jump to navigation

Et le dindon de la farce est… le football professionnel ! 24 juin 2010

Par Thierry Klein dans : Sport.
Lu 4 550 fois | trackback

Tout le monde (1) a l’impression que le pouvoir, à la FFF, vient de passer du foot amateur au foot professionnel.

La réalité, c’est que la FFF est en train de passer sous le contrôle du pouvoir politique (elle sera suivie, à court terme, par l’ensemble des fédérations sportives).

Comme il est incapable de prendre le pouvoir seul, le foot professionnel s’est appuyé sur le pouvoir politique et ne se rend pas compte que les politiques ont bien l’intention d’y rester, comme on dit (un peu comme les royaumes qui appelaient Rome à la rescousse se rendaient compte, un peu tard, qu’il aurait sans doute été plus avantageux de régler leurs problèmes eux-mêmes).

Jusqu’aux années 90, seules les dictatures (d’Hitler à l’URSS) et les pouvoirs politiques des pays du tiers-monde (il y a évidemment un fort recouvrement entre les deux) étaient réellement impliquées dans la direction des affaires sportives, le sport étant un élément important de leur propagande : la seule réussite affichable de pays dont le système politique est une faillite.

Les hommes politiques des démocraties occidentales cherchaient évidemment à faire un peu de récupération (Chirac, 98) ou de stimulation (De Gaulle, 68), mais les fédérations restaient relativement indépendantes du pouvoir politique.

Les politiques, les citoyens, avaient conscience qu’en démocratie, l’utilisation politique du sport est a priori populiste (au sens du « circenses » latin, du Real Madrid historique ou du Tapie marseillais).

Ce verrou est en train de sauter (comme a sauté le verrou du pari sportif), tout naturellement, en France et il ne faut pas y voir que du machiavélisme politique ou des manœuvres de Sarkozy.

Les raisons qui font que la politique rentre dans le sport dépassent en effet largement le pouvoir politique lui-même et reflètent plutôt, comme dirait Marx, l’évolution des rapports de production.

Avec la télévision, le public des stades est passé de quelques milliers à plusieurs milliards de spectateurs, qui rétribuent les acteurs de façon indirecte, sous forme de publicité. (Une étape clé dans ce processus a été l’arrêt Bosman, qui, sous le couvert d’un principe pseudo-philosophique de « libre circulation des travailleurs » conduit au développement inéluctable d’un football business mondialisé).

Simultanément, les citoyens (conscients des dangers civiques du pari sportif, du danger démocratique de l’utilisation populiste du sport) se sont transformés en consommateurs (sous l’influence de la publicité, qui dont le sport est devenu l’un des outils majeurs).

Sans l’utilisation de l’image du sport, aucune entreprise ne peut sans doute devenir réellement mondiale. (Quel moyen international de communication une société comme Coca-Cola peut-elle utiliser, à part la Coupe du Monde ou les JO ?).

Les intérêts économiques sont devenus majeurs. Le Politique doit suivre – et diriger – l’Economique.

Ajout 27/06/2010: La Fédération Internationale, qui a vécu ça 1000 fois avec les dictatures, voit bien ce qui est en jeu et a réagi. Mais son but est avant tout de maintenir en l’état sa relation avec les nations, pas de sauver la gouvernance du foot français.

(1) A commencer par le monde du foot professionnel lui-même. Ecoutez simplement Larqué ou Courbis sur RMC, pour vous en rendre compte.

Billets associés :

Commentaires»

no comments yet - be the first?