La campagne présidentielle vient de démarrer 19 février 2007
Par Thierry Klein dans : Politique.Lu 6 213 fois | trackback
La plupart des français découvraient en fait ce soir Ségolène Royal puisque jusqu’ici ils ne l’avaient jamais entendue plus de 10 mn consécutives. Les électeurs de gauche vivaient un peu la même chose que les fans pré-adolescents de la Star Ac, qui soutiennent leur candidate favorite tout en craignant en permanence la fausse note qui tue lors de l’évaluation. En une émission , elle vient d’annuler les 2 derniers mois de campagne puisque tout le monde a pu voir que non seulement elle n’est pas une dinde, mais qu’en plus elle sait faire preuve d’un certain souffle.
Au final, la première partie de campagne de l’UMP, qui visait à donner de SR l’image d’une incapable, va lui être profitable. C’était prévisible.
SR est dans l’air du temps: c’est une femme (ce qui est un énorme avantage, contrairement à ce qu’elle essaie de faire croire) et son approche participative « Web 2.0« , du débat collaboratif ou sur-mesure scolaire, qu’elle soit sincère ou démagogique, est portée par la modernité. Elle sera une adversaire redoutable pour Sarkozy. Quoi qu’en disent aujourd’hui les sondages, je la donne favorite.
Il reste que cette manie de remercier systématiquement tous les questionneurs pour leur magnifique question me rappelle un peu trop les mercis démagogiques du blog de Loïc et qu’elle a du utiliser à peu près 100 fois l’expression « donnant-donnant », « gagnant-gagnant » (à croire qu’elle tient son inspiration de Pinay ou de Barre). Après tout, elle en aurait bien le droit puisque l’autre s’est mis sur le créneau Jaurès.
Ajout:
Dans un débat, Sarkozy se sert de son stress pour avancer. Il est certes plus brillant, plus drôle que Royal mais aussi un peu plus ringard, moins moderne car Ségolène Royal, elle, ne montre absolument aucun stress, ce qui est une grande première. Sarkozy n’aurait pas pu improviser une sortie de scène comme celle que Ségolène s’est permise pour aller réconforter le questionneur handicappé (quand même, s’il se met à remarcher quand elle le touche, quel scoop !). Pour l’anecdote, Ségolène Royal connaît aussi précisément le nombre de femmes élues à la tête de leur pays avant elle (il y en eu exactement 7, ce qui devrait dans le futur l’aider à se souvenir aussi du nombre de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins dont notre paus dispose).
Billets associés :
Commentaires»
Tu vois moi c’est le contraire, j’ai trouvé Sarkozy cohérent et tout à fait à l’aise dans cette même émission, alors que Royale je l’ai trouvée vraiment mal à l’aise, démago au possible à dire oui vous avez raison, à bouffer à tous les rateliers… Enfin tu trouveras aussi sur mon blog tout le "bien" que je pense de cette énergumène…
Elle a de bonnes idées mais elle n’a pas vraiment l’air convaincante, à la question pourtant fondamentale de savoir comment financer son programme elle n’a pas répondu. Dommage.
Et je l’ai trouvé vraiment très tendue et mal a l’aise, face à une centaine de personnes c’est quand même pas une preuve de charisme.
Peut être en 2012 ?
Un barbecue dans une pinède en pleine canicule … :
Confier le pouvoir à Sarkozy, c’est " comme organiser une barbecue-party en plein été dans l’Esterel ".
Tel est l’avis de Chirac, selon l’article paru dans " Marianne " que vous n’avez peut-être pas eu la chance de lire (le numéro s’est arraché) mais qu’on trouve encore en ligne.
Pour François Goulard, ministre libéral, " Son égotisme, son obsession du moi lui tient lieu de pensée. La critique équivaut pour lui à une déclaration de guerre qui ne peut se terminer que par la reddition, l’achat ou la mort de l’adversaire. "
Selon ceux qui gravitent autour de lui, " Sarkozy écrase tout sur son passage. Si les Français savaient vraiment qui il est, il n’y en a pas 5% qui voteraient pour lui. " ; " Il a un compte à régler avec la vie qui le pousse à créer de l’affrontement partout, et non à rassembler. ".
Pour Dominique de Villepin, " sa violence intérieure, son déséquilibre personnel, l’empêchent d’atteindre à la hauteur de la présidence. "
Pour un autre, député UMP issu de l’UDF, officiellement intégré à la mouvance Sarkozy, " On dit qu’il est narcissique, égotiste. Les mots sont faibles. Jamais je n’ai rencontré une telle capacité à effacer spontanément du paysage tout, absolument tout ce qui ne renvoie pas à lui-même. Sarko est une sorte d’aveugle au monde extérieur dont le seul regard possible serait tourné vers son monde intérieur. Il se voit, il se voit même constamment, mais il ne voit plus que ça. "
On avait déjà eu un aperçu des convictions du personnage après ses déclarations sur l’origine génétique de la délinquance et des pulsions suicidaires, qui nous ramènent presque un siècle en arrière et aux théories eugénistes qui ont été à la base des lois ségrégationnistes sur l’immigration aux Etats-Unis, qui ont inspiré plus tard les Nazis, et ont justifié l’extermination des homosexuels, des Juifs et des Tziganes. Ces propos ayant été tenus après l’annonce de la création, en cas de victoire de la Droite, de la création d’un ministère de l’intégration et de l’identité nationale, dont l’extrême-droite autrichienne elle-même a dénoncé les " nauséeux relents. ", on est en droit de s’interroger sur ses convictions intimes.
Quand on lit l’article de " Marianne ", on ne peut s’empêcher de frémir à l’idée que le pouvoir suprême soit un jour confié à un individu capable, en privé, de ce qu’on nous décrit : agressions verbales de journalistes, coups de téléphone à leurs patrons, menaces, intimidations, insultes, le tout cautionné par une " garde rapprochée " qui terrorise dans son propre parti comme à l’extérieur. Pour l’une de ses victimes au sein de l’UMP, " Jamais peut-être un leader politique n’avait aussi systématiquement pris son pied à assassiner, les unes après les autres, les personnalités de son propre camp pour, après le carnage, rester seul entouré de ses chaouches. ".
Bref, ce qui résume le mieux le personnage, c’est ce qu’il a dit dans le Figaro en mai 2005 : " Maintenant dans les réunions publiques, c’est moi qui fais les questions et les réponses et, à la sortie, les gens ont l’impression qu’on s’est vraiment parlé. " Un vrai démocrate, quoi …