René Girard, Kundera, Galilée et le Progrès : l’avenir imprévu d’une illusion 6 novembre 2015
Par Thierry Klein dans : René Girard.Lu 2 981 fois | ajouter un commentaire
Il avait été finalement, bien tardivement, élu à l’Académie française. Mais il n’a jamais pu enseigner en France. Dès le départ, il faut donc signaler ceci: l’Université française a fait subir à René Girard ce que l’inquisition catholique n’a jamais imposé à Galilée – une censure quasi totale.
Un des grands découvreurs de l’Humanité, au même titre que Newton ou que Freud, a finalement enseigné à Stanford où j’ai eu la chance, au début des années 90, de suivre quelques uns de ses cours. Son oeuvre écrite est extrêmement claire et articulée autour de quelques découvertes fondamentales, telles que le désir mimétique ou les mécanismes victimaires à l’oeuvre dans la violence. C’est un des seuls grands penseurs modernes qu’on peut lire presque sans aucune référence et sans explication externe. Vous ne pouvez pas faire ça, par exemple, avec Freud qui invoque à tout moment « l’expérience thérapeutique », ni avec Bourdieu, Derrida ou Lacan qui, sans formation préalable appropriée (et parfois même avec !), sont presqu’incompréhensibles.
« La Violence et le sacré » et « Des choses cachées depuis la fondation du monde » exposent l’essentiel de ses théories tout en effectuant une lecture critique et comparative de la psychanalyse, de l’anthropologie et des religions. Les autres œuvres philosophiques seront ensuite des variations sur les mêmes thèmes ou des illustrations de ces thèmes. Pour ceux qui s’intéressent à la littérature, René Girard est l’auteur d’un des meilleurs livres jamais écrits sur le roman « Mensonge romantique et Vérité Romanesque » et du meilleur livre que j’ai pu lire sur Shakespeare « Les feux de l’Envie ». « Mensonge romantique », où il découvre à travers la littérature le désir mimétique et le lyrisme romantique (que Kundera appellera plus tard « le Kitsch »), est une analyse structurale comparative de quelques grands romans (de Don Quichotte à Flaubert) que vous ne lirez plus jamais de la même façon après Girard. « Les feux de l’Envie » est une recherche systématique brillantissime des “indices” de la théorie mimétique dans l’oeuvre de Shakespeare et de Joyce.
Le renversement de la preuve religieuse
René Girard, c’est surtout celui qui “renverse la charge de la preuve” en matière de religion dans notre monde moderne. Dans “L’avenir d’une illusion“, Freud montre le lien entre toutes les religions : elles sont des illusions. Le sorcier qui danse pour faire pleuvoir est dans l’illusion (même s’il pleut après sa danse, le lien entre la danse et la pluie qui s’ensuit ne peut être scientifiquement établi). Une “illusion” n’est pas une “erreur”. Vous ne pouvez pas, vous non plus, montrer que le sorcier n’a pas fait pleuvoir. Mais une fois que Freud vous a parlé du sorcier dans la religion primitive, et rapproche son comportement de celui du croyant ou du prêtre dans les religions bibliques, vous constatez que tous sont indubitablement dans l’illusion et évidemment la crédibilité du croyant moderne en prend un sacré coup. Freud montre aussi que les religions sont bâties sur des histoires de meurtre qui fonctionnent exactement comme dans les mythes. Pas de raison, donc, d’y croire ni plus ni moins qu’on croit aux mythes.
L’entreprise de Freud est une des formes les plus réussies, au final, de dénigrement de toutes les religions, non pas en montrant l’inexistence de Dieu – cette inexistence est du domaine de l’indémontrable – mais en rapprochant de façon extrêmement éclairante les mécanismes communs à toutes les religions, ce qui rabaisse finalement les religions du Livre au rang de pure sorcellerie (avec forte tendance névrotique en sus).
Durant toute la durée du XXème siècle, la révélation freudienne a constitué la théorie la plus convaincante en matière d’interprétation du mécanisme religieux. Les esprits les plus éclairés, les plus indépendants ont été naturellement non religieux, un peu comme au XVIIème, les mêmes esprits étaient coperniciens. Ces mêmes esprits éclairés ont été aussi progressistes (Kundera rappelle que les communistes tchèques rassemblaient au départ la meilleure partie de la population du pays, la plus dynamique, la plus éclairée, la plus avancée). Opposition à l’Eglise, volonté de progrès, avance intellectuelle face à des esprits conservateurs la plupart du temps peu éclairés – tout ceci a été – et est encore – lié non seulement depuis Freud, mais depuis Galilée. Qu’on soit croyant ou pas, l’analyse de Freud s’impose à tout être pensant.
Mais René Girard, qui est un penseur “chrétien”, découvre alors la différence structurale fondamentale entre les religions tirées de la Bible et toutes les autres religions, ainsi que tous les mythes. Cette différence, c’est que les mythes (ou les “fausses” religions) se réduisent à des traces de meurtres ou de massacres racontés par les meurtriers (les “forts”), alors que la Bible effectue une révolution copernicienne en prenant dès l’origine (le meurtre d’Abel) le point de vue des faibles et en les défendant. La Bible et tous les mythes parlent bien de la même chose – comme Freud l’a montré – mais pas de la même façon. Et c’est ce point de vue qui rend les religions du Livre unique et les différencie du mythe. Qu’on soit croyant ou pas, l’analyse de Girard est incontestable et aujourd’hui, si vous êtes un intellectuel, vous êtes forcé de reconnaître qu’il y a une spécificité biblique (cette spécificité est particulièrement inconfortable à vivre si vous n’êtes pas croyant).
Bien sûr, vous trouverez toujours des intellectuels qui n’adhèrent pas à cette analyse, mais vous pouvez les ranger dans la même catégorie que ceux qui rejetaient Freud a priori sans l’avoir bien lu: ce sont, comme le “Simplicio” de Galilée, de purs conservateurs qui disent aimer la connaissance mais ne recherchent au fond que la confirmation de de leurs idées préétablies. Beaucoup d’intellectuels français sont dans ce cas (Najat Vallaud-Belkacem ne les traitera jamais de « pseudo-intellectuels », eux). On peut même parler de mouvance majoritaire – et c’est une des raisons pour laquelle la reconnaissance de René Girard a été si tardive et s’est d’abord effectuée à l’étranger.
D’une certaine façon, René Girard a lui-même amplifié le phénomène de rejet en revendiquant le caractère chrétien, voire hagiographique de son oeuvre, avec une certaine délectation de polémiste. Il y a d’ailleurs une évolution entre les premiers ouvrages, qui sont présentés comme des analyses objectives conduisant à une spécificité biblique mais où le côté apostolique de l’auteur est masqué et les ouvrages plus récents où l’aspect hagiographique est plus clairement revendiqué. En outre, l’analyse de Girard conduit à privilégier nettement la religion chrétienne parmi les religions bibliques car René Girard effectue une analyse très poussée et totalement originale de la Passion du Christ présenté comme un exemple particulièrement pur et “révélateur” de la position du Faible. Là encore, la force de l’analyse est indéniable et induit “mécaniquement ” le lecteur à une hiérarchisation des religions où la religion chrétienne serait une sorte d’aboutissement ultime de la religion juive. C’est une thèse classique de l’Eglise qui a conduit des milliers de juifs au bûcher où à la conversion forcée au moyen-âge. L’oeuvre de René Girard est donc naturellement revendiquée par les clans catholiques les plus conservateurs et bornés.
Si Galilée avait eu tort
Pour comprendre le monde d’aujourd’hui, on peut tenter d’imaginer ce qu’il serait devenu si Galilée avait eu tort. Il faut se souvenir que Galilée n’apportait nullement, à l’époque, la preuve de ses affirmations et que ses thèses étaient beaucoup plus contestées que ne l’est aujourd’hui, par exemple, la thèse du réchauffement climatique. Sur certains aspects, Galilée se « plantait » même royalement et ses « Dialogues sur les deux systèmes du monde » fourmillent de graves erreurs, sans parler de leur partialité qui lui a valu sa condamnation. Si Galilée, donc, avait eu scientifiquement tort, sa condamnation serait apparue comme justifiée et la science, ainsi que probablement les sciences humaines, se seraient durablement rangées du côté des religions. Les progressistes (je nomme ainsi tous ceux qui ont foi dans le Progrès, et je les oppose à ceux qui ont simplement espoir dans le Progrès ou qui sont réservés face au Progrès) seraient du côté des religions. Et tout ceci serait, somme toute, dans l’ordre naturel des choses, puisque le progressisme est une foi, c’est-à-dire de façon ultime une position religieuse.
Par opposition, aujourd’hui, les progressistes (ceux qui croient au sens de l’histoire) se situent avant tout à gauche et leur conviction est basée de façon ultime sur l’opposition à la religion, vécue comme un conservatisme (la religion est une illusion nocive, autrement dit, un opium). A droite, les libéraux croient aussi que le progrès est obtenu par le libre jeu du marché mais l’acteur ultime de cette pièce est « l’homo economicus », une sorte d’extra-terrestre improbable dont tous les choix sont de nature économique, autrement dit, un être sans Dieu.
Les notions de Progrès et de croyance sont devenues beaucoup plus fructueuses pour comprendre l’échiquier politique que les notions de droite et de gauche.
Les progressistes, qui se voient comme des opposants éclairés à toute religion, refoulent encore le côté religieux qui vit caché au plus profond d’eux, et une grande confusion en résulte. L’extrême-gauche, la gauche et la droite dite libérale, qui constituent l’essentiel de qu’on appelle « le front républicain » sont avant tout un « front progressiste ». Dans la famille des « conservateurs » (j’appelle ainsi ceux qui ne croient pas au progrès et je rappelle que cette non-croyance a priori, comme la croyance, reste une position religieuse), je nomme la plupart des Verts, une bonne partie de la Droite bonapartiste et le Front National. J’appelle « rationnels » tous ceux qui n’ont qu’une confiance limitée dans le progrès ou qui veulent simplement « jouer pour voir ». Les « rationnels » représentent la majorité des français : problème, ils sont minoritaires à l’intérieur de chaque parti.
Kundera, dans le livre du rire et de l’oubli
:
« Moi aussi, j’ai dansé dans la ronde. C’était en 1948, les communistes venaient de triompher… nous avions toujours quelque chose à célébrer, les injustices étaient réparées, les usines nationalisées, es milliers de gens allaient en prison, les soins médicaux étaient gratuits… Nous avions sur le visage quelque chose du bonheur… Puis un jour, j’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas dire, j’ai été exclu du parti et moi aussi, je suis sorti de la ronde. »
Si vous n’êtes pas « progressiste », l’inquisition vous rattrapera a coup sûr et vous serez traité de « conservateur » – l’injure suprême. Aujourd’hui, tous les rationnels sont perçus comme conservateurs et beaucoup croient même qu’ils le sont, exactement comme (exemple emprunté à Girard), certaines sorcières du moyen-âge étaient convaincues de l’être et donc approuvaient leur propre condamnation. Mais si la croyance de la sorcière en sa culpabilité tient de la pensée magique, elle ne rend pas la sorcière elle-même magique, ni coupable. De même (autre exemple emprunté à Girard), le fait qu’Oedipe croie en sa culpabilité ne le rend pas coupable. Oedipe est, au sens propre, « convaincu de sa culpabilité » mais l’idée qu’il soit, par exemple, responsable de l’épidémie de peste tient du magique. Girard voit ceci. Freud non.
La crise politique actuelle: l’incompréhension du fait que que le progressisme est une religion.
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Sur la façon dont le gouvernement communique à propos de la réforme du collège 12 mai 2015
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 3 714 fois | ajouter un commentaire
Ce premier billet sur la réforme du Collège traitera exclusivement de la forme (c’est-à-dire du style de communication employé par le Ministère). Les arguments de fond seront développés dans d’autres billets à venir.
Un des arguments principaux de la Ministre de l’Education Nationale sur cette réforme est que les « pseudo-intellectuels » l’ont mal lue ou même (honte à eux !) pas lue du tout, alors que toutes les informations étant disponibles sur le site de l’Education Nationale, » il est possible à chacun de les consulter et de se faire sa propre idée en connaissance de cause ».
Une réforme en réalité peu accessible (pour ne pas dire inaccessible).
La réalité est un peu différente. Sur le site de l’Education Nationale, vous tombez immédiatement sur une suite d’articles de vulgarisation (pour ne pas dire simplistes) et d’infographies (pour ne pas dire bandes dessinées) justifiant la réforme des programmes. Ces articles sont, au sens propre du terme, des articles de propagande puisqu’ils servent à vous vendre la réforme en une page ou deux sans renvoyer, ne serait-ce que sous forme de lien, vers le contenu précis de la réforme.
Certains liens du site du Ministère renvoient même directement vers le site personnel dédié à la promotion de la Ministre, bref la confusion entre information et propagande est totale.
Pour accéder au texte intégral de la réforme, j’ai dû, il y a trois semaines, passer quinze bonnes minutes à naviguer sur le site de l’Education Nationale. Ce qui veut dire que sans un intérêt aigu, de nature presque professionnelle pour le sujet, j’aurais renoncé à chercher le programme et me serais contenté des messages de propagande. J’estime que plus des 95% des visiteurs du site ont fait de même[1] et donc n’ont pas eu accès au texte intégral de la réforme.
Je ne sais pas si cette dissimulation de fait est le résultat d’une volonté politique, d’une simple incompétence ou du besoin inconscient de masquer les textes originaux tellement, nous le verrons dans les prochains billets consacrés au fond de cette réforme, ceux-ci contredisent en tous points les déclarations de la Ministre et les articles d’explication du site de l’Education Nationale.
[Ajout 11 mai : La grande honnêteté qui me caractérise, probablement couplée au fait que je suis tout sauf un pseudo-intellectuel, m’oblige cependant à préciser que depuis ce matin, la réforme est accessible en 3 clics à partir du blog des actualités du site.]
Une réforme peu lisible (pour ne pas dire illisible).
Peut-être beaucoup de pseudo-intellectuels n’ont-ils donc pas lu la réforme. Il leur sera cependant beaucoup pardonné car le texte intégral en est, en grande partie, illisible – c’est à se demander si lui aussi n’aurait pas été rédigé par des pseudo-intellectuels ! Je reprends quelques exemples pour la plupart déjà largement publiés dans la presse, car c’est toujours bon de rire un peu.
« traverser l’eau en équilibre horizontal » (en français ancien, signifie « nager »)
«vaincre un adversaire en lui imposant une domination corporelle symbolique et codifée» (en franco-anglais ancien, « match »)
« produire des messages à l’oral et à l’écrit » (en français ancien, signifie écrire et parler)
« aller de soi et de l’ici vers l’autre et l’ailleurs » (intraduisible. La langue française n’est visiblement pas assez riche pour traduire la profondeur insondable de la pensée des rédacteurs du programme).
« l’éducation aux media, organisée de façon spiralaire » (les mots me manquent là aussi pour bien vous faire sentir toute la profondeur du concept. Mais je ne suis probablement qu’un pseudo-intellectuel).
On est bien sûr ravi de noter que « «l’inflation terminologique doit être évitée» (programme de français). Et on se demande ce qu’il en aurait été dans le cas contraire.
Un texte de réforme sans véritable contenu spécifique.
Personne à ma connaissance n’a encore remarqué ce point : la réforme, telle qu’elle se présente, manque tellement de précision qu’elle ne peut être valablement contredite.
Dans certaines matières, les textes sont tellement vagues qu’ils ne définissent en fait pas grand-chose. Par exemple, dans le projet de programme pour le cycle 4 du 9 avril et qui ne compte pas moins d’une soixantaine de pages, je vous invite à aller consulter le programme de français (pages 10 à 16) pour constater qu’au final, ce programme n’impose rien au professeur (c’est la liberté pédagogique poussée à son summum). Six pages touffues et jargonnantes sans imposer aucune œuvre spécifique à lire (puisqu’on doit simplement « puiser dans toutes les époques » !).
Et je défie, par exemple, quiconque de pouvoir vérifier qu’en fin de cycle l’élève sait « Mobiliser en réception et en production de textes les connaissances linguistiques permettant de construire le sens d’un texte, le rapport au genre littéraire, à la forme de discours, au type de texte. »
Le cas du programme d’histoire.
Le programme d’histoire / géo s’étend lui sur 5 pages. Nous sommes contents d’apprendre, dans les deux premières que les heureux élèves devront « se repérer dans le temps » et « se repérer dans l’espace ». Ils sauront « comprendre et analyser un document », « raisonner » et « pratiquer différents langages en histoire / géographie » , « coopérer » et « mutualiser ». La description de ce que signifient exactement tous ces termes prend 3 pleines pages, écrites de telles façons qu’elles pourraient s’appliquer aussi bien à des élèves de licence que de CM1 (autrement dit, ce sont des déclarations d’intention vagues et non spécifiques, qui n’engagent aucun enseignant à rien).
Le programme d’histoire lui-même (thèmes étudiés) tient sur moins d’une page (pour 3 années d’étude !). La moitié des thèmes proposés sont facultatifs.
Au final, si on enlève du programme les déclarations d’intention, les objectifs (si vagues, jargonnants et prétentieux qu’il n’en sont pas), et toutes les parties non spécifiques qui ne définissent absolument rien, la réforme des collèges tient dans cinq à dix pages –elles même très floues et imprécises.
L’Administration au pouvoir
Le fait qu’il n’y ait « rien » dans ce texte, sert un double objectif politique. Celui du Ministre, qui devra non pas enlever des parties du texte mais en rajouter pour neutraliser certaines critiques et arriver à un compromis sans avoir le moins du monde l’air de reculer. Divers points de repli ont visiblement été prévus et Najat Vallaud-Belkacem, depuis une semaine, « consulte » et communique sur le fait que les programmes demandent à être « tout simplement discutés et précisés ».
Celui de l’Administration, qui a écrit ce texte pour son propre compte, dans sa propre langue si caractéristique, et qui de fait dirigera son application. Comme le texte ne dit rien, toute latitude lui est ainsi laissée pour l’interpréter « comme il faut » et orienter la future politique éducative. Les ministres passent, l’administration de la rue de Grenelle reste.
Qui n’a pas d’objectif ne peut pas échouer.
Dans cinq ans, si la réforme s’applique, personne ne pourra jamais prouver son succès ou son échec puisqu’elle n’aura jamais été réellement définie.
Ainsi, en rédigeant ce modeste billet, j’ai probablement « fait preuve d’esprit critique », satisfaisant en ceci l’esprit et la lettre du programme d’histoire du cycle (page 37) mais j’avoue que je ne sais pas si j’ai bien « mobilisé ma sensibilité pour questionner la part du subjectif et la portée intellectuelle et morale des stéréotypes de représentation » (ce qui est pourtant une compétence attendue en fin de cycle 4, p 26).
Je prédis donc sans aucun risque de me tromper que Ministère et pseudo-intellectuels pourront sans aucun problème continuer à s’invectiver dans les prochaines années.
Non seulement il sera impossible à quiconque de juger du succès de cette réforme, mais il sera aussi impossible, avant trois années complètes, de valider les progrès des élèves. Le cycle 4 porte maintenant sur trois années (5ème, 4ème, 3ème) et donc les programmes tels qu’ils sont définis portent aussi sur 3 années. Le redoublement est devenu presqu’impossible mais ce n’est qu’en fin de 3ème qu’on pourra (peut-être, car rien n’est prévu) constater les éventuels décrochages.
Jamais autant de volonté d’égalité (affichée) n’aura généré autant d’inégalité de niveau (sur le terrain).
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