Star Academy, les classes préparatoires et les élites 2 novembre 2005

Un point dont je n’ai pas vraiment parlé dans mes différents billets concernant les élites, c’est que les classes préparatoires sont non seulement un laboratoire à névroses mais aussi un outil d’asservissement. On y crée des esclaves, au sens nietzschéen du terme.

(suite…)

• Qu’est-ce qu’une formation ? Objets ouverts et objets fermés.
• Les conséquences sociales des évaluations sur les enseignants et sur la liberté pédagogique
• Pourquoi il s’est trompé : la vérité sur l’affaire Bourdieu
• La larme à l’oeil
• De Rawls à Macron, en passant par l’école. De quoi le social-libéralisme est-il le nom ?

               

La larme à l’oeil 28 octobre 2005

Avez-vous remarqué qu’au cinéma ou à la télé, il y a une loi quasi-infaillible qui veut que, plus les larmes seront filmées directement, en gros plan -avec le déluge sentimental associé, plus l’émission est mauvaise, au sens artistique du terme ?
(suite…)

• Walt Disney et Spielberg
• La valeur travail existe-t-elle ?
• Les formes élémentaires de l’aliénation (réponse à Enzo)
• De Rawls à Macron, en passant par l’école. De quoi le social-libéralisme est-il le nom ?
• Quelques notes sur « les armes de l’esprit »

               

Foule sentimentale 25 octobre 2005

La publicité fonctionne sur le principe de l’identification du consommateur avec la personne qui fait la promotion du produit, couplé avec l’envie qu’il a de lui ressembler (ce qui n’est pas exactement la même chose). Son principal problème, c’est que le mécanisme d’identification n’est pas facile à déclencher parce que nous sommes préalablement informés de l’intérêt de la personne qui communique et que nous sommes donc capables de mieux décoder son message.

Par exemple, je « sais » que Claudia Schiffer ne croît probablement pas ce qu’elle dit sur les produits L’Oréal (si tant est qu’elle les utilise). Je sais aussi que je ne suis pas le gros balèze qui se rase avec le dernier 3 lames de Gillette. En dépit de tout, et en dépit de l’impression que j’ai de ne pas être influencé par elle – qui est, avec le bon sens, la chose au monde la mieux partagée – la publicité fonctionne bel et bien, et la meilleure preuve de son efficacité, c’est qu’elle dure.

Les publicitaires font des efforts permanents pour tenter de réduire notre niveau d’auto-protection. Certaines marques n’utilisent pas de publicité en tant que tel, mais organisent des événements de communication en louant simplement les services de célébrités qui vont consommer les produits – ainsi, le contexte changeant, on repère moins facilement la finalité publicitaire. On nous fait croire que la publicité est intéressante, utile, amusante, etc… En vérité, toutes ces prétendues qualités ne sont au mieux que des dérivés du produit et ne participent pas de sa nature: il n’est de publicité qu’intéressée, point final.

Les publicitaires voient les blogs comme un espace de sincérité – les blogs sont le plus souvent rédigés par des auteurs individuels qui n’ont d’autre but que de dire ce qu’ils pensent. Les commentaires sont aussi rédigés dans le même esprit. Il n’est donc pas étonnant qu’ils cherchent à occuper cet espace. Encore une fois, dans un espace où les propos sont supposés sincères et désintéressés, le niveau d’auto-protection du consommateur est plus faible et c’est intéressant pour un publicitaire.

La blogosphère, c’est une vraie foule sentimentale.

Lorsque Vichy crée un blog pour vanter son produit en se cachant derrière l’identité d’une prétendue consommatrice, c’est pour tirer avantage de cette faible auto-protection qui caractérise a priori le lecteur de blog. Le message de Vichy a plus de force s’il provient d’une vraie consommatrice, bien sincère, bien désintéressée et c’est la raison pour laquelle Vichy se dissimule.

Il se trouve que Vichy est vite repéré parce que le blog n’est tout simplement pas crédible sur le plan psychologique (même la pire des dindes n’irait pas perdre son temps à écrire ce genre de choses pour son simple plaisir) mais la démarche des marques pour occuper cet « espace de sincérité » est somme toute logique – je n’ai pas dit souhaitable. Vichy a simplement eu un peu d’avance (et s’y est mal pris).

J’ai parlé hier d’un employé de Nespresso (probablement un dirigeant) qui lui a laissé un commentaire à un billet – plutôt élogieux – que j’avais rédigé sur le café Nespresso. « BigBro », puisqu’il s’est identifié ainsi, s’y est beaucoup mieux pris que Vichy au sens où son commentaire est psychologiquement crédible dans sa rédaction. Il est d’autant plus crédible qu’il ne s’agit « que » d’un commentaire et que BigBro n’a pas initié la discussion, contrairement à Vichy. J’ai pu remonter à Nespresso ce coup-ci, mais au fur et à mesure que les marques « apprendront » à utiliser les blogs à « bon » escient, il deviendra de moins en moins facile de les détecter et de se protéger.

Deux conclusions:

Je pense que Loïc à tout à fait raison quand il dit que les marques vont utiliser les blogs de plus en plus. Les marques sont attirées par les blogs par nature, comme les mouches par du sucre. L’avenir des blogs leur appartient.

Je pense aussi qu’il s’agit d’un phénomène somme toute nuisible. Je ne pourrai pas l’empêcher, l’histoire va dans ce sens mais je trouve que les méthodes employées sont répréhensibles et significatives quant aux marques qui les utilisent. J’ai lu les slides PowerPoint de Loïc sur « Le cas Vichy » et la thèse de Loïc, c’est que Vichy aurait fait une simple erreur de communication (donc de forme), en n’employant pas la méthode appropriée et que cette erreur aurait été réparée ensuite pour le plus grand bien général (de Vichy, des bloggeurs, de la communauté et j’en passe sans doute). Pour moi, l’erreur (je n’ose dire l’escroquerie) de Vichy n’est pas anodine sur le fond. Et la seule chose qui a été corrigée, c’est que maintenant Vichy s’affiche comme auteur d’un blog qui n’a rien d’original ni sur le fond ni sur la forme puisque c’est un simple site de pub Vichy. Vichy ët Loïc ont tout intérêt eux, à minimiser l’événement, Vichy parce qu’ils ont été pris la main dans le sac et Loïc parce qu’il a envie que de plus en plus de marques fassent des blogs.

On nous inflige
Des désirs qui nous affligent
On nous prend faut pas déconner dès qu’on est né
Pour des cons alors qu’on est
des

Foules sentimentales
Avec soif l’idéal
Attirées par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales

• Du double langage employé sur certains blogs
• L’éternel retour du marketing tel qu’on l’a toujours connu
• L’esprit perdu de l’article 28 de la loi de 1905
• De Rawls à Macron, en passant par l’école. De quoi le social-libéralisme est-il le nom ?
• Blogs et enseignement à distance / e-learning and blogs

               

Un commentaire en provenance de chez Nespresso… 24 octobre 2005

J’ai un assez vieux billet qui traine dans ce blog sur le café Nespresso. Il décrit très sommairement la stratégie marketing de Nestlé en la comparant à celle de Philips avec le CD… C’est une bonne illustration (à mon avis) de la façon dont une société motivée et qui a les moyens peut détourner à son profit le système de brevets pour créer une situation anti-concurrentielle (potentiellement interdite par les lois européennes, mais qui aurait les moyens pour aller dénoncer tout où partie des brevets déposés par Nestlé, sachant qu’en attendant toute tentative de mise en concurrence, ne serait-ce qu’au niveau des capsules, serait probablement interprétée comme de la contrefaçon par les différentes législations nationales ?)

Aujourd’hui arrive un commentaire anonyme concernant ce billet. (Le commentaire est signé « BigBro » mais l’auteur a écrit sans laisser d’adresse email, ni de site):

« Je ne retrouve pas la qualité de la capsule originale en mettant une dosette dans la cage à capsule. Et en ce qui concerne le prix du café, je vous propose de faire le même calcul pour l’eau sale qui vous est servie dans certains restaurants très chics de la capitale… »

Pas de problème sur le commentaire lui-même (tout le monde à le droit d’avoir un avis). Mais quand je le lis, je me dis qu’il est quand même un peu bizarre, ce commentaire. D’abord, ce lecteur déconseille d’utiliser quoi que ce soit d’autre qu’une capsule Nespresso comme recharge. Ensuite, il répond aux critiques qui portent sur le prix jugé excessif du café Nespresso en mettant en valeur sa qualité (c’est la réponse marketing « de base », comme on dit). De façon plus surprenante, il le compare aussi au prix du café servi en restaurant (ce qui n’a rien à voir, évidemment… On ne va pas demander à un resto de vendre un coca au prix d’une grande surface, par exemple…)

Donc j’ai moi-même répondu par un petit commentaire qui disait: « Vous êtes sûr que vous ne travaillez pas chez Nespresso, vous ? ». Puis, je me suis dit…Et si je faisais un petit traceroute ?

Bingo !

En faisant un traceroute sur l’adresse IP, on voit que le message vient de « NESTLE COFFEE », « Nestle Nespresso » …

Ils sont vraiment forts en marketing chez Nestlé ! Ils aont vraiment tout compris (y compris pour les aspects Web, car leur site Web, pour ceux qui connaissent est un modèle du genre… tout en étant totalement fermé, puisqu’il est réalisé en Flash et qu’aucun lien vers l’intérieur du site n’est permis !)

Quant à leur action vis à vis des blogs, ils ont des années d’avance sur la concurrence ! Laisser des commentaires anonymes (mais en se faisant passer pour un vrai utilisateur) pour influencer la blogosphère, c’est quand même pas mal !!!

Je me suis demandé s’ils ont une vraie « buzz-cellule », qui épie le Web en permanence et qui essaierait d’influencer sur « les rumeurs ». Je pense qu’ils font une veille, puisqu’ils sont tombés sur ce blog, mais je ne pense pas que ce soit si organisé que ça (peut-être que je ne suis pas assez parano, moi !).

Si c’était organisé, ce ne serait pas si bien fait et surtout, on ne remonterait pas si facilement à Nespresso… Je parierais plutôt pour une intervention d’un employé assez haut placé chez Nespresso (il faut qu’il ait Internet au bureau, il faut qu’il se sente une certaine autonomie, il faut qu’il se sente concerné par l’article et son commentaire est assez bien fait …). Allez, je dirais un chef de produit ou un directeur marketing… J’ai bon, « Bigbro » ?

Mais avec tout ça, je me demande sérieusement si je vais continuer à boire mes 5 nespressos par jour, moi.

Ajout: Voir le commentaire de Brice sur un billet concernant Nespresso du blog Formats Ouverts… Je jurerais que Brice et Bigbro sont amis…

• Comment Nespresso transforme Wikipedia en brochure publicitaire
• Nespresso : le café en mode ASP.
• Foule sentimentale
• Vous êtes priés de ne pas brancher la machine à café sur le lave-vitres
• Fort de café

               

"Le Web se meurt à cause du raz de marée de tous les connards qui encombrent les moteurs de recherche avec leurs blogs" 22 octobre 2005

Un pamphlet très drôle et très aggressif (en anglais) contre les blogs et les bloggeurs (ça fait du bien de temps en temps !).

Quelques citations en vrac:

La plupart d’entre vous pensent écrire du contenu original et faire une contribution en utilisant la licence Creative Commons « certains droits réservés » pour protéger leur vomis.

On peut accepter un terme tel que « weblog », voire même tolérer le mot « blog ». Mais les termes ci-dessous sont absolument exaspérant:

• Blogosphere
• Travelblog (blog de voyage)
• Blogroll
• Moblog
• Blogstream

Les soit-disant jeux de mots qui les composent les rendent pires encore.

« Tous les blogs parlent de la même merde » [à savoir],

• les élections présidentielles
• l’économie
• la politique
• les blogs
• les logiciels Open Source

« Les bloggeurs sont des moutons »

« Les blogs sont des virus hypertextes qui font merder Google » (note: c’est assez vrai techniquement, je trouve. Le PageRank donné par Google se perd dans les « trackbacks » et « les articles qui parlent de billet » généré par les blogs).

Evidemment, ce pamphlet…fait partie d’un blog, ce qui relativise la critique…

Lire aussi sur le sujet mon billet concernant la bloggomanie.

Via SmartMobs

• Blogs et enseignement à distance / e-learning and blogs
• Google : la fin du début ? / Google : the end of the beginning ?
• Du double langage employé sur certains blogs
• La vérité sur l’affaire Free – Google.
• L’éternel retour du marketing tel qu’on l’a toujours connu

               

Vous écrivez, mais vos impressions parlent. 18 octobre 2005

Il y a mille et un gestes qui signent nos actions sans qu’on s’en doute. Si vous voulez jouer au corbeau un jour, souvenez-vous qu’il vaut mieux utiliser la bonne vieille méthode qui consiste à découper des lettres dans le journaux plutôt que de vous servir de votre imprimante Laser. Pourquoi ? Et bien parce qu’elle « signe » les documents en imprimant de façon microscopique son numéro de série et la date d’impression.

Source : Engadget

• Qu’y a-t-il de commun entre le robot Asimo de Sony et le joueur d’échec de Maezel ?
• Dr House, ou le retour du Religieux
• « Je ne suis pas Dr House, mais… »
• Les statuts altruistes et l’indice altruiste constant
• La préservation des animaux : urgence et éthique (3/3)

               

Merci à Digiport de m’inviter à parler lors du Club Forum / Thanks to Digiport for inviting me at the "Forum Club" in Lille 17 octobre 2005

J’y parlerai des blogs, avec un petit chapitre sur les blogs et l’éducation.

Ca se passe au Network Cafe, 15 rue du faisan à Lille, demain mardi à partir de 18h. L’inscription est gratuite.

(Merci Fabienne, Pierre)

• Le buzz Google et le buzz Skype / Google and Skype buzz comparison
• Blogs et enseignement à distance / e-learning and blogs
• A Lille 3, les moyens d’enseignement ne s’usent que si l’on s’en sert
• Pierre Bergé mis en scène par Pierre Bergé
• Une discussion intéressante (enfin !) sur Twitter

               

Du principe de Peter et autres âneries

Je viens de lire sur un autre blog un commentaire qui fait référence au (trop) fameux « Principe de Peter« . Pour ceux qui ne connaissent pas, le principe de Peter énonce que « tout employé tend vers son niveau d’incompétence ». La réflexion, si j’ose dire qui sous-tend le principe, c’est que dans une entreprise, vous ne cessez d’être promu pour tous les postes où vous êtes performant. Conséquence, vous occupez tôt ou tard un poste où vous ne l’êtes plus. C’est le corollaire de Peter: « Avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d’en assumer la responsabilité ».

Le principe de Peter, c’est une vraie tarte à la crème que tout le monde reprend depuis des dizaines d’années. Comme la formulation semble vaguement cynique, ça donne toujours un petit genre. Le problème, c’est que c’est complètement faux et que ça repose sur une vision simpliste du monde.
(suite…)

• De Rawls à Macron, en passant par l’école. De quoi le social-libéralisme est-il le nom ?
• La diffamation est un cri qui vient de l’Intérieur
• Les conséquences sociales des évaluations sur les enseignants et sur la liberté pédagogique
• Dialogue en faveur de l’évaluation
• Pourquoi il s’est trompé : la vérité sur l’affaire Bourdieu

               

Bon deal à la SNCM 15 octobre 2005

Le gouvernement a été très ferme et les jours de grève ne seront pas payés, mais considérés quand même comme des jours non chômés. Ce qui veut dire que pour chaque jour de grève effectué, les marins auront droit à 4 jours de vacances.

Ajout: j’avais écrit ça pour rire, mais en fait, j’exagère à peine ! Je lis dans le Figaro d’aujourd’hui que : « Les grévistes ont accepté hier le protocole de sortie de crise. Il n’y aura pas de sanctions disciplinaires et une partie des jours de grève sera décomptée des congés. « 

• Deux ou trois choses sans aucun rapport
• Des sous-marins parfaitement cachés
• Une discussion intéressante (enfin !) sur Twitter
• La préservation des animaux : urgence et éthique (3/3)
• De Rawls à Macron, en passant par l’école. De quoi le social-libéralisme est-il le nom ?

               

La société de l’intelligence 13 octobre 2005

La tarte à la crème dont raffolent aujourd’hui nos politiques, c’est que la compétitivité naîtra de l’intelligence. Autrement dit, c’est en étant plus intelligents que les autres que nous nous en sortirons en tant que pays.

C’est un argument raciste et erroné. Il présuppose que les pays du tiers-monde ne sauront pas "inventer" comme les pays occidentaux. Il sous entend, en gros, c’est que nous pourrons faire faire le "bas-oeuvre" dans le tiers-monde mais qu’en étant "plus intelligents", nous pourrions en retirer la valeur ajoutée, créer des emplois, conserver notre niveau de richesse, etc…

Si nous allons vraiment vers une société de l’intelligence, notre déclin sera durable. La seule façon de l’empêcher est de créer des "avantages économiques" rigides et pérennes (en vrac, le luxe, Airbus, le nucléaire…), c’est à dire en fait des injustices qui durent, qui nous protègent durablement de la concurrence étrangère.

Pour les américains, le problème n’est pas le même. Une société de libre-échange maintient leur avantage compétitif car ils disposent d’un quasi-monopole sur le plan financier. Quel que soit l’endroit dans le monde où se crée la valeur ajoutée, l’Amérique peut l’acheter et l’intégrer à son développement (exemple récent : Skype acheté par eBay).

En ce sens, les américains qui prônent la mondialisation vont dans le sens de leur intérêt national, mais pas les français. Le libéralisme, c’est du patriotisme économique qui ne dit pas son nom.

• La valeur travail existe-t-elle ?
• De Rawls à Macron, en passant par l’école. De quoi le social-libéralisme est-il le nom ?
• Qu’y a-t-il de commun entre le robot Asimo de Sony et le joueur d’échec de Maezel ?
• Interview : six questions sur le Capital Altruiste
• Les conséquences sociales des évaluations sur les enseignants et sur la liberté pédagogique