En hommage aux morts du 7 Octobre 30 décembre 2023
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 1 fois | ajouter un commentaire
Kevin Chen, changement de programme « improvisé », ce 21 Octobre dans un concert donné au Carnegie Hall.
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Isabelle Carré et la cancellation de Depardieu
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 13 fois | ajouter un commentaire
La Tribune d’Isabelle Carré dans Elle. Je me méfie de ce genre de textes. Ce qui me fait froid dans le dos, à moi, c’est sa ponctuation « inclusive », volonté idéologique de transformer la langue. Et oui, les chiffres fournis par Isabelle Carré mentent car ils sortent du « travail » des associations féministes, dont la plupart sont des sectes militantes. Ainsi, on a du mal à faire la part du fantasme, du problème psychologique et de la réalité dans cette prise de position. En revanche, on voit ce que tout ça fait peser en termes de menace totalitaire sur la société. Car le but est de lâcher des meutes, qui condamnent avant d’avoir jugé. Et ces féministes là, les « me-too », on ne les a sauf exception pas entendues pour condamner les viols du Hamas, le 7 Octobre – au contraire, elles les ont plutôt relativisés au nom de la soi-disant nécessaire « lutte anti-coloniale ». Lutter contre le sexisme, oui. Favoriser les thèses d’une extrême gauche sectaire et de l’islamisme au prétexte de la lutte contre le sexisme, non
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Les experts
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 3 fois | ajouter un commentaire
600 artistes dénoncent la loi du silence concernant Depardieu.
Presqu’aucun d’entre eux n’a osé s’exprimer suite aux massacres du 7 Octobre.
Des experts.
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Wokisme et islamisme : histoire d’une haine commune 17 décembre 2023
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 40 fois | 1 commentaire
Le phénomène est apparu aux yeux du monde le 7 octobre 2023 : les islamistes ont pris des positions anti-israéliennes et on n’en attendait pas moins d’eux puisqu’ils sont antisémites. Mais toute la gauche « Nupes », ou presque, a pris des positions anti-israéliennes aussi. A ma connaissance, seules de rares personnalités de gauche, souvent juives, ont échappé à la contagion (Julien Dray, Jérôme Guedj, Manuel Valls…). Grosso modo, plus on va vers l’extrême-gauche (LFI, NPA), plus les positions deviennent non seulement anti-israéliennes mais aussi antisémites (voir les positions de David Guiraud, Mélenchon…). Ce phénomène s’est produit non seulement en France mais dans tout l’Occident : les étudiants wokes des universités progressistes nord-américaines ont pris des positions pro-palestiniennes allant jusqu’à l’antisémitisme, souvent soutenus par les institutions elles-mêmes, on l’a vu dans le cas d’Harvard, du MIT et de Penn lors d’auditions menées par le Sénat.
Il faudrait certainement mieux définir ce qu’est une position anti-israélienne, une position antisioniste, une position antisémite, d’autant plus que les antisionistes se disent simplement « opposés à la politique coloniale de l’Etat d’Israël », que les antisémites nient évidemment leur antisémitisme avec des trémolos dans la voix et de multiples circonvolutions (ce qui fait que le discours antisémite d’extrême gauche des années 2020 ressemble à s’y méprendre au discours d’extrême droite des années 70). Il faudrait le faire et je le ferai un jour mais tel n’est pas le but de ce petit billet: mon objectif est simplement de mettre à jour le lien profond, jusqu’ici caché, entre islamisme et wokisme, à savoir la haine de l’Occident.
Cette haine est bien connue en ce qui concerne l’Islamisme et elle est en quelque sorte bien compréhensible aussi, compte tenu de l’Histoire. La guerre entre Islam et Occident dure depuis plus de 1000 ans « à l’extérieur » mais l’immigration a, depuis 60 ans, augmenté le nombre de musulmans « à l’intérieur » en France et en Europe. Les frères musulmans n’ont de cesse d’augmenter partout le poids social et le pouvoir politique de l’Islam. La diffusion généralisée de la nourriture hallal, du voile constituent pour eux une grande réussite. Dans leur esprit, ce n’est cependant qu’une étape.
L’Islam politique a lié une alliance d’intérêts avec la gauche. La gauche a ciblé les musulmans depuis 30 ans car, fraichement immigrés, ils constituent à ses yeux un « nouveau prolétariat, la population la plus pauvre sur le territoire français. Sous l’influence des frères, les islamistes ont infiltré les mouvements politiques de gauche et celle-ci est devenue perméable, en dépit de toute sa tradition philosophique qui lui fait apparaître la religion comme une aliénation, à la bigoterie islamique (soutien au port du voile, remise en cause de la laïcité dénoncée comme liberticide…) et à l’antisémitisme (requalifié « antisionisme »). L’acceptation par la gauche de l’idée que toute religion est « l’opium du peuple » sauf l’Islam, c’est ce qu’on appelle classiquement maintenant l’islamo-gauchisme : un agenda clientéliste / politique commun à l’Islam politique et à la gauche.
Qu’est-ce que le wokisme ? Du psychisme transformé en politique.
Le wokisme est une forme de paranoïa envieuse, raciste, consistant à voir partout des micro-agressions (c’est ce qu’on appelle alors être « woke », c’est-à-dire « éveillé, attentif »). Si par exemple, vous traitez un homme noir (petit, gros, laid, trop grand…) avec condescendance ou un sentiment de supériorité, vous commettez une micro-agression dont le woke cherchera à se protéger au sein d’un espace dit « de sûreté ». Le problème est que ces « micro-agressions » font partie de la vie courante, se produisent des milliers de fois par jour, et peuvent être réelles ou fantasmées, puisque nous sommes tous, en partie, des complexés qui nous imaginons que nos fragilités vont être décelées chez les autres. Dans un grand nombre de cas, les micro-agressions dénoncées sont imaginaires et donc le woke a un sérieux problème psychique, problème qui partagé par un grand nombre de ses semblables, devient un problème politique, une névrose obsessionnelle devenue sociale.
Parti des Etats-Unis, le wokisme s’est d’abord développé au sein de la communauté noire qui a subi l’esclavage et qui continue probablement à en vivre le traumatisme, même plusieurs générations après la fin de l’esclavage et alors que le niveau de racisme a diminué, via un mécanisme difficile à prouver scientifiquement mais qu’on peut appeler, avec Simone Weil, la maladie du déracinement. Aujourd’hui, ceux qui sont atteints de cette maladie vont rechercher systématiquement, de façon paranoïaque, les signes d’oppression, aussi légers soient-ils, et s’ils n’existent pas, ils les inventeront.
Ils se vivent victimes et leur discours manifeste est altruiste, puisqu’ils ne cherchent qu’à réparer des torts qui leur sont faits – certains de ses torts, je le rappelle, ont été réels dans le passé, certains sont réels dans le présent mais le plus souvent amplifiés, certains sont imaginaires et entrainent une déformation du vocabulaire et même, via la sociologie, le développement d’un nouveau dictionnaire, destiné à contrer à l’avance toute réfutation possible : ainsi, quand le racisme en tant que tel n’existe plus, on parlera de « racisme systémique » ou « structurel ». On appellera, de façon profondément raciste, « bounty » (blanc à l’intérieur, noir à l’extérieur…) les noirs qui refusent de prendre en compte le point de vue des wokes. Il faudrait un papier complet, peut être un livre pour analyser ce nouveau vocabulaire et ce n’est pas l’objet de mon article. Simplement, si le discours manifeste des wokes est altruiste, et peut parfois rappeler un discours de gauche, issu des lumières, disons celui de Jaurès, la position latente est toujours dans le ressentiment, haineuse et sectaire ; celle de Staline.
Je résume simplement ici le point de vue de Simone Weil :
Qui est déraciné déracine. Qui est enraciné ne déracine pas. Sous le même nom de révolution, et souvent sous des mots d’ordre et des thèmes de propagande identiques, sont dissimulées deux conceptions absolument opposées.
L’une consiste à transformer la société de manière à ce que les opprimés puissent y avoir des racines; l’autre consiste à étendre à toute la société la maladie du déracinement qui a été infligée aux opprimés. Il ne faut pas dire ou penser que la seconde opération puisse jamais être un prélude de la première; cela est faux. Ce sont deux directions opposées qui ne se rejoignent pas.
Simone Weil, l’Enracinement
Le woke, comme l’islamiste, hait donc profondément la société occidentale. Haine héritée du passé le plus souvent, qu’on soit noir ou blanc, selon le principe, dont parle aussi Simone Weil, que les effets corrupteurs de l’injustice sont aussi profonds sur le « dominant » que sur le « dominé ». Les blancs wokes ont aussi un dictionnaire de concepts parfaitement irréfutables au sens de Popper à leur disposition, comme celui de « privilège blanc », l’incapacité supposée du blanc à réaliser la chance qu’il a d’être né dans la position du dominant, qui permet de réfuter toute opinion émise par un blanc sur le wokisme.
D’où vient le rapprochement entre islamisme et wokisme ? L’islamisme est une haine de l’Occident consciente qui vient de l’extérieur, le wokisme une haine, parfois consciente mais le plus souvent inconsciente, qui vient de l’intérieur. C’est l’objet de la haine commune qui crée l’alliance idéologique. Quand on désire la même chose, on rentre en conflit ; quand on hait la même chose, on est en accord. Qui a des ennemis qui se ressemblent s’assemble.
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Doit-on s’opposer au redoublement pour des raisons scientifiques ? 12 décembre 2023
Par Thierry Klein dans : Education.Lu 10 fois | ajouter un commentaire
Dans un article paru dans l’Express du 6/12/2023, Franck Ramus, directeur de recherches au CNRS en sciences cognitives et membre du conseil scientifique de l’Education Nationale, s’oppose à la mesure en faveur du redoublement récemment annoncée par Gabriel Attal.
Franck Ramus est un adepte de « l’éducation fondée sur les preuves » et pour lui, le débat scientifique en matière de redoublement est clos. Le consensus scientifique montrerait que le redoublement serait peu efficace et très coûteux, à tel point que :
« on peine à comprendre qu’il n’ait pas été suivi par le ministre… Les meilleures décisions politiques, en éducation comme en santé, sont celles qui sont dûment et complètement informées par les connaissances scientifiques consultées en amont des décisions ».
Il préconise donc, au nom de la science, non pas la mise en œuvre de cette décision politique mais « une expérimentation locale et évaluée rigoureusement avant d’envisager une généralisation ».
En réalité, comme l’admet d’ailleurs Franck Ramus, faire redoubler plus d’élèves aurait sans doute un effet positif sur le niveau des élèves français dans le contexte actuel. En effet, les études sur lesquels il s’appuie montrent que dans un contexte où le taux de redoublement est devenu presque nul, comme en France, certains élèves ne redoublent pas alors qu’il gagneraient à le faire plutôt qu’à passer dans la classe supérieure où ils seront irrémédiablement largués. Notons que nous n’avions pas besoin d’études pour remarquer ceci, une simple réflexion empirique, celle que font probablement tous les enseignants, nous suffisait pour arriver à cette conclusion.
Mais surtout ces études ne nous disent rien du tout sur les raisons pour lesquelles Gabriel Attal souhaite rétablir le redoublement. Elles n’observent pas les bonnes données car elles ne portent que sur le niveau de connaissance des élèves redoublant et non pas sur le niveau des autres élèves de la classe, qui est profondément impacté si on ne permet pas le redoublement.
En fait, les chercheurs sont un peu comme ce fou qui, ayant perdu sa montre, la cherche sous un lampadaire. Quand on lui demande s’il a bien perdu sa montre à proximité du lampadaire, il répond: « non, mais au moins là je peux chercher, c’est bien éclairé ! ». Cherchant de cette façon, il n’a évidemment aucune chance de retrouver sa montre.
En réalité, à quelle situation les enseignants sont-ils confrontés, dès le collège et jusqu’en Terminale ? Un petit nombre d’élèves de la classe auraient dû redoubler – certains depuis fort longtemps – et ne peuvent en aucun cas suivre le programme. Ces élèves introduisent une très forte perturbation dans la classe. Leur démotivation bien naturelle conduit à l’échec chronique, à l’indiscipline, sans parler des nombreux cas de résistance religieuse à l’enseignement, idéologiquement opposé à l’Islam pour certains parents. Dans un contexte où la « consigne idéologique » donnée par l’Education Nationale, selon le mot d’ordre de François Dubet, est de s’occuper des élèves les plus faibles en priorité, pour « lutter contre les inégalités » et ce même au détriment du niveau moyen des élèves, les professeurs passent un temps infini à traiter le problème, fondamentalement insoluble, des élèves en retard au détriment de la transmission du savoir vers les autres élèves. La lutte contre les inégalités, telle qu’elle est mise en oeuvre, s’oppose à la transmission du savoir.
La position de Franck Ramus tient donc de l’opinion, non pas de la science, qui ne nous dit pratiquement rien en l’espèce. Affirmer que le consensus scientifique sur le redoublement est « clair » tient tout simplement du scientisme – une croyance excessive dans l’état de la science.
Le temps du politique n’est pas le temps du scientifique.
Je pense pour ma part que les mesures prises par Gabriel Attal sont salutaires si, au lieu de s’intéresser simplement aux redoublants, on s’intéresse au niveau moyen des élèves qui ne redoublent pas et à la motivation des enseignants, auxquels on a retiré depuis des années les moyens d’enseigner.
Je ne pense pas du tout qu’une expérimentation locale soit nécessaire tant le bon sens de cette décision est évident. Une expérimentation ne ferait que retarder de façon dramatique les effets positifs que cette décision va avoir sur les élèves, alors que la situation est tout à fait urgente. En revanche, on pourrait, et probablement on devrait, monter en parallèle une expérimentation rigoureuse pour tenter de prouver ce raisonnement empirique avec des données.
On devrait aussi informer les enseignants des avantages et du danger du redoublement (si on estime du moins que leur connaissance empirique de terrain, sans doute supérieure à celle des études publiées, n’est pas suffisante), de façon à leur donner un maximum d’éléments permettant d’évaluer, au cas par cas, la pertinence du redoublement pour chaque élève pour lequel il est envisagé.
L’opinion des scientifiques n’est pas la science
Gabriel Attal a agi en politique. Et il a eu raison de le faire.
L’état de la science, ce n’est certes pas rien. Mais il est toujours un mélange de savoir et d’opinion, la proportion de chaque élément étant inconnue de la plupart des savants eux-mêmes. Beaucoup de citoyens sont prêts à suivre presqu’aveuglément l’avis des savants, même lorsque cet avis n’est qu’une opinion Il s’agit ni plus ni moins que d’une forme d’aliénation à l’avis des savants, de servitude. Cette aliénation est très dure à combattre. Ceux qui en sont victimes sont souvent des gens bien éduqués qui se vivent comme des héritiers des Lumières. Ceux qui refusent de s’y soumettre sont à leurs yeux d’obscurantistes ennemis de la science.
Billets associés :« Devons-nous nous soumettre aveuglément à ces savants qui voient pour nous, comme si nous nous soumettions aveuglément à des prêtres eux-mêmes aveugles, si le manque de talent ou le loisir nous empêche d’entrer dans leurs rangs ? Rien n’est plus difficile, et en même temps rien n’est plus important à savoir pour tout homme. Car il s’agit de savoir si je dois soumettre la conduite de ma vie à l’autorité des savants ou aux seules lumières de ma propre raison ».
Simone Weil
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