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Le contre-sens volontaire de Rima Hassan sur l’œuvre de Martin Luther King 23 juin 2024

Par Thierry Klein dans : Politique.
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Le tweet (raciste) publié aujourd’hui par Rima Hassan ignore que toute l’action de Martin Luther King a été bâtie sur le sentiment profond que le Sud était le produit commun des blancs et des noirs.

Le parcours de de King est complexe et ses hésitations, en particulier dans sa jeunesse, avant le mouvement des droits civiques sont nombreuses. Le jeune Luther King fut profondément influencé par la philosophie de Niebuhr et Luther King ne rejeta jamais sa vision sur « les illusions d’un optimisme superficiel à propos de la nature humaine et les dangers d’un faux idéalisme ». Pour Luther King,

« Trop [de pacifistes] témoignaient d’un optimisme injustifié au sujet de l’homme et souffraient inconsciemment d’un penchant pour l’autosatisfaction […] Ce fut ma révolte contre ces attitudes, sous l’influence de Nierbuhr, qui fit qu’en dépit de ma grande inclinaison pour le pacifisme, je ne rejoignis jamais un mouvement pacifiste. Après avoir lu Nierbuhr, je tentais de parvenir à un pacifisme réaliste [qui s’avèrera être la nom violence] ».

En d’autres termes, à cause de sa vision pessimiste sur la nature humaine, Luther King a vu le pacifisme comme un « pharisianisme d’autosatisfaction« . L’ordre chrétien d’aimer son ennemi n’impliquait pas pour lui la croyance que l’ennemi était bon, mais simplement que l’ennemi était aimable en tant qu’objet de l’amour de Dieu. La fraternité humaine découlait d’une faiblesse et d’une fragilité communes. Cette vision d’espérance dont est absent tout optimisme est typiquement évangéliste.

Ainsi, jusqu’à la fin de ses études à la Boston University, le jeune Luther King oscille et évolue entre la révolte contre la ségrégation, qui l’incite « à haïr chaque blanc, ce ressentiment persista à se développer« , écrit-il, même si ses parents lui affirmaient qu’il « ne devait pas haïr l’homme blanc, mais que son devoir était de l’aimer« . Il passa par des périodes profondes de doute, manquant de perdre la foi, se demandant si l’enseignement de l’église était intellectuellement raisonnable face aux sciences sociales qu’il étudiait.

Le compromis intellectuel qu’il élabora, la « discipline intellectuelle contre le ressentiment » (chaque mot compte et il faut entendre le terme ressentiment au sens Nietzschéen) fut à la base du mouvement des droits civiques lancé par les noirs du Sud dans les années 50. Toute cette action fut bâtie sur un sentiment commun de fraternité entre blancs et noirs.

« Nous, hommes du Sud, noirs OU blancs, ne devons pas permettre que notre héritage se voit déshonoré aux yeux du monde entier »

ou encore (citation de la maturité qui contredit totalement le tweet de Rima Hassan)

« il existe d’importantes ressources de bonne volonté chez l’homme blanc du Sud dont nous devons tirer parti ».

Les blancs du Sud, du moins ceux qui étaient en faveur de King, avaient parfaitement bien compris que King parlait de l’esprit du Sud dans sa totalité. Son appel moral ne réussit que parce qu’il s’adressait directement aux blancs du Sud (et indirectement, via les média, du Nord).

Son fameux « I have a dream » est adressé aux blancs comme aux noirs. Et bien sûr, il ne put rassembler que parce qu’il prônait la non violence (qui n’est pas le pacifisme), ce qui lui a permis d’unifier la population blanche et noire autour du meilleur du rêve américain.

« I have a dream that one day on the red hills of Georgia the sons of former slaves and the sons of former slave owners will be able to sit down together at the table of brotherhood. »

« I say to you today, my friends, so even though we face the difficulties of today and tomorrow, I still have a dream. It is a dream deeply rooted in the American dream. »

Le parcours de Mandela, chrétien lui aussi et adepte de cette philosophie du pardon, par opposition à celle du ressentiment, est très comparable à celui de Luther. Et son succès est évidemment dû, là aussi, au fait qu’il a su donner à toute la nation sud-africaine, blancs et noirs, la vision d’un avenir commun. Ainsi, Luther King et Mandela ont réussi parce qu’ils ont su s’adresser aux blancs et à cause d’une inspiration chrétienne menant, dans leur interprétation, à la non violence.

Non violence dont on a peine à croire qu’elle puisse un jour être adoptée par Rima Hassan et ses amis du Hamas. Idéologie chrétienne du pardon plutôt que de la vengeance interminable qui leur est aussi totalement étrangère.

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