire
Avec ces nouvelles fonctionnalités de “Deep thinking” et “Téléportation d’objets”, nous avons au minimum 10 ans d’avance sur toute la concurrence. Je suis très fier de vous les présenter en vidéo, c’est le résultat de plusieurs années de travail.
Nouvelles fonctionnalités de télétransmission de l’écran interactif tactile en vidéo
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