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Pulsion de mort, islamo-gauchisme et judéo-christianisme. 17 juin 2024

Par Thierry Klein dans : 7 Octobre,Aliénation,Politique,Wokisme.
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Le lien entre islamisme et extrême-gauche1 n’est pas simplement un lien de circonstance. Profondément, ils sont liés par ce qu’on peut appeler une pulsion de mort.

La pulsion de mort est partout dans l’islamisme. Les attentats suicides, les promesses de paradis pour les martyrs, les morts innocentes mais utiles (11 Septembre, 7 Octobre, Bataclan…).

Dans les manifestations islamo-gauchistes « anti front-national » du 15 juin, je relève par exemple cette vidéo:

Aujourd’hui soit vous restez dans la lutte et on se décolonisera ensemble soit on est amenés à CREVER tous ensemble. On CREVERA pas seuls.

Cette position est presqu’incompréhensible pour un occidental, élevé dans la tradition judéo-chrétienne, qui protège l’innocent jusqu’à l’extrême et donne un prix maximum à la vie, empêchant le suicide en toute circonstance.

Quand il apprend que Dieu veut aveuglément détruire la ville de Sodome, Abraham se lance dans une négociation avec Dieu, qui accepte finalement de sauver la ville si on peut y trouver ne serait-ce que 10 justes.

Pendant la guerre, même pour les missions les plus risquées atteignant des taux de pertes de 90%, Romain Gary raconte que les aviateurs avaient TOUJOURS une possibilité, même faible, même théorique, de s’en sortir.

Et me revient aussi à l’esprit cette citation de Golda Meir:

« Nous pouvons pardonner aux Arabes d’avoir tué nos enfants. Nous ne pouvons pas leur pardonner de nous avoir obligés à tuer leurs enfants. Nous n’aurons la paix avec les Arabes que lorsqu’ils aimeront leurs enfants plus qu’ils ne nous détestent.”

Il y a un courant d’idée occidental en rupture avec cette tradition judéo-chrétienne, c’est le courant socialiste. Pour Dostoïevski, le socialisme était un produit dérivé du catholicisme, qui avait lui-même perverti l’enseignement chrétien. Dans un chapitre célèbre des Frères Karamazov, le « Grand Inquisiteur »2 est en quelque sorte le porte-voix des thèses socialistes telles que Dostoïevski les perçoit. Plutôt que de prêcher aux hommes l’idéal chrétien, jugé inatteignable, insensé, il préfère le corriger. Sa version du paradis terrestre est proche de celle de Nathaniel Hawthorne dans « Le Chemin de fer céleste ».

« De nombreux voyageurs s’arrêtent pour prendre leur plaisir ou récolter leurs bénéfices à la foire aux vanités, au lieu de se diriger vers la cité céleste. Les charmes de l’endroit sont tels que les gens affirment souvent qu’il est le seul et vrai paradis; soutenant qu’il n’en existe aucun autre, que ceux qui recherchent davantage sont de doux rêveurs et que si la clarté légendaire de la cité céleste se présentait à moins d’un km des portes des vanités, ils ne seraient pas assez bêtes pour s’y rendre. »

Le Grand Inquisiteur brosse un portrait saisissant de la société d’aujourd’hui, dirigée par des experts au nom d’un idéal de consommation. C’est l’aliénation (inconsciente) de leur liberté, jointe à la satisfaction de leurs besoins matériels, qui garantit le bonheur des hommes:

« Oh ! nous les persuaderons qu’ils ne seront vraiment libres qu’en abdiquant leur liberté en notre faveur […] Certes, nous les astreindrons au travail, mais aux heures de loisir nous organiserons leur vie comme un jeu d’enfant, avec des chants, des chœurs, des danses innocentes […]

Ils n’auront nuls secrets pour nous. Suivant leur degré d’obéissance, nous leur permettrons ou leur défendrons de vivre avec leurs femmes ou leurs maîtresses, d’avoir des enfants ou de n’en pas avoir, et ils nous écouteront avec joie. »

Quel est le but final de cette vie ? Pour le Grand Inquisiteur, c’est la mort, le rien.

« Il comprend qu’il faut écouter l’Esprit profond (le Diable), cet Esprit de mort et de ruine, et pour ce faire, admettre le mensonge et la fraude, mener sciemment les hommes à la mort et à la ruine, en les trompant durant toute la route, pour leur cacher où on les mène.

Les deux gauches

Camus, dans les Justes, met en scène ce conflit entre la justice et le mensonge, entre la vie et la pulsion de mort. Le terroriste Kaliayev est dans la tradition judéo-chrétienne et refuse de lancer sa bombe car les enfants du Tsar (des innocents) sont dans la calèche.

« J’aime ceux qui vivent aujourd’hui sur la même terre que moi. C’est pour eux que je lutte et que je consens à mourir. […] Je n’irai pas ajouter à l’injustice vivante pour une injustice morte. »

Il s’oppose à l’autre terroriste « socialiste », Stepan pour qui:

« C’est tuer pour rien, parfois, que de ne pas tuer assez. […] Nous sommes des meurtriers et nous avons choisi de l’être. »

Je rapproche cette position des déclarations récentes de Yahya Sinwar, chef du Hamas:

« Le bain de sang va servir la Cause. La mort de civils est un sacrifice nécessaire. »

La différence irréconciliable entre ces deux positions « de gauche » est aussi celle dont parle Simone Weil dans l’Enracinement. De même que le discours du Grand Inquisiteur est quasiment indifférenciable du discours chrétien, mais en représente l’exacte négation:

« Sous le même nom de révolution, et souvent sous des mots d’ordre et des thèmes de propagande identiques, sont dissimulées deux conceptions absolument opposées.

L’une consiste à transformer la société de manière à ce que les opprimés puissent y avoir des racines; l’autre consiste à étendre à toute la société la maladie du déracinement qui a été infligée aux opprimés. Il ne faut pas dire ou penser que la seconde opération puisse jamais être un prélude de la première; cela est faux. Ce sont deux directions opposées. »


  1. J’emploierai indifféremment « socialiste » et extrême-gauche dans la suite de ce billet. J’entends socialiste au sens marxiste du XIXème siècle, évidemment plus proche du terme « bolchevik » que du parti socialiste… ↩︎
  2. https://beq.ebooksgratuits.com/vents/Dostoievski-Karamazov-1.pdf, page 629 ↩︎
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