La fin du copyright / The end of copyright ? 2 mars 2006
Par Thierry Klein dans : Open Source.Lu 4 395 fois | trackback
Lu sur le blog de Harold (citation tirée d’un article du New York Times):
Economists tell us that, as the marginal costs of reproduction shrink, so should unit value. People still want physical books, but the only reason to restrict the digital reproduction of music and film today is to support artists, or — more to the point — to make money. The attempt to use restricted access as a business model in the face of this gigantic change seems not only unethical, but increasingly impractical. …
So we need to examine new models for funding creative works — to address the question of how cultural producers will survive under the new paradigm. New approaches to copyright and reproduction are not just necessary, but inevitable. Copyright — the right of a creator to control the reproduction of a work and to sell this control to others — is a legal device that was designed for an earlier social/technological moment.
Je ne suis absolument pas d’accord avec ces conclusions, mais, au-delà de tous les délires qu’on lit sur la loi DAVSI en ce moment, c’est la première fois que je vois la problématique bien posée. Donc ça me semble utile de répondre à ce genre d’arguments.
– aucun économiste sérieux ne prétendra que le prix d’un produit est fonction de son coût de production. Le prix est la valeur d’équilibre des courbes d’offre et de demande. Certains prix peuvent se maintenir à des niveaux « artificiellement » hauts pendant des centaines d’années (cas de la soie de l’antiquité jusqu’au moyen-âge) mais c’est en général justement parce que la propriété intellectuelle (le procédé de fabrication) a été intégralement protégée. A noter que les législations sur les brevets, les droits d’auteur fixent une limite « économiquement raisonnable » à cette protection tout en permettant la divulgation des idées et du savoir (puisqu’un brevet est public).
« Economiquement raisonnable » n’a pas non plus de sens éthique. Il s’agit d’une durée suffisamment longue pour protéger l’inventeur ou le créateur, pour l’inciter économiquement à créer et à divulguer, bref pour stimuler la création et l’économie.
(Le fait que le prix n’ait pas de sens éthique en économie libérale est d’ailleurs un problème qui embête sérieusement Adam Smith. Il tente de justifier éthiquement le revenu par « l’effort » et « le travail » de l’individu, tout en reconnaissant que les conséquences économiques de cet effort ne sont visiblement pas égales pour tous. Toutes les théories non libérales, et en particulier le socialisme et l’alter-mondialisme, naissent au fond de cette constatation).
– A partir de là, il est vain de chercher une différence de nature ou une justification éthique nouvelle au droit d’auteur, d’opposer la « marchandise réelle » au « culturel virtuel ». Rien ne peut sortir de ce genre de considérations. La vérité, c’est que l’auteur, protégé par ses droits, crée un produit qui lui « appartient » et dont il a le droit de choisir le mode de distribution. « Appartient », entre guillemets, car cette appartenance est abusive, mais ni plus ni moins que la façon dont votre maison ou votre chien vous appartiennent. La propriété n’a, elle non plus, aucune justification éthique – voir Rousseau.
– Sous prétexte que le « vol » de cette propriété est aujourd’hui grandement facilité et à la portée de tous (c’est la seule différence par-rapport à il y a 50 ans), des théories, toutes plus fumeuses les unes que les autres, apparaissent, qui toutes reviennent au fond à nier le droit de propriété. Mais toute exception à ce principe de base, même au nom de la majorité, est une spoliation des droits individuels de l’auteur, un abus de droit de nature totalitaire (et je rappelle que le pouvoir du plus grand nombre, en démocratie, s’arrête justement là où commencent les libertés individuelles).
Le législateur peut tout faire avec le droit d’auteur ou le brevet: il peut le moduler, restreindre sa durée, son étendue – pour maintenir une sorte « d’équilibre » économique qui soit le plus favorable possible à la société, il peut tout faire, sauf le soumettre au bon vouloir des internautes.
Voir aussi Une vision simple et définitive sur les droits d’auteur, Michel Rocard et le brevet logiciel, Brevet-pedia.
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Commentaires
"Mais toute exception à ce principe de base, même au nom de la majorité, est une spoliation des droits individuels de l’auteur, un abus de droit de nature totalitaire"
mais:
"The fundamental problem with intellectual property as an ethical category is that it is purely individualistic. It focuses on the creator/developer of the intellectual work and what he or she is entitled to. There is truth in this, but not the whole truth. It ignores the social role of the creator and of the work itself, thus overlooking their ethically significant relationships with the rest of society. The balance is lost." Source: http://www.bc.edu/bc_org/avp/law...
et:
"If “piracy” means using the creative property of others without
their permission—if “if value, then right” is true—then the history of
the content industry is a history of piracy. Every important sector of
“big media” today—film, records, radio, and cable TV—was born of a
kind of piracy so defined. The consistent story is how last generation’s pirates join this generation’s country club—until now." Source: Lessig: free-culture.org/get-it
Il n’y a pas contradiction.
Mon billet essaie bien de montrer qu’il n’y a pas de justifiaction éthique à la propriété intellectuelle , comme d’ailleurs à la propriété tout court. Je suis en gros en accord avec le "mais" ci-dessus.
D’autre part, une société qui nie la propriété – ou la propriété intellectuelle – est forcément totalitaire. Il n’y a pas de contre-exemple historique.
Totalitaire ne veut pas forcément dire "tout mauvais" – c’est un autre débat.
En revanche, cela montre probablement que toute société libre repose, au moins partiellement, sur des principes qui n’ont pas de justification éthique. Autre débat aussi.
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