Au-delà de cette limite, le service public n’est plus valable 9 juin 2010
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 5 342 fois | trackback
Il n’existe que deux activités où l’on perd de façon certaine : l’emprunt (puisqu’on devra rembourser toujours plus que ce qu’on a emprunté) et le jeu (si on joue suffisamment longtemps, on est statistiquement certain de perdre).
Dans un grand nombre de pays, ces deux activités sont donc interdites ou très sévèrement règlementées, avec une tolérance plus grande, en général, pour l’activité de prêt car celle-ci peut se révéler, sous certains aspects, utile à la société.
Mais plus le jeu d’argent prend d’importance, plus il est significatif d’une dégradation morale de la société. La plupart des joueurs ne jouent que parce qu’il y a un décalage entre leur perception du gain potentiel et l’espérance réelle, mathématique, de gain. Ce décalage est entretenu à grand frais par différentes méthodes (le marketing, l’environnement du casino, la publicité, etc…).
Un état qui se préoccupe de l’intérêt réel de ses citoyens, va interdire ou encadrer strictement les entreprises liées au jeu de hasard et le monopole de la Française des Jeux pouvait à l’origine se justifier de 2 façons.
1. En respectant mieux qu’une entreprise privée l’intérêt de ses consommateurs (les joueurs), la FdJ avait une mission morale (ne pas développer le goût du jeu outre mesure).
Bruxelles a montré que cette mission morale n’existait pas et que le comportement de la FdJ était devenu identique à celui d’une entreprise de jeu traditionnelle.
2. Le retour à l’état, vue comme une organisation garante de l’intérêt général, des gains (somme des petites ou grandes dépravations individuelles) permettait aussi, dans une certaine mesure de tolérer l’exercice du jeu lui-même en le contrôlant et en tirant parti dans un objectif de gain public, au moins au sens économique du terme.
Il est tout à fait remarquable, et significatif de l’esprit du temps, que cet argument n’ait même été invoqué par la France à Bruxelles.
Comment se finit donc le service public ?
Après une période plus ou moins longue, l’entreprise devient aussi avide vis-à-vis de ses propres clients qu’une entreprise classique (mais évidemment, la situation de monopole lui permet d’être encore plus avide, comme cela a été le cas pour la FdJ, comme cela est aujourd’hui le cas pour la SNCF).
Ce qui s’ensuit (fin du monopole, privatisation) n’est alors qu’un épiphénomène: l’esprit public a disparu depuis bien longtemps.
L’état peut aussi vouloir éduquer les citoyens. Dans les années 50, Pierre Mendès-France avait eu l’idée de bloquer un pourcentage des sommes jouées sur un carnet d’épargne, pour que tout joueur puisse voir, quelques années plus tard, le décalage entre les revenus de l’épargne et du jeu.
On comparera cette position au vote qui vient de légaliser les paris privés, en urgence, trois jours avant la Coupe du Monde, évidemment sous l’influence de multiples lobbies. Où est l’intérêt général dans tout ça ?
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Commentaires»
L’idée de PMF était superbe. C’est pas un fake à la Ségolène Royal ?
Ma mémoire est infiniment plus fiable que Wikipedia
[…] les citoyens (conscients des dangers civiques du pari sportif, du danger démocratique de l’utilisation populiste du sport) se sont transformés en […]