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Le RGPD nous faisait chier et maintenant il va nous tuer 8 avril 2020

Par Thierry Klein dans : Covid-19,Politique.
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Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), c’est ce truc que vous voyez sur tous les sites Web et qui vous empêche de surfer à votre aise en vous demandant d’abord si vous acceptez bien tous les cookies. Ça vous emmerde mais comme vous n’avez pas le temps de sélectionner les cookies, vous les acceptez sans regarder et donc, la situation est inchangée par-rapport à avant, sauf que vous avez 2 clics de plus par site visité. Un grand merci à la CNIL pour cet énorme progrès.

L’autre effet notable du RGPD a été l’ubuesque génération de spams au moment de sa mise en place. Toutes les entreprises de la planète vous ont écrit pour vous demander si elles avaient le droit de vous écrire. Chaque demande d’autorisation était elle-même illégale car non sollicitée. Bref.

Si on en croit Cédric O, notre secrétaire d’Etat au numérique, le RGPD symbolise « nos valeurs », ce qui nous différencie des Etats-Unis ou de la Chine. Il y a une certaine forme de protectionnisme compréhensible derrière tout ça puisqu’il s’agit de créer des lois favorisant le développement d’un écosystème spécifiquement européen. Mais surtout, c’est un aveu inconscient d’impuissance: comme nous sommes incapables de peser réellement dans la révolution numérique, nous nous réfugions derrière des prétextes bidons mais qui nous rassurent. Nous jouons aux purs pour ne pas admettre que nous sommes faibles.

Le RGPD est totalement inefficace vis-à-vis des applications des pays tiers car il est impossible de vérifier qu’elle est appliquée. Les PME américaines ou chinoises passeront (passent déjà) outre sans risque, les GAFA passeront outre au risque d’amendes légères devant les enjeux et qui, arrivant trop tard, ne changeront pas la donne. Les entreprises françaises, forcées elles de s’y soumettre, sont retardées dans leurs projets. Ainsi, nous avons encore enfanté un monstre juridique, nous nous sommes encore tiré une balle dans le pied avec cette loi.

Beaucoup de français sont sincèrement très attachés au RGPD. Il y a d’abord une sorte de méfiance paranoïaque envers toute constitution de fichier, considérée a priori comme un flicage liberticide, qui est une sorte de retour d’une culpabilité refoulée remontant à notre passé collaborationniste et vichyiste – c’est pourquoi tous les pays européens, Allemagne comprise, sont pour une fois d’accord. Ensuite, ne se rendant pas compte que leurs données sont déjà ailleurs, les français ont l’illusion que cette loi les protège réellement.

Le pompon de la bêtise, celle qui tue, est en passe d’être atteint avec le traitement du coronavirus. Au moment où nous déconfinerons, il devrait être possible de mettre une application traceuse sur chaque smartphone. (« Devrait » car il ne faut pas préjuger des capacités techniques d’un pays qui n’a su procurer ni gel, ni masque à ses citoyens). Cette application, si vous êtes testé positif, va être capable de voir quels amis vous avez croisés et ils pourront être eux-mêmes testés. Ainsi utilisée, une telle application réduit significativement la contagion, sauve des vies (par exemple en Corée), mais réduirait selon certains nos libertés et, drame national !, enfreindrait le RGPD.

Une telle interprétation est un détournement de la notion de citoyenneté, au bénéfice d’une liberté individuelle mal comprise – de fait la liberté de tuer. Pour bien le comprendre, il faut faire le parallèle avec la quarantaine. Quand une maladie contagieuse se déclare sur un bateau, on le met en quarantaine. Aucun passager n’a le droit de débarquer jusqu’à la visite des services sanitaires. En cas de maladie très contagieuse, cette visite ne peut même pas avoir lieu : le bateau est mis à l’isolement total.

L’immense majorité des passagers ne présente aucun signe de maladie, la plupart des passagers ne développeront pas la maladie. On leur empêche donc en quelque sorte injustement le libre accès au port. Mais peut-on considérer que les passagers du bateau sont injustement privés de liberté ? Evidemment non et aucun passager n’oserait utiliser le terme liberticide car la mise en quarantaine, c’est la participation citoyenne de chaque passager à la sécurité sanitaire générale. Le passager qui ne s’y soumet pas est moralement complice de la maladie. Cette évidence apparaît au passager même.

De même, pour la non installation de l’application sur un portable. Ceux qui refusent de le faire devraient être strictement confinés entre eux, ils seraient ravis d’être réunis tous ces cons, et, si cet isolement les empêche de se rendre au travail, leur salaire devrait être suspendu sans compensation sociale.

Jusqu’à présent, le RGPD nous faisait simplement chier; Maintenant, il risque de nous tuer.

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