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« Redonnons du pouvoir au consommateur », ou la bêtise d’une loi 3 novembre 2014

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Dans un pays pas assez compétitif, toute distribution de pouvoir d’achat se finit par un appauvrissement. Les biens supplémentaires achetés sont des biens importés (parce que le pays n’est pas compétitif) et donc la distribution de pouvoir d’achat se traduit en déficit commercial et bientôt, pour la France, en augmentation de la dette.

Pour relancer, il faut être fort, ou fermé

Pour cette raison, les politiques de relance n’ont de sens que si le pays est compétitif (auquel cas les biens importés seront en quantité faible) ou si le pays est fermé aux importations. C’est le paradoxe de toutes les politiques depuis 30 ans: plus on relance, plus on s’appauvrit et aucun gouvernement n’a été assez fort pour imposer l’une ou l’autre des 2 conditions ci-dessous: une rigueur préalable, permettant de gagner en compétitivité ou un protectionnisme fort, permettant de fermer les frontières.

Quand l’idéologie le dispute à la bêtise

La loi Hamon qui a pour objectif démagogique annoncé de redonner du pouvoir aux consommateurs (alors qu’un des maux du siècle est précisément que ces consommateurs ont, via la mondialisation, acquis déjà beaucoup trop de pouvoir) aura un effet quasi-nul sur la consommation en ce qui concerne par exemple la mise en concurrence des notaires. Les notaires sont des gens aisés, mais leurs clients (particuliers et entreprises) le sont aussi. Robin des Bois moderne à la sauce mondialisée, Benoît Hamon prend aux riches pour donner aux riches. Pour des raisons purement idéologiques, on déplace, au mieux, la valeur ajoutée de la filière en rendant la situation des clients plus favorables. (Au pire, on désorganisera l’immobilier en supprimant le tiers de confiance assermenté qu’est aujourd’hui le notaire).

Beaucoup moins drôle: la loi Hamon est d’une inconséquence rare et nuisible en ce qui concerne les dispositions permettant aux avocats de faire de la publicité.

La plupart des avocats sont constitués en très petites entreprises ou en entreprise individuelle. Leur permettre de faire de la publicité ne peut que faire monter le prix des prestations. Surtout, cela signifie qu’à terme, des entreprises très capitalisées (qui seront probablement de grands groupes anglo-saxons) vont se développer et récupérer l’essentiel du marché (il faudra 5 à 20 ans pour ceci et Hamon n’en sera pas tenu pour responsable).

Que se passera-t-il à ce moment là ?

– Le consommateur paiera ses prestations juridiques de plus en plus cher,
– Les investissements publicitaires seront faits essentiellement via de grands groupes (Google Adwords) qui délocalisent leurs profits,
– Les bénéfices des sociétés d’avocats seront faits par des multi-nationales qui exporteront aussi leurs profits,
– Les avocats, dont l’exercice et la consommation actuels ne sont pas délocalisables, seront progressivement paupérisés avec un pouvoir d’achat inférieur.

Et donc, au final, l’effet recherché de relance sera on ne peut plus négatif.

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Kasparov, l’intelligence humaine et la révolution numérique. 14 mai 2014

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Dans un long article (“Le grand-maître et l’ordinateur), Kasparov évoque l’histoire de la performance de l’ordinateur face à l’Homme.

Le moment où les ordinateurs ont dépassé la performance humaine au jeu d’échecs (quelque part entre 1994 et 2004) marque pour moi de façon très précise le début de la révolution numérique. En effet, le jeu d’échecs a été considéré historiquement comme le symbole de l’activité intellectuelle inaccessible à une machine et réservée à l’Homme (voir Ce que le joueur d’échecs d’Edgar Poe nous apprend sur la révolution numérique).

La révolution numérique démarre précisément au moment où la distinction entre intelligence de la machine et intelligence humaine se réduit et perd, progressivement, toute signification. Kasparov, qui possède bien entendu une connaissance inégalable du jeu d’échecs, fait une remarque intéressante: lors des compétitions, un joueur moyen aux échecs mais maîtraisant parfaitement l’ordinateur chargé de l’aider obtient des résultats bien supérieurs au grand maître (lui aussi est assisté par l’ordinateur mais ne maîtrise pas la science lui permettant d’utliser à plein le potentiel de l’informatique).

Ce genre de constatation nous montre bien comment la révolution numérique en cours va orienter toute la recherche scientifique et toute les évolutions industrielles. Ainsi, comme le montre le prix Nobel de Chimie 2013, le meilleur chimiste de demain n’est plus celui qui invente un nouveau modèle, une nouvelle théorie, celui qui a la meilleure compréhension des mécanismes moléculaires, mais bien celui qui développe la meilleure implémentation d’un algorithme (qui permet de tester plus de réactions), le meilleur programme d’analyse des résultats (qui permet, parmi des milliards de molécules créées, de déterminer rapidement lesquelles sont intéressantes, peu coûteuses à fabriquer, ayant certaines propriétés, etc…).

L’article de Kasparov est intéressant aussi par ses manques et ses erreurs naïves. Kasparov rêve d’un programme de recherche qui développerait un programme “capable de battre l’être humain non pas en pensant comme un machine, mais comme un être humain”. Ce besoin de marquer une différence de nature entre l’intelligence humaine et celle de la machine relève, de façon ultime d’un narcissisme infondé. Développer un programme qui pense comme un être humain n’a pas vraiment de sens, parce que les êtres humains pensent en fait comme des machines – je vous conseille à ce sujet l’excellent livre de Ray Kurzweil “Comment créer un cerveau“, qui montre sur quels principes des machines ayant une intelligence généraliste, comparable au cerveau humain, vont être construites dans les prochaines années.

(Pour ceux qui doutent, cette affirmation n’est pas une affirmation scientiste “à la Auguste Comte” qui résulterait d’une confiance irraisonnée dans les possibilités de la science. De fait, les principes régissant les cerveaux informatiques existent déjà et même sans découverte théorique, les algorithmes actuels dépasseront l’intelligence humaine dès lors qu’ils auront été implémentés sur des machines rendues plus puissantes du fait de la loi de Moore, dans au plus 20 à 30 ans. Kasparov est battu aujourd’hui pas des ordinateurs à 50 dollars alors que l’ordinateur Big Blue, qui l’a battu il y a 15 ans, valait plusieurs dizaines de millions de dollars).

Freud parle des trois blessures narcissiques que la science a infligées à l’humanité. La révolution copernicienne sort l’homme du centre de l’univers, la révolution darwinienne en fait une espèce animale fruit de l’évolution comme les autres, la révolution freudienne montre que l’homme n’est jamais maître à son propre bord. Il faut maintenant en rajouter une quatrième, la révolution numérique, qui enlève sa spécificité à l’intelligence humaine.

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50 milliards de litres d’eau dans l’Océan Pacifique (la méthode Valls) 16 avril 2014

Par Thierry Klein dans : Economie,Politique.
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Détail des mesures de Manuel Valls

Imagine, chez lecteur, qu’un jour Manuel Valls t’affirme, la tête haute, le regard franc, bref les yeux dans les yeux comme on dit, qu’il y a 50 milliards de litres d’eau dans l’Océan Pacifique. Confiant comme tu es, cher Lecteur, tu ne demandes évidemment qu’à le le croire. Mais au bout de quelques jours, tu as comme un doute et tu lui demandes quelques précisions: Manuel, dis-moi donc, comme arrives-tu à ce chiffre ?

Manuel a l’air un peu embêté, te demande quelques jours de délai puis te répond:

« Voilà pourquoi, je vais te donner le détail du calcul. Eh bien, il y a 25 milliards de litres dans le Pacifique Nord et 25 dans le Pacifique Sud. Au total, cela fait bien 50 milliards. Le compte y est, je te le dis et te le redis avec force. Le calcul est juste. »

Cette méthode, c’est exactement celle que Manuel Valls a utilisée dans sa communication sur le plan d’économies que l’Etat compte, soi-disant, mettre en place. 18 milliards d’économies seront réalisées par l’Etat, 11 par les collectivités territoriales et 21 par la santé.

Mais les masses restent énormes et aucune justification des sommes annoncées n’est mise sur la table (le gel du point d’indice, des retraites expliquent au mieux 10% des sommes totales). L’annonce des sommes n’est rien, la difficulté opérationnelle est tout (sans compter que certaines économies, comme celles des collectivités locales, ne dépendent pas de l’Etat lui-même !

De même qu’on ne peut pas savoir combien de litres d’eau il y a en coupant le Pacifique en deux, parce que chacune des parties ainsi obtenues reste aussi difficile à mesurer que le tout, de même il n’y a pas le début du commencement d’un plan dans l’annonce de Manuel Valls (et tous ceux qui sont opposés aux économies peuvent dormir tranquilles).

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Dans le train qui mène au salon ISE, à Amsterdam 6 février 2014

Par Thierry Klein dans : Speechi.
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Le salon ISE rassemble chaque année à Amsterdam la plupart des constructeurs de produits audiovisuels, interactifs, etc… On y voit rarement de vraies nouveautés (elles sont en général annoncées un ou deux ans plus tôt sur les salons américains), mais il y a pas mal d’annonces de produits qui vont sortir à court terme. Il permet de se faire une assez bonne idée de l’offre (pour employer le terme à la mode) des une à deux années qui vont suivre.

De Lille à Amsterdam, on traverse par trois pays et aucun passeport n’est plus nécessaire. C’était déjà le cas à la Belle Epoque et Stefan Zweig évoque avec nostalgie, dans les années 30, l’avantage et l’impression de liberté qu’il y avait dans « Le monde d’hier » à pouvoir voyager dans toute l’Europe sans pièce d’identité et sans visa. Qu’il y avait, car la Grande Guerre emporta tout cela et la libre circulation n’a été rétablie au sein de l’Europe qu’en 1997.

Avant 1914, l’Allemagne est au sommet de sa puissance et son industrie est devenue plus performante que les industries française et anglaise. Dans “Les 500 millions de la Begum” , Jules Verne compare les industries allemande et française en des termes qui, de façon stupéfiante, tiennent toujours aujourd’hui, y compris en ce qui concerne la formation des techniciens et des ingénieurs.

Avant 1914, c’est aussi l’ère de la première mondialisation (qui profite à toute l’Europe occidentale) et du capitalisme financier, qui profite surtout à l’Angleterre – c’est toujours le cas aujourd’hui, si on fait le lien entre tous les peuples de langue anglaise, comme le faisait Churchill et qu’on considère que les Etats-Unis sont aujourd’hui la nouvelle Angleterre, dont ils sont issus.

La continuité, c’est maintenant !

Les traits principaux de l’Europe actuelle sont donc pour une très large part hérités de ceux de l’Europe d’avant 1914, comme si notre histoire récente, les cent ans qui nous séparent du début de la Guerre n’avaient été qu’une parenthèse (non pas enchantée, mais tragique, si on pense au désastre absolu que représentent, pour des motifs différents, les deux guerres mondiales). De façon stupéfiante, ces particularités nationales se sont transmises à travers les guerres et à travers les 60 années de dé-nationalisation que représente la construction européenne.

Ce qui a changé radicalement depuis la Belle Epoque, c’est la position de l’Europe dans le monde, son environnement. Au salon ISE, plus de 50% des stands présentent aujourd’hui des produits d’origine chinoise. Mais là encore, on peut considérer que la Chine, dont le rôle dans les échanges mondiaux a toujours été dominant depuis plus de 1000 ans (1), est tout simplement de retour après une parenthèse de 150 ans ouverte par la guerre de l’Opium en 1840 et refermée sous Deng Xiao Ping.

En quoi ces considérations vont-elles nous aider à mieux analyser les nouveautés annoncées au salon ISE et les évolutions, somme toute assez basiques, des marchés et des usages qu’elles annoncent et dont je vous parlerai la semaine prochaine ?

Je n’en sais fichtre rien. Force est de reconnaître que dans un salon ISE assez simple, j’arrivais avec des idées assez compliquées.

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